Lou Bogaert« Le foot, ça a toujours été une obsession. »

Lou Bogaert : « Le foot, ça a toujours été une obsession. »
Elle vient tout juste de fêter son anniversaire et de débuter l’Euro avec ses coéquipières de l’équipe de France. Lou Bogaert, 21 ans, rêve, mange et vit football depuis toute petite. La latérale gauche qui a décidé de prolonger avec le Paris FC jusqu’en 2027, savoure sa chance sans rien renier de ses ambitions : la victoire !

Par Sophie Danger

Publié le 08 juillet 2025 à 10h01, mis à jour le 08 juillet 2025 à 12h15

Tu as vécu une saison folle avec le Paris FC, saison couronnée par une victoire en Coupe de France et tu t’apprêtes à vivre un été tout aussi fou avec l’équipe de France puisque tu fais partie des 23 joueuses retenues par Laurent Bonadei pour disputer l’Euro qui vient de débuter en Suisse. Tout cela a été une succession d’émotions très fortes pour toi, comment est-ce que tu gères ça ?

Je suis toujours dans mon petit rêve, j’ai autour de moi des joueuses qui me conseillent beaucoup et m’aident à progresser sur de nombreux points parce que, quand on arrive en équipe de France, on côtoie les meilleures joueuses de France et même d’Europe ! Pour moi, pour l’instant, ce n’est que du bonheur, que du positif et comme le positif attire le positif… J’ai toujours envie de mettre en place des choses, de faire en sorte d’être à fond tout le temps et de progresser. C’est ce qui me permet d’être là aujourd’hui et je profite de chaque instant.

©UEFA

Tu parles de rêve, le tien est un rêve éveillé qui dure depuis maintenant quelques années. Est-ce que tu parviens, de temps en temps, à redescendre de ton nuage ou est-ce que tu n’en as pas envie ?

Je le répète, mais c’est vrai, ce que je vis, ce n’est que du bonheur, que du kiff. D’un côté, je navigue en plein rêve et de l’autre, je réalise ce que je vis. Parce que, quand on a réalisé, en partie, son rêve, il devient concret et il faut profiter, prendre tout ce que l’on peut prendre pour engranger beaucoup d’expérience tout en gardant à l’esprit que vivre ce que je vis à 20 ans, c’est exceptionnel. Voilà, je passe mon temps à profiter tout en gardant à l’esprit que de très bonnes joueuses, il y en a beaucoup. Pour le moment, ça réussit mais si demain ça ne réussit plus, que je ne suis pas sélectionnée, cela signifiera qu’il y a des choses sur lesquelles je dois travailler, progresser et je sais que je me donnerai les moyens pour faire en sorte de revenir en sélection.

©FFF

Tu as 21 ans et une grande part de ta courte vie dédiée au football. C’est en suivant ton frère sur les tournois que tu as attrapé le virus, tu avais 3-4 ans. Tu te souviens de ce que tu ressentais en l’accompagnant ?

Au début, je venais à tous les tournois de football que disputait mon frère, tous les petits plateaux auxquels il participait. Ce qui a été important pour moi, c’est qu’il était entraîné par une femme. Lorsque j’étais là, elle m’invitait tout le temps à venir et à taper dans le ballon. Et puis un jour, mon frère a pris part à un tournoi en salle. Je jouais avec mes petits bonhommes et c’est là que j’ai dit à ma mère que j’avais envie de faire du foot moi aussi. Je trouvais que mon frère, Axel, était super fort et je voulais être comme lui, devenir, moi aussi, la meilleure.

Comment a-t-elle réagi ?

Au tout début, avec mon père, ils m’ont demandé si je ne préférais pas faire de la danse ou, je sais pas, de la gym par exemple mais moi, je ne voulais pas, je voulais faire du foot et vivre des moments comme pouvait en vivre mon frère, participer à des tournois, être la meilleure joueuse du monde… Petit à petit, après m’avoir invitée à taper dans le ballon, la coach de mon frère m’a proposé de venir jouer et de m’amuser avec le groupe, je m’y suis mise et de là, la passion pour le football ne m’a plus jamais quittée et je n’ai plus arrêté de jouer.

©Union sportive de Ronchin Football

Le fait d’avoir un modèle femme a été déterminant pour toi. Grâce à cela, tu ne t’es jamais posé la question de savoir si le football était un sport pour les filles ou non, c’est ça ?

Oui, ça m’a permis de ne pas me poser de questions mais, quoi qu’il en soit, je ne me suis jamais pris la tête avec ça. Dès petits, avec mon frère, nous étions tous les deux très compétiteurs. Parfois, ça finissait en bagarre parce que, quand je perdais, j’étais super énervée et je n’avais qu’une envie : me battre. Je pense que le football, qui est un sport où il y a beaucoup d’enjeux en matière de compétition, n’a fait que confirmer mon envie de pratiquer, qu’il m’a permis de faire ressortir encore plus mon âme de compétitrice. Ceci étant, il m’est arrivé, de temps en temps, de faire un peu de gym en parallèle du football. Je savais que, quoi qu’il arrive, je resterais dans le foot mais j’adorais essayer de tout gagner dans tout, d’être la meilleure partout, c’est ce qui m’a motivée à essayer d’autres choses. Malgré tout, à l’école, pendant la récréation, on m’appelait pour aller jouer au football, par pour jouer à la marelle. Tous les jours, je revenais à la maison avec des vêtements déchirés ou salis et ma mère me disait : « Lou, tu as encore fait un foot ! » Je leur en ai fait un peu baver à mes parents, sur le volet vêtements en tout cas, ils ont un peu subi mais, au final, c’était pour la bonne cause !

©Facebook

Tu fais tes premiers pas balle au pied à l’US Lesquin, dans la métropole lilloise. Tu jouais avec des petites filles, en mixte ou est-ce que tu étais la seule joueuse de l’effectif ?

Si mes souvenirs sont bons, il n’y avait pas encore d’équipe féminine à Lesquin à cette époque. Ce qui est certain c’est que, durant tout mon parcours dans les catégories jeunes, j’ai toujours été uniquement avec des garçons. À mes débuts, c’est la coach qui m’a prise en charge et j’ai commencé avec les 2003 qui étaient un an plus vieux que moi. Ces débuts m’ont permis de me mettre dans le bain tout de suite : les garçons me rentraient dedans. La coach leur disait de faire doucement avec moi mais, comme de mon côté, je n’allais pas doucement avec eux, ils se comportaient pareil et ça m’a permis de me forger un mental, de me forger un physique.

Et peut-être aussi de faire oublier ta différence, toi qui étais la seule fille…

Oui, je n’étais pas une fille, mais un membre de l’équipe. J’étais vraiment bien intégrée, j’avais des relations avec tout le monde. Le fait d’être la seule fille faisait que j’étais la petite chouchoute, la petite protégée quand on jouait les autres équipes. Quand il m’arrivait de recevoir un coup, tous les garçons se massaient autour de moi. Mes coéquipiers n’avaient pas l’impression de jouer avec un garçon quand il s’agissait de moi, mais malgré tout, ils jouaient avec quelqu’un qui avait le même niveau qu’eux.

©FFF

Ne pas avoir de copines ne t’a jamais manqué ?

Honnêtement, non. Même à l’école, j’avais des copines mais, la plupart du temps, je les lâchais au bout de cinq minutes de récré parce que je n’avais qu’une envie : aller faire un foot ! Je me souviens que, même quand il pleuvait, on se regroupait sous le préau mais moi je voulais aller joueur au foot dehors, je me fichais du temps, c’était le sport que je voulais faire. J’y pensais tout le temps, même pendant la classe. Je savais qu’il y avait des tournois entre écoles et j’avais envie d’y participer ; quand on faisait du sport, même si c’était du hand, je prenais le ballon avec les pieds… Le foot, c’était tout le temps, une vraie obsession, et comme j’étais une pile électrique, j’étais un peu difficile à gérer. Il y a un souvenir qui me revient à ce propos. En fin de primaire, on reçoit un dictionnaire avec des mots de chaque enseignant avec lequel on a eu classe. Moi, j’avais fait du rugby et une de mes profs avait écrit : « Aussi dure au rugby qu’en dehors, Lou met tout le monde à l’amende ».

©Facebook

Sept-huit ans après tes débuts, en 2013, tu changes de club et tu mets le cap sur Wasquehal. Pourquoi ce changement ?

Mon frère est parti à Wasquehal pour progresser et ça obligeait ma mère à faire énormément de déplacements pour nous permettre d’aller au foot. Elle devait, limite, mettre son boulot de côté pour que l’on puisse pratiquer notre sport et ça devenait compliqué pour elle. Elle m’a demandé si ça ne me dérangeait pas de venir à Wasquehal avec mon frère et ça a été ok pour moi. Le club m’a accepté tout de suite et là, j’ai évolué avec ma catégorie d’âge. On jouait dans le Championnat le plus élevé de notre catégorie, le Championnat Elite et on affrontait des équipes comme Lille…

Là aussi l’intégration s’est bien passée ?

J’ai eu quelques soucis au tout début parce, forcément, quand tu arrives dans une nouvelle équipe, que tu es une fille et que personne ne te connaît, on se demande ce que tu fais là mais, au-fur-et-à-mesure, quand on voit que tu rentres dedans à l’entraînement, que tu fais des bonnes choses sur le terrain, que tu montres que tu es assez forte, les garçons commencent à t’accepter et, comme tu es la seule fille, eh bien, de nouveau, tu deviens un peu la chouchoute.

©Wikipedia

Tu expliques, qu’à cette époque, tu commences à nourrir des ambitions très hautes en football. Comment s’est produit ce déclic ? Est-ce parce que le niveau était un cran au-dessus et que tu affrontais les meilleures équipes du championnat ?

Oui. Je pense que le fait d’avoir joué, par exemple, contre le LOSC et de gagner a été important. On avait une super équipe. Et puis il y a aussi le fait de regarder les équipes de France, hommes comme femmes. Un jour, j’ai dit à mes parents, que je voulais faire partie de cette équipe de France. Mes parents, et notamment mon père, ont toujours été là pour me dire de redescendre sur terre. Pour eux, j’étais une bonne joueuse mais pas la meilleure du monde, et si je voulais satisfaire mes ambitions, il me fallait travailler parce que, de très bonnes joueuses, il en y a plein.

Pour eux, il fallait que je me réveille, mais j’ai insisté en leur disant que, même si je n’avais que 13-14 ans, c’était ce que je voulais faire et que j’allais réussir. Quand tu es jeune, tu es un peu insouciante et tu dis ce qui te passe par la tête mais, malgré tout, j’avais cette envie au plus profond de moi. Ceci dit, la façon dont mes parents réagissaient m’a permis de toujours garder les pieds sur terre, de toujours contrôler mes émotions, de penser que le positif attire le positif mais que pour réussir, il faut travailler.

©Facebook

Qu’est-ce qu’on disait de toi à l’époque ?

On disait de moi que j’étais une battante, c’est le terme qui ressortait tout le temps parce que, même si ça se passait très bien avec les garçons, ça restait malgré tout parfois compliqué. J’étais une fille et je jouais à la place d’un garçon, ce qui peut parfois susciter de la jalousie par exemple. Le comportement des garçons n’étant pas le même que celui des filles, ils pouvaient, de temps en temps, être méchants mais ça me boostait encore plus.

Il y a aussi les équipes adverses à gérer, les parents…

Exactement. Pour ma part, je m’entendais super bien avec mon équipe et, de toute façon, je ne pensais qu’à jouer au foot, à m’entraîner, à disputer les matches et les petites chamailleries qu’il pouvait y avoir, je n’y faisais pas attention. J’essayais de toujours rester positive, de parler et de traîner avec tout le monde même si l’un de mes coéquipiers avait été un peu méchant avec moi. Je savais que, quoi qu’il arrive, j’étais vraiment appréciée parce que j’étais la seule fille. Encore une fois, mais c’est vrai, j’étais la chouchoute, chouchoute dans mon équipe, chouchoute des parents qui venaient me voir pour me demander comment j’allais.

©US Lesquin

En 2017, tu fais un pas de plus vers la concrétisation de ton rêve en t’engageant avec Lille, un club pro dont l’équipe première évolue alors en D2. Comment ça s’est fait ?

Quand j’étais à Wasquehal, mon père m’avait déjà parlé de Lille et je lui avais dit que je voulais rester le plus longtemps possible avec les garçons. C’était mon groupe de potes et, au début, j’avais un peu peur de me retrouver uniquement entre filles. Finalement, à 15 ans, tu ne peux plus être avec les garçons et c’est là que j’ai dit à mon père que j’étais OK pour rejoindre le LOSC. De leur côté, eux me voulaient. C’était un club pro et, qui plus est, mon club de cœur parce que je viens de là et que, depuis toute petite, toute ma famille soutient le LOSC… Quand j’ai eu mes premières tenues lilloises, mes parents étaient super fiers. Pour eux, j’étais encore jeune, il pouvait se passer plein de choses, mais c’était déjà incroyable d’évoluer avec cette équipe.

©LOSC

Tu commences avec les jeunes et, trois ans plus tard, tu vas faire tes débuts en D2. Tu as 16 ans ! En parallèle, tu rejoins le pôle de Liévin pour tes années lycée. Comment est-ce que tu gères sport et études ?

Lorsque j’étais en terminale, je suis passée avec la D2. Cette même année, le Paris FC m’a contactée pour que je les rejoigne pour le Championnat U19. Mes parents ont décliné afin que je puisse, comme je le voulais, continuer mon parcours scolaire. C’était super important pour eux et pour moi et il fallait que j’arrive à gérer études et sport, ce qui était déjà un peu compliqué dans le sens où, comme je partais souvent en déplacement le week-end, je ratais pas mal de cours et il fallait les rattraper.

Avoir fait une année de D2 et ne pas être partie tout de suite au Paris FC m’a permis de me concentrer sur l’école. Mes parents ont été d’un grand soutien une fois encore, même si je n’étais pas tous les soirs avec eux, je les voyais dès que je pouvais et je savais qu’ils n’étaient qu’à quarante-cinq minutes de route et que je pouvais compter sur eux. Je pense que ça été le bon choix parce qu’en plus, cette année en D2 m’a également permis de progresser sur le plan physique car c’est un Championnat très exigeant sur ce point.

©FFF

Tu n’as pas regretté ?

Non, j’ai fait une année complète avec la D2 et j’ai très vite été titulaire. À l’époque, je n’avais pas de poste de prédilection : au début j’étais centrale, je suis passée un petit peu latérale et puis après, je suis passée excentrée gauche, excentrée droit… Je bougeais mais j’aimais bien ça parce que, pour moi, à partir du moment où je jouais, je prenais du plaisir, je m’amusais.

À partir de ce moment-là, toutes les pièces du puzzle vont s’assembler. Il y a le LOSC, la D2 et aussi les débuts en bleu avec l’équipe de France. Tu te souviens de ta première sélection ?

Ce qui me revient en premier lieu, c’est ma première sélection en stage national. On était cinquante et c’était à Clairefontaine. Pour moi, c’était fou, j’allais à Clairefontaine, là où toutes les stars sont passées, garçons et filles. Et puis, ma première sélection avec l’équipe de France, c’est Lille qui me l’a annoncé et j’avais sauté de joie avec mon père. Je lui ai dit : « Tu as vu papa, j’ai réussi  ! ». Et lui m’avait répondu que oui, j’avais réussi, que c’était super mais que le plus dur allait commencer parce que maintenant, il allait falloir rester. Il me rappelait chaque fois que le lendemain, tout pouvait s’arrêter et c’est pour ça que j’ai toujours gardé en tête qu’il fallait que je me donne à fond, que ce soit en stage ou en dehors, qu’il fallait que je travaille dur si je voulais réussir. Malgré tout, cette première sélection, j’étais tellement heureuse. C’était exceptionnel, des moments que tu n’oublieras pas : tu as le maillot de l’équipe de France, tu t’entraînes avec les tenues de l’équipe de France, tu dors à Clairefontaine, le centre est magnifique… C’est juste impressionnant et tu kiffes chaque moment.

©PFC

Avec les Bleues, tu vas vivre des épopées un peu folles parmi lesquelles un Euro en 2021 et une petite virée au Costa Rica à l’été 2022 pour la Coupe du monde, tout en gardant les pieds bien ancrés sur terre grâce à ce socle familial très solide. Ce n’est pas frustrant malgré tout, de temps en temps, de ne pas pouvoir se laisser aller à savourer un peu plus ?

Le fait d’être raisonnée n’empêche rien. Mes parents étaient très très heureux pour moi. Quand j’ai été appelée en équipe de France, ils étaient très émus. Eux ne souhaitent qu’une chose, que je poursuive dans cette voie puisque c’est celle que j’ai choisie. Tous les conseils qu’ils me donnent, c’est pour ça, pour que je continue à faire ce qui me rend heureuse et je les ai toujours beaucoup écoutés.

Le tourbillon va continuer pour toi puisque le PFC va revenir à la charge. Tu signes avec Paris peu avant de partir au Costa Rica pour la Coupe du monde.

Je ne saurais plus expliquer comment ça s’est passé dans le détail, mais c’était un jour où j’avais école et on m’avait proposé de me rendre au PFC pour visiter les infrastructures et discuter avec la coach. Je trouvais ça dingue qu’une équipe me veuille. Pour moi, ce genre de choses, c’était le lot des stars ! En plus, je trouvais que le centre était magnifique, Clara Mateo était là comme d’autres joueuses, toutes hyper connues et moi, j’allais jouer avec elles ! Je n’avais pas encore signé que j’avais déjà envie d’être au PFC.

Signer à Paris signifiait également, pour la première fois, couper le cordon avec ta famille, du moins géographiquement. Le football valait bien quelques sacrifices ?

Oui. Ma famille savait très bien que j’avais vraiment envie de réussir dans le foot et moi, j’étais consciente qu’à un moment, il allait falloir couper le cordon. Ça avait déjà été un peu le cas lors de ma première année au pôle. À cette époque, j’étais à l’internat et mon père m’a expliqué, mais bien plus tard, qu’il pleurait beaucoup parce qu’on se voyait moins, qu’il n’avait plus sa petite fille dans sa chambre rose. C’était un peu dur aussi pour ma mère qui est une mère poule, qui a besoin de savoir ce que je fais, que je vais bien. Moi, je suis très proche de ma famille et je continue à les avoir tous les soirs au téléphone. Même si on se voit beaucoup moins souvent maintenant, football oblige, ça compense.

Lou Bogaert entourée de Pierre Ferracci, le président du Paris FC, et de Marie-Christine Terroni, présidente de la section féminine du Paris FC…©PFC

Avec Paris, tu découvres la D1, tu découvres également l’Europe puisqu’avec tes coéquipières, tu vas disputer la Ligue des championnes. C’était cette saison et le parcours a été fantastique avec une qualification au 2e tour après une victoire aux tirs-au-but sur Arsenal, un billet pour la phase de poule après une victoire sur Wolsburg, phase de poule durant laquelle vous allez battre… le Real Madrid. Ça, ça ne faisait pas partie du rêve d’enfant, mais ça contribue à le rendre plus incroyable encore non ?

Ça a été très dur de jouer contre ces équipes, les filles sont tellement fortes, elles ont des individualités et un collectif tellement impressionnants ! Quand on a gagné face à Arsenal, c’était tellement d’émotions que j’ai pleuré de joie. Je me disais que ce qu’on était en train de faire était dingue parce que nous, comparées à ces formations, on est encore une petite équipe. Et puis, au fur-et-à-mesure de la compétition, on se disait qu’on voulait aller plus loin. Pour ma part, même si je suis réaliste, j’ai encore ce côté insouciant qui me fait croire qu’on peut tout gagner, qu’on va réussir.

Je me suis donnée à 200 %. Je me souviens que, contre Wolfsburg, j’ai fini les genoux au sol. On a vécu des moments inoubliables dont je me rappellerai toute ma vie. C’est la première saison où j’ai vécu la Ligue des championnes et la première où on est allé si loin alors qu’on ne nous attendait pas. C’était magnifique.

Vous décrochez également la Coupe de France, un succès qui vient couronner une année particulière : Gaétane Thiney, votre capitaine, raccroche, le club est racheté et les propriétaires ont de grandes ambitions… C’est ton premier grand trophée, il représente quoi pour toi ?

Cette année, c’était super parce qu’on était très proches des garçons. Les années précédentes aussi mais on s’est tous soutenus mutuellement, on s’est tous poussés pour réussir. Pendant la semaine qui a précédée la finale de la Coupe de France, je disais à tout le monde : « On va gagner, c’est sûr, je le sens bien ! » et puis, la veille, les garçons gagnent et montent en Ligue 1. Nous on a regardé le match et on était super heureuses pour eux. Il y avait un tel engouement autour du PFC, il ne manquait que nous pour que la fête soit complète.

Toute ma famille était là, j’avais réservé soixante places pour eux et je n’avais qu’une envie : gagner et les rendre fiers, mais aussi me dépasser et gagner un trophée. C’était un moment inoubliable. On s’est dépassées pendant la rencontre, on a tout donné, on a fait les efforts ensemble, on était solidaires, quand l’une de nous flanchait un peu, on la soutenait… Les garçons aussi nous avait dit que ça allait le faire et je pense que tout cela combiné, nous a permis de gagner la Coupe de France.

©PFC

Cette saison n’est pas terminée puisque maintenant, il y a l’Euro. Tu as fait tes premiers pas avec l’équipe de France A face à la Suisse le 17 octobre 2024, tu as quatre matchs en équipe de France à ton actif, trois amicaux et un en Ligue des nations. Tu t’attendais à faire partie de l’équipe retenue pour disputer l’Euro ?

Je me dis toujours qu’il y a tellement de très bonnes joueuses que rien n’est jamais acquis, qu’il faut toujours travailler, toujours essayer de donner le meilleur de soi pour que l’on me rappelle. Lors de ma première sélection, je n’avais même pas pris la peine de regarder la liste parce que j’étais certaine de ne pas y être. C’est mon père qui m’a harcelée d’appels pour me le dire. J’étais en voiture et comme je conduisais, je ne répondais pas, mais je me demandais ce qui se passait. Et puis, toujours sur la route, je reçois un appel de Kessya Bussy. Comme j’étais en partance pour l’entraînement, je me dis que j’étais en retard, que je m’étais trompée d’horaires… J’ai finalement décroché et j’ai demandé à Kessya ce que j’avais bien pu faire et, là, elle me dit : « Lou, félicitations ». Moi je ne comprends pas et elle m’annonce que je suis en équipe de France. Je n’y croyais pas et quand j’ai mis un pied à l’entraînement, les filles ont toutes sauté de joie et m’ont félicitée.

©FFF/EDF

Tu as mis du temps à réaliser ?

J’ai vraiment réalisé le jour où j’ai monté les marches de Clairefontaine. Là, je me suis dit : « Wahouuu, j’y suis arrivée ! » mais je savais également que le plus dur, à partir de ce moment-là, allait être de rester en équipe de France.

Quoi qu’il se passe, tu es dans le groupe pour l’Euro. Un Euro qui s’annonce explosif. C’est déjà dans un coin de ta tête ou, comme à ton habitude, tu gardes la tête froide ?

Ce serait mentir de dire que je n’y pense pas, mais j’essaye de faire en sorte de vivre au jour le jour. Malgré tout, quand je pense à cette compétition, je me dis qu’on pourrait faire des choses magnifiques avec les joueuses que je vois à l’entraînement, le niveau de cette équipe. Je les trouve tellement impressionnantes, tellement techniques, tellement tactiques, tellement physiques ! Pour moi, elles sont toutes prêtes à gagner une compétition et, je suis la plus heureuse au monde de pouvoir les accompagner, d’être avec elles et de faire en sorte d’apporter ma contribution comme elles apportent la-leur. En tout cas, moi j’y crois !

©FFF

L’après-Euro s’annonce bien. Tu as prolongé il y a peu l’aventure avec le PFC, tu es sous contrat jusqu’en 2027, tu commences à prendre tes marques partout, en club, en équipe nationale. Comment tu vois la suite ?

Comme lorsque j’étais enfant, j’ai envie de tout réussir et de tout gagner. Bien sûr, il faut savoir être réaliste mais il reste que j’ai envie de gagner l’Euro, j’ai envie d’aller encore plus loin en Ligue des championnes la saison prochaine, j’ai envie de re-gagner la Coupe de France… Ça se construit au fur et à mesure. Pour l’instant, j’ai la tête à l’Euro, j’ai envie de gagner, je suis persuadée qu’avec cette équipe, on peut le faire. En tout cas, on va se donner tous les moyens qu’il faut pour y parvenir !

Ouverture ©Lou Bogaert/X

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