Vous avez toujours été de grandes sportives, pratiquant différents sports, pourquoi choisir le beach-volley ?
Alexia – J’ai toujours fait du sport de haut-niveau, je faisais partie du pôle Espoir de l’équipe de France de tennis à Bordeaux. C’était un peu compliqué car mes parents étaient militaires. J’ai beaucoup bougé, en Afrique surtout. J’étais souvent six mois à l’étranger, six mois en France : je m’entraînais l’hiver au Sénégal ou à Djibouti et l’été ici.
Puis, on a déménagé dans le sud de la France, j’ai dû arrêter le tennis, mais c’est un sport qui me manquera toujours.
J’avais 13 ans, je me suis essayée à l’athlétisme. Comme j’avais un gros bras, on m’a mise au lancé de marteau, javelot, poids. J’ai quand-même fini championne régionale, mais je n’aimais pas vraiment ça. Lors des compétitions, on fait trois lancés et on s’en va, ça ne me faisait pas rêver.
Puis, j’ai eu l’opportunité de remplacer une fille au volley ; j’avais un bon smash au tennis, donc des facilités. Dès le premier match, j’ai été repérée par un sélectionneur, j’ai intégré le pôle Espoir de volley à 15 ans et j’ai commencé la compétition.
Pourtant, je m’ennuyais en salle jusqu’à ce qu’on me propose de participer à des sélections en beach. J’ai accroché tout de suite, le beach-volley avec ses impacts physiques, son côté cardio, sa rapidité, me rappelait le tennis.
Lézana – Moi, c’est moins compliqué ! J’ai essayé le basket, la danse, la gym, le ski, le biathlon… Mais je viens d’une famille de volleyeurs, ce sont mes parents qui m’ont poussée à pratiquer le volley.
J’ai commencé en salle à l’âge de dix ans, chez moi à Grenoble, et je suis vite entrée au pôle Espoir à Lyon puis au pôle France à Toulouse. Comme Alexia, je ne trouvais pas vraiment ma place en salle et lorsque j’ai découvert le beach en 2014, ça m’a plu.
Votre rencontre sur le sable, ça s’est passé comment ?
Alexia – On s’était déjà croisées sans vraiment se voir, on s’est retrouvées aux Championnats du monde à Porto en 2014 puis aux Jeux Olympiques de la Jeunesse en Chine.
Ce sont les entraîneurs qui ont choisi de nous réunir, mais on ne s’appréciait pas plus que ça. On n’a carrément pas le même caractère : je suis cash, exacerbée et Lézana est plus douce, plus tendre. On avait peu d’affinités. Et comme nous n’étions pas vraiment matures, on ne faisait pas beaucoup d’efforts pour s’entendre. On ne se rendait pas compte qu’on allait passer autant de temps ensemble !
Lézana –Le contraste était tel qu’on avait du mal à trouver un juste milieu. Pour autant, on a terminé 17e aux Championnats du monde avec à peine un mois de beach-volley derrière nous !
Alexia – À la fin des JO de la Jeunesse, on a appris à se connaître, on a compris l’importance de notre complémentarité, ce que l’une pouvait apporter à l’autre. C’est un peu comme une relation de couple, on est deux, on doit faire des compromis, des concessions. On a mis les choses au clair et depuis on ne s’est jamais repris la tête.
Au beach-volley, la clé de la réussite est de construire une relation durable, de confiance, d’équilibre, de partage avec son partenaire. Aujourd’hui, on se connait par cœur. Quand l’une a un coup de blues, l’autre sait lui redonner le smile.
Lézana – D’ailleurs, quand on s’est quittées pour retourner s’entraîner chacune de notre côté, on s’est manquées ! On a été séparées pendant un an par la fédé, on a joué avec d’autres partenaires. Mais quand on s’est retrouvées, on s’est rendu compte que si on n’est pas les plus fortes ou les plus techniques, sur le terrain ça glisse bien. Et c’est que du plaisir.
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Un duo reformé qui commence à faire des étincelles, vous avez fait 5e sur le World Tour à Edmonton en juillet 2019, 9e à l’Euro 2019, vous voilà Championnes de France cette année…
Alexia – En France, financièrement, on ne vit pas du beach-volley, on est aidées par le CNOSF et la Fédération française qui nous permettent de vivre l’instant présent, mais c’est tout. On vit de sport et d’eau fraîche !
Alors, pour avoir des sponsors, il faut attirer l’œil, on est sur une pente montante mais encore jeunes. Les gens commencent à se dire : « C’est qui ces deux petites blondes qui arrivent ? » Il faut capitaliser là-dessus.
Lézana – Le fait de devenir Championnes de France nous donne de la crédibilité, permet de nous faire connaître davantage, même si on est déjà pas mal suivies sur les réseaux sociaux. Ça permet aussi de médiatiser notre sport.
On mise sur ça pour marquer les esprits, intéresser des sponsors. Le beach-volley est de plus en plus reconnu comme un sport professionnel sérieux, et non plus comme un sport de touriste où on bronze sur la plage…
Vous tracez votre chemin en allant de victoire en victoire. Pour autant, vous dites que ce n’est pas facile tous les jours…
Lézana – Quand on gagne, on ressent de la fierté. C’est l’aboutissement d’un travail, d’un partage avec l’équipe, c’est de la joie, de l’adrénaline, la reconnaissance du travail fourni, un retour sur investissement de la fédé aussi !
On est deux sur le terrain, la victoire, on la doit au staff, mais aussi à nous, à ce qu’on donne sur le sable, c’est ce qui nous pousse à continuer. Le revers de tout ça, c’est qu’il est compliqué d’avoir une vie sociale.
Alexia – Une vie amoureuse…on n’en a pas ! La victoire, ça ne comble pas. Le plus dur est de trouver un équilibre. Mais c’est compliqué, la balance est plus du côté sportif que du reste.
On s’organise : le mercredi, jour de récup’, on se débrouille pour voir des amis, couper avec le sport. On a deux cercles, le pro et le privé. C’est le sport et la vie en dehors.
Lézana – Avec les copains, on parle d’autre chose, de leur travail, de leur vie quotidienne, des potins. On a besoin de sortir de notre bulle sportive.
Ce qui veut dire que vous ne ferez pas toute votre carrière dans le sport. Devenir coach, par exemple, après votre retraite de joueuse, ce n’est pas dans vos plans ?
Alexia – Non, on a toutes les deux prévu de faire autre chose après notre carrière sportive : Lézana poursuit son Master en management à Grenoble et moi je viens de valider mon Master en marketing et communication. Je vais maintenant chercher un contrat pro réservé aux sportives de haut-niveau, pourquoi pas dans l’armée ?
On veut se construire un avenir et un chemin de secours, car la blessure est toujours possible. Pour l’instant, le sport est notre métier, notre mode de vie est dédié au sport, on vit beach-volley. Mais dès qu’on arrêtera le sport, on sera prête à travailler.
Lézana – On aura notre vie pro en dehors du sport, notre vision est plus large que le sport, le sport, encore le sport, sinon on finira par exploser ! Je ne me vois pas passer ma vie dans les gymnases.
Vous devriez participer aux JO de Tokyo l’an prochain et vous avez 2024 en ligne de mire, pour l’instant, on ne vous arrête plus !
Alexia – Notre objectif à court terme, ce sont d’abord les Championnats d’Europe en septembre prochain, en Lettonie. À long terme, c’est se qualifier à la Continental Cup en mai 2021 pour se qualifier aux JO de Tokyo puis faire les Monde en 2022, et ainsi se préparer pour les JO 2024. On ne vit pas à moitié ces compétitions, on veut évidemment aller à Tokyo pour décrocher une médaille.
Mais au-delà de l’exploit, le beach est un sport d’expérience, une vision de jeu, et à Paris, on aura l’âge idéal pour performer. Sous la Tour Eiffel, le meilleur des spots, et devant notre public, notre famille, tous les éléments seront réunis !
Lézana – Oui, pour l’instant, on est complètement dans le jeu ! Et on a hâte d’être à Paris en 2024. Si on prépare l’avenir, on profite quand-même du moment présent. Et tout ce qu’on vit là nous rend heureuses.
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- Ouverture : Karim Levy
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