Il y a des joueuses dont on parle peu. Et puis il y a celles dont on ne parle pas encore assez. L’attaquante Kessya Bussy appartient à la deuxième catégorie. Pas besoin de faire du bruit quand on avance vite. Et loin. Sur le terrain, elle déborde, elle provoque, elle marque. En dehors, elle écoute, observe, construit. À seulement 24 ans, Kessya Bussy a déjà tout d’une grande : la lucidité, la maîtrise, et ce feu intérieur qu’on appelle l’ambition tranquille.
Elle vient de loin. De Saint-Jean-de-Braye, petite ville de la métropole orléanaise, où elle tape ses premiers ballons. Où elle apprend à faire sa place sans jamais hausser le ton. Le football est pour elle une évidence : « Je ne parlais pas beaucoup, je jouais. » Et elle jouait bien. Suffisamment bien pour qu’on la repère, pour qu’elle grimpe les échelons, de l’US Orléans au Pôle Espoirs, jusqu’à l’équipe de France U19, avec laquelle elle décroche l’Euro en 2019. Un premier titre. Une première Marseillaise. Mais ce n’est que le début.
Kessya Bussy, c’est l’exemple parfait de la montée en puissance à la française. Pas de strass, pas de coups d’éclat inutiles. À Reims, elle s’impose. Au Paris FC, elle explose. Élue joueuse du mois, autrice d’un triplé remarqué, elle signe une saison 2024-2025 exemplaire. Jusqu’au titre en Coupe de France. Et au bout du chemin, un nouveau défi : Wolfsburg, l’un des plus grands clubs européens. Elle vient d’y signer pour trois ans. Parce qu’elle veut se frotter aux meilleures, pare qu’elle aime se bousculer aussi, s’adapter, progresser. Parce qu’elle sait que son histoire est encore en train de s’écrire. Mais ce qui frappe chez elle, au-delà des stats, c’est sa force intérieure. Après une blessure au pied en 2023, l’internationale revient plus forte, plus mature. Elle a connu le doute, l’attente, l’absence. Elle s’est construite dans les silences autant que dans les exploits. Et aujourd’hui, elle est là, bien là.
Pour l’heure, elle est pleinement avec les Bleues, à l’Euro 2025, même si elle n’a finalement pas été choisie pour intégrer les 23, mais c’était à un cheveu. Elle aurait pu faire parler ses jambes plus que ses mots. Prête à montrer que les joueuses discrètes peuvent aussi faire du bruit. Le plus beau bruit de tous : celui du ballon qui tape le fond des filets. Ce sera pour le prochain, on n’en doute pas.
Kessya Bussy, c’est la preuve que le football féminin français n’a pas fini de surprendre. Et que derrière chaque grande équipe, il y a toujours une joueuse qu’on n’a pas encore vue venir.