Vanessa : « Au début, le yoga, j’ai détesté ! »Professeur de yoga, 34 ans

Vanessa Guerreiro
Elle a travaillé dans le marketing et dans la restauration, mais c’était dans une autre vie. Vanessa Guerreiro a trouvé douceur et sérénité dans la pratique du yoga, une discipline qui l’a aidée à traverser des périodes difficiles. Elle a tout lâché pour l’enseigner. Récit d’un voyage intérieur.

Publié le 16 mars 2021 à 16h18, mis à jour le 29 juillet 2021 à 13h07

“J’ai toujours été du genre à saisir les opportunités qui se présentaient à moi. Ma vie professionnelle a pris tout un tas de virages… et c’est un peu comme ça que je me suis retrouvée professeur de yoga.

J’ai débuté sa pratique il y a sept ou huit ans, à Nice. Là-bas, j’étais très sportive, je faisais beaucoup de running, de zumba. À la salle de sport, j’ai entendu parler du yoga. C’était un moment où il était à la mode, ça explosait, tout le monde s’y essayait. J’ai voulu tester au début… et j’ai détesté !

Pour aimer le yoga, il faut aller au-delà du premier cours. Il ne faut pas hésiter à tenter différentes approches, différents profs, différents styles. Et peu importe ce qu’on est capable de faire ou non sur le tapis.

J’ai compris ça en découvrant le yoga Bikram car, là, j’ai plus arrêté. Le Bikram, c’est une série de postures qu’on répète deux fois à chaque séance dans une salle très chauffée. Comme les postures sont toujours les mêmes, on se voit vraiment progresser au fil du temps.

Quand je suis arrivée, la plupart des autres personnes du cours étaient des habituées, la mentalité était plus proche de ma vision du sport. À l’époque, ça m’avait complétement motivée, alors qu’aujourd’hui ce n’est plus du tout mon truc !

Et puis je suis revenue à Lyon, où je n’ai pas trouvé de cours de Bikram. J’avais quand même envie de continuer le yoga, donc je me suis mise à la recherche d’un cours.

Je suis tombée sur une prof pour qui j’ai eu un vrai coup de cœur. Elle avait été formée en Inde, elle donnait ses cours dans un parc, et après chaque séance je me sentais super bien.

Donc je l’ai suivie, avec elle j’ai découvert le Hata, le Yin… Peu à peu, je me suis retrouvée à pratiquer tous les jours, du Hata, du Yin, du Vinyasa… c’est devenu indispensable pour moi d’y aller tout le temps.

À l’époque, je travaillais dans la restauration et la pratique m’aidait beaucoup dans la vie de tous les jours. Moi, je suis une fille avec un petit gabarit, donc ce n’était pas facile. Mais grâce au yoga je sentais ma colonne qui revivait, qui respirait.

Dans le même temps j’ai eu un gros coup dur dans ma vie privée, le yoga c’était vraiment l’espace où je ne pensais à rien. Je n’avais pas particulièrement de facilité, je ne suis pas très forte ou souple.

Mais je me sentais bien parce que je n’avais pas l’impression d’être jugée, j’ai été bien accueillie. Plus je travaillais sur mon corps, plus je travaillais sur mon état d’esprit. Au fil du temps, le yoga m’a aidée à traverser cette épreuve.

Au bout de plusieurs années de pratique et un an et demi à en faire tous les jours, je me suis rendu compte que je m’améliorais dans les postures, mais j’étais curieuse de comprendre la philosophie du yoga.

J’avais envie de prendre une pause dans mon travail. Alors, j’ai décidé de faire ce qu’on appelle une retraite vipasana, de dix jours en silence total. Ça m’a vraiment aidée à avoir l’esprit plus clair et, dans la foulée j’ai enchaîné avec une formation de yoga intensive de 200 heures.

L’idée ce n’était pas forcément de devenir prof, mais plutôt de me plonger totalement là-dedans pendant un mois. Cette formation avait lieu en Grèce.

Lorsque je suis revenue à Lyon, plusieurs clubs où j’étais élève m’ont proposé d’assurer des remplacements. Donc, au fil du temps, je suis devenue prof de yoga !

Ce qui me plaît dans cette activité, c’est l’effet qu’elle a sur les élèves. La plupart du temps, les gens arrivent avec un certain état d’esprit, ou avec une certaine énergie, et on les voit repartir autrement.

On crée une bulle, une parenthèse dans la vie des personnes qui viennent suivre nos cours, dans un monde assez dur et stressant.

Ça fait plaisir de constater de quelle façon elles évoluent. On voit qu’elles progressent et que leur relation à leur corps change, elles se transforment en quelque sorte. Le rapport humain est vraiment beau, certains élèves reviennent, on apprend à se connaître.

On pourrait penser que mon travail en cuisine et en tant que professeur de yoga sont deux expériences totalement différentes. Mais il y a des similitudes !

Dans la restauration, il y a un moment clé qu’on appelle le coup de feu, où tout le monde doit être prêt, rapide et efficace. Au yoga, on s’imagine que tout est calme et lisse, mais c’est aussi un métier de service.

On a parfois affaire à des gens qui arrivent stressés, qui craquent avant, après le cours ou même sur le tapis, il faut savoir les gérer. Dans les deux cas, il faut être capable de faire face à la pression et de se recentrer.

Le yoga a aussi un vrai côté spirituel, c’est pourquoi je préfère dire que ce n’est pas “juste” un sport. Cet aspect ne me plaisait pas trop au début, mais je m’y suis beaucoup intéressée avec le temps.

Maintenant qu’on ne peut plus ouvrir les salles, je donne des cours à distance et c’est beaucoup plus difficile de faire attention au côté physique de la pratique. Donc je prends beaucoup plus de temps pour expliquer les postures, pourquoi on les fait, ce qu’elles signifient…

C’est une dimension du yoga que j’apprécie de plus en plus. Je trouve qu’au quotidien, on est beaucoup dans la compétition.

C’est quelque chose d’épuisant, mais quand on est sur le tapis, il n’y a pas de compétition, même pas avec nous-même. On doit être dans l’acceptation. Le yoga, c’est tout une philosophie de vie.

Je le ressens beaucoup ces derniers temps : depuis le début du confinement, ma pratique est différente, j’ai perdu en force et en souplesse. S’il y avait une dimension compétitive, je ne serais pas contente de moi.

Mais là, c’est agréable de se dire que l’intérêt n’est pas la finalité. Je ne me mets pas de pression, je prends davantage le temps de lire, faire des recherches, méditer.

Quand j’en aurai l’occasion, j’aimerais aller en Inde pour approfondir ma connaissance du yoga avec une formation de 300 heures.

Cette formation se concentre moins sur le côté postural, elle est plus axée sur la philosophie, elle nécessite de faire un travail sur soi. Et c’est la continuité logique de tout ce qu’on vit en ce moment. »

D'autres épisodes de "Les femmes et le yoga : ou l'art de la sérénité"

Elles aussi sont inspirantes...

Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève, jusqu’à avoir la peau en sang ! »

Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève… »

Tombée dans la marmite du sport toute petite, Loïs, 17 ans, est une sportive tout-terrain qui n’a peur de rien et surtout pas des garçons sur un terrain de foot ou un ring de boxe. Future pompier professionnel, elle s’essaye autant au wakeboard ou au ski qu’au tennis et à l’escalade, histoire de s’éclater et de se préparer à s’adapter à toutes situations. Une tête bien faite dans un corps surentraîné.

Lire plus »
Maureen : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Maureen Marchaudon : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Suite à une anorexie mentale, Maureen Marchaudon découvre la pratique du street workout, un sport encore jusque-là réservé aux gros bras masculins. Piquée de ces figures qui allient force, agilité et technique, elle devient vite insatiable jusqu’à décrocher le titre de vice-championne de France 2024 de street workout freestyle et à l’enseigner aux femmes qui veulent r(re)trouver la confiance en elles. Who run the world ? Girls !

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

Ski d'Or 2023, la dernière glisse

Ski d’Or 2023, un dernier tour de piste

C’est le moment de s’offrir une ultime glisse. Le premier week-end d’avril, à Serre-Chevalier, la 35e édition du Ski d’Or va rassembler des centaines d’élèves de l’École du Ski Français. Pour des courses enneigées, mais pas seulement.

Lire plus »
Le Top 10 des livres sur le sport féminin

Le Top 10 des livres sur le sport féminin

Le 24 janvier célèbre les Sporting Girls avec la Journée Internationale du sport féminin. Même si pour ÀBLOCK!, c’est toute l’année, on ne pouvait manquer le rendez-vous. Rendons hommage, une fois de plus, aux pionnières et passionnées de sport, et faisons-le via la littérature qui les placent sur le devant de la piste. Essais, BD, Histoires vraies…voici le TOP 10 des pages à lire pour être 100 % ÀBLOCK!

Lire plus »
Sandrine Martinet : « On a tous des différences qui peuvent être des forces. »

Sandrine Martinet : « Petite, on s’est beaucoup moqué de moi, avec le judo j’ai trouvé ma place. »

Habituée des Jeux Paralympiques, la multiple championne de judo Sandrine Martinet se prépare aujourd’hui à ceux de Paris. Atteinte d’une maladie qui réduit l’acuité visuelle, elle a pourtant une vision claire de ce qu’elle veut dans la vie. Et son petit gabarit n’est pas un obstacle non plus. À l’occasion de notre partenariat avec le podcast 1m60max, elle nous parle de ce qui, pour elle, n’est pas un problème de taille.

Lire plus »
FISE

Le FISE s’offre un campus

Le Festival international des sports extrêmes (FISE) s’apprête à varier les plaisirs. L’organisateur d’événements sportifs va s’associer à Keyce Business School pour proposer un nouveau campus dédié aux métiers du sport et plus particulièrement aux sports émergents. La FISE Academy by Keyce ouvrira ses portes à la rentrée.

Lire plus »
Julie Bresset 5 infos pour briller sur deux roues

Julie Bresset : 5 infos pour briller sur deux roues

Ce 16 octobre, elle signe la fin de sa carrière sportive par un jubilé dans son fief des Côtes-d’Armor. Julie Bresset, 32 ans et presque autant sur les pédales, a (presque) tout gagné et tout connu. La vététiste bretonne, championne olympique, maintes fois championne du monde, est l’une des cyclistes les plus appréciées du circuit. Victime d’un burn-out et de blessures à répétition, elle est toujours retombée sur ses roues. Retour sur une championne en 5 braquets.

Lire plus »
Benjamin Ferré : « Dans l’univers assez masculin de la course au large, travailler avec des femmes me nourrit. »

Benjamin Ferré : « Dans l’univers assez masculin de la course au large, travailler avec des femmes me nourrit. »

Ce sera un cadeau d’anniversaire qu’il n’oubliera probablement jamais. Dix jours après avoir fêté ses 34 ans, Benjamin Ferré s’élancera à l’assaut du départ du Vendée Globe. Ce projet, né il y a environ trois ans, ce grand rêveur l’a mené à bien avec une équipe composée pour moitié de femmes. Rencontre avec un marin d’eau douce devenu loup de mer.

Lire plus »
Extreme Cordouan

Cordouan se jette à l’eau !

Propulsé par le vent ou par la pagaie, c’est le premier événement longue distance nautique multi-supports. L’Extrême Cordouan revient ce week-end pour sa 3e édition et trois jours de compétitions exceptionnelles. À vos rames et voiles !

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner