Plus de vingt ans déjà qu’elle joue du sifflet sur les terrains de football américain. Ce dimanche 7 février, Sarah Thomas est entrée dans l’Histoire de la discipline en devenant, à 47 ans, la première femme à arbitrer un Super Bowl. Portrait d'une fille devenue “the first“ sans jamais l'espérer.
Par Sophie Danger
Publié le 08 février 2021 à 14h13, mis à jour le 29 juillet 2021 à 14h25
Elle pressentait qu’elle aurait probablement « la larme à l’œil » et, une fois n’est pas coutume, un peu de mal à contenir ses émotions. Ce 7 février, au moment de fouler la pelouse du gigantesque Raymond James Stadium de Tampa (Floride), Sarah Thomas, casquette vissée sur le crâne, sifflet autour du cou, est entrée définitivement dans l’histoire du football américain en devenant, à 47 ans, la première femme à arbitrer un Super Bowl.
« C’est tout simplement remarquable, déclarait-elle après avoir appris sa nomination. Je suis vraiment honorée, et tout à la fois humble, de faire partie de l’équipe cette année. Ça signifie tellement. Je n’ai jamais voulu être première dans tout ça. »
Et pour cause. C’est seulement à la fin des années 90 que Sarah Thomas commence à s’intéresser, timidement, au football américain. Jusqu’alors, la native de Pascagoula dans le Mississipi ne jurait que par le softball et surtout par le basket, un sport qu’elle a longtemps pratiqué.
La fin de son cursus universitaire va changer la donne. Nostalgique de l’esprit de camaraderie qui régnait sur les parquets, l’ancienne meneuse de Mobile (Alabama) cherche à tout prix un moyen de l’éprouver de nouveau.
Lorsque son frère aîné, Lea Bailey, arbitre amateur, lui propose, un beau jour de 1996, de le suivre sur un terrain de football, elle n’hésite pas et fonce : « Je lui ai demandé : « Les filles peuvent faire ça ? », se souvient-elle avec amusement dans les colonnes de USA Today. Il a répondu : “Je suppose que oui“ ».
Une expérience inaugurale qui va s’avérer tout à la fois concluante et déterminante pour Sarah Thomas. « Après avoir été sur le terrain une première fois, vous attrapez le virus, poursuit-elle. Moi, il m’a contaminée ». Conquise, elle décide de poursuivre dans cette voie et candidate pour devenir juge de ligne dans une association de son comté.
Au fil des ans, elle gravit progressivement les échelons et parvient à s’imposer, en douceur, dans un milieu à nette prédominance masculine. « J’ai toujours joué avec des garçons », avançait Sarah, en guise d’explication, dans les colonnes du Washington Post avant d’assurer, dans celles du New York Times, s’être accommodée sans peine de la situation… Si ce n’est, peut-être, durant ses trois grossesses successives. « J’étais là, grosse, habillée avec ces rayures. C’est la seule fois où je ne me suis pas sentie à ma place. »
2015 va marquer un deuxième tournant dans le parcours de Sarah Thomas. Alors qu’elle envisage sérieusement de raccrocher, pensant avoir fait le tour de la question après seize années de bons et loyaux services, elle se voit proposer d’officier à plein temps en NFL, une première pour une femme.
Oubliés les doutes, adieu les envies de retraite, elle quitte son job de représentante en produits pharmaceutiques et se lance.
Quelques mois plus tard, elle est appelée à arbitrer une rencontre de saison régulière entre les Kansas City Chiefs et les Houston Texans. Sa prestation est très attendue, le résultat sans faute. « Je n’ai qu’une chose à dire, réagissait-elle sur abcnews : ne cherchez pas à prouver à quelqu’un qu’il à tort. Foncez, faites ce que vous avez à faire. Que vous soyez une femme ou un homme, que vous soyez noir ou blanc, faites-le simplement parce que vous croyez en vous et que vous savez que vous êtes là pour faire le job ».
Il faudra attendre le 13 janvier 2019, pour la voir à l’œuvre lors d’un match de playoffs, une première, là encore, pour une arbitre femme. Ne restait alors plus qu’une marche à gravir mais non des moindres : jouer du sifflet au Super Bowl, la grand messe planétaire du genre.
C’est chose faite depuis ce dimanche lors du face-à-face entre les Tampa Bay Buccaneers et les Kansas City Chiefs. Un soir de boulot comme un autre pour Sarah Thomas. Ou presque.
Ils étaient en effet plus de 100 millions à la voir évoluer aux côtés des joueurs, via écrans interposés. Plus de 100 millions parmi lesquels une spectatrice pas tout à fait comme les autres, sa fille qui aimerait, à l’avenir, reprendre le flambeau allumé par sa maman.
« Elle me surveille, plaisantait Sarah Thomas au micro de Fox13. Pas seulement sur les terrains de football, mais tous les jours à la maison. Je veux qu’elle sache qu’elle peut y croire et qu’elle peut le faire. Elle m’a dit : “Maman, ils m’ont demandés ce que je voulais faire plus tard, j’ai dit être maman, professeur et arbitre…comme ma mère !“ »
Pinterest
D'autres épisodes de "Football : ces sportives qui vont droit au but"
ÀBLOCK! est un média indépendant qui, depuis plus d’1 an, met les femmes dans les starting-blocks. Pour pouvoir continuer à produire un journalisme de qualité, inédit et généreux, il a besoin de soutien financier.
Pour nous laisser le temps de grandir, votre aide est précieuse. Un don, même petit, c’est faire partie du game, comme on dit.
Les amateurs de ballon ovale le connaissent mais, pour les autres, impossible de poser une image sur ce terme. Alors que la Coupe du Monde féminine de rugby à XV se joue en Nouvelle-Zélande, séance de rattrapage pour impressionner son monde. Les sportifs et sportives, les coachs, ont leur langage, selon les disciplines qui, elles aussi, sont régies par des codes. Place à notre petit lexique pratique, le dico « Coach Vocab ».
Une fille en cage, une championne aux multiples arrêts de buts, un couple toujours prêt à s’offrir les plus hauts sommets (Kilian Jornet et Emelie Forsberg sur notre photo), un autre qui a bravé l’interdit pendant les Jeux de Melbourne, une chronique bien sentie, notre désormais fameuse “question qui tue“ et trois initiatives, en virtuel, à vélo et devant un film, c’est le week-end, c’est best-of sur ÀBLOCK!
Elle ambitionnait les JO, mais son corps a dit stop. En plein championnats de France Elite d’athlétisme, en juin dernier, l’heptathlète Diane Marie-Hardy a dû renoncer à toutes les compétitions en raison d’une blessure au tendon d’Achille. Mais cette sportive acharnée n’a pas dit son dernier mot et a repris sa préparation physique. Entre deux entraînements, elle a répondu à notre petit questionnaire de Proust à la sauce ÀBLOCK!
On ne l’emploie pas en cuisine mais sur les cours de tennis. Les pros de la balle jaune connaissent bien ce coup qui n’est pas des plus nobles mais qui a ses adeptes. Pour les néophytes, l’expression peut paraître un rien obscure. Alors, c’est quoi, à votre avis, le service à la cuillère ? Les sportifs et sportives, les coachs, ont leur langage, selon les disciplines qui, elles aussi, sont régies par des codes. Place à notre petit lexique pratique, le dico « Coach Vocab ».
Les sportives sont ÀBLOCK! Pour revendiquer leur place dans le sport. Et pour soutenir notre média. Elles le prouvent en image. Merci, vous déchirez les girls !
Des seniors gantées, le retour des VTT, une perchiste ambitieuse (Margot Chevrier sur notre photo), une réponse à une question musclée et l’ultra-trail qui se met au parfum ÀBLOCK!, c’est le meilleur de la semaine. Enjoy !
Les Championnats du monde de patinage se déroulent cette semaine à Stockholm, en Suède. L’occasion d’être ÀBLOCK! sur la glace et de rendre hommage à la première femme médaillée d’or olympique en patinage artistique, la Britannique Madge Syers. Une lady qui a marqué de sa grâce et de sa détermination l’histoire de cet art sportif de la glisse et n’a pas hésité à tracer son sillon moderne dans un petit monde dominé par les hommes. Son talent et son esprit de pionnière ont brisé la glace pour des générations de sportives.
Elle vient de signer 3 records de France d’affilée. Un tiercé gagnant réalisé lors des Mondiaux d’apnée (AIDA) qui se tenait au Blue Hole de Dahab, en Égypte : 85, 87 et 89 mètres en bi palmes. Un beau lancement de saison pour la championne d’Europe qui a, cerise sur le gâteau, remporté la compétition, hommes et femmes confondus. De retour sur terre, Alice Modolo a répondu à notre petit questionnaire qui ne manque pas de souffle !
Une course en haute altitude, des JO au garde à vous, un spécialiste du baseball, une adjudante championne de cross-country (Virginie sur notre photo) et une question qui tue, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!. Faites place !
Nous, c’est Alexandra, Delphine et Marion. On est des joueuses de rugby.
Suivez-nous pendant une saison en Fédérale 1, la 3e division du championnat de France. Prenons le bus ensemble, suivez-nous dans la victoire et la défaite, chantez nos chansons avec nous, enivrez-vous à nos côtés en 3e mi-temps. Vous venez ?
Ses rêves ne prennent jamais l’eau. À 32 ans, après avoir participé aux plus grandes compétitions internationales qui la mèneront jusqu’aux Jeux Olympiques, cette championne de natation artistique a quitté les bassins, mais pas l’univers aquatique. Sara Labrousse est désormais docteur en biologie marine. Les souvenirs cependant lui tiennent chaud. Et elle nous raconte avec ferveur comment ces années sous l’eau l’ont aidée à respirer.
Une guerrière, une winneuse. Sur une seule jambe. Il y a un an, percutée par une voiture, Pauline Déroulède a été amputée de la jambe gauche. Depuis, cette droguée au sport s’entraîne dans le but de se qualifier pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024. Sa discipline : le tennis fauteuil. Mais ne vous y fiez pas, ce qu’elle aime avant tout, c’est taper dans la balle…comme avant. Rencontre bouleversante avec une femme toujours debout.