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Publié le 07 avril 2021 à 18h09, mis à jour le 29 juillet 2021 à 12h20
Tu es ceinture noire de taekwondo, tu en fais depuis toujours ?
Je fais du sport depuis que je suis petite. J’ai commencé par la gym, j’ai fait un peu de boxe, mais de manière irrégulière et puis du taekwondo et du MMA.
Je n’ai pas pratiqué de sport dans le cadre de mes études, mais en club. J’ai toujours fait des compétitions dans tous les sports. En taekwondo, j’ai fait quelques compet au niveau national, les Championnats de France, et internationales.
Le sport m’a permis de canaliser beaucoup d’émotions et de m’exprimer.
Comment es-tu arrivée au MMA ?
J’ai arrêté le taekwondo et je cherchais un sport de combat sans réussir à trouver.
Un ami m’a parlé d’une section entièrement féminine de MMA. Moi, j’en avais marre de ne m’entraîner qu’avec des garçons, je trouvais que je tournais en boucle avec ça, que ça ne me satisfaisait pas.
J’ai frappé à la porte de cette session, j’ai fait le premier cours et j’ai tout de suite accroché, autant pour la discipline que pour la pratique non mixte. Je me suis dit que c’était dix fois plus agréable de ne s’entraîner qu’avec des filles, il y a toute une pression qui est retombée et ça m’a ouvert les yeux sur un autre univers.
Qu’est-ce qui te dérangeait dans la pratique mixte ?
En tant que femme dans un sport de combat, il y a toujours cette idée de comparaison, cette sensation d’illégitimité. On ne te le dit pas de manière explicite, mais on a intégré – en tout cas pour ma part – que ce n’est pas forcément ta place.
J’ai l’impression que l’on ne peut pas complètement s’y exprimer et c’est sexiste. Quand tu n’es qu’avec des filles, tu les sens hyper épanouies, il n’y a aucun soucis en ce qui concerne le regard sur l’autre.
La partie au sol par exemple, tu es dans la proximité physique. Quand tu pratiques avec des filles, tu n’es pas en train de te dire que tu as les fesses dans la tête de ton adversaire, que c’est un peu bizarre comme situation et que ça peut renvoyer à des choses qui n’ont pas lieu d’être.
Avec des filles, tu t’en fous, tu te sens beaucoup plus libérée dans ta manière te t’exprimer, tu te poses moins de questions. Il y a une dimension un peu plus ludique, un peu plus légère.
Le taekwondo est pourtant une discipline que l’on peut considérer comme mixte et tu arrives à ressentir ce genre de choses ? C’est ça qui t’a poussée à chercher ailleurs ?
Je suis allée vers le taekwondo parce qu’il y avait plus de place laissée aux femmes. Ce n’était pas une discipline ultra virile, un sport de bourrins et puis c’est beau, esthétique, très aérien… Ça m’a renvoyée à des notions qui m’ont parlé à une époque.
J’ai cherché ailleurs parce que, à un moment, je commençais à vieillir et je sentais que j’étais arrivée au bout de ce que je pouvais donner. Le taekwondo est un sport très explosif et, physiquement, je sentais que j’étais un peu à la ramasse et, surtout, je ne m’amusais plus.
J’ai voulu changer, j’ai essayé la boxe thaï, la boxe anglaise et je ne me suis pas retrouvée dans ces ambiances un peu viriles, où les gens te testent, ce n’était pas agréable. Il n’y a que dans cette session non mixte de MMA que je me suis sentie à l’aise directement.
Tu parles d’âges mais tu n’as que 40 ans…
Oui et je le vis hyper bien. Je suis très fière de continuer à progresser malgré tous les à priori sur l’âge. Je me sens bien plus en forme maintenant qu’il y a dix ans.
Pourtant, le MMA n’est pas un sport dans lequel tu t’économises…
Le MMA, c’est une discipline dans laquelle les gens peuvent performer longtemps. Ce qui est cool, c’est que tu peux alterner différentes phases, les phases où tu es debout et où tu mobilises une filière énergétique particulière – l’endurance, l’explosivité – et les phases de sol – la préhension – lors desquelles tu vas puiser dans d’autres choses.
Le MMA, c’est tellement complet ! Tu peux jouer, trouver un équilibre en fonction de ta morphologie, de tes capacités, c’est hyper intéressant. Il y a plein de profils qui peuvent « fiter ».
Lors d’un combat, tu peux passer cinq minutes au sol et être dans un certain type d’efforts et cinq minutes debout et être dans un autre type d’effort, c’est passionnant comme sport.
C’est ce qui t’a plu avant tout quand tu as essayé ?
C’est le Saint Graal, c’est le summum, après ça, il n’y a plus rien. Avec le MMA, tu découvres un univers. Il y a plein de choses à apprendre, une fois que tu as appris quelque chose, tu travailles un autre domaine et tu l’intègres à ton jeu.
On dit souvent que les sports de combat et les arts martiaux, c’est l’apprentissage d’une vie mais, là, c’est encore plus vrai, tu apprends tout le temps et moi, c’est ce qui me stimule.
Tu as commencé quand ?
J’ai commencé il y a quatre ans et demi.
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La pratique, en France, était encore interdite, du moins pour les compétitions. Tu as vécu ça comment ?
Tu sais qu’il est autorisé de t’entraîner, les contraintes concernent seulement les compétitions. Tu le sens à ce moment-là parce que tu es obligée de t’expatrier au bout de l’Europe pour faire un combat et te retrouver face à une Tchèque ou une Russe dans un pays que tu ne connais pas.
Dans ces moments-là, tu ne comprends pas pourquoi en France, ils n’ont pas légiféré avant pour organiser des compétitions. Le MMA traînait un peu cette image sulfureuse, clichée de fight club, avec des filles un peu « badass » qui font quelque chose de complètement illégal !
Des filles « badass » qui restent, visiblement, très attachées à véhiculer une image féminine de la pratique…
Les sports de combat sont généralement associés aux hommes alors y voir une fille, c’est bizarre, qui plus est une fille un peu apprêtée. C’est ce décalage entre l’image du sport et le fait que des filles le pratiquent, mais je pense que c’est une question d’éducation. Les filles peuvent pratiquer tous les sports même s’ils sont connotés masculins.
Malgré tout, je n’aime pas dire que, même si je fais des sports de combat, je suis féminine parce que je trouve qu’il y a différentes féminités. En ce moment, avoir un physique un peu « fité », musclé, ça renvoie à une force féminine et ça a le vent en poupe.
Je suis à fond pour féminiser la pratique, notamment dans les sports où on n’attend pas les femmes comme le foot, le rugby… Ça casse les clichés.
Le physique ne dit rien sur ce que tu es capable de faire en termes de performances. Que tu sois fille ou garçon, tu as besoin d’évacuer la pression, de t’exprimer et ce, quelque que soit le medium.
Et l’image de violence que renvoie le MMA, tu es à l’aise avec ?
C’est violent, on ne peut dire le contraire. Le MMA, ce sont des coups, des percutions, mais c’est super cadré. Ça me terrorise moins que de me battre dans la rue.
Moi, je ressens de la violence, il faut que je l’exprime alors autant l’exprimer dans ce cadre-là, sécurisé, plutôt que de faire n’importe quoi ou de la retourner contre moi.
Je trouve que ça a une certaine utilité de pouvoir canaliser et cadrer ce genre de comportements.
Comment faire pour casser l’image encore un peu sulfureuse du MMA et faire comprendre que c’est une pratique sportive avant toute chose ?
Il faut informer, visibiliser, pour que les gens comprennent que c’est un sport. Il y a un côté spectaculaire dans le MMA, mais il faut éduquer à ça, ce qui va permettre de rendre cette discipline accessible de manière plus sereine.
La boxe anglaise, à un moment, était aussi une pratique illégale et maintenant elle est aux Jeux Olympiques parce qu’il y a eu éducation.
J’espère que le MMA va aller dans le même sens, c’est bien parti, je suis hyper optimiste et je suis contente que l’on en parle, il faut juste en parler de la bonne manière.
Tu as combien de combats à ton actif ?
En tant que professionnelle, j’en suis à 4 et j’ai dû en faire 5 amateurs avant. Je suis vite arrivée professionnelle.
Ça s’est fait sur un heureux hasard : j’ai remplacé une fille qui devait combattre dans mon club, c’était son premier combat pro et, quand tu fais un combat pro, tu ne peux plus revenir en amateur.
Ça a changé beaucoup de choses pour toi ?
Oui, dans le sens où tu es rémunérée et où le niveau change un peu, mais entre amateur et pro, en tout cas en France, il n’y a pas vraiment de différence.
Tu continues à travailler à côté malgré tout ?
Je suis bibliothécaire. Ce sont les deux faces d’une même pièce, c’est mon équilibre : je peux m’exprimer dans le sport avec une certaine vélocité et j’ai des moments calmes avec la lecture.
Je ne considère pas que combattante professionnelle soit un métier en France. Quand on me demande ce que je fais dans la vie, je dis que je suis bibliothécaire !
Malgré tout, le MMA n’est pas un hobby parce que ça me prend énormément de temps. J’ai six jours d’entraînement par semaine avec de la prépa mentale, du yoga… C’est ce qui me fait vibrer et tout tourne autour du MMA.
Tu donnes également des cours…
Je donne des cours pour les filles, je fais du coaching… Tout alimente ma pratique professionnelle. Tevi Say m’a beaucoup inspirée et j’ai envie de perpétuer ça, j’ai envie de retransmettre ce que cette femme m’a offert dans ma vie.
Ce que j’ai ressenti en tant que femme qui avait envie de pratiquer un sport de combat, j’ai envie qu’une autre fille le ressente aussi, j’ai envie de lui donner cette possibilité, ça m’a vraiment marqué.
Ma carrière sportive est limitée dans le temps, si je peux offrir à une fille l’opportunité de se retrouver à la même place que moi ou même juste de se sentir bien, légitime dans sa pratique sportive, c’est un de mes objectifs dans la vie.
Tu vas affronter Laetitia Blot à l’occasion du MMA Grand Prix. Ce sera ton premier combat en France ?
En MMA, oui. C’est génial, je suis super contente. Quand tu pars à l’étranger, tu te sens loin de tes soutiens, tu as plein d’incertitudes : le voyage, la langue que tu ne comprends pas.
Là, c’est super confort et ça me rapproche des gens qui sont autour de moi. C’est un peu comme au foot quand tu joues à domicile, il y a quelque chose plus détente, c’est aussi une belle visibilité.
L’avenir, tu l’envisages comment ?
En MMA, tu peux performer plus longtemps que dans d’autres sports. J’ai encore vu une fille à l’UFC qui a 43 ans. L’âge, ce n’est pas réglementé, il n’y a pas de limite. C’est selon les capacités physiques de chacune et de chacun.
Tant que tu t’amuses et que tu te sens à l’aise dans ce que tu fais, tu continues. C’est chouette de se dire que, au-delà de 40 ans, tu peux encore performer, te challenger sur des trucs pro. Oui, c’est cool.
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