Courir après un ballon, c’est toute l’enfance de Delphine. La fillette découvre le football en jouant les gardiennes pour son grand frère. Mais rester dans bien sagement dans les cages, ça ne lui suffit pas. Non, elle, ce qui la botte c’est l’attaque.
Un parcours solo ? Certainement pas. Le foot chez les Cascarino c’est une affaire de famille. La joueuse peut compter sur le soutien de ses parents mais surtout de sa sœur jumelle, Estelle. Le 5 février 1997 à Saint-Priest dans le Rhône, ce n’est pas une footballeuse internationale qui a vu le jour, mais deux.
Après un court détour par le rugby, à 9 ans, Delphine et Estelle Cascarino chaussent les crampons. Toutes deux débutent leur carrière dans le club de leur ville natale, l’AS Saint-Priest. Seulement deux ans après, elles intègrent l’AS Manissieux Saint-Priest, l’autre club local.
Les filles Cascarino ont choisi la même voie, mais chacune à leur façon. Estelle, gauchère, évolue au poste de défenseur. Quant à Delphine, droitière, son truc, c’est l’attaque.
Un duo de choc. Les deux jeunes filles se font vite repérer par l’Olympique Lyonnais (OL) qu’elles intègrent à 12 ans.
C’est en 2016 que leurs chemins footballistiques se séparent. Estelle s’envole pour le FCF Juvisy, tandis que Delphine reste dans « son club de cœur » pour lequel elle joue encore aujourd’hui.
Leurs parcours à l’OL ont de quoi inspirer – et ce n’est pas leur père qui dira le contraire. Écrivain et scénariste, Laurent Cascarino publie une BD partiellement inspirée du parcours de ses filles : « Team d’attaque, Sauvé par les gones ».
Un hommage au surnom du club qui a permis à ses filles d’envisager une carrière professionnelle.
Pas évident lorsqu’on manque de rôles modèles féminins dans le football. Mais Delphine Cascarino trouve l’inspiration en Amel Majri. Formée à l’OL, elle parvient à sortir du centre de formation pour transformer sa passion en vocation.
Une belle influence pour la footeuse de talent qui peine à trouver la place des femmes dans son sport de prédilection : « À ce moment-là, je ne me rends pas forcément compte qu’il y a des femmes qui jouent au foot et encore moins en pro, rapporte-t-elle auprès de Bros. Stories. Je n’ai pas encore de modèles féminins mais j’avais des modèles masculins. »
Depuis, l’attaquante accumule les prix au sein du club le plus médaillé du football féminin français. Sept Championnats de France, six Ligue des Champions, quatre Coupes de France et un Trophée des Championnes. De quoi être fière.
Le club lyonnais plonge sa joueuse dans la lumière, jusqu’à lui faire gouter le feu des projecteurs tricolores. Delphine Cascarino débute en sélection chez les moins de 16 ans (U16), au côté de sa sœur. À 15 ans, elles sont sélectionnées pour la Coupe du Monde U17 de 2012.
Une première entrée en matière qui a de quoi épater. Premier but… et première victoire collective. Le monde sourit aux Bleues qui décrochent la coupe U17. L’autre belle victoire du duo, c’est l’Euro U19 2016. Ici encore, le trophée revient aux Françaises.
Des souvenirs de famille peu communs. Pourtant, leurs chemins vont se séparer. Delphine est sélectionnée pour quarante-trois matchs en équipe A, tandis qu’Estelle n’obtiendra que cinq sélections.
Une différence qui n’empêche pas cette dernière d’être la première fan de sa sœur – et il y a de quoi faire en matière d’encouragements.
Alors qu’on ne l’attendait pas titulaire lors du premier match des Bleues pour l’Euro 2022, le 10 juillet dernier, la sélectionneuse Corinne Diacre surprend en titularisant Delphine Cascarino. La joueuse saisit l’occasion et rend la pareille en marquant le troisième des cinq buts tricolores contre les Italiennes.
Un tournoi qui met les footballeuses au premier plan. La notoriété – qu’importe son ampleur – ça ne fait pas peur à la sportive San-Priode. C’est en rôle modèle pour les jeunes filles qu’elle aimerait s’affirmer.
« On est très médiatisées (de plus en plus d’ailleurs) donc c’est important de véhiculer une bonne image, rapporte-elle auprès de Bros. Stories. Je pense que des petites filles pourront s’identifier à l’équipe de France féminine et pourquoi pas à moi pour plus tard essayer de progresser. Je suis assez fière de ça. »
Plus loin des terrains de foot, Delphine Cascarino utilise sa visibilité pour une cause qui lui est chère : l’écologie.
Et d’expliquer son engagement face à l’enjeu climatique lors d’une interview pour Gentside et la WWF (Fond Mondial pour la Nature). L’as du ballon pratique et encourage les gestes éco-responsables comme réduire sa consommation de viande afin « d’en manger moins mais mieux ».
On compte donc sur Delphine Cascarino pour veiller sur l’avenir de la planète Bleue. Et sur l’avenir victorieux de l’équipe de France lors de cet Euro Foot.
Ouverture ©FFF
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