Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève... » Sportive hyper-active, lycéenne, 17 ans

Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève, jusqu’à avoir la peau en sang ! »
Tombée dans la marmite du sport toute petite, Loïs, 17 ans, est une sportive tout-terrain qui n’a peur de rien et surtout pas des garçons sur un terrain de foot ou un ring de boxe. Future pompier professionnel, elle s’essaye autant au wakeboard ou au ski qu’au tennis et à l’escalade, histoire de s’éclater et de se préparer à s’adapter à toutes situations. Une tête bien faite dans un corps surentraîné.

Publié le 04 février 2025 à 18h05

« J’ai toujours été très très sportive. Il faut dire que j’étais une petite fille hyperactive qui bougeait sans cesse. Je suis née dans une famille de sportifs, un vrai modèle pour moi. Ma maman faisait de la boxe en amateur et mon père a toujours été un très bon skieur et un bon randonneur. Ça m’a incitée à commencer le sport très rapidement. Ça a vite été une évidence pour moi, et même l’amour fou ! Mes journées étaient rythmées par le sport, je vivais pour ça, je peux même dire que j’ai construit mon identité à travers le sport, j’ai grandi dans ses pas… 

J’ai démarré par l’équitation. J’avais 6 ans. J’en ai fait pendant un an, mais je n’ai pas tellement apprécié. Je trouvais que ça ne bougeait pas vraiment. Je cherchais un sport un petit peu plus extrême, disons. Alors, je suis « montée sur le ring » puisque j’avais l’exemple à la maison. À 7 ans, je faisais donc de la boxe française. J’ai affûté mes coups jusqu’à mes 11 ans. 

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Ce sport me permettait de me défouler. Je m’amusais vraiment à donner des coups et à en recevoir – c’était des assauts donc de la touche – et à sautiller partout. Comme j’ai progressé très rapidement et que je gagnais des compétitions, ça m’a donné confiance en moi. Et, cercle vertueux, ça me plaisait encore plus ! Mais j’ai eu envie d’essayer un nouveau sport… J’ai donc démarré le foot à 12 ans. J’y jouais dans la cour en primaire, j’étais plutôt douée donc j’ai eu envie de tenter en club. J’en faisais une fois par semaine et on était en matchs le week-end. À la même époque, je prenais quand même des cours de musique à côté : je faisais de l’accordéon. Mais, à un moment, j’ai arrêté pour me concentrer à 100 % sur le sport.  

L’un de mes sports favoris a été le wakeboard.  J’ai connu ça en vacances assez jeune, à 11 ans. Je faisais du skate donc ça m’a parlé direct. Je faisais même des caprices pour pouvoir en refaire ! Ce qui m’a plu tout de suite, c’est la sensation de glisse. Et le fait de ne pas avoir besoin de pousser comme en skate : là, tu es tractée. Mais aussi de pouvoir sauter, faire des tours, des glissés, tenter des sauts, sans me faire mal ou avoir peur de me faire mal. Du coup, j’ai trouvé un club près de chez moi, à Orléans, et j’ai débuté à 13 ans jusqu’à mes 15 ans. J’ai arrêté au bout d’un moment car il y avait beaucoup de route à faire à chaque fois. Et je suis partie sur les courts de tennis, de mes 12 à mes 16 ans ! Là, ce que j’aimais bien, c’était le fait de contrôler la balle avec une raquette. C’était vraiment un moment de plaisir, encore une fois, même si j’ai fait des matchs et que je prenais du niveau. C’était satisfaisant et ambiance détente !  

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En parallèle, au collège, j’ai commencé l’escalade dans l’association sportive et j’ai continué dans celle du lycée avant de minscrire en club ensuite. En ce moment, c’est le sport dont je suis amoureuse : je pense escalade, je dors escalade, c’est presque ma raison de vivre ! J‘aime cette discipline pour le dépassement de soi qu’elle demande, la gestion de l’appréhension quand je m’apprête à grimper une voie difficile et que je sais pertinemment que je vais tomber et la réflexion que ça entraîne quant aux mouvements nécessaires à faire pour franchir un passage difficile. C’est un peu comme une énigme pour laquelle le seul outil à ma disposition est mon corps. J’aime faire travailler ma tête autant que mon corps dans l’effort.

J’ai envie de continuer l’escalade tant que ça me plaît. J’espère d’ailleurs que ça me plaira tout au long de ma vie, mais ce qui me fait un peu peur c’est de stagner après la progression des débuts. Par exemple, parvenir à grimper une cotation en plus, c’est pas forcément simple. Ce qui est cool, c’est que dernièrement, j’ai fait les championnats inter-lycées. Jétais en binôme avec quelqu’un de mon école. Pour le championnat départemental tout comme pour le championnat régional, on est arrivés premiers. Pour le championnat national, ça a été une expérience formidable, on est allés jusqu’à Valence, on a vécu des trucs super. On est arrivés sixièmes 

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Après la découverte de la magie des débuts et la progression rapide dans un sport, généralement, je ne tiens plus en place. J’aime la diversité des sports et je refuse de m’enfermer dans une activité. En pratiquant de nombreux sports différents en parallèle, ce que je recherche n’est pas forcément le haut niveau mais la pluridisciplinarité. Du coup, ça donne du… sport à gogo : le wakeboard, le tennis, le skate, et – encore aujourd’hui – l’escalade, le ski alpin, le snowboard, la course à pied et même du vélo de temps en temps. Ça me permet d’être « multifonctionnelle », de pouvoir m’adapter dans toutes les situations. 

Faire du sport me renvoie une image positive de moi-même. La progression, les compétitions gagnées, les exploits réussis à force de m’en donner les moyens, mais aussi un physique qui me plaît. C’est comme une drogue saine qui entretient mon patrimoine santé et qui me renforce ! 

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Le sport, c’est tout pour moi. Il m’a forgée, m’a formée. J’ai certaines valeurs grâce au sport. C’est à lui que je dois mon dynamisme constant, mon envie de faire les choses, un vrai sentiment de bonheur. Mais aussi mon goût de l’effort : en me fixant des objectifs, en me dépassant à chaque séance, puis en constatant mon évolution, ça me procure une grande satisfaction. Dans un monde dominé par la compétition, je sais me battre tous les jours pour réussir ce que j’entreprends. Et ça, c’est grâce au sport. 

Je ne me pose pas forcément la question de l’échec, de savoir si je vais arriver à grimper ou si je vais tomber en escalade, par exemple. En plus, je sais que j’ai un assureur qui me retient, je lui fais confiance, c’est très important pour progresser. Donc, je pars dans ma voie et je ne réfléchis pas. Si je tombe, c’est pas grave, je redescendrai et je repartirai à l’assaut de la paroi. Et c’est pareil si je perds un assaut en boxe ou que je me prends une gamelle en ski. Grâce au sport, je sais rebondir sur les situations et l’échec permet de repartir plus fort.

En fait, j’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève, jusqu’à avoir la peau en sang. C’est comme ça qu’on progresse. J’ai vraiment compris ça grâce à mon prof d’éducation physique et sportive que je remercie d’ailleurs. Faire du sport, ça ne consiste pas simplement à bouger son corps. Tout est dans l’esprit. Il parle de  « faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux ». 

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J’ai grandi avec l’image d’une maman très sportive, pratiquant la boxe, un sport pensé « masculin ». Donc moi, je ne me suis jamais considérée différente des garçons avec qui je pratiquais. Je pense même avoir davantage grandi dans une mentalité de « garçon ». D’ailleurs, j’ai voulu me couper les cheveux courts vers l’âge de 10 ans. On m’a prise pour un garçon pendant deux ans, avant que je laisse mes cheveux repousser. Ça s’est toujours super bien passé avec les garçons sur le terrain de foot de l’école primaire par exemple. Peut-être que c’est parce que j’avais un bon niveau – j’étais même plus forte que certains, que j’étais hyperactive et que je me rapprochais beaucoup plus des garçons que des filles. Mais en tout cas personne ne venait m’embêter. J’avais complètement ma place. Et puis, je ne me posais même pas la question de savoir si j’avais ma place ou pas d’ailleurs, je la prenais !

Je crois que je me sers justement du fait d’être une fille pour prouver aux garçons que je suis tout aussi capable qu’eux, voire plus parfois. Ce que je trouve dommage dans les mentalités, c’est le fait d’être obligée de faire ses preuves dans un domaine qu’on pense masculin – le sport qu’on associe à la virilité ou quoi – pour être respectée en tant que femme. Après c’est vrai que, oui, beaucoup de garçons ne considèrent pas les filles sérieusement dans le sport. Et le stéréotype comme quoi les garçons seraient plus forts que les filles dans le domaine du sport court encore aujourd’hui. Il n’est pas rare d’entendre après un match de tennis : « La honte, tu t’es fait battre par une fille ! ». 

Je préfère pratiquer le sport que le regarder à la télé, mais ce que j’aime, c’est de voir des filles dans des sports dits extrêmes, là où on ne s’attend pas à ce qu’elles réussissent forcément. Ça me rassure et j’espère que ça incitera les filles des nouvelles générations à se lancer dans le domaine du sport en général, sans réfléchir. » 

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