
Stéphanie : « Chaque kilomètre que l’on parcourt, chaque cours de sport que l’on suit, est une petite victoire. »
« Pendant mes études, je me suis orientée vers un cursus artistique. Je voulais devenir comédienne.
Publié le 12 août 2021 à 21h53, mis à jour le 02 septembre 2021 à 18h06
« On peut avoir une putain de vie en étant en situation de handicap », lance cette wonderwoman des tapis sur le site de Paris2024. Cette battante s’appelle Sandrine Martinet et elle n’a jamais rien lâché pour atteindre son rêve sportif.
C’est à l’âge de neuf ans qu’elle enfile le kimono de judo. L’objectif ? Canaliser son énergie et… sa colère contre les moqueries des enfants du milieu scolaire.
La petite-fille a un handicap visuel qui l’oblige à se lever pour voir ce qu’il y a écrit au tableau.
Une injustice qui lui forge un caractère de battante, le mental parfait sur le terrain du sport … : « Je trouvais tellement injuste d’avoir mon handicap, d’avoir à faire tous ces efforts, et d’être moquée en retour. (…) finalement, ça m’a forgé un caractère de battante, je voulais prouver que je pouvais réussir, aux autres et à moi-même ».
En s’inscrivant dans son premier club de judo à Vincennes, déjà sensibilisé aux pratiquants en parajudo, elle découvre un tout autre accueil et s’intègre à merveille. Sandrine n’a pas l’habitude d’abandonner.
Une attitude qui lui ouvre les portes du sport à haut niveau : « Je sentais qu’à la base, les sports de combats n’étaient soi-disant pas trop faits pour nous, les filles. Mais moi justement, plus on me dit ça, plus ça me donne envie d’y aller. »
La suite ? Première compétition handisport de juniors à l’âge de seize ans, elle se place finaliste puis remporte ses premiers championnats de France, ses premières sélections pour les stages en équipe de France, puis pour les Championnats du monde en 2002. Elle a 20 ans.
Entre-temps, elle a passé son Bac S et commence à exercer en tant que kinésithérapeute. 2002 signe, pour elle, le début de la compétition !
En 2004, direction ses premiers Jeux Paralympiques à Athènes. Sacré parcours puisqu’elle va jusqu’en finale. En 2008, pour ceux de Pékin, elle décroche, à nouveau, l’argent. Quatre ans plus tard, à Londres, elle se blesse et perd sa course vers l’or.
Pourtant, l’incroyable sportive qui ne connaît pas le terme « abandon » poursuit le combat, surmontant la souffrance.
Quand la fin du match sonne, elle quitte le tatami en larmes. Pourtant, son âme de compétitrice a gagné ! Elle prendra sa revanche, quatre ans plus tard, à Rio et quelle revanche ! Sandrine Martinet décroche l’or tant attendu ! Quelle athlète !
L’épouse et maman de deux enfants hésite alors à prendre sa retraite sportive pour s’occuper de sa vie de famille, mais difficile pour une telle lionne qui, outre, les titres olympiques, s’est imposée sur les compétitions internationales pendant des années : championne du monde en 2006 puis 2019, championne d’Europe en 2007 puis 2019…
Surtout que « Tokyo, c’est le pays du judo », dit-elle dans une interview sur France3. Elle remet alors le kimono et prépare les JO de Tokyo.
« Ça y est dernier câlin, vous allez tellement me manquer, je vous aime plus que tout », écrit Sandrine Martinet sur son compte Facebook.
Le sport est devenu comme une deuxième peau, une respiration : « Par le sport, j’ai gagné une reconnaissance des autres qui m’a tellement manqué quand j’étais gamine. C’est tellement d’énergie positive. »
Cette année, elle est porte-drapeau de la délégation française aux Jeux Paralympiques et compte bien honorer les couleurs de sa nation dans la catégorie des -48 kilos.
Clarisse Agbegnenou et Samir Aït Saïd, Sandrine Martinet et Stéphane Houdet, 4 porte-drapeaux, 2 olympiques, 2 paralympiques.
« Je ne pense pas à la pression, celle d’être la personne qu’on attend, la numéro un. Je veux être dans les meilleures conditions possibles pour décrocher cette deuxième médaille d’or. Je veux surtout prendre du plaisir, parce que, parfois, avec les blessures et à presque 40 ans, y’a la dureté du niveau et de se séparer de sa famille », confie-t-elle.
Quel que soit le résultat, Sandrine Martinet compte bien partager son histoire pour motiver les futurs athlètes paralympiques et augmenter la visibilité du paralympisme : « Pourquoi pas me former pour être kiné d’une équipe olympique ? Je veux aussi utiliser mon histoire et mon vécu pour sensibiliser un plus grand nombre de gens ».
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