Maroc : la révolution du football féminin aura-t-elle lieu ?

Foot marocain
Une avancée majeure, une priorité. C’est en tout cas le message que la Fédération Royale Marocaine de Football entend faire passer en signant des accords visant à booster le foot féminin dans son pays. Elle vient en effet d’entériner un contrat-objectifs avec les différents acteurs de la discipline. Preuve de l’intérêt grandissant que porte le pays à son développement. Et de son ambition à la faire entrer dans un Nouveau Monde. Explications.

Par Viknesh Abn

Publié le 17 août 2020 à 14h59, mis à jour le 29 juillet 2021 à 15h06

Le Maroc a décidé de peser de tout son poids sur le monde du foot féminin. En ligne de mire : 2024. À peine quatre ans pour devenir une des trois nations importantes du continent et convaincre 90 000 pratiquantes amateurs de taper dans le ballon. 

Ainsi, le jeudi 6 août 2020 a été une date clé dans l’histoire du football féminin marocain. Elle marque en effet le début d’une nouvelle ère sportive. La Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) a pris les choses en main et a réuni la Ligue Nationale du Football Féminin (LNFF), les ligues régionales et la Direction Technique Nationale (DTN) pour signer un “plan Marshall”.

Foot féminin
©FRMF Ahmed Belmekki

Symbole d’une prise de conscience, de nombreuses décisions ont été actées : la première division sera professionnelle avec 14 clubs puis la division 2 comprendra 30 équipes réparties en deux groupes. Fouzi Lekjaa président de la (FRMF), Khadija Ila présidente de la (LNFF), les présidents des ligues régionales et Osian Roberts, le directeur technique national, affichent leur volonté de faire bouger les lignes.

Ainsi, des joueuses seront formées. Dans cette optique, un championnat U17 va être créé et des tournois régionaux pour les plus jeunes vont être mis en place.

L’objectif est de multiplier les initiatives et donc le nombre de joueuses, qu’elles soient pros ou amateurs. 

« Il est aujourd’hui mondialement admis que le football est un terrain propice et favorable à l’égalité des genres. Quoi de mieux, en effet, qu’un match de football féminin pour tacler les stéréotypes, marquer des buts contre les inégalités et s’affranchir des codes qui confinent les filles et les femmes dans des rôles qu’elles n’ont pas forcément choisis ? », relève la journaliste Myriam Ezzakhrajy, du site marocain FDM (Femmes Du Maroc).

Foot marocain
©DR

Un budget multiplié par six

La fédération compte mettre la main à la poche et investir massivement. Pour atteindre ses objectifs, elle prévoit d’augmenter fortement son budget de 10,5 millions environ à 63 millions environ de dirhams (soit de 1 million à 6 millions d’euros).

Les subventions des clubs de première division seront revues à la hausse (ils toucheront 1,2 million de dirhams), tout comme les équipes de D2 (elles empocheront 800 000 dirhams).

Les joueuses des deux échelons auront un salaire minimum (respectivement de 3 500 et 2 600 dirhams par mois). Les régions seront également aidées financièrement afin de booster la pratique.

Un nouveau visage pour les sélections

Créée en 1998, la sélection marocaine n’a pas encore obtenu de résultats probants, même si elle se trouve 8e au classement du Top 10 des meilleures équipes de football féminin d’Afrique en 2020 (publié par la FIFA et la CAF).

L’objectif à court terme est donc de devenir une des trois places fortes du football féminin sur le continent et de s’installer dans le Top 50 mondial de la FIFA. Une qualification à la Coupe du monde 2023 et aux Jeux Olympiques 2024 sont des rendez-vous incontournables.

Aussi, si le Maroc veut réussir son pari, il devra également signer des performances avec son équipe nationale, ce qui passe logiquement par un titre lors de la Coupe d’Afrique des Nations et de la Coupe du monde dans les catégories jeunes.

Bref, si le Maroc a un bel appétit concernant l’avenir de son foot féminin, il a fort à faire pour parvenir à relever ces challenges particulièrement ambitieux…

« Mettre en lumière ces joueuses de Casablanca, Rabat, Khénifra, Azrou, Laâyoune, Tanger, c’est créer des modèles de réussite et montrer que c’est possible, que les terrains de foot sont ouverts aux filles, que les règles du jeu sont les mêmes, note la journaliste Myriam Ezzakhrajy. C’est par conséquent le meilleur moyen de lutter contre les clichés et les stéréotypes. »

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