« Je ne suis pas le prochain Usain Bolt ou Michael Phelps. Je suis la première Simone Biles ». La championne opiniâtre fait la couverture du prestigieux Vogue américain du mois d’août 2020 : « Un rêve », a commenté la grande athlète sur son compte Instagram.
Décidément, miss Biles gravit tous les podiums un à un.
À 23 ans, l’athlète américaine est déjà quadruple championne olympique et la gymnaste la plus médaillée de l’histoire dans le monde, hommes et femmes confondus. Son arme imparable ? Les figures acrobatiques qu’elle va jusqu’à inventer. Simone Biles n’a pas fini de s’envoler…

Cet impressionnant petit bout de femme de 1,45 m pour 47 kilos a pris sa revanche sur la vie.
Simone Biles est née en 1997 dans une cellule familiale brisée – une mère sous l’emprise de la drogue et de l’alcool, un père inexistant. Elle est alors placée en famille d’accueil avec ses frères et sœurs avant d’être adoptée et élevée par son grand-père et son épouse.
La gym, elle la découvre à l’âge de six ans, et démontre, très vite, des capacités hors du commun. Elle y rencontre « sa seconde mère adoptive », celle qui fut sa coach jusqu’en 2016, Aimee Boorman.
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La gymnaste la plus titrée de l’Histoire
Son ascension est, depuis, fulgurante.
En 2011, à l’âge de quatorze ans, elle intègre l’équipe nationale puis remporte ses premières médailles d’or (deux) aux Championnats du monde en 2013. « Depuis, elle est intouchable », comme semble le graver dans le marbre le Vogue américain.
En 2014, aux championnats du monde, elle remporte quatre médailles d’or, puis quatre en 2015. À 19 ans, elle détient le plus de médailles d’or parmi toutes les gymnastes américaines de l’histoire. « Travaillez dur en silence, laissez votre succès faire du bruit », écrit-elle en légende de sa photo Instagram où elle croule sous les médailles…
La suite ? L’année 2016 la voit couronnée du titre de l’ « athlète féminine de l’année » par l’Associated Press.
La raison ? Pour ses premiers JO à Rio, la sportive dégomme tout : elle décroche quatre médailles d’or et l’honneur d’être la première gymnaste américaine à être choisie comme porte-drapeau lors de la clôture des Jeux.

Après une année sabbatique, elle reprend la compétition en 2018 aux championnats du monde et empoche à nouveau moultes médailles dont 4 en or…
En 2019, elle ajoute à son palmarès époustouflant cinq nouvelles médailles d’or se hissant au firmament des gymnastes mondiales avec un total de 25 récompenses : 19 médailles d’or, 3 en argent et 3 en bronze. Un record !
Le New Yorker résumait parfaitement cet exploit quasi-surhumain digne d’un… super-héros ? « Serena Williams ne gagne pas tous les tournois, Michael Phelps a déjà perdu une course. Biles n’a jamais perdu le concours général en six ans. Elle a gagné un total de vingt-cinq médailles mondiales et olympiques. Elle est en compétition seulement contre elle-même et pour longtemps. »

La « puce » géante de la gym
Simone est surnommée « la puce » pour sa petite taille… mais pas que. Elle est une véritable bombe volante et ses sauts affichent des amplitudes impressionnantes.
Elle vole tellement haut dans sa discipline qu’elle invente des mouvements jamais réalisés auparavant. L’exploit ? Ils sont validés et portent désormais son nom dans le code de pointage de la discipline.
En gymnastique, réussir un mouvement jamais accompli dans une compétition internationale majeure est récompensé au Code de pointage de la Fédération Internationale (FIG). Une inspiratrice donc…
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Le petit précis « Biles » de la gymnastique ?
Quatre figures acrobatiques – deux au sol, une à la poutre et une au saut.
« The Biles », son mouvement signature, réalisé au sol dès 2013 : double salto arrière tendu avec une demi-vrille. « J’ai vu certains de mes amis garçons essayer de le faire, mais ils n’y arrivent jamais et cela les énerve », s’amuse-t-elle à raconter.
Un autre « The Biles » en saut, réalisé aux Championnat du monde 2018.
« The Biles II » au sol : double salto arrière avec triple vrille, réalisé aux Mondiaux de Stuttgart.
Un tout dernier : « The Biles » réalisé à la sortie de la poutre à Stuttgrat : double salto arrière groupé avec une double vrille.
Simone Biles est définitivement renversante…
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Une super-héroïne qui fait entendre sa voix
«Je sais que cette expérience horrible ne me définit pas. Je suis beaucoup plus que ça. Je suis unique, intelligente, talentueuse, motivée et passionnée. Je me suis promis que mon histoire serait bien plus grande que ça. »
L’incroyable force de la nature qu’est Simone Biles dévoile au monde entier, le 15 janvier 2018, avoir été abusée sexuellement par Larry Nassar, l’ancien médecin de l’équipe américaine de gymnastique, alors accusé d’agressions sexuelles par plus de cent autres personnes et aujourd’hui purgeant une peine pouvant aller jusqu’à 175 ans d’emprisonnement.
« Je n’ai plus peur de raconter mon histoire », dit-elle alors, « Non, ce n’était pas de ma faute. Non, je ne vais pas et ne devrais pas porter la culpabilité qui appartient à Larry Nassar, à la Fédération américaine et à d’autres. »

Comme elle l’explique dans Vogue, Simone Biles, forte de sa notoriété, se fait porte-voix pour les autres femmes : « Je pense que c’est un honneur de parler pour les moins fortunés et pour les sans voix. J’ai aussi l’impression que cela leur donne du pouvoir. »
Déterminée, la jeune gymnaste ne lâche pas l’affaire et veut que les choses changent de l’intérieur : « La bataille porte sur l’avenir de la gymnastique », dit-elle à Vogue. C’est pourquoi elle demande actuellement une enquête indépendante à la Fédération américaine alors que cette dernière a proposé un dédommagement pour toutes les victimes de Larry Nassar.

Alors qu’elle devait prendre sa retraite après les JO de Tokyo cet été, la pandémie a redéfini son destin et la voilà qui se lance un nouveau défi : celui des JO 2021.
Fera-t-elle à nouveau exploser tous les records ? Simone Biles reste définitivement ÀBLOCK! et c’est ce que montre une de ses nouvelles figures inédites essayée récemment en entraînement…
- Fernando Frazão/Agência Brasil