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Marie Petitcuénot : « Les applis de sport se bousculent. Bonne nouvelle pour celles qui ont des fourmis dans les jambes. »
Pour certains d’entre nous, ce confinement est une occasion de se ressourcer, de faire une pause,
Publié le 22 avril 2021 à 18h07, mis à jour le 29 juillet 2021 à 12h17
Ton parcours sportif a commencé par la natation. Ton père est un ancien nageur et joueur de water polo et il a toujours voulu que tu saches nager mais, toi, tu n’aimais pas ça. Qu’est-ce qui te déplaisait dans la natation ?
La natation, c’est le sport que mon père avait pratiqué, ma tante et mes cousins aussi. En fait, c’était le sport qu’ils auraient voulu que je pratique. J’ai commencé aux bébés nageurs, j’avais 6 mois, et j’ai fait ça jusqu’à mes 12/13 ans.
J’aimais ça parce que j’en faisais avec ma cousine, ça nous permettait de nous voir et de faire du sport ensemble, mais c’est vrai que ça n’a jamais été vraiment mon sport, ça n’était pas pour moi.
Tu expliques avoir été jusqu’à te faire disqualifier durant un 50m brasse pour que ton entourage réalise que tu n’aimais pas spécialement la natation. C’était si difficile de faire comprendre à tes proches que tu ne voulais plus en faire ?
Oui, parce que c’était le sport qu’ils avaient toujours tous fait donc ils ne voyaient pas autre chose que la natation. Lorsque que j’ai fait exprès de me faire disqualifier c’était à la fois parce que je n’aimais pas ça, mais aussi pour pouvoir aller jouer dans le petit bain.
Quand j’allais à la piscine, je ne pensais qu’à jouer. Ce n’était en aucun cas pour faire de la compétition, ça me saoulait plus qu’autre chose !
Comment as-tu découvert l’athlétisme et comment as-tu convaincu tes parents de t’inscrire en club ?
J’ai surtout découvert l’athlétisme à l’école. J’aimais bien courir. Quand on jouait à chat, j’étais plutôt rapide, parfois même plus que les garçons et c’est ce qui m’a fait aimer la course à pied.
Dès que j’ai arrêté la piscine, j’ai fait de l’athlétisme. C’est venu en milieu d’année. J’ai dit à mes parents que je préférais courir et ils m’ont inscrit au club de Draveil.
Au début, tu fais de tout, mais je crois que tu aimes particulièrement le javelot et les haies. Il y a eu aussi la perche. Qu’est-ce qui te plaisait dans ces disciplines ?
J’aimais goûter à tout. Lorsque j’étais benjamine-minime, on touchait un peu à toutes les disciplines. À l’époque, j’avais une coach spécialiste du javelot et elle m’a vraiment fait aimer ça.
J’aimais ça parce que, en compétition, je voyais que j’y arrivais bien et ça m’encourageait. C’était le cas aussi pour les haies. Je me débrouillais plutôt bien et ça me donnait envie de continuer.
En fait, tu adoptes une discipline en fonction de tes résultats ? C’est elle qui vient à toi plutôt que l’inverse.
C’est ça. La natation, ça ne m’intéresse pas parce qu’en compétition, je n’étais pas forte. La course, j’ai toujours aimé ça parce que je me débrouillais bien.
Je m’étais d’ailleurs dit que, quand je pourrais faire du 400 mètres ou du 400 haies, je ne ferais que ça. Je ne voulais faire qu’un tour de piste.
Un tour de piste que tu vas allonger. Tu vas aussi te mettre au cross pour faire quelques compétitions pendant l’hiver même si, le long, ce n’est pas ce qui te plait…
Je n’ai jamais voulu faire du long. Courir longtemps, ça n’avait jamais été mon truc. Moi, ce que j’aimais, c’était la vitesse. On me faisait faire des cross pour préparer l’été et faire quelques compétitions l’hiver.
Quand t’es-tu mise réellement à apprécier les longues distances ?
C’est venu en 2015. En faisant du 800 mètres, j’ai découvert que j’étais plus à l’aise sur les distances plus longues. J’ai dit à ma coach que je voulais essayer le 1500 mètres.
Je faisais deux ou trois entraînements par semaine et, au lieu de faire une fois de la perche et une fois du demi-fond, je me suis dis que je n’allais faire que du demi-fond.
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Le long, ça va devenir sérieux quand tu débarques aux Etats-Unis en 2016. Tu passes de 3 entraînements par semaines à 6 ou 7 et de 15km à 60 par semaine. Tu as eu un déclic ? Pourquoi ?
Le long, de manière vraiment intensive, c’est arrivé quand je suis partie faire mes études aux États-Unis. Ça a été très dur pour moi la première année. Le rythme était soutenu et je n’étais pas dans l’optique du sport de haut niveau.
Je faisais la fête tout le temps, je m’amusais et c’était compliqué de continuer à m’entraîner sérieusement et à faire des résultats. Lors de ma deuxième année là-bas, il y a des Hongroises, déjà athlètes de haut niveau, qui sont arrivées et ont amené de la compétition à l’entraînement.
Je me suis aperçue qu’en faisant les choses correctement, j’arrivais de mieux en mieux à les suivre. J’ai eu envie de m’entraîner plus et plus sérieusement. J’ai décidé de m’y mettre pour de bon et les résultats sont arrivés.
Encore une fois, c’est ton esprit de compétition qui guide tes choix…
C’est ça. C’est la compétition, la volonté de battre les Hongroises, d’être à leur niveau. Il y a aussi le fait que je voulais voyager avec l’équipe. Pour cela, il fallait être dans les huit meilleures.
Être dans les huit, c’était le minimum pour moi. Et puis, quand tu es dans ce groupe, c’est valorisant, on est mises en avant et, ça aussi, c’était important.
Tu as très vite renoncé à ton seul tour de piste puisque tu vas passer sur 5000 et même 10 000 mètres. Quand est-ce que tu t’es mise à réellement aimer le long ?
Je me suis faite à l’idée que mon tour de stade, ce n’était pas fait pour moi. Quand je suis arrivée aux Etats-Unis, j’étais coureuse de 800/1500m et mon coach m’a dit : “Tu verras, ta dernière année, tu feras du 10 000 et même du semi-marathon“.
Pour moi, faire un 3000 mètres n’était même pas imaginable lors de ma première année ! Puis, peu à peu, j’ai fait du 3000m, du 3000 steeple. Quand j’ai goûté au 5000m, je me suis rendu compte que j’aimais beaucoup plus les longues distances. Lors de ma dernière année, j’ai essayé le 10 000m.
Là, j’ai compris que c’était une spécialité assez compliquée, qu’il fallait aussi avoir un bon mental parce qu’on passait à 25 tours. Tout est venu au fur-et-à-mesure, pareil pour le haut niveau. Jamais je n’y aurais pensé, c’est venu en 2017-2018.
Lorsque que tu es devenue championne de France espoir du 5000 et du 3000 steeple ?
Oui c’est ça. L’année d’après, j’ai fait les Jeux Méditerranéens puis les Europe sur cross et c’est là que j’ai eu le déclic.
2018, c’est aussi l’année où, lors d’une course, à Los Angeles, tu inscris un nouveau record de l’Essonne Senior sur 5000m, record qui tenait depuis 1986. C’est la 9e performance française tout temps chez les Espoirs. Ce record, tu vas l’améliorer encore quelques semaines plus tard. En tout, tu fais baisser ton chrono de référence de 30 secondes. Tu pensais progresser si vite ?
Non. Ce jour-là, quand j’ai tenté le 5000, je ne visais pas du tout ce temps-là. Ça faisait une semaine que je dormais plus, tellement j’étais stressée par cette course ! C’était vraiment une grosse surprise.
L’athlétisme, c’était juste un loisir pour moi, je n’aurais jamais pu imaginer tout ça. C’est arrivé peu à peu, au fil des ans. Il y encore deux ou trois ans, je ne me serais jamais dit que je n’allais faire que de l’athlétisme pour essayer de me qualifier pour les Jeux Olympiques de 2024 !
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Tu décroches ton premier titre chez les séniors, l’an passé. Tu participes aux Championnats de France élite et tu termines sur la 3e place du 5000m. Là aussi, c’était une surprise ?
Je ne visais pas le podium, je voulais juste me faire plaisir. Pendant ma préparation, j’étais partie à Font-Romeu et j’ai eu quelques problèmes aux cervicales. À part faire des footings tranquilles et enchaîner les kilomètres, je n’avais pas vraiment pu travailler sur piste.
Je n’avais fait que trois séances avant de faire les « Élites ». Cette course, je n’en attendais rien, c’était plus histoire de reprendre la compétition. Comme j’avais la chance de pouvoir y participer, je me suis dis que j’allais la faire et voir comment ça allait se passer.
Est-ce que tu sens que le regard que l’on porte sur toi commence à changer, qu’il y a plus d’intérêt des médias…
J’essaie de ne pas trop faire attention à ça, je préfère me focaliser sur moi-même. Je sais qu’il y a une génération très performante qui arrive derrière.
Tout le monde a sa place et il faut se battre pour être en équipe de France, ne jamais prendre les choses pour acquises.
Tu continues à partager ta vie entre les Etats-Unis et la France ou bien tu es revenue définitivement ?
J’ai fait le choix de revenir définitivement. J’avais le choix soit de rester là-bas et arrêter le sport, soit de revenir en France et me consacrer au sport. L’entreprise Sport To Be m’a offert un contrat d’insertion professionnelle.
Ils ont mis en place un poste pour que je puisse avoir un emploi et continuer à m’entraîner. Je suis chargée des relations presse, il y a un peu de commercial et du marketing. J’ai aussi une émission sur SportToBe TV, pour proposer des circuits de running…
Tu évoquais l’envie de te qualifier aux Jeux Olympiques de Paris en 2024. Et Tokyo, c’est un objectif ou pas du tout ?
Je pense que c’est trop juste. Mais on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve et je ne ferme la porte à rien. Pour pouvoir me qualifier sur le 10 000, il y a une course ce week-end et deux autres courses possibles avant début juillet.
Paris est donc l’objectif ultime ?
Dans ma tête, c’est l’objectif. Je réfléchis encore si je veux monter un peu plus ou pas, me spécialiser peut-être plus sur la course sur route ou le marathon. Je vais voir ça avec mon coach. Peut-être l’année prochaine.
En tout cas, participer aux Jeux Olympiques en 2024 à Paris, c’est définitivement mon ambition ultime. C’est à côté de chez moi et ce serait vraiment le top !
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