C’est dans le Sud-Ouest de la France, à la fin du 19e siècle, que tout commence. En 1893 pour être précise. Cette année-là, Émile Broquedis et son épouse, Louise Vergez, accueillent leur troisième enfant.
Après deux garçons, Louis et Eugène, une petite fille vient enrichir la fratrie. Ils décident de la prénommer Marguerite. L’heureux papa est un maitre paumier réputé à Pau.
À ses côtés, Marguerite et ses frères apprennent les rudiments du jeu. Lorsque les Broquedis déménagent à Paris, la famille se convertit au lawn-tennis. Marguerite s’y montre particulièrement à l’aise.
En 1910, elle a 17 ans et se hisse, pour la première fois, en finale des Championnats de France, un rendez-vous qui deviendra, plus tard, les Internationaux de France. Battue par Jeanne Matthey, elle retente sa chance lors de l’édition suivante. Nouveau face-à-face avec sa compatriote, nouvel échec.
Il faudra attendre le mois de juin 1912 pour que la Béarnaise commence réellement à faire parler d’elle. Engagée dans les premiers Championnats du monde sur terre battue disputés à Saint-Cloud, elle remporte la mise en s’imposant face à l’Allemande Mieken Rieck.
Marguerite Broquedis vient de sauver l’honneur national et les journalistes n’en finissent plus de s’enflammer pour cette belle élégante au coup droit redoutable.
Les Jeux Olympiques de Stockholm, disputés dans la foulée, achèveront d’asseoir sa réputation de championne. Seule femme retenue dans une délégation de 112 athlètes, elle rentre de Suède l’or du simple dames autour du cou après avoir pris le dessus sur une autre Allemande, Dorothea Köring.
Première championne olympique française, toutes disciplines confondues, elle achève sa campagne scandinave en décrochant le bronze du double mixte avec Albert Canet.
Toute auréolée de son nouveau statut, Marguerite Broquedis, qui s’apprête à fêter ses 20 ans, se présente, pour la troisième fois, devant Jeanne Matthey lors des Championnats de France 1913. Cette fois-ci, le succès lui tend les bras.
©CIO Collections Musée Olympique
Elle conservera son titre, non sans mal, l’année suivante après une partie âpre et disputée face à une adversaire de six ans sa cadette : Suzanne Lenglen. La revanche entre les deux femmes n’aura lieu que six ans plus tard. La guerre vient d’éclater et le sport est relégué au second plan.
L’héroïne de Stockholm n’a plus la tête au tennis. Minée par la perte de son frère Louis, tué au front le 22 aout 1914, elle porte également le deuil de ses cousins, Pierre Lafaurie et Bernard Luce, disparus tragiquement, eux aussi, en 1915 et 1916.
Marguerite Broquedis bat Suzanne Lenglen à Roland-Garros en mai 1914, ce sera la seule a avoir pu défaire la Divine Lenglen sur terre battue.
La Porte d’Auteuil, terre de ses exploits, lui ouvrira de nouveau les portes en 1920. La Paloise y retrouve Suzanne Lenglen pour un duel qui s’annonce savoureux. Mais en six ans, la Divine a pris de l’épaisseur et la Déesse ne lui résiste pas. Les Jeux Olympiques de Paris, en 1924, ne lui apporteront pas plus de satisfaction.
Associée à Yvonne Bourgeois, avec laquelle elle vient de s’imposer dans le double dames de France, elle rate le coche, s’incline face au duo britannique Cover-Shepherd dans le match pour la troisième place.
Éclipsée par la trajectoire fulgurante de la Divine, la Déesse mettra un terme définitif à sa carrière en 1930 après un dernier fait de gloire : une victoire en double mixte aux côtés de Jean Borotra en 1927, date de la troisième édition des Internationaux de France.
Elle s’éteindra, dans l’anonymat le plus complet, le 23 avril 1983 à Orléans. Elle venait d’avoir 90 ans.
Ouverture ©CIO Collections Musée Olympique
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