Laëtitia Guapo « Le basket me pousse à donner la meilleure version de moi-même. »

Laëtitia Guapo : « Le basket me pousse à donner la meilleure version de moi-même. »
Le basket, c’est sa vie. Sur les parquets depuis ses 8 ans, Laëtitia Guapo a gravi peu à peu les échelons du haut-niveau et évolue désormais à Bourges, club avec lequel elle a remporté le doublé Championnat de France-EuroCoupe en 2022. La Clermontoise, 29 ans, est aussi devenue une joueuse indiscutable de l’équipe de France de 3x3 avec laquelle elle a participé, cet été, aux JO de Paris. Éliminée en phase de groupe, elle prépare sa revanche pour LA 2028. Rencontre avec une fille qui sait rebondir.

Par Sophie Danger

Publié le 24 janvier 2025 à 11h34, mis à jour le 25 janvier 2025 à 18h55

Tu as grandi entre une mère basketteuse et un père footballeur, comment est-ce que tes parents t’ont transmis leur amour du sport ?  

Ça a été inné. Ma famille est en effet très, très sportive. Pour te dire, mes grands-parents qui ont presque 80 ans font encore 80 kilomètres de vélo trois fois par semaine et ils sont toujours hyper à fond ! C’est la même chose pour mes parents. D’ailleurs, mon père m’a emmenée courir dès mes 4 ans. J’ai toujours baigné dans le sport, j’adore ça, c’est à la fois un style de vie et une hygiène de vie pour moi. Au début, c’était une pratique amateure, ni ma famille ni moi ne connaissions le monde du sport de haut niveau, mais je me suis prise au jeu et aujourd’hui, je ne me verrais pas faire autre chose. 

Est-ce que tu as toujours été attirée par le basket ou, plus petite, tu as eu envie de te frotter à d’autres disciplines ?

J’ai commencé à faire du sport très tôt et, à partir de mes 8 ans, je n’ai fait que du basket. De manière générale, je courrais beaucoup parce que mon papa courrait – il faisait du footballmais je me suis orientée vers le basket, le sport de ma maman, parce qu’il faisait plus chaud dans une salle de basket que dehors ! Mes copains et mes copines ont aussi pesé dans mon choix, tous faisaient du basket et on se retrouvait sur les parquets, on se faisait plaisir, on partageait des moments très cool.

©Facebook/Laëtitia Guapo

Tu fais tes premiers pas sur le parquet de La Roche-Blanche, un club de l’agglomération clermontoise

Oui, à un détail près, ce n’était pas du parquet à l’époque mais… du goudron ! Il fallait vraiment avoir envie d’y aller ! Quand on tombait, on s’arrachait les genoux, mais j’en garde de très bons souvenirs. Je sais aussi que c’est de là que me vient mon caractère un peu rugueux.

C’est toi qui as manifesté l’envie de t’inscrire en club ?

Oui, c’est moi qui ai dû le demander à mes parents parce qu’on s’était concertées avec mes copines pour faire du basket. Mes parents, eux, ne m’ont jamais obligée à faire du sport. Quand j’ai commencé en club, j’ai tout de suite adoré le partage. En basket, la performance n’est pas uniquement individuelle, tu partages les efforts, tu partages les émotions, tu vas chercher les victoires ensemble. Ça me poussait à essayer de donner la meilleure version de moi-même mais au sein, au service d’un collectif. Et puis on gagnait beaucoup à l’époque et moi, j’ai toujours été très compétitrice. 

©Laetitia Guapo/Facebook

En 2008, tu as 12 ans, quatre ans de basket derrière toi, et tu quittes La Roche-Blanche pour le Stade Clermontois. C’est également cette année-là que tu intègres le CREPS de Vichy et ce, malgré les réticences de tes parents. De quoi avaient-ils peur, de te laisser partir si jeune ou de te voir emprunter une voie, celle du haut-niveau, qu’ils ne connaissaient pas ?

C‘était un petit peu ces deux raisons mélangées. Mon papa venait d’une famille de dix enfants, une famille venue d’Espagne. Il était très fort au football mais, malheureusement, ses parents ne pouvaient pas l’emmener à droite et à gauche comme les miens l’ont fait pour moi. Lorsque j’ai été prise au CREPS de Vichy, j’étais très jeune, d’autant plus que chez les Guapo, nous sommes très, très famille. Ma maman était un peu réticente et très à cheval sur les études. Elle voulait être certaine que l’école se passe bien et que je continue le plus loin possible. Pour la rassurer, j’ai signé un pacte qui stipulait que j’aurais bien mon bac et que je n‘arrêterais pas les études pour faire du basket de haut niveau

©Facebook/Laëtitia Guapo

C’est Isabelle Fijalkowski qui va les rassurer et te permettre de poursuivre ton parcours à Vichy 

Isabelle était ma coach au CREPS et elle a un parcours hors norme puisqu’elle a, non seulement été Internationale, mais elle a également été la première joueuse française à évoluer en WNBA. Elle est venue à la maison, je la revois encore dans le salon expliquer à mes parents que ce serait bien que je parte à Vichy, que j’avais des qualités pour éventuellement devenir basketteuse professionnelle Mes parents ont réussi à lui faire confiance et à se dire que ça pouvait être bien pour moi. Il est certain que, sans elle, je n’en serais sûrement pas là où j’en suis aujourd’hui. 

Comment s’est passée ton arrivée à Vichy ?

J‘y suis allée et il a fallu que je me fasse un peu violence. Je passais d’un entraînement par semaine à un entraînement, voire deux, tous les jours, plus l’école et tout ça loin des miens. Je me souviens que, durant les premières vacances de la Toussaint, je n’avais qu’une envie, c’était de rentrer car j’étais loin de ma famille, j’avais du mal à me faire au fait que, chaque fois, je les quittais pour toute la semaine…  Ma mère a, je pense, beaucoup pris sur elle et m’a dit qu’il ne fallait pas que j’abandonne et, dès l’année suivante, ça a été l’inverse, parfois je n’avais pas envie de rentrer le week-end, j’étais bien au CREPS et je trouvais ça cool de m‘entraîner tous les jours

©Laetitia Guapo/Facebook

À 15 ans, tu mets le cap sur l’INSEP. L’INSEP, c’est la voie royale pour devenir sportif professionnel, est-ce que ça a été un but pour toi à partir de ce moment-là ? 

Oui et non parce que je m’étais tellement programmée pour faire des études j’envisageais de devenir médecin – qu’à chaque fois que j’étais prise dans une sélection, je me disais simplement : « Trop bien, je vais rencontrer de nouvelles coéquipières, découvrir une nouvelle salle de basket ! ». Tout au long de mon parcours, ça a été comme ça, j’ai gravi les échelons sans forcément me dire que je voulais devenir basketteuse professionnelle. Ça a changé plus tard, lorsque j’ai signé à Nice.

À cette époque-là, je m’étais engagée en médecine et j’ai compris qu’il me serait difficile de concilier études et basket. Par dépit, je me suis orientée en STAPS et je me suis dit qu’il était temps que je fasse un choix : j’avais la chance de pouvoir vivre ma passion tout en poursuivant mes études, mes parents n’avaient pas à me payer de logement, je pouvais essayer de continuer à faire les deux. Au début, j’évoluais entre la 1ere et la 2e division et, lorsque j’ai terminé mes études, j’ai pris la décision de me consacrer à 100 % au basket. À partir de là, mon parcours sportif a pris une autre tournure : j’ai signé à Bourges, le club dont je venais voir les matches lorsque je suis arrivée à Vichy et j’ai compris que ça devenait sérieux, que ça devenait mon métier et qu’il y avait une échéance olympique à venir. 

©Facebook/Laëtitia Guapo

Très tôt, tes aptitudes physiques et ton caractère fonceur tapent dans l’œil des recruteurs – on te surnommait pitbull à l’époque – et en 2013, tu signes donc ton premier contrat pro avec Nice. Par la suite, il y aura Roanne, Reims et Charnay avant Bourges, formation qui évolue en division supérieure. On a la sensation qu’au tout début de ton parcours, tu évolues au gré des opportunités, sans vraiment avoir d’ambitions sportives, si ce n’est celles de te faire plaisir.

Carrément ! À 18 ans, quand j’ai dû prendre un agent, je lui ai demandé, si possible, de graviter autour de Clermont pour ne pas évoluer trop loin de ma famille, c’était une de mes priorités. Je lui avais également spécifié que je n’avais pas forcément besoin de signer un gros contrat parce que j’avais besoin d’être libérée en cas de partiels. Lorsque je me suis engagée à Roanne, je pouvais aller en cours à Saint-Etienne, à Nice, il y avait la fac, même chose à Reims où j’ai passé mon concours de prof d’EPS. À Charnay, en plus du basket, je pouvais finir mon Master 2 à Lyon, honorer mon mi-temps de professeur de sport dans un établissement de Bourg-en-Bresse et jouer pour le club qui était à quarante-cinq minutes de route de mon travail

©Tango Bourges Basket

Tu t’en sortais comment ?

J’appelais ça le triangle de la mort ! Je me levais le matin à 5h30 et je ne me posais pas de questions. Je savais qu’il fallait que j’aille en cours, que je revienne m’entraîner, que je reparte en cours puis que je revienne de nouveau m’entraîner et je faisais ça tous les jours. Je ne me demandais jamais si c’était difficile ou pas, je m’étais tellement mis en tête qu’il fallait que je le fasse que je l’ai fait.

À Charnay, cette année-là, je réalise la meilleure saison de ma carrière : on est championnes de France de Ligue 2, on monte en première division, je suis un élément majeur de l’équipe, le coach me fait confiance alors que j’ai des journées de dingue mais ça a déroulé.

Tu n’as jamais eu un moment où tu as senti que c’était trop, où tu as eu envie d’envoyer tout valser ?

C’est vrai que c’était dur, mais j’avais des élèves et je ne pouvais pas les abandonner. En ce qui concerne le Master 2, j’ai eu la chance de toujours avoir à mes côtés des personnes ressource sur qui je suis tombée dès le premier jour et qui m’ont aidée en m’envoyant les cours que je loupais par exemple. Je leur en suis extrêmement reconnaissante.

©Laetitia Guapo/Facebook

Tu évoquais ton palmarès. Malgré un planning complexe, tu parviens à décrocher trois titres de championne de France, deux en Ligue 2 avec Nice en 2015 et Charnay en 2019, le troisième avec Bourges en 2022. Tu remportes également l’Eurocoupe avec tes coéquipières du Tango à l’issue de la saison 2021-2022. Ils représentent quoi ces titres pour toi, l’aboutissement de toutes ces années de sacrifices ? La preuve que tu as fait les bons choix ? 

J’ai toujours pensé que le travail payait. Je n’ai jamais forcément été la joueuse la plus talentueuse : j’ai des prédispositions physiques mais, tactiquement, j’ai appris le basket en travaillant. De fait, jamais je ne m’étais dit que je pourrais, un jour, devenir championne de France. Finalement, j’ai décroché trois titres nationaux, le dernier en 2022, année au cours de laquelle je décroche sept titres, 5×5 et 3×3 confondus.

Cette année-là, c’était la première saison durant laquelle je ne faisais que du basket, mes études étaient terminées. J’ai pu me concentrer à 100 % à mon sport, prendre du temps pour m’étirer, me faire masser, je n’avais plus à me lever à 5h30, à manger rapidement dans ma voiture… C’était un peu comme si les planètes s’alignaient et que tout le travail des années précédentes finissait pas payer, c’était vraiment incroyable. 

©Anne Perrinet

Autre honneur, à l’issue de ta formidable saison 2022, tu reçois le trophée Alain-Gilles, délivré par la Fédération Française de Basket (FFBB), qui récompense le meilleur basketteur de l’année, sans distinction de sexe. Tu succède à Nicolas Batum, et tu es seulement la deuxième femme après Céline Dumerc à obtenir cet honneur. Ça dit quoi du basket ce prix ?

Ça dit que c’est une discipline qui valorise l’inclusion. Les responsables mettent tout en œuvre pour que basket féminin et masculin soient à la même échelle. Ce serait bien que toutes les Fédérations prennent exemple sur la FFBB pour plus d’équité entre hommes et femmes et ce, aussi bien pour le sport professionnel, amateur que bien-être ou scolaire.  Tout ça passe par des moyens financiers, des moyens techniques, la mise en place de structures aussi bien pour les filles que les garçons, le développement des catégories jeunes. Il y a des études récentes qui montrent que le nombre de licenciées décroît à l’adolescence, il faut essayer de promouvoir le sport féminin, essayer de revaloriser ces catégories jeunes pour qu’il y ait le même nombre de licenciés filles et garçons.

©Facebook/Laëtitia Guapo

Parallèlement à ton parcours en club, tu vas aussi évoluer en équipe de France avec laquelle tu vas remporter un titre européen avec les – de 20 ans. C’était en 2015, il y a dix ans déjà. Tu te souviens de ta première sous ce maillot bleu ? Ça signifiait quoi pour toi intégrer l’équipe nationale ?

Ma première sous le maillot bleu, c’était en moins de 15 ans à Saragosse et c’est rigolo parce que cette année, avec Bourges, on joue sur trois tableaux, Championnat de France, Coupe de France et Euroligue dont les finales se disputent… à Saragosse. Et puis, quand j’étais en U15, mon coach, c’était GwenaëlPestel qui a également été mon coach-assistant lors des Jeux Olympiques de Paris cet été. Tout cela m’a fait replonger dans mes souvenirs.

À cette époque, je pense que je pouvais prétendre à une belle carrière, mais pas forcément à cette carrière qui est désormais la mienne. C’est cool parfois de regarder dans le rétro et de voir tout ce qu’on a accompli parce que jamais je n‘aurais pensé pouvoir porter un jour les couleurs de la France. C’est quelque chose qui fout un peu la pression et d’ailleurs, à chaque fois qu’on me remet ce maillot, je suis toujours hyper émue, j’ai la larme à l’œil. C‘est une véritable fierté de pouvoir représenter mon pays. 

Le 3×3 s’invite dans ton parcours à partir de 2016. Tu découvres la discipline à l’INSEP. Comment est-ce que ça s’est passé concrètement ?  

En 2012, il y a eu la première Coupe du monde de 3x3. Moi, à ce moment-là, j’étais à l’INSEP et j’ai commencé à faire quelques petits tournois pour voir de quoi il retournait. Richard Billant, qui était mon sélectionneur pour les Jeux 2021 à Tokyo, était lui aussi à l’INSEP et a commencé à coacher la discipline. Puis, en 2016, j’ai participé à la Coupe du monde universitaire et j’ai replongé dans le 3X3. Là, je me suis dit que c’était vraiment un sport pour moi. Dans le basket, j’adore me dépasser, j’adore en ch.. – désolée pour la vulgarité – or dans le 3×3, on a trois matches par jour, on doit donc s’échauffer trois fois, il y a des contacts qui ne sont pas autorisés en 5×5, le jeu est plus dur, la durée est plus courte, mais on est plongé dans une véritable machine à laver et c’est extrêmement exigeant…

Je pense que c’est un sport qui correspond en tous points à mes caractéristiques car je suis très endurante, très rapide et hyper dur, le 3×3 me permet de me transcender.  

©Facebook/Laëtitia Guapo

Tu évoquais le nom de Richard Billant, c’est lui qui va essayer de te convaincre de te lancer dans la discipline. Il t’est malgré tout impossible de combiner 5×5, 3×3 et études et c’est le 3×3 qui passe à la trappe. Tu l’as vécu comment ce choix ? Comme un renoncement ou pas du tout ?  

En fait, quand j’ai commencé, on ne jouait au 3×3 que l’été, ce qui fait que la question du choix ne s’est pas vraiment posée. Et puis, il y avait aussi le fait que j’avais le concours de professeur de sport pour lequel j’avais bossé comme une acharnée toute l’année, on était 8 000 inscrits pour 630 postes, je ne voulais pas prendre le risque de le louper ou du moins, je ne voulais pas avoir à regretter quoi que ce soit, même en cas d’échec. Ne rien avoir à regretter, ça signifiait dire non au 3×3 en espérant être appelée de nouveau un peu plus tard et c’est ce qui s’est passé. J‘ai été rappelée en 2019 et c’est là que tout a commencé.  

À partir de ce moment-là, tu es mise en disponibilité de l’Éducation nationale et tu te partages entre 5×5 et 3×3. On a la sensation que si tu n’as pas de multiples buts à atteindre, ça ne va pas.

Exactement, je suis une hyperactive et j’ai toujours 10 000 projets. En ce moment par exemple, en plus du basket, j’ai créé un camp avec Franck, mon compagnon qui est aussi en équipe de France de 3x3. On fait également construire notre maison. J’adore avoir plein de projets et c’est aussi une nécessité pour moi. J‘ai besoin de ne pas penser uniquement au basket. Lorsque je faisais mes études, j’étais performante parce que la fac me permettait de rencontrer des gens avec qui je ne parlais pas forcément sport. Je me suis rendu compte de ça lorsque j’ai rejoint Bourges pour ne faire que du basket. Me concentrer sur mon sport me faisait du bien, mais j’avais besoin d’autres choses pour ne pas trop cogiter.

Ça a été la même chose l’année dernière. Sans aucunement remettre en cause cette saison durant laquelle je me suis préparée pour les Jeux Olympiques, je n’avais que le 3×3 avec cet objectif qui était de décrocher une médaille à Paris et je me suis demandée, après coup, si, par certains côtés, ça n’avait pas joué contre moi. 

Avec les Bleues du 3×3, tu enchaînes les médailles - le bronze de la Coupe d’Europe en 2021, l’or l’année suivante, plus la victoire à l’issue de la Coupe du monde, une première pour la France. Il y aura également l’argent de la Coupe du monde en 2023 et la place de n°1 mondiale. Pour une fille qui prend sa carrière comme elle vient, l’ascension est vertigineuse non ? 

À l’époque, je me rendais compte de ce qui se passait, mais j’en voulais toujours plus. Ça a été la même chose avec Bourges : en 2022, on gagne l’Eurocoupe, une semaine après on joue la finale de la Coupe de France et deux semaines après, il y a la phase finale du championnat. Tout s’enchaîne, on essaie de profiter, mais il y a un autre projet qui nous attend juste derrière et sur lequel il faut que l’on se concentre. C’est ça qui est chouette : essayer de profiter du moment, mais en vouloir encore et se fixer d’emblée de nouveaux objectifs, se demander ce qu’on fait après. Moi, j’ai besoin de ça pour me galvaniser et sortir de ma zone de confort.

Quand on est la meilleure joueuse du monde, c’est quoi l’objectif suivant ?

C‘est de le rester, d’essayer de réitérer la performance. Ceci étant, les règles changent, elles évoluent. En ce moment, avec l’équipe de France, on essaie de faire tourner beaucoup de joueuses alors individuellement, on fait beaucoup moins de tournois. Lorsque je suis devenue n°1 mondiale, j’étais de presque tous les rendez-vous, ce qui me permettait de cumuler beaucoup de points et de pouvoir prétendre à cette place. Mais c’est aussi pour ça que je fais ce sport, parce que c’est un magnifique sport d’équipe et que l’ambition est aussi d’essayer d’aller chercher des titres ensemble.

Si je devais choisir mon meilleur souvenir en 3×3, c’est notre titre de championnes du monde et c’est une distinction que nous avons décroché toutes ensemble. 

Le 3×3 est également la discipline qui va t’ouvrir la porte des Jeux Olympiques. Les premiers, ce sera à Tokyo, les Jeux post-pandémie. C’est la première fois que la discipline est présente aux JO et cette virée japonaise, tu la boucles à la 4e place, un souvenir que tu qualifies d’extraordinaire malgré le contexte.  

En 2008, je regardais les Jeux Olympiques devant ma télé et je me disais que ça devait être trop cool d’être à la place de tous ces sportifs de haut-niveau et pas uniquement des basketteurs ! Grâce au 3×3, j’ai eu la possibilité de le vivre moi aussi ce qui a renforcé encore un peu plus mon engagement et mon enthousiasme pour cette discipline.

©Laetitia Guapo/Facebook

Trois ans après, tu as la possibilité de doubler la mise en te qualifiant pour les Jeux de Paris. 5×5 ou 3×3, ton cœur ne balance pas, y aller avec le 3×3était une évidence ?

Le sélectionneur de 5x5 m’avait appelée avant Tokyo, mais j’avais refusé. Il m’a de nouveau appelée avant Paris et là encore, j’ai refusé. Je voulais vraiment aller chercher une médaille aux Jeux avec le 3x3 d’autant plus qu’en 5x5 je n’étais pas certaine de pouvoir prétendre à beaucoup de temps de jeu. Au 3x3, on n’est que quatre, le coach n’est pas sur le terrain mais dans les tribunes, ce qui fait que nous avons à la fois beaucoup de responsabilités mais aussi beaucoup d’autonomie. C’est pour toutes ces raisons que je ne me suis pas posée de question, je voulais participer aux Jeux de Paris avec le 3x3.

Pour ta préparation, tu intègres un programme mis sur pied par la FFBB qui te permet de te consacrer à 100 % à ta préparation. Ça implique une mise entre parenthèses du 5×5 mais tu n’hésites pas, ton rêve est d’être pro en 3×3, un statut qui malheureusement n’existe pas encore chez les filles

Oui, c’est le cas pour les hommes, pas pour les filles. Franck, mon compagnon, est pro en 3x3 lui. Je pense qu’à l’avenir, nous aussi les filles nous aurons cette opportunité de devenir professionnelle et de vivre de ce sport mais pour le moment, ce n’est pas le cas. La FIBA, la Fédération internationale, a créé un circuit pour les garçons parce qu’il y a des investisseurs qui ont mis de l’argent sur la table pour créer des tournois. Nous, les filles, pour le moment, nous avons un circuit mais uniquement l’été. C’est pour ça que nous ne sommes pas pros, qu’est-ce qu’on ferait le reste de l’année ?

Le souci c’est que la FIBA ne lance pas de tournoi à l’année parce que, été mis à part, les filles évoluent en 5×5… Bref, à ce stade, c’est un peu le serpent qui se mord la queue et il y a tout à construire pour nous. 

©Laëtitia Guapo/Instagram

Malgré une préparation intense, le tournoi olympique ne se passe comme tu l’aurais souhaité et tu quittes la scène avec tes coéquipières en phase de groupes, la déception est immense. Tu évoquais le fait de n’avoir eu qu’un seul projet cette année et ce qui avait peut-être joué en ta défaveur. Est-ce que tu crois que c’est la raison qui explique votre élimination prématurée ?  

Quand je suis avec Bourges, j’ai deux matches par semaine par exemple et ça, ça n’était pas le cas en 3×3, ce qui fait que j’ai peut-être manqué et de compétition, et de compétitivité. Cette préparation nous a permis de prendre plus de temps pour nous, de prendre plus de temps pour travailler individuellement et notamment physiquement, ce que je ne faisais plus depuis des années parce que, l’été, j’étais au 3x3 avant de retourner avec le 5x5 sans repasser par la case prépa physique puisque je ne m’étais pas arrêtée. En revanche, on a manqué de matches et ça, c’est le point un peu négatif de la saison. Malgré tout, j’ai vécu une expérience humaine incroyable et ça m’a fait du bien 

Est-ce que Paris t’a donné envie de rempiler pour au moins quatre ans jusqu’à Los Angeles ?

Oui !

À cause des incendies qui ravagent la Cité des anges, le bruit court que les Jeux de 2028 pourraient être délocalisés à Paris où les structures sont existantes.

Il est vrai que l’on ne sait pas trop ce qui se passe pour l’instant du côté de Los Angeles mais ce qui est certain c’est que nous, dans le sport, on a l’habitude de prendre les échéances les unes après les autres. Il y a eu de l’incertitude pour Tokyo lorsqu’il y a eu la pandémie mais finalement, les Jeux ont bel et bien eu lieu et, qui plus est, au Japon. Quoi qu’il en soit si les Jeux 2028 ont lieu à Los Angeles, la terre du basket, c’est en Californie que je prendrais ma revanche, s’ils ont lieu de nouveau à Paris, ce sera une deuxième chance pour moi de briller ici devant ma famille

©Laëtitia Guapo/Instagram

Te voilà donc de nouveau avec une multitude d’objectifs, objectifs en club avec Bourges, objectifs en équipe nationale avec le 3×3 et la perspective des Jeux Olympiques de 2028. Tu viens également de t’engager aux côtés de la MGEN pour inciter les filles à faire du sport et notamment à l’adolescence, période durant laquelle une sur deux renonce

Oui, c’était logique pour moi de m’engager à travers un programme qui s’appelle Championnes Club car on partage les mêmes valeurs : la parité dans le sport, l’inclusion et le sport bien-être. Tout cela, c’est aussi ce qu’on m’a rabâché tout au long de mes études et ce que je vois au quotidien quand je rencontre des petites filles qui viennent à moi avec un petit carnet où elles ont écrit plein de questions pour me demander quel a été mon parcours.

Si je peux être un modèle pour elles et que, grâce à cela, elles continuent à faire du sport soit pour se sentir bien, soit pour essayer d’exceller ou alors juste pour partager des bons moments avec leurs copines, c’est génial. Si je peux transmettre un petit peu de mon énergie, un petit peu de ma vocation, de ma passion et de mon amour pour le sport, j’en suis ravie !

Concrètement, quelles vont être tes missions ?

Être ambassadrice et aller à la rencontre de ces petites filles, leur expliquer qu’il ne faut pas qu’elles renoncent au sport, quil faut en faire, essayer de les éduquer à cela sachant que pour certaines, le cercle proche ne pratique pas et que ça aussi, ça peut être un frein.

Ouverture ©Facebook

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