Fanny : « Quelques minutes sur des skis et c’est le bonheur infini… »Passionnée de ski, 48 ans, conseil en marketing stratégique
Le ski pour passion, la montagne comme inspiration, les femmes par conviction. Championne du monde junior et multi-championne de France de ski de bosses, membre de l’équipe de France de freestyle dès ses 15 ans, coach de l’équipe d’Australie, Fanny Caspar a eu plusieurs vies sur ses skis. Résiliente après deux genoux cassés et un arrêt brutal de sa carrière, la montagnarde partage désormais son expérience avec les autres femmes en les poussant à croire en elles via les sports de glisse. Témoignage survitaminé.
Propos recueillis par Claire Bonnot
Publié le 29 décembre 2020 à 17h32, mis à jour le 26 janvier 2022 à 18h37
« Je suis tombée dans le sport toute petite… Ma maman était prof d’EPS et mon papa moniteur de ski et de voile, sans oublier qu’ils étaient tous deux très sportifs – tennis, équitation, athlétisme – donc le sport, c’est dans mes gènes ! Pour autant, ils n’étaient pas dans la compétition, mais plus dans le sport loisir.
J’ai donc commencé naturellement le sport avec ma mère. Pendant les vacances scolaires, elle enseignait le ski dans le club de Courchevel avec des skis fabriqués par mon papa… J’ai d’ailleurs appris dans le jardin de mes parents, au-dessus des 3 Vallées. Le ski a toujours été mon sport de prédilection, c’est magique pour moi, même quand il pleut, même quand la neige est mauvaise ! Passer quelques minutes sur mes skis, entendre la neige crisser et sentir le froid sur mes joues, c’est un bonheur infini.
En 1987, je suis passé du ski alpin au ski freestyle. J’avais 15 ans. C’était un an après les premiers championnats du monde de la discipline qui se déroulaient à Tignes. Un événement incroyable : voir des filles et des garçons virevolter dans tous les sens en musique, j’étais ébahie ! Ça a été un déclic pour moi.
À l’époque, on appelait ça le ski artistique et acrobatique. Il y avait trois disciplines dont le ballet pendant lequel on devait faire toute une chorégraphie d’acrobaties, c’était génial ! Comme j’étais très timide, le sport m’a fait beaucoup de bien, ça m’a obligé à me montrer, notamment avec cette discipline du ballet. Le ski freestyle est un sport à jugement donc si tu veux avoir de bonnes notes, il faut y aller !
Très vite, j’ai fait mes premiers podiums en Coupe de France. Un an plus tard, au printemps 88, j’ai fait deuxième fille en junior aux Championnats de France de bosses. Le sélectionneur de l’époque m’a alors proposée d’entrer dans l’Équipe de France, je n’allais pas lui dire non !
Le ski freestyle, à l’époque, était vraiment un monde de garçons. Nous, les filles, étions des ados et on côtoyait des garçons de 27 ans, matures, autonomes. En plus, nous étions 4 filles pour 25 garçons en Équipe de France donc, c’était une atmosphère très masculine et le vocabulaire y était particulièrement fleuri…
On était jeunes, on était influençables, on s’est mises à parler de la même façon : avec un langage vulgaire. On ne s’en rendait pas compte, on était tout le temps entre nous et on ne le ressentait pas comme ça. On cherchait à s’adapter à défaut d’être réellement intégrées.
Quand j’ai débuté en stage d’été, je me souviens que j’avais dû faire, comme tous les entrants, un petit discours debout sur une chaise. J’avais eu droit à des remarques grivoises. Avec les autres filles, on nous appelait « Le Club Dorothée ». L’époque n’était pas au féminisme…
Pour en revenir à la compétition, j’ai rapidement participé aux coupes d’Europe puis mon premier circuit de Coupe du monde et je me suis classée sixième mondiale. Puis, au printemps 90, aux championnats d’Europe à la Clusaz, c’est le drame : je me blesse. Les ligaments croisés…je suis précoce dans le genre ! Sur le coup, concentrée sur mon run, je n’ai pas compris que je m’étais cassé le genou. C’est la douleur, intense, insupportable, qui m’a finalement arrêtée.
J’ai été opérée tout de suite et j’ai entamé une rééducation difficile, mais, sept mois plus tard, j’étais de retour sur la piste de la Coupe du monde à Zermatt, en Suisse, où je me suis classée onzième. La suite ? beaucoup de contre-performances…
À partir de là, je n’avais pas le choix : je devais gagner toutes les courses, mon honneur était en jeu ! Ça m’a boostée, que ce soit en France ou en Europe, j’ai tout gagné : un quatrième titre de Championne de France, en 1991, puis Championne du Monde Junior et vainqueur de la Coupe d’Europe de Bosses.
Une belle remontée et la perspective des JO…j’étais de nouveau motivée. Mais je n’étais pas au bout de mes peines : je me suis cassé l’autre genou en pleine descente et en début de saison. Mon rêve olympique à la maison s’envolait ! J’avais 19 ans, ce fut le moment le plus dur de ma carrière.
D’autant qu’un an plus tard, je me cassais le deuxième genou en séances d’entraînements aux États-Unis. Rentrée en France, j’avais décidé de prendre le temps de me retaper, de faire quelques courses pour me qualifier aux JO, décrocher une médaille et m’arrêter. C’était le plan ! Mais mon genou s’est déboité malgré l’attelle en pleine Coupe du monde à La Plagne…
Ma chance ? On m’a proposé d’entraîner l’équipe d’Australie pour la tournée Coupe du monde et pour les JO de Lillehammer. Ça m’a permis de digérer l’arrêt brutal de ma carrière. Du jour au lendemain, comme ça, je suis devenue coach des équipes d’Australie de bosses. J’étais désormais au pied de la piste. Il n’y pas eu de transition et je me suis investie à fond dans mes athlètes. Je n’ai même pas eu le temps de me rendre compte que pour moi, c’était fini…
Évoluer dans le sport de haut niveau a forgé mon caractère ou peut-être ai-je fait ça parce que j’avais le caractère… En tout cas, ça m’a aidé à prendre confiance en moi ; les nombreuses blessures m’ont rendue indestructible… Je me rends compte que je suis capable de me relever de tout et je suis certaine que ma carrière sportive et la résilience qui en a résulté ont été décisives.
Depuis les années 2000, je m’engage auprès des femmes, notamment en donnant des cours de ski réservés aux femmes pour qu’elles se rassurent techniquement, qu’elles prennent tout simplement du plaisir à skier et ainsi qu’elles reprennent confiance en elles. J’ai vraiment pris conscience de leurs difficultés ou de leurs barrières en donnant des cours.
Depuis, je veux vraiment défendre la cause des femmes. Suite à ma carrière de sportive, j’ai été notamment chef de produit femme et junior chez Dynastar puis chez Roxy. J’ai ainsi pu développer toute une gamme adaptée à l’anatomie et aux besoins des femmes. Je me suis dit que, par mon expérience, je pouvais les aider, leur apporter quelque chose en plus.
J’ai monté mon blog « Snowflike » de manière à encourager les femmes à pratiquer des activités sportives en montagne. Le but est de montrer que c’est une activité accessible à toutes les femmes qui aiment et pratiquent la montagne, quel que soit leur niveau sportif et physique. Mon projet pour 2021 est de monter une association avec « Snowflike ». Le slogan ? « Happy women in the mountains »… »
Pour suivre le sillon féministe inspirant de Fanny Caspar, direction son site internet « Snowflike »
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Triathlète à ses heures perdues ou plutôt gagnées sur des journées rythmées par des entraînements devenus nécessaires, Delphine Joutel a trouvé dans le sport un levier d’une confiance qu’elle n’a pas toujours eue. Ce dimanche 26 juin, elle sera au départ du Garmin Triathlon de Paris. One, two, Tri… C’est parti !
Elle a quitté Paris et une vie confortable sur un coup de tête. Camille Dubois-Leipp s’est installée à Annecy avec l’envie de profiter, chaque jour, d’un terrain de jeu naturel propice à la pratique sportive. Une passionnée des grands espaces qui a mis à profit ce nouveau départ pour créer Outtrip, une plateforme dont l’ambition est de rendre les activités de pleine nature plus accessibles et plus inclusives.
Elle a découvert ce sport acrobatique par hasard. Et n’a plus jamais cessé de pratiquer depuis. Adélaïde Gandrille, traceuse et présidente de l’association Pink Parkour, a trouvé dans le PK comme on appelle le parkour chez les initiés, un moyen de s’épanouir, physiquement et intellectuellement. Témoignage d’une fille qui sait comment franchir tous les obstacles.
Elle est basée à Carcassonne, dans le Languedoc. Au sein du 3e RPIMa ou 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine, une unité d’élite de la 11e brigade parachutistes, elle n’a qu’un but : tenir physiquement la distance. Le sport est pour Virginie autant une respiration essentielle dans son quotidien qu’un moyen de se faire respecter dans un monde d’hommes. Vice-championne de cross-country de l’armée de terre, cette adjudante-là n’est pas prête à quitter le terrain.
À 22 ans, Fiona Colantuono, future ingénieure en énergies renouvelables, a décidé de prendre une année sabbatique pour mener à bien un projet un peu fou : parcourir l’Europe de l’Ouest en vélo solaire. Un défi de 8 000 kilomètres pour aller au bout d’elle-même, mais aussi pour mettre en lumière des initiatives locales consacrées à la transition énergétique. On vous embarque !
Championne de France en sauts d’obstacles handisport et journaliste à Radio France, Laëtitia Bernard est aveugle de naissance. Ce qui ne l’a jamais fait reculer et elle a su s’élancer pour trouver sa joie et sa liberté, autant sur le plan personnel que sportif. Un parcours incroyable qui rappelle que tout est possible lorsqu’on dépasse ses craintes. Une femme 100 % ÀBLOCK!
Passionnée de triathlon, Margot Sellem est infatigable quand il s’agit de se relever de ses blessures mais aussi de ses freins. Elle nous raconte le chemin parcouru en à peine trois ans de pratique assidue et acharnée de cette discipline de wonder(wo)men.
Elle a eu besoin de faire jusqu’à six heures de sport par jour. Servane Heudiard est bigorexique, un terme qui désigne une addiction pathologique au sport. Écrire lui a permis de prendre de la distance, de retrouver le plaisir et d’alerter sur les dangers de la pratique à outrance.
Elle n’était jamais montée sur un vélo. Jusqu’à il y a quatre ans. Une révélation. En 2021, après un périple initiatique sur deux roues en Nouvelle-Zélande, Marine Gualino se frottait à la Race Across France, une course d’ultra cyclisme. Témoignage d’une nana qui avale des kilomètres jusqu’à plus soif.
Avec la danse dans le sang et dans la peau, Isabelle Boileau ne pouvait que traverser sa vie en entrechats. C’est ce qu’elle a fait en pratiquant, très jeune, en semi-pro, avant d’opérer un petit saut de ballerine pour aller enseigner la danse. La danse comme une douce thérapie entre sport et création. En piste !
Kayak-poloïste, quésaco ? Tassia Konstantinidis, la vingtaine énergique, est de cette espèce trop méconnue : une athlète de kayak-polo, discipline du kayak qui a porté l’équipe française féminine en championnat national, européen et mondial jusqu’au Graal : la première marche du podium des Championnats d’Europe 2021. Avec, à son bord, cette jeunette de l’équipe senior. Témoignage d’une sportive de haut niveau qui tient bon la pagaie.
Métier : réparer les hommes les plus forts du monde. Massothérapeute pour gladiateurs du XXIe siècle alias les Strongmen, Véronique Grafe -appelez-la simplement “Véro“- envoie du lourd pour les remettre d’aplomb ! « Maman » de cette troupe de mecs super balèzes, l’ex-boxeuse se bat pour institutionnaliser sa discipline. Incursion au cœur de l’incroyable corps humain et de la force poussée à son extrême.
C’est une pièce du vestiaire féminin dont on parle peu. Audrey Millet, docteure en histoire, spécialiste de la mode, s’est intéressée au maillot de bain, bout de tissu qui, par le biais du sport notamment, a grandement contribué à l’émancipation du corps féminin.
30 minutes. Le dernier baromètre établi par la Fédération française d’éducation physique et de gymnastique volontaire (FFEPGV) démontre que, depuis la crise sanitaire, les femmes ont perdu une demi-heure de pratique en un an, se laissant distancer par les hommes qui bougent 48 minutes de plus qu’elles. Une mauvaise nouvelle alors qu’elles étaient en passe d’exploser les scores…
Elle est omniprésente sur toutes les rencontres paralympiques. Symbole essentiel du Comité International Paralympique, la devise « Spirit in motion » impose le respect de tous les para-athlètes.
C’est ce qui s’appelle une révélation. À 25 ans, lorsqu’elle découvre le foot américain, Cléa ne se doute pas du chemin qui s’ouvre devant elle. Ni qu’il allait donner naissance à une autre…elle-même. Un témoignage qui en dit long sur les vertus et les valeurs du sport. Paroles d’une discrète devenue lionne.
On l’a vue rire, s’enflammer, se délecter de renvoyer la balle lors des doubles à Roland-Garros. Celle que l’on surnomme “America’s Tennis Rock Star“ est une joueuse aussi chatoyante que les tenues et les couleurs qu’elle porte sur les courts du monde entier. Pour Bethanie Mattek-Sands, la vie est un jeu, tout comme ses parties de tennis. Portrait d’une flamboyante sportive.
Elle a marqué sa discipline comme personne avant elle. Vingt-trois ans après sa disparition prématurée, Florence Griffith-Joyner continue de régner sans partage sur le sprint mondial. Une longévité exceptionnelle pour l’Américaine controversée après des soupçons de dopage, mais dont les records du monde sur 100m et 200m tiennent désormais depuis plus de trente ans.
Alpinisme, skate, handisport, tennis de légende ou MMA, il y a du choix pour se plonger dans le sport tout en cocoonant. Avec ces films et documentaires époustouflants, bouleversants ou édifiants, le sport n’aura jamais été aussi essentiel, même en période de fêtes. Moteur !
Une danseuse née sur les pointes, une gymnaste persévérante, une entraîneure qui n’a pas dit son dernier mot, une joueuse de foot US coriace (Émeline, notre photo) ou encore un coach vocab’ et une initiative qui bouge, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!
Ça s’appelle S-Camp, ce sont des séjours sportifs pour adultes, tous niveaux, avec pour seule ambition de vous faire bouger. Un concept de vacances qui déménagent, imaginée par trois fous de sport.
Des épreuves éprouvantes en altitude, des femmes en selle, une humoriste engagée (Karen Chataîgnier sur notre photo), une cycliste solaire, une super-héroïne à cheval et une nouvelle Question qui tue, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! cette semaine.
Il n’existe pas de stats, très peu d’études sur le sujet. La bigorexie ou addiction au sport est pourtant une maladie reconnue par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) depuis 2011. Mais dans une société où le sport se doit d’être synonyme de bien-être, les répercussions physiques et psychiques liées à une pratique excessive sont très souvent éludées. Enquête sur une pathologie tabou.