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Jessika Guehaseim « J'ai porté le maillot de l’équipe de France dans trois sports, je trouve ça dingue ! »

Jessika Guehaseim : « J'ai porté le maillot de l’équipe de France dans trois sports, je trouve ça dingue ! »
Elle a pratiqué la gym puis l'athlé et la lutte avant le rugby à XIII. À 33 ans, Jessika Guehaseim a connu mille vies de sportive de haut niveau. Athlète engagée, elle milite désormais pour le sport féminin grâce à sa casquette de journaliste. Rencontre avec une touche-à-tout qui parvient toujours à transformer l’essai.

Par Sophie Danger

Publié le 23 juin 2022 à 13h08, mis à jour le 13 avril 2023 à 16h30

Dans la famille Guehaseim, tout le monde pratique une activité sportive : ton père, Jean-Philippe, est un ancien international de football qui a joué pour la Côte d’Ivoire, ta sœur, Johanna, a suivi ses traces et à évolué au Montpellier Hérault SC2, ton petit frère, Jordan, est discobole. Toi, tu as pratiqué différentes disciplines, l’athlé, la lutte, le rugby… C’est ton père qui vous a transmis le virus à tous les trois ? 

Nous avions un adage lorsque nous étions petits, adage que ma sœur transmet à ses enfants à son tour : on choisit ce que l’on veut faire mais il faut absolument que l’on ait une activité sportive en dehors des cours.

Mon papa était en équipe de Côte d’Ivoire jeune et, très tôt, il a eu envie de s’en sortir. C’est grâce au sport qu’il est arrivé en France.

Le sport lui a permis de sortir, de voyager, de voir autre chose, ça lui a offert la possibilité d’avoir une vie meilleure ailleurs. C’était vraiment important, pour lui, d’inculquer ça à ses enfants.

Ma sœur a fait du football et a été au centre de formation de Montpellier. Mon frère, qui est beaucoup plus jeune que moi, a suivi le même chemin : il a commencé par le foot et, ensuite, il s’est mis à l’athlétisme. Il a fait quelques sélections en équipe de France et il n’est pas mauvais du tout.  

Tu as commencé, toi aussi, par le football ? 

Mon parcours sportif est assez particulier. Enfant, j’étais asthmatique très grave. Jusqu’à l’âge de 5 ans, le moindre effort, comme marcher 200 mètres par exemple, me semblait surhumain.

Et puis, un jour, un médecin qui était un peu rebouteux, a proposé à mes parents de tenter d’arrêter les médicaments et de me mettre au sport. Il leur a expliqué que, chez certains enfants, ça permettait d’ouvrir les poumons et de guérir la maladie.

J’ai commencé la gymnastique et c’est littéralement ce qui s’est passé pour moi. Les premiers cours ont été extrêmement difficiles mais le résultat a été spectaculaire : j’ai tout de suite eu une sensation de libération au niveau de la respiration et, depuis, je n’ai quasiment plus eu de crise d’asthme.  

C’est toi qui t’es dirigée vers la gymnastique ou c’est ce médecin qui l’a proposé à tes parents ? 

C’est plutôt moi qui ai choisi car, dans les instants où j’avais un peu de respiration, j’étais plutôt casse-cou : je grimpais et je sautais partout.

Et puis, mes parents ont toujours eu dans l’idée que la gymnastique, l’athlétisme et le judo étaient les meilleures disciplines pour les enfants car elles permettent d’apprendre la coordination et à se servir de son corps.

C’est comme ça que je me suis retrouvée inscrite au club de gym le plus proche de chez nous et j’ai tout de suite performé. À 8 ans, j’ai été surclassée, j’ai fait ce que l’on appelait à l’époque les PO, les préparations olympiques.  

Comment as-tu bifurqué vers l’athlétisme ? 

À 15-16 ans, je me suis cassé les deux poignets en même temps. Je pense que c’est mon corps qui a interprété ce que ma tête pensait : j’en avais marre, je n’avais plus de temps pour moi.

C’était une blessure assez grave mais pas suffisamment pour m’handicaper, ce qui m’a permis, par la suite, de faire autre chose.

Je me suis réparée, j’ai commencé l’athlétisme et ça s’est enchaîné assez vite parce que, quand on a fait de la gym pendant plus de douze ans, le reste paraît, non simplement assez simple, mais on a, qui plus est, des bases exceptionnelles.

©FFA

C’est une discipline qui te plaisait, l’athlétisme ? 

Non, je n’avais pas forcément d’appétence pour l’athlétisme. Nous regardions toujours beaucoup de sport à la télé et c’était l’époque de Christine Arron, Muriel Hurtis, Marc Raquil, Ronald Pognon…

Tout ça m’avait donné envie de courir comme Christine Arron. J’avais des Barbie à qui je rasais la tête parce qu’elle-même avait la tête blonde et rasée. Je voulais être comme elle.

Cela étant, j’ai commencé l’athlétisme avant tout parce qu’à Montpellier, où nous habitions, il y avait un bon club et que c’est un sport dans lequel tu peux facilement t’épanouir parce qu’il y a plein de disciplines, que tu peux tester plein de choses.

Au final, j’ai fait du lancer de marteau, pas vraiment la même discipline que Christine Arron, mais j’ai quand même fait partie du relais 4x100m durant des années pour les interclubs.

Tu as commencé tout de suite par le marteau ?  

Non. Quand j’ai débuté, j’avais 17 ans, un âge déjà avancé, et j’ai commencé par le sprint. J’ai aussi fait un peu de haies.

Bizarrement, je n’ai jamais testé la perche alors que, généralement, les gymnastes sont dirigées vers cette discipline.

Le marteau, c’est un hasard. Un jour, lors du premier tour des interclubs, il manquait une fille et les responsables m’ont dit : « Jessika, tu n’as jamais fait de marteau, mais est-ce que tu peux essayer parce que, au lieu d’avoir zéro, on aura au moins un point  ? ».

Il se trouve que la première fois que j’ai lancé, j’ai fait 33 mètres. Les dirigeants n’en revenaient pas. À la suite de ça, ils m’ont trouvé un coach et j’ai commencé à m’entraîner une fois par semaine.

La même année, j’ai réalisé les minima pour les Championnats d’Europe juniors. J’y suis allée et j’ai fait une perf pas trop mal. L’année suivante, je réussis les minima pour les Championnats du monde et ainsi de suite.

C’est donc le hasard qui t’as fait te diriger vers cette discipline ? 

C’est un hasard, un total hasard. Lorsqu’on me demande si le lancer de marteau est ma passion, je réponds « non ».

Ce n’était pas un sport que l’on pratiquait dans ma famille, ce n’était pas accessible facilement à la télévision, je suis juste tombée dedans et ça a fait effet boule de neige : tu débutes, tu rentres en équipe de France, tu te dis que tu n’es pas trop mauvaise.

Et puis, tu commences à participer à de grosses compétitions et tu comprends que tu es encore moins mauvaise.

Enfin, tu gagnes quelques médailles. Alors, de fil en aiguille, tu persistes. 

C’est, malgré tout, un hasard qui va t’ouvrir les portes de l’équipe de France. 

C’est une chose dont j’ai toujours été hyper fière. Être en équipe de France m’a fait réaliser à quel point j’aimais mon pays.

Entendre la Marseillaise me donne à chaque fois des frissons parce que ça me ramène à tous ces instants que j’ai vécu : ces moments durant lesquels j’ai pu la chanter pour moi parce que j’avais gagné, ces moments durant lesquels je l’ai chantée pour mes copains.

J’ai toujours eu à la fois cette fierté énorme et, dans le même temps, je me suis toujours dit : « Ouais, c’est bien ». C’est horrible de dire ça car, pour certains, c’est le rêve d’une vie mais je n’ai jamais eu le sentiment de devoir trop pousser le bouchon pour y arriver.

C’est peut-être d’ailleurs aussi pour ça que je ne suis pas allée aussi loin que j’aurais dû.    

Tu n’avais pas d’ambitions sportives particulières, tu te laissais porter par les évènements ?  

Exactement. C’est aussi pour ça que j’ai fait plein de sport. Lorsque j’étais à l’INSEP, le DTN de la boxe était venu me chercher avant les Jeux Olympiques de 2016. Il m’avait proposé de me joindre à eux.

Je n’avais jamais fait de boxe mais j’étais allée à un entraînement avec le coach de l’équipe nationale féminine et je m’étais dit que ce n’était pas pour moi.

Dans le même temps, je traînais beaucoup avec les lutteurs et les lutteuses. Je m’entraînais un peu avec eux mais seulement pour m’amuser et puis, un jour, ils m’ont dit : « Il y a les Jeux Méditerranéens de sports de plage cet été, on n’a pas de groupe, ça ne te dit pas ? Il y a juste un petit tournoi de qualifs à faire ».

Je me suis lancée, j’ai gagné le tournoi et je me suis retrouvée aux Jeux Med avec des Géorgiennes qui avaient vingt ans de lutte derrière elles, moi qui en avait fait trois heures.

Au final, on a fini troisièmes par équipe et j’ai gagné trois combats sur quatre !  

Tu ne t’es jamais dit que tu avais des aptitudes exceptionnelles ? 

Je n’ai pas du tout réalisé. J’ai toujours pris ça avec beaucoup de recul, beaucoup d’amusement. Quand, à 12 ans, tu t’es tapé presque trente heures de gym par semaine et que, pour maîtriser un exercice, tu le répétais dix mille fois, le reste te paraît très très simple à côté de tout ça, de toute cette souffrance physique.

Quand on m’a proposé la lutte, dans un premier temps j’ai refusé, avant de me raviser. J’avais appris que c’était à Pescara, en Italie, dix jours en plein mois d’août. J’ai dit ok pour le voyage, pour être avec mes copains.

Je dois avouer que j’en ai bavé, quand même ! C’était hyper dur et, une fois sur place, je me répétais : « Mais, qu’est-ce que j’ai fait ? Pourquoi je me suis infligée ça ? ».

Tout ça reste néanmoins des souvenirs exceptionnels et je me dis que tout le monde n’a pas la chance de porter le maillot de l’équipe de France dans trois sports (Jessica a aussi porté le maillot de l’équipe de France de rugby à XIII, Ndlr), c’est assez dingue.

Mon compagnon, qui a évolué, lui aussi, en équipe de France d’athlétisme, me dit souvent que je ne me rends pas compte de tout ce que je renvoie aux gens mais, pour moi, ça me paraît non pas naturel mais presque.

Je ne cherche pas les choses, elles viennent à moi et j’ai toujours été assez épicurienne.  

Tu vas mettre un terme à ton parcours d’athlète en 2016. Qu’est-ce qui t’a décidée à passer à autre chose ? 

Officieusement, c’était en 2015. Je me casse le poignet et, encore une fois, l’histoire se répète. J’en avais marre et je pense que mon corps a décidé avant moi de stopper tout ça.

Je crois que, chez moi, le poignet, c’est symptomatique ! 

Au cours de ces années, tu as décroché neuf titres au niveau national et une médaille d’or internationale aux Jeux méditerranéens de 2013. Tu en gardes quoi de ce parcours au marteau ? Quel souvenir t’a le plus marquée ? 

Honnêtement, je crois que les Jeux Med ont été quelque chose d’absolument dingue. Je sortais de l’année olympique et j’avais raté les JO pour quelques centimètres.

Même si ce n’était pas grave, j’avais quand même fait une grosse déprime. J’avais bossé et, passer à côté de ce rendez-vous pour si peu, ça a été très très dur, j’ai eu beaucoup de mal à me relever.

En 2013, j’ai repris l’entraînement sérieusement, quatre mois seulement avant les Jeux Méditerranéens. Décrocher cette médaille et entendre la Marseillaise, ça signifiait que tout le travail que j’avais fait n’était pas du travail perdu.

Je n’étais pas allée aux Jeux, certes, mais je n’avais pas fait tout ça pour rien.    

Tu n’as jamais eu envie d’aller plus loin en lutte ?  

Non, c’était trop dur. Pour moi, avec la boxe, c’est un des sports les plus difficiles au monde. J’ai tenté l’aventure parce que, dans l’équipe, il y avait deux de mes copines, qu’elles n’avaient pas de « lourde » et que, sans ça, elles ne pouvaient pas participer à la compétition par équipe.

Je l’ai fait pour ça avant tout, je ne me suis pas dit que j’allais tenter quelque chose. Et puis, en lutte, la combinaison ne me va pas du tout !

Ce n’est pas le seul vêtement difficile à porter lorsque l’on pratique un sport 

Oui, surtout quand on fait des sports dits d’hommes. Moi, quand une compétition était télévisée notamment, j’ai toujours eu à cœur de montrer que, en tant que lanceuse de marteau, on pouvait être une femme, on pouvait être féminine et, en même temps, performer.

J’avais envie que les gens le voient, notamment les petites filles qui pourraient être intéressées par cette discipline mais aussi leurs parents car, tout ça, c’est une question d’éducation.

C’est quelque chose qui m’a toujours marquée parce que je sortais d’un sport, la gymnastique, ultra féminin avec justaucorps et paillettes et je me retrouvais d’un coup avec cette image cliché d’ex-Allemande de l’Est.

C’était assez compliqué à gérer.       

Comment as-tu réussi à passer outre ? 

La seule chose que j’ai faite, c’est de m’accepter pleinement.

Parfois, lorsque je vais à des soirées rugby, les gens me disent : « Mais tu es comme ça en dehors du rugby ? ». Et bien oui, moi j’adore la mode, je suis mannequin grande taille, je respire la féminité, je suis hyper accrochée à mon make up.

Lors des matches, ça ne me dérangeait pas d’aller me faire les cils avant parce que, même si on ne peut pas être maquillée, c’est important de se sentir bien.  

Il y a eu des témoignages de sportives qui expliquaient qu’en équipe de France de football, par exemple, il était bien vu d’être maquillée, d’avoir les cheveux longs pour renvoyer une image de féminité. Finalement, il semble que quand on est sportive, on n’a jamais le droit d’être véritablement soi…

Oui, on ne demande pas aux garçons de se couper les cheveux pour être plus masculins. Moi, on ne m’a jamais demandé ce genre de choses, j’ai même joué plutôt avec mes caractéristiques physiques.

Lorsque nous avons affronté les Anglaises avec le XIII, par exemple, je suis allée sur le terrain avec un énorme afro parce que je me suis dit que ça pouvait les impressionner.

Je pense que, la meilleure chose que l’on puisse faire, en ce qui concerne ces questions, c’est de s’accepter comme on est. Si une joueuse veut venir maquillée sur le terrain, elle fait ce qu’elle veut, tout comme celle qui a envie d’avoir des cheveux courts ou des tresses.

On n’est pas sur Terre longtemps, profitons de ce moment pour faire ce que l’on veut.      

Pour en revenir à ta carrière, après l’athlétisme, tu te lances dans le rugby à XIII. Comment ça s’est passé ?  

Mon copain est d’origine anglaise et il est passionné de rugby à XIII depuis toujours. Il a arrêté l’athlé avant moi.

Il avait envie de se faire plaisir, il s’est mis au XIII et j’allais parfois le voir aux entraînements, en match.

Il se trouve que, dans le club, il y avait une équipe féminine et les filles me tannaient pour que je les rejoigne. Moi, je ne voulais pas prendre de coups sur le visage ni me faire mal.

Et puis, un jour, je me suis dit qu’au lieu de passer deux heures à regarder mon copain courir, je pourrais en profiter pour aller, moi aussi, courir. Ça a commencé comme ça.  

Comme en athlétisme, tout va s’enchaîner très vite pour toi. 

J’ai fait une première saison avec les Cigales du XIII Provençal et, l’année d’après, on devient championnes de France.

Durant cette même saison, les dirigeants du XIII décident de remonter une équipe de France. Je fais les sélections la fleur au fusil.

Je ne savais pas très bien ce que je faisais là car, même si j’avais conscience que mon physique pouvait être intéressant, je ne suis pas du tout technique. Quoi qu’il en soit, je passe la première sélection, la deuxième, la troisième et je suis prise en stage Equipe de France.

Par la suite, vingt-huit joueuses sont retenues, puis ça se réduit à vingt-et-une et à dix-huit pour dix-sept sur la feuille de match. Plus le processus avançait, plus je me disais : « Je suis encore là, c’est hyper bizarre ».

J’ai vécu ça un peu à la manière des éliminations de Koh-Lanta !

Tu vas donc, une fois de plus, porter le maillot bleu, mais en rugby cette fois. 

Oui, c’était en 2018 ou 2019. Notre premier match, c’était contre l’Angleterre. Avant, il y a eu une cérémonie de remise des maillots au cours de laquelle on découvrait les filles qui allaient jouer. Je me suis retrouvée titulaire avec le numéro 8, le numéro que mon père a toujours porté en sélection, celui que ma sœur a également toujours porté.

Je me sentais comme un escroc, je pensais que je n’avais pas ma place et puis, on a chanté la première Marseillaise, on est entrées sur le terrain, j’ai pris mon premier ballon, les Anglaises ne m’ont pas retournée alors j’y suis allée.

Au final, on a pris la foudre mais je me suis retrouvée avec des stats tout sauf mauvaises. À la fin de la rencontre, le coach est venu me voir pour me demander ce que je pensais de mon match. Je me suis excusée pour ma performance et c’est à ce moment-là qu’il m’a demandé de regarder ma feuille de stats. J’ai pris conscience que j’étais hyper dure avec moi-même et que je n’étais pas si nulle. J’ai pris une claque. 

Tu as participé au renouveau de cette équipe de France ? 

Oui, parce qu’il n’y en avait plus depuis un moment. J’ai fait des études de journalisme et il se trouve que j’ai fait mon mémoire sur le rugby à XIII.

Au-delà de l’aspect purement physique de ce sport, son histoire aussi me tenait à cœur. J’étais hyper fière de participer à quelque chose qui avait été ravagée par des décisions politiques.

Pour moi, ce n’était pas qu’un rendez-vous sportif, c’était aussi un engagement 

Le XIII est moins populaire que le XV. Est-ce que tu penses que l’intérêt suscité par les quinzistes pourrait contribuer à mettre les treizistes en lumière ?   

Non, pas du tout. Malheureusement, le XIII reste trop en marge. Je pense que le coup de projecteur dont bénéficient les filles du XV ne sera pas du tout profitable à la discipline et que les treizistes ne vont pas pouvoir surfer sur la vague.

Cela étant, en ce qui concerne le XV, je trouve que ce qui se passe est formidable pour le sport féminin même s’il reste encore des efforts à faire.

Quand je vois Antoine Dupont faire la Une de l’Equipe et pas Anne-Cécile Ciofani alors qu’ils ont eu le même trophée  (Antoine Dupont et Anne-Cécile Ciofani ont été élus respectivement meilleur joueur et meilleure joueuse du monde par World Rugby en 2021, Ndlr ), je m’interroge.

Ce sont des petits détails comme ceux-là qui font encore un peu rager, mais je me dis qu’on avance bien. Je suis hyper contente quand je vois que les matches du XV passent à la télé et surtout sur le service public.

Pour moi ça va être la clé de l’épanouissement et de la mise en lumière du sport féminin.  

Comment tu vois l’avenir en ce qui concerne ta carrière sportive ? Tu étais pressentie pour prendre part à la Coupe du monde 2021 qui a été reportée à l’automne, tu en seras ? 

Non ce n’est pas certain et, honnêtement, je ne sais pas si mon corps en a envie. Je travaille beaucoup à côté, je suis pleinement dans la vie professionnelle et je ne peux plus me libérer comme j’ai pu le faire dans le passé.

Prendre quatre jours, une semaine, pour partir en stage sachant qu’il n’y a pas de compensation financière m’est désormais impossible. C’est un sujet sur lequel on doit, là aussi, faire des progrès.

Si je pouvais rattraper la partie de mon salaire que je perds dans ces occasions-là, pourquoi pas, mais il faut que je puisse payer mon loyer.

Je laisse la place aux plus jeunes qui sont encore en études ou qui peuvent se le permettre mais, en ce qui me concerne, ce genre de sacrifices n’est plus possible

Aucune chance alors de te voir à l’œuvre sur la Coupe du monde 2025 qui aura lieu en France ? 

Aucune ! J’ai envie d’y participer mais du côté des médias, en essayant de faire mon maximum pour que les filles puissent être vues, qu’elles soient mises en lumière mais, sportivement, c’est une certitude, je ne serai pas sur le terrain.

En tant que journaliste, j’ai été la première femme à commenter du XIII à la télé. Pour moi, c’était un acte militant et, pardonne-moi mon vocabulaire, une putain de fierté !

Je ne sais d’ailleurs pas si je suis plus fière de ça ou d’avoir chanté la Marseillaise, d’avoir marqué un essai en équipe de France. Les premières fois où j’ai commenté, il y avait des vieux treizistes qui m’arrêtaient dans le stade pour me dire qu’ils m’avaient entendue et que c’était génial, qu’ils étaient contents et que ça faisait du bien.

Je me dis que, désormais, la machine est lancée et c’est cool. Je ne suis pas engagée dans une association, je ne suis pas militante dans les manifestations mais peut-être que c’est ça mon acte militant pour la condition des femmes.       

Jessika Guehaseim a préfacé le livre de Pierre Carcau, « Le rugby à XIII, une légende vivante » (édition BookElis), une plongée formidable dans l’histoire de ce rugby « divergent » trop peu connu et sous-médiatisé en France, mais qui déchaîne les passions en Angleterre et en Australie. 

D'autres épisodes de "Rugby, ces filles qui transforment l'essai"

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