
Marie Robert : « La défaite, c’est le chagrin. Mais il faut la regarder en face. »
L’échec est douloureux, mais il est inhérent à la vie humaine. Il a quelque chose de suffisamment grave pour être grandiose…
Publié le 02 juillet 2021 à 15h10, mis à jour le 13 janvier 2025 à 16h55
Tu racontes être tombée amoureuse du football au Danemark, ton pays d’adoption quand tu as fui l’Afghanistan à l’âge de 12 ans suite à l’assassinat de ton père, général de l’armée, par les talibans en 2000… Ça a représenté quoi pour toi : une force de vie ?
C’était la première fois que je voyais des filles faire du sport ensemble et du foot aussi. Ça a été un grand choc pour moi et beaucoup de plaisir !
Et puis, c’est avec mon père que j’ai tapé dans un ballon de foot pour la première fois. Un jour, il nous avait dit à mes sœurs et moi : « C’est comme ça qu’on l’utilise, avec le pied et pas avec les mains ! ».
Ça a été plus simple pour nouer des liens car vous pouvez frapper facilement dans un ballon et il n’y a pas besoin de parler la même langue pour jouer ensemble…
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Que t’a apporté le football personnellement ? Tu parles de l’intégration dans une société où l’immigration reste un tabou…
Je ne connaissais pas du tout la pratique du sport et encore moins du football. Dès que j’ai débuté, j’ai vu que c’était une discipline qui ouvrait beaucoup de possibles et qui me rendait très heureuse. Je n’ai jamais arrêté depuis.
C’était une manière d’être en contact avec les autres enfants de mon âge sans me sentir différente puisque, sur le terrain, on a toutes le même objectif. Je me suis sentie en famille, acceptée.
Cette pratique du foot m’a permis d’apprendre la langue plus vite que les autres enfants immigrés et de comprendre la culture danoise. Je crois vraiment que le sport est un formidable outil d’intégration.
Ça m’a aussi permis d’avoir confiance en moi, de voir que je pouvais m’améliorer et que j’étais costaud et donc forte pour la vie à venir.
Ça a été une grande chance pour moi de rencontrer le football !
Le foot était-il un tabou pour les filles dans ton pays d’origine, l’Afghanistan… Encore aujourd’hui, en Europe, c’est un sport qui est parfois estampillé « sport de mecs ». Quel accueil as-tu trouvé au Danemark et en Europe plus généralement ?
Au début, parce qu’on était jeunes, il n’y avait pas de problème, on était des enfants qui jouaient avec d’autres enfants, filles et garçons mélangés, d’ailleurs. Et puis, ce n’était pas vraiment considéré comme du sport.
Mais c’est vers mes 15-16 ans que les gens ont commencé à parler autour de moi : pour ma mère, ça n’a jamais été une question, mais beaucoup de ses amies trouvaient que c’était bizarre de jouer au foot pour une fille…
Pour moi, c’est bête, il n’y a pas de différence entre un garçon et une fille. Tout part de l’éducation et de la mentalité des gens. Ça crée une société !
Au Danemark, le foot a clairement été mon billet pour m’intégrer et débuter une nouvelle vie. J’étais populaire !
Ton histoire personnelle t’a forgé un caractère de battante, as-tu eu des moments de grands découragements dans ta carrière ? Comment gères-tu ton mental et qu’est-ce que le sport de haut niveau t’apporte ?
Oui, mon histoire m’a forgé un mental à toute épreuve à 100 % ! Toutes les choses que vous expérimentez forge votre personne.
J’ai vécu beaucoup de choses horribles, il faut le dire, mais la résultante, c’est que « it takes a lot to put me down » : il en faut beaucoup pour me mettre à terre. Maintenant, quand j’entre sur le terrain, rien ne peut m’arrêter !
Après, il y a toujours des moments où vous manquez de confiance ou vous ne marquez pas de buts mais, chaque fois que j’arrive à ce genre de périodes un peu creuses, je me dis que ce n’est que du foot et qu’il se passe des choses bien pires dans le monde : « It could always be worse ».
Et je m’améliore… Je n’ai pas besoin de coach mental, je suis mon coach mental !
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Que ressens-tu lorsque tu entres sur le terrain ?
J’adore le foot et quand je joue, j’oublie tout ! Rien n’est plus important pour moi. Et j’adore gagner : marquer des buts est la meilleure sensation que je connaisse dans ma vie ! Je suis très créative sur le terrain et j’ai une bonne frappe.
C’est une pure joie de jouer au foot. Et je joue avec des footballeuses qui sont devenues mes amies.
Avoir gagné le championnat pour la toute première fois avec mon équipe du PSG, le 4 juin 2021, c’est un magnifique souvenir que je ne pourrai jamais oublier.
Si on revient sur ta carrière, comment as-tu accédé au circuit professionnel ? tu joues en équipes nationales au Danemark puis à Manchester City et enfin au Paris Saint Germain…
J’ai été repérée en club amateur à l’âge de 15 ans. Les entraîneurs des équipes nationales m’ont dit que j’étais super et c’est à ce moment-là que je me suis dit que, peut-être, je pourrai en faire une carrière et que j’avais du talent.
J’ai poursuivi mes études, j’ai obtenu mon Bac et au moment d’entrer en Master, j’ai signé avec un club aux États-Unis. C’était difficile de conjuguer études et sport mais je l’ai fait, à mon rythme.
J’ai évolué au sein du championnat américain sous les couleurs du Sky Blue FC, dans le New Jersey, puis avec les Portland Thorns FC dans l’Oregon, avec qui j’ai remporté le championnat américain en 2017.
En 2018, j’ai débuté à Manchester City puis, en 2019, au Paris-Saint-Germain. Je viens de signer pour le Racing Louisville Football Club, dans le Kentucky aux États-Unis. Je connais très bien le coach et il m’a promis de beaux challenges alors j’ai hâte !
J’ai envie de tester mon niveau car l’équipe nationale américaine est la meilleure équipe du monde, elle a gagné la Coupe du monde quatre fois.
Tu es devenue la première joueuse étrangère à porter le maillot de l’équipe nationale du Danemark, à 18 ans, et tu es aussi, depuis 2019, ambassadrice pour l’éducation des jeunes filles et femmes. Ton parcours sportif, ton engagement, font de toi un rôle modèle pour les jeunes immigrées et les petites filles qui veulent faire du sport et particulièrement du foot. Tu as envie de les inspirer, de les aider ?
Je dirais que ce n’est pas seulement pour les jeunes filles, mais aussi pour les jeunes garçons. Je veux montrer – et c’est aussi le propos de mon livre* – qu’il est toujours possible de changer sa situation de vie et de retrouver la joie en rêvant grand et en n’abandonnant jamais !
Que leur dirais-tu particulièrement aux jeunes filles pour qu’elles n’aient pas peur de se lancer dans un sport qu’elles aiment ?
Il est malheureusement plus difficile d’être une jeune fille dans ce monde car il y a beaucoup de barrières à sauter… Même si c’est difficile, je leur dirais d’avoir confiance en elles, d’écouter leur cœur et d’aller chercher ce qui les met en joie.
Et se rappeler que les choses qu’on obtient facilement ne sont pas forcément les meilleures parce que « it’s not worth it », ça n’en vaut pas la peine…
Quel est ton plus grand rêve sportif ?
Mon grand rêve était de gagner le championnat avec le PSG et il a été accompli ! Maintenant, je me prépare au Championnat d’Europe féminin de football de l’année prochaine, en 2022, avec l’équipe nationale du Danemark…
Mon nouveau souhait ? Aider mon nouveau club aux États-Unis à monter les échelons.
Quel a été le plus bel accomplissement dans ta carrière ?
Le championnat avec le PSG a été un moment merveilleux ! Et être en finale pour le Championnat européen en 2017 aussi.
Ça avait été un début de saison difficile pour moi car je m’étais blessée fin 2016 et que je n’étais pas à 100 % en arrivant sur le terrain des championnats.
Mais, après trois matchs, j’ai retrouvé ma grande forme et j’ai réussi à marquer des buts. Le foot, c’est ma vie !
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