Le plus souvent, on a tendance à prendre le sport pour acquis, on oublie que, pour les femmes, le sport professionnel est un combat quotidien. Ce combat, Typhaine Laurance en fait son message.
Née le 28 août 1998 à Calan en Bretagne, la petite Typhaine passe sa jeunesse dans un milieu où le vélo semble lui être prédestiné. Fille d’un père ancien cycliste professionnel, d’une mère triple championne de Bretagne, et sœur de Axel Laurance coureur de l’écurie Alpecin Deceuninck, on peut dire que le cyclisme, c’est une histoire de famille !
Pourtant, la Bretonne n’adhère pas tout de suite au sport à pédales, elle s’essaye à la course à pied, à la natation, à la danse ou encore à l’équitation.
Puis à 12 ans, elle se met en tête d’essayer le triathlon. Elle emprunte alors le vélo de sa mère et part s’entraîner. Le triathlon ? Typhaine Laurance n’en fera jamais. Dès sa première sortie à vélo, elle comprend ce qui la fait vibrer : le cyclisme. Elle va pouvoir honorer l’héritage familial.
En 2012, la native de Calan se frotte à ses premières compétitions. Dès l’année suivante, elle remporte les Championnats de Bretagne sur route et de poursuite sur piste en catégorie cadet, premier fait d’arme qui ne sera pas le dernier.
C’est en 2015 que Typhaine Laurance réalise son rêve, elle devient championne de France sur route junior, avec un peu moins de trois minutes d’avance sur sa poursuivante Gladys Verhulst. Une distinction particulière pour elle qui, à l’époque, disait à son père : « Je n’arrête pas le vélo tant que je ne suis pas championne de France ».
C’est à la même période qu’elle rejoint l’équipe bretonne Breizh Ladies dans laquelle elle passe cinq ans, avant de signer dans sa première équipe UCI en 2020, Arkéa Pro Cycling Team. Dans cette équipe noir et rouge, celle qui a grandi prés de Plouay fait ses premières armes au niveau international. Pour sa deuxième année, elle participe notamment au Giro 2021, son premier grand Tour.
Malheureusement, les conditions ne sont pas optimales pour la coureuse française, victime d’une chute et diminuée par une poussée de fièvre, le parcours italien n’est pas une partie de plaisir. Elle réussit tout de même à finir l’épreuve et se dit fière de s’être dépassée pour y parvenir.
Aujourd’hui dans une tout autre formation, la Lifeplus-Wahoo, la Bretonne s’épanouie dans cette nouvelle aventure Britannique riche de cultures différentes. En ligne de mire ? Courir sur Le Tour de France 2023, sorte de revanche après sa non-sélection par son ancienne équipe d’Arkéa pour l’édition précédente. Les objectifs sont clairs : aider sa coéquipière néo-zélandaise Ella Wyllie à se placer dans le top classement de la meilleure jeune.
Objectif réussi au bout de deux étapes : Wyllie est deuxième dans ce classement juste derrière une compatriote bretonne de Typhaine Laurance, Cédrine Kerbaol. Reste à transformer l’essai.
La jeune carrière de la Française démarre donc sur les chapeaux de roues, et il lui reste tout l’avenir devant elle pour atteindre les plus hauts sommets. Mais là où la Calanaise fait le plus de vagues, c’est hors des routes lorsqu’elle s’exprime sur la question de l’égalité homme-femme dans le sport professionnel.
Accompagnée de son frère dans une interview pour Ouest France, les Laurance abordent la question des salaires, celui d’Axel étant trois à quatre fois supérieur à celui de sa sœur, alors même qu’ils sont tous deux présentés comme des espoirs du cyclisme.
Typhaine Laurance et son frère Axel, « My little brother is my essential », écrit-elle sur Twitter.
Typhaine Laurance critique l’absence d’un salaire minimum pour les femmes dans le cyclisme, comme c’est le cas dans les milieux amateurs. Cependant, au micro du podcast Science Sport Endurance, la Morbihannaise délivre un message fort : contre toute attente, elle déplore le nombre de polémiques sur les différences de salaire qui, selon elle, ne font pas avancer les choses. Il faut plutôt, dit-elle, soutenir, regarder, et encourager la dynamique positive dans laquelle le cyclisme féminin se trouve, notamment avec le retour du Tour de France Femmes ou encore la multiplication des diffusions de chaque course.
Le changement ne se fera pas en un claquement de doigts. Typhaine Laurance en est consciente et semble prête à assumer un rôle de porte-parole de l’égalité dans le cyclisme. Une aubaine dans un pays où les sportives s’engagent si peu !
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