Tu fais du sport depuis toute petite. Tu as testé pas mal de disciplines comme l’escalade, l’équitation, le judo… D’où vient ce besoin de te dépenser ? De tes parents ou de toi ?
Quand nous étions petits avec mon frère, nous étions obligés de pratiquer une activité extra-scolaire après l’école. Mes parents ne voulaient pas nous trouver devant la télé à regarder des dessins animés. Nous étions néanmoins libres de choisir nos activités, nous n’avions pas d’obligation à faire du sport.
C’est comme ça que je me suis retrouvée à faire de la poterie par exemple. Ceci étant, entre ma mère qui a fait du handball à haut niveau lorsqu’elle était jeune et mon père, qui a fait du ski en compétition et a beaucoup pratiqué la course à pied, nous avons toujours été habitués à bouger.
Quand nous partions en vacances, et c’est encore le cas maintenant, nous ne passons pas toutes nos journées à la plage à bronzer. On peut le faire bien évidemment, mais on fait également du kayak, du vélo, des randos… Et puis, moi, je suis hyperactive. Je pense que j’avais besoin de sport, que mes parents avaient besoin que j’en fasse, mes profs aussi. Pour résumer, que je fasse du sport et non de la musique a arrangé tout le monde !
Jusqu’à tes 12 ans, âge auquel tu vas basculer sur l’athlétisme, tu ne t’es jamais engagée dans une discipline sur la durée. Tu n’avais pas trouvé ce qui te convenait vraiment ?
J’ai bien aimé le judo. C’était sympa aussi parce que tu peux te défouler et, quand tu sors de l’entraînement, tu es cuit. L’équitation aussi c’était bien mais, même si physiquement c’est difficile, c’est plus calme, plus dans la maîtrise parce qu’il te faut aussi gérer un animal et que tu ne peux pas faire n’importe quoi. L’athlétisme en revanche, si.
Si tu as envie de taper un grand sprint en plein milieu de ta séance, tu peux et, ça, ça m’éclatait. Ce que j’ai également aimé dans ce sport, c’est que je me suis tout de suite fait des copines. C’était aussi un sport qui plaisait à mon père car il pratiquait aussi, ce qui nous rapprochait.
Et puis, 12 ans, c’est un âge où tu deviens plus mâture. Tu ne changes plus d’idée toutes les deux minutes. À 12 ans, il est plus facile de se dire que l’on va se concentrer sur une seule activité, la reproduire l’année suivante pour essayer de faire mieux plutôt que de changer tout le temps parce que tu te lasses et que tu as envie de faire autre chose.
Comment est-ce que tu t’es dirigée vers la perche ?
Je faisais du demi-fond et de la perche. J’étais bonne en demi-fond – je pense que la génétique de papa a fait le job – alors que j’étais vraiment nulle à la perche. Quand il m’a fallu choisir entre les deux, j’ai dû trancher entre une discipline, le demi-fond, dans laquelle j’avais un bon niveau, que je partageais avec mon père mais que j’aimais moins et une autre, la perche, qui me plaisait vraiment mais qui n’était pas la discipline de mon père et dans laquelle j’étais moins bonne.
Pendant quelques semaines, je n’ai pas su quoi faire. Je pensais que si je choisissais la perche, ça allait décevoir mes parents alors même qu’ils ne nous ont jamais mis la pression à mon frère et à moi en ce qui concerne le sport. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis mis ça en tête. Et puis, ma mère en a parlé à mon père en secret et il m’a dit de pratiquer le sport dont j’avais envie.
Pour eux, l’important était que je m’éclate. Ils m’ont dit que si j’avais envie de faire de la pétanque, ils seraient très heureux pour moi et qu’ils viendraient me voir. Le lendemain, j’ai appelé mes entraîneurs pour leur dire que j’allais me consacrer à la perche.
Qu’est-ce qui t’attirait dans la perche que tu ne trouvais pas dans le demi-fond ?
Choisir entre perche et demi-fond a été un choix sentimental. La perche, ça me faisait rire, pas le demi-fond. Le demi-fond, j’étais contente quand la séance se terminait. Les cross, c’était sympa mais ça reste une épreuve difficile alors qu’à la perche, tu te marres du début à la fin.
Et puis, en perche, il y a cette notion de danger que j’ai bien aimé. Lorsque j’étais chez les jeunes, beaucoup ne voulaient pas se lancer à la perche parce qu’ils avaient peur ou qu’ils n’y arrivaient pas alors que moi, ça me plaisait. J’étais toujours partante.
Pour autant, personne, à tes débuts, ne t’imaginait perchiste d’autant que, à tes débuts, tu enchaînes les blessures…
Mes blessures n’étaient pas spécifiquement liées au fait que je faisais de la perche. À chaque fois que je me suis blessée, c’était sur des cross ou des courses de demi-fond. il y a aussi le fait que, à cet âge-là, tu grandis.
Ma blessure la plus longue a été un syndrome rotulien (souffrance localisée sur l’avant du genou, entre la rotule et le fémur, Ndlr), comme presque tous les adolescents. À ce moment-là, je pense que mon corps exprimait mon envie de changer de stade et d’entraîneur.
Tu voulais changer mais tu n’osais pas le dire ?
Il y avait pas mal de choses qui étaient devenues gênantes à mon goût dans mon club et je pense qu’il était plus simple, pour moi, d’avoir des douleurs partout. Ces douleurs, elles avaient une origine médicale mais il n’y avait aucune raison pour qu’elles durent aussi longtemps.
Je pense qu’il y avait aussi quelque chose de psychologique derrière tout ça. Le jour où j’ai changé d’entraîneur, j’ai fait un footing de trente minutes sans aucune douleur alors que, la veille, je ne pouvais pas courir dix minutes.
Qu’est-ce qui ne te correspondait plus à l’époque ?
Ce sont des problématiques récurrentes chez les filles de 14 ans qui s’entraînent avec des mecs et, ça, dans tous les sports du monde. Mon coach n’entraînait que des filles et il n’était pas forcément bienveillant avec nous : il ne parlait pas forcément bien, il y avait beaucoup d’agressivité dans ses propos.
C’est facile, quand tu es une jeune fille, de ne jurer que par ton entraîneur. Tu le vois tous les jours au stade, il y a une relation de confiance qui s’installe et il est difficile de se détacher de la situation. Le fait de me blesser m’a permis d’être sur le bord de la piste et de me rendre compte qu’il n’était pas possible qu’il me parle comme ça. Cette blessure m’évitait de revenir à 100 % avec le groupe et de me remettre là-dedans.
C’est à cette époque que tu rejoins Sébastien Reisdorffer…
Quand tu es tous les jours avec quelqu’un sur un stade, il faut que ça se passe bien car c’est avant tout un loisir. Si, dans le relationnel c’est compliqué, ça peut vite devenir lourd. Mon père m’a dit que peu importe où je m’entraînais, il m’y conduirait.
Si je m’entraînais dans de meilleures conditions, ça ne le dérangeait pas que je change de stade. Il ne fallait pas que ça me limite. En août 2015, j’ai appelé Seb. Mi-août, je m’entraînais avec lui et depuis, je n’ai pas changé.
Avec Sébastien, tu découvres un univers complètement différent. Il a des objectifs de performance pour toi. Tu vas commencer à te préparer très sérieusement avec de la musculation notamment, ce que tu n’avais jamais fait auparavant, des entraînement plusieurs fois par semaine et de véritables ambitions sportives.
Tout était différent, ça l’était en termes d’infrastructures, de matériel. Seb dirigeait un groupe composé uniquement de séniors. Ils étaient sérieux, venaient tous les jours à l’entraînement et travaillaient dans une optique de compétition, ce qui ne les empêchait pas d’être tous super potes.
Et puis Seb était très carré, très méticuleux et ça, ça m’a plu tout de suite. Il m’a fait découvrir plein de choses, il m’a formée sur plein de choses.
Qu’est-ce qu’il a décelé en toi qui l’a poussé à te prendre sous son aile ?
Il avait vu, en compétition, que j’avais un mental à toute épreuve. On me demandait n’importe quoi, il était certain que j’allais le faire même si je n’avais jamais essayé de ma vie. Ce truc-là chez un perchiste, c’est hyper important. Quand quelqu’un a du mal techniquement, tu peux renforcer ses points forts et travailler ses points faibles.
Avec quelqu’un qui n’a pas de mental ou qui a des difficulté à prendre du levier, à choisir une autre perche, à sortir de sa zone de confort en somme, ce sera beaucoup plus difficile. En perche, il arrive un moment où il faut changer de matériel et il y a plein de gens qui bloquent, mentalement, parce qu’alors la notion de danger et de risque devient prédominante.
Moi, je me battais avec les coachs pour changer de perche, en prendre une plus dure, plus longue, j’avais toujours envie de sauter plus haut. On m’a freinée sur ça pendant pas mal d’années et Seb l’a tout de suite compris.
Le mental c’est l’esprit de compétition ?
Moi, j’ai toujours aimé la compétition, j’ai toujours aimé gagner. Enfin, à bien y réfléchir, j’ai toujours détesté perdre plus que j’ai aimé gagner. Lorsque j’étais petite, quand je perdais à un jeu de société, c’était un drame. Je ne voulais pas perdre, je voulais toujours être au mieux de ce que je pouvais faire. Quand je plantais des fleurs avec ma mère, il fallait toujours que les miennes soient mieux plantées que celles des autres !
Quand j’ai commencé la perche, ça a été compliqué parce que, moi, j’avais toujours cette ambition de gagner et ce, quelle que soit la compétition. Mon précédent entraîneur était toujours en train de me répéter : « Calme-toi, tu ne seras pas prise aux interclubs, il y a meilleure que toi » ou « Une telle est meilleure »… Généralement, le discours était négatif et ce n’était pas nécessaire. Je n’étais pas en train de lui dire que j’allais être championne du monde le lendemain.
Oui. Actuellement, je dis que je veux être championne du monde et ça ne choque plus personne. C’est bien la preuve qu’il suffisait juste de travailler et d’entretenir chez moi cette envie de gagner qui est probablement la chose la plus importante : si tu as envie, tu peux faire un peu ce que tu veux.
Sebastien t’a en revanche poussée à accepter d’avoir des ambitions sportives en compétition. Tu ne t’étais jamais autorisée à courir après un titre ?
En compétition, je me freinais tout le temps, que ce soit sur l’objectif ou les performances. Lui m’a dit qu’il fallait que j’arrête, que le seul frein qui existait était celui que, moi, je me mettais et que ça pouvait devenir un problème en compétition. On a bossé sur ça.
On a travaillé sur le fait d’accepter que je pouvais battre les autres, que ce n’était pas parce que, plus jeune, on m’avait dit que j’étais pas la meilleure que je ne pouvais pas le devenir. J’ai essayé de devenir la meilleure dans mon club, puis dans le département, puis dans la région. Quand j’ai essayé de le devenir en France, il m’a dit : « Tu n’en parles jamais, tu n’as peut-être pas cette ambition ou tu ne l’exprimes pas mais, si tu veux faire les Jeux Olympiques, je te prépare pour ça, je pense que tu as ce qu’il faut pour le faire ».
Tu n’avais jamais songé aux Jeux Olympiques avant ?
Il fallait que Seb me le propose pour que je me projette vraiment. Quand il me l’a proposé, je me suis rendu compte que, si quelqu’un dont c’est le métier, quelqu’un qui me connaît depuis deux-trois ans me dit qu’il va me préparer pour les Jeux, c’est qu’il pense que je peux réussir. C’est comme ça que tout s’est déclenché.
C’était en juillet 2017, lors de la Diamond League de Monaco et, depuis, cette idée ne m’a jamais quittée. Depuis, tous les jours, je me dis : « Demain, je vais m’entraîner pour préparer les Jeux. »
À l’époque, tu entres en première année de médecine. Tu pensais pouvoir gérer sport et études en même temps ?
J’en ai parlé à Seb qui m’a répondu que, comme dans ma tête, j’avais décidé de poursuivre la compétition, il savait que je continuerais à me préparer correctement. On était quatre à y croire : moi, mes parents et mon coach mais c’était suffisant car c’était les personnes qui étaient là pour moi au quotidien.
On voulait laisser passer la première année avant de reprendre la compétition mais je savais qu’une fois mon concours en poche, le lendemain je serai sur le stade pour me préparer.
Vous avez établi une sorte de planification sur plusieurs années. Comment ça s’est passé ?
J’ai eu ma première année de médecine et après, nous sommes allés aux France et je les ai gagnés pour la première fois. Puis, les études se sont aménagées comme il faut, l’entraînement s’est goupillé comme il faut et, en 2020, après le Covid, je me retrouve à faire des perfs de fou que je n’étais pas censée faire aussi tôt. Je me suis dit que je pouvais peut-être tenter ma chance aux Jeux de Tokyo avant Paris, que ça pouvait peut-être passer.
Du jour au lendemain, mon objectif n’était plus 2024 mais 2021. Finalement, ça ne va pas passer pour quelques centimètres et deux-trois places au ranking. C’était un peu trop tôt, ça s’est joué à quelques mois près.
Tu vas faire des progrès monstrueux en très peu de temps. Est-ce qu’il t’est arrivé d’être dépassée par les évènements ?
Oui, l’année dernière je pense. En quelques semaines, je suis passée de 4,50m à 4,65m .Et 4,65m, c’est un niveau international senior qui permet de faire des médailles sur pas mal de championnats.
Dans la foulée, j’ai été sélectionnée en individuel pour les Monde en salle de Belgrade. Les Monde en salle, c’est la compet’ la plus difficile en ce qui concerne les sélections : il n’y a que dix athlètes retenues et c’est une finale directe. Ça signifie que, au moment où tu es retenue, tu fais partie des dix meilleures mondiales et ça, pour moi, c’était particulier.
Cette première expérience tu la boucles à la 10e place. Qu’est-ce que tu en as retenu ?
Je n’ai pas vraiment réussi à m’exprimer parce que je n’étais pas prête à être prise, ce n’était pas dans nos projections. Lorsque j’ai appris ma sélection, ma saison était presque terminée.
J’avais prévu de partir en vacances, finalement je pars en Serbie et là, il faut que je sois prête, vigilante, que je me sente à ma place. J’ai cru que je me sentais à ma place mais en fait, pas du tout. Mais après, tout s’est enchaîné. Je fais 4,70m, ce qui correspond aux minima olympiques et marque un nouveau palier de franchi.
Les 4,70m, tu les passes en juin à Salon-de-Provence. Ils signifient quoi pour toi à ce moment-là ?
4,70m, à un moment, c’était le mot de passe de mon téléphone ! Je m’étais dit que, le jour où je sauterai cette barre, je ferai les Jeux Olympiques quoi qu’il arrive. Ça, c’était plus qu’une grosse étape dans notre planification avec Seb !
Maintenant, sur toutes mes chaussures gauches, quelle qu’elles soient, il y a un petit « 5 » écrit dessus parce que je me dis qu’un jour, je ferai 5 mètres. Ils n’étaient pas nombreux à y croire il y a quelques années, ils le sont peut-être un peu plus aujourd’hui.
C’est drôle, moi à qui on avait dit que je ne passerai jamais les trois mètres ! Le jour où je ferai 5 mètres, je pourrai dire j’y croyais déjà et c’est ça qui comptait.
À cette époque, on a la sensation qu’il te faut apprivoiser, en même temps, deux statuts : celui de favorite au niveau hexagonal et celui d’outsider sur la scène internationale. Il est facile d’avoir les idées claires quand on jongle entre deux statuts éloignés ?
Après ma victoire aux France en junior, Marion (Lotout, Ndlr) a arrêté, Ninon (Chapelle, Ndlr) était enceinte, ce qui a fait que, pendant quelques années, j’ai gagné les France avec beaucoup d’avance sur la deuxième.
Pendant six saisons, que je gagne ou pas les France, je me suis retrouvée avec les meilleures performances de la saison en France ce qui signifie qu’il y a une stabilité, que cette place de numéro 1 s’est inscrite dans la durée et que l’on commençait à m’attendre.
Il m’a été en revanche un peu difficile d’être dans cet état d’esprit-là à Belgrade. J’étais un peu spectatrice de la situation. On échangeait des vannes, en anglais, avec la championne olympique et les filles qui étaient autour de moi, c’était mes fonds d’écran de téléphone !
Je me disais que ce qui m’arrivait, c’était n’importe quoi, ça n’avait aucun sens. C’était un peu comme si on m’avait dit : « Demain, tu fais un prime avec Michael Jackson ».
Tu ne te sentais pas légitime, pas à ta place ?
C’est ça. Aux Mondiaux de Eugene, en revanche, je me suis sentie à ma place mais malheureusement, je n’étais pas encore dans l’état d’esprit « Je peux défoncer tout le monde » et il fallait que j’arrive à le trouver.
Tu as réussi à le trouver ?
J’ai bossé ça cet hiver avec Seb et ma préparatrice mentale. Il fallait que je prenne conscience que, parfois, une victoire, ça se joue à peu de choses. Pourquoi je ne pourrais pas gagner, moi aussi ?
Je me suis rendu compte, sur les meetings, que, comme les filles, je faisais moi aussi des gros sauts, que je ne m’entraînais pas moins. J’étais juste plus jeune avec un peu moins d’expérience. Aux Europe indoor, à Istanbul (en mars 2023, Ndlr), à quelques centimètres près, on avaient toutes les mêmes perfs.
J’ai fait un gros travail pour pouvoir me dire, une fois en finale, que je pouvais, moi aussi, gagner, que les premières places n’étaient pas inatteignables et que ma première médaille, il fallait bien qu’elle arrive un jour alors, pourquoi pas là ?
Tu as senti une différence avec tes autres expériences internationales ?
Je me suis éclatée sur ce concours. J’ai pris du plaisir et j’ai super bien sauté : je fais 4,55m en qualif’ et 4,60m en finale, le lendemain, dans des conditions difficiles.
Finalement, je rate mon record et en, même temps, une médaille et je me classe cinquième. Cette position, je l’accepte, je la vis bien. J’ai pris conscience du niveau qui est le mien, de ce qu’il me reste à faire et de ce que j’ai déjà fait.
Si je veux être championne olympique un jour, il est normal que je participe à ces championnats, il est normal que je décroche des médailles. Il n’y a pas de honte à dire : « Je vais faire une médaille demain ». Si tu ne la fais pas, ce n’est pas grave.
C’était mon appréhension ça, alors que tout le monde sait que c’est du sport, que c’est de l’humain et pas du robot et que tout ne se passe pas toujours comme prévu. J’ai vachement dédramatisé tout ça.
Après tout, je fais cinquième derrière des filles médaillées aux Monde, aux Europe, recordwomen dans leur pays… Ce sont des grosses pointures, des filles qui ont de l’expérience. Il y a tellement de choses perfectibles dans ma façon de m’entraîner et dans ma façon de sauter que nous ne sommes pas à grand-chose de faire quelque chose de fou.
Avec Seb, on se prépare pour ça et le jour ou ça arrivera, les autres seront peut-être surpris mais nous, on saura que, sur un malentendu, cette fois, c’est passé.
Tu acceptes donc maintenant de dire que tu veux être championne olympique et que tu veux passer la barre des 5 mètres ?
Depuis qu’on a le projet olympique avec Seb, je me dis qu’un jour, je ferai 5 mètres et je vais tout mettre en place pour. Je pense que c’est faisable, mais je sais aussi que je ne les ferai peut-être pas l’été prochain.
L’objectif global est gros, je veux être championne olympique et faire 5 mètres. Il n’y a que quatre filles dans le monde qui ont réussi à passer cette barre mais en même temps, mon projet est échelonné. Nos objectifs sont hauts, certes, mais graduels.
C’est peut-être décevant quand tu ne les réalises pas mais, moi, c’est ce qui me fait aller tous les jours à l’entraînement.
Les Jeux Olympiques, ce sera l’année prochaine. En attendant, cet été, il y a des Monde à Budapest, en Hongrie. Comment est-ce tu les envisages ces deux saisons ?
Il y a de belles choses à faire aux Monde et ce sera également une préparation pour les Jeux de Paris 2024. Avec Seb, nous testons quelque chose de nouveau en ce qui concerne la préparation.
Je me suis luxée l’épaule aux Europe, alors on essaie de retarder la perche et de faire un gros bloc de prépa physique avant la reprise. Si ça fonctionne bien, on gardera probablement ça pour les années à venir.
Tu sais déjà quels rendez-vous tu vas cocher jusqu’aux Jeux ?
En ce qui concerne les compétitions, j’ai un peu plus le choix que les années précédentes. Je ne suis plus obligée de m’engager dans tous les meetings et de me retrouver avec vingt-cinq concours sur les bras.
C’est dur d’enchaîner autant de compétitions et en même temps, de courir après les minima, de préparer les France, les Europe, les Monde. On a voulu jouer sur tous les tableaux. C’était un peu compliqué mais il fallait en passer par-là pour engranger de l’expérience.
Je pense que le fait d’avoir plus d’options va me permettre de gagner en fraîcheur sur les grands championnats. Maintenant, je peux axer ma prépa et le choix de mes compétitions sur mon objectif principal et cet été, c’est Budapest.
L’année prochaine, ce sera les Jeux. Tu es en 5e année de médecine, est-ce que tu vas, une fois encore, tout mener de front ou est-ce que tu envisages une année de césure dans tes études ?
Je devais passer des partiels en juin mais je n’ai pas eu le temps de bosser comme je le voulais. Je bosse quand même mes cours et je suis en stage. Malgré tout, je ne ressens pas le besoin d’une césure. Un an sans cours, sans stage, c’est risquer de ne jamais reprendre.
J’aime la médecine et puis, il y aussi le fait que moins je bosse mes cours, moins mes journées sont organisées et moins je suis organisée à l’entraînement.
C’est quelque chose que peu de gens comprennent. Pourtant, plus j’ai de choses à gérer et plus je suis organisée, je suis focus, dans l’instant présent, sur ce que je dois faire.