Claire Supiot« Mon parcours peut faire évoluer le monde du sport et au-delà. »

Claire Supiot : « Mon parcours peut faire évoluer le monde du sport et au-delà. »
En participant aux JO de Tokyo, l’été dernier, elle devenait la première athlète française à avoir participé aux Jeux Olympiques puis, trente-trois ans plus tard, aux Jeux Paralympiques. Claire Supiot est une force de la nature. Souffrant depuis 2008 d’une pathologie évolutive qui entraîne une faiblesse musculaire, elle a pu sortir la tête de l’eau grâce à la natation qui lui offre de quoi vaincre les flots de la maladie. Un exemple de résilience dans le monde du sport 100 % ÀBLOCK!

Par Claire Bonnot

Publié le 22 février 2022 à 10h11, mis à jour le 11 mars 2024 à 11h26

Vous êtes la première Française à avoir participé aux Jeux olympiques et aux Jeux Paralympiques. C’est historique : en 1988 à Séoul, à l’âge de 20 ans, puis en 2021 à Tokyo, à celui de 53 ans. Votre histoire avec le sport est une vraie leçon de vie. Que représente-il pour vous : un moteur, une nécessité, un dépassement de soi ?

Le sport représente pour moi une nécessité. D’abord, il y a l’aspect santé : déjà en tant qu’athlète paralympique, on est dans la promotion de cette nécessité de faire du sport santé et, c’est encore davantage le cas à plus de 50 ans. Le sport fait partie des outils qui permettent de mieux vieillir.

Ensuite, il y’a l’aspect humain : le sport permet de pouvoir profiter de ma famille qui est mon moteur, en tant que femme, maman, mamie. C’était mon objectif quand j’ai recommencé il y a cinq ans, avec l’évolution de la pathologie.

D’ailleurs, un mois avant les Jeux Paralympiques, j’ai été grand-mère. La vie m’a fait un beau cadeau. Cet objectif, c’est lui qui me tire vers le haut et me fait me lever à 5h du matin pour aller nager.

Enfin, l’aspect compétition me permet d’aller chercher autre chose au plus profond de moi, quelque chose qui me transcende.

Outre ce lien intime avec le sport, je me dis aussi qu’en allant plus loin, je peux être un exemple – en toute humilité – pour les chercheurs et les patients autour de ce type de maladie génétique.

Si je peux participer à ce mieux-vivre et inspirer ceux qui en souffrent, ce serait un bel accomplissement.

Vous avez débuté la natation très jeune, à l’âge de 5 ans, savez-vous pourquoi ce sport particulièrement ?

C’était hélas à la suite d’une tragédie. Après des noyades dans une colonie de vacances de ma commune, il y avait eu toute une campagne sur l’importance d’apprendre à nager aux enfants.

Mon grand frère qui a cinq ans de plus que moi avait commencé la natation et comme je voulais faire comme lui, j’ai très vite sauté à l’eau !

J’ai donc débuté mon histoire avec la natation par une sensibilisation au savoir-nager et au savoir se sauver…

Comment vous sentiez-vous dans l’eau ?

Plus jeune, j’étais un peu enrobée donc l’eau c’était parfait pour me sentir à l’aise. Dans l’eau, je me plongeais – littéralement – dans un monde différent, dans une sorte de monde parallèle

©Théo Bariller-Krine

Comment s’est construit ensuite ce parcours vers le haut niveau : votre qualification en équipe de France entre 1984 et 1988, vos neuf titres de championne de France dont huit aux 200 mètres papillon, vous détenez d’ailleurs le record de France dans cette discipline… ?

Quand mon entraîneur d’Angers a quitté le navire, mes parents ont demandé mon inscription en sports études à Dinard. J’avais 13 ans et de beaux résultats en poche. J’y ai alors rejoint Jacques Meslier, mon futur mentor : il a vu en moi une personne capable de travailler, de faire des choix, de savoir ce qu’elle voulait.

Je n’étais personnellement pas douée, mais j’étais douée d’une capacité d’encaisser beaucoup de travail avec la volonté de le faire. Ce sont des qualités encore plus facilement exploitables pour un entraîneur que quelqu’un de doué qui ne va pas forcement travailler.

Votre spécialité était le papillon ?

Oui, cette nage simultanée avec une ondulation somme toute naturelle… Je pense que mon cerveau avait déjà perçu mes possibilités de réaliser les nages en même temps.

©Théo Bariller-Krine

Vous atteignez ensuite la consécration avec la sélection pour les JO de Séoul en 1988 à l’âge de 20 ans. Quel était votre projet sportif à l’époque ?

La sélection aux JO avait été difficile car j’étais dans les critères sans y être vraiment. Il y a eu pas mal de discussions autour de ma qualification.

Mais le fait que je batte le record de France, un mois avant, a penché dans la balance. Je crois que la fédération a vu alors le bien fondé de ma qualification avec une marge de progression que je prouvais à chaque fois.

Juste après les JO, c’est la retraite sportive. Pourquoi si tôt ?

Je voulais découvrir autre chose : je n’avais pas pu faire la fête à l’âge de 16 ans avec les copains comme tout le monde, ça n’avait pas sa place dans le haut niveau. Et lorsqu’à 20 ans, je parviens à me qualifier aux JO, c’est un peu l’acmé de ma carrière : je sais alors au fond de moi que je ne deviendrais pas championne olympique.

J’avais atteint et donné le maximum dans mon parcours sans tricher avec moi-même. J’ai donc eu envie d’autre chose : je me lance alors dans le triathlon pour maintenir ma forme, je passe un brevet d’État pour devenir entraîneur, je rencontre le père de mes enfants, j’élève mes trois enfants et la vie s’installe progressivement de cette façon.

©Théo Bariller-Krine

Ce ne fut pas trop déstabilisant de renoncer aussi vite à cette adrénaline des compétitions ?

Je n’avais plus de place pour concevoir le sport de haut niveau, même si je garde, depuis, un lien avec le milieu sportif : en continuant la natation – je suis maître-nageur, je partage cette activité avec mes enfants, j’ai à cœur de transmettre – et la course.

Je ne ressentais pas le manque du sport-performance, des compétitions. Ma vie était bien remplie.

Tout bascule lorsqu’en 2008, à 41 ans, vous êtes diagnostiquée de la maladie de Charcot-Marie-Tooth, une neuropathie héréditaire qui touche les nerfs contrôlant les muscles des jambes et entraîne une fatigue chronique. Concrètement, comment cette maladie vous « empêche » ?

J’accumule beaucoup de fatigue, je ne peux avoir qu’une marche en steppage, je ne peux pas dérouler les pieds, mes hanches bougent comme un balancier. Je ne maîtrise pas mon corps qui fait ce qu’il veut. C’est pesant.

C’est une maladie que j’ai toujours vu chez mon père et mon oncle, mais il m’a fallu du temps pour comprendre ce qu’elle était pour moi, me l’approprier…

De pouvoir échanger sur ma maladie avec mon oncle m’a beaucoup aidée. Je suis d’ailleurs marraine de l’Association Charcot-Marie-Tooth (CMT France) ainsi que de l’application qui permet d’enregistrer nos symptômes.

L’association permet de moins se sentir seul et de savoir quels sont les progrès réalisés autour de cette maladie.

©CPSF & FFH

Vous reprenez alors le chemin des bassins : est-ce qu’il y a eu un besoin chez vous de contrer cette maladie, que rien ne s’arrête ?

Il a fallu un à deux ans pour que je reprenne le sport. Mes enfants avaient grandi, j’avais une belle relation avec mon chéri et une amie, un jour, me propose de faire de l’aquagym. Je la vois en forme et je me dis « Pourquoi pas ? ».

Alors, l’envie de la compétition revient et, dans le regard de mon chéri, quelque chose qui me dit : « Tu pourrais refaire les Jeux ! ».

Le reste a été un heureux concours de circonstance : je reprends aussi parce que mon frère, entraîneur de natation, revient dans ma région.

Les étoiles se sont alignées pour que je reparte vers cette folle aventure à partir de 2015-2016. L’objectif a été de me qualifier pour les Jeux de Rio. Je n’ai pas été retenue pour cette qualification, mais je voulais continuer car on avait fait un sacré bon job en neuf mois pour me remettre à niveau.

Avec ma team – mon frère et mon chéri qui se nommait joliment « manager général » – on s’est donné les moyens pour intégrer, en électron libre, le milieu handisport. Côté financier, mon chéri m’a énormément aidée car ça coûte très cher.

©Théo Bariller-Krine

Est-ce important pour vous de participer à la nécessaire médiatisation du handisport

Tout à fait. Ce qui m’importe, c’est l’inclusion. Et j’y participe au travers de mon parcours qui peut faire évoluer le monde du sport mais aussi le monde citoyen, au cœur des entreprises ou de l’espace public.

Je suis moi-même référente handicap aux ressources humaines pour le conseil départemental de Maine-et-Loire. Avec ma vie, on voit le handicap différemment et je peux être force de propositions.

Les médias jouent un grand rôle dans ce cadre. Les journalistes attendent trop souvent des médailles, mais on peut présenter l’exploit autrement.

Quand on m’a demandé après les JO si je n’avais pas loupé quelque chose dans ma préparation, je savais que non. J’avais donné tout ce que je pouvais, le maximum, à 53 ans, et avec une pathologie neurologique.

Je travaille justement à m’adapter constamment, mais parfois mon cerveau fait ce que je n’attends pas.

©Théo Bariller-Krine

Vous êtes arrivée 8e au 100 mètres papillon. Quels bilans, personnel et professionnel, rapportez-vous justement des Jeux Paralympiques de Tokyo ? Fière d’avoir accompli un tel défi ?

Je suis sortie de l’eau à bout de souffle, j’avais mal partout, donc je suis contente de moi. Mais j’ai ce paramètre neurologique que je ne maîtrise pas.

Donc, avec mon psy comportementaliste, l’idée est d’aller plus loin et de connaître au maximum cette maladie : qu’est-ce qui va la déclencher et que puis-je faire quand ça vient ? Trouver des ressources pour calmer mon stress ou ma déception.

Je travaille aussi la dimension mentale et comportementale. Et c’est ce qui fait aussi la différence. Cette année, j’ai une nouvelle team pour 2024 en différenciant chaque pôle d’entraînement : la préparation physique et mentale notamment.

Mon but est de maintenir mon niveau et d’aller grappiller, petit à petit, des marges de progression malgré l’évolution de ma pathologie.

©CPSF & FFH

Qu’est-ce qui vous pousse à replonger dans le grand bain pour Paris 2024 ?

Parce que c’est à Paris ! En 2020, j’ai fini la boucle asiatique : j’ai commencé par Séoul et j’ai fini par Tokyo. Mais mon entourage m’a manqué.

J’ai donc envie qu’on finisse l’aventure ensemble : c’est ce qui anime ma team de dix personnes. Ce sont tous des passionnés dans leur domaine qui se sont lancés un défi. C’est pour ça que je me lève chaque matin.

©CPSF & FFH

Vous avez un entraînement très intense, en fait vous n’arrêtez pas !

C’est vrai. Les lundi, mardi, jeudi et vendredi, je me lève à 5h pour être à l’eau de 6h30 à 8h30. Le lundi, j’ai une autre séance de natation de 17h30 à 19H, le mardi 1h de muscu le midi, le mercredi c’est repos, le jeudi j’ai une séance de pilates, le vendredi natation à nouveau et le samedi, en plus, muscu et nage de 9h30 à 12h30.

À ça, il faut ajouter deux séances de kiné par semaine, un suivi avec un nutritionniste, un ostéopathe, un préparateur mental et psy et mes rendez-vous chez le neurologue.

Je travaille aussi comme référente handicap en télétravail mais au vu de ma condition de sportive de haut niveau, je peux me libérer du temps pour l’entraînement et le repos.

©Théo Bariller-Krine

Quelle est la suite pour vous avant Paris 2024 ?

Dans quelques jours, les épreuves de qualification pour les Championnats du monde à Budapest qui auront lieu en juillet. Ce qui est stressant psychologiquement aussi, ce sont les classifications : cette année, je vais être en S9 sauf si le neurologue voit une big évolution de ma pathologie.

Si j’ai été la première athlète à faire les JO et les Jeux Paralympiques, j’ai été aussi la première athlète et seule athlète à avoir deux qualifications, une en S8 et une en S9. Ça a été très dur psychologiquement de devoir aller à une nouvelle qualification trois mois avant les Jeux.

J’ai finalement été classée en S9 – au-dessus – même si ma pathologie avait évolué. Je ne veux pas critiquer le système de régulation, mais je voudrais bien être force de propositions sur ce plan-là.

Sinon, cette année va être sport puisque je replonge entourée d’une nouvelle équipe, de quoi bousculer mes habitudes pour travailler différemment.

Ma team me permet de performer, je leur fais totalement confiance et mon entourage est mon garde-fou : profiter de ma petite-fille, prendre du temps avec mon compagnon etc.

Ma famille me permet aussi d’être dans la vraie vie, d’avoir un équilibre. J’y arrive parce que je ne suis pas toute seule. Je ne serais pas à ce niveau si je n’étais pas autant entourée et soutenue.

©Théo Bariller-Krine

Avez-vous envie de vous engager encore davantage dans le handisport et notamment pour Paris 2024 ?

Si j’ai le temps ! Pour l’instant, il me reste deux ans et demi pour être une athlète olympique. Mais ça ne m’empêche pas d’avoir participé au comité paralympique de Paris 2024, notamment sur les subventions ou la question de l’inclusion.

J’ai aussi beaucoup d’intérêt pour mon territoire – j’ai travaillé avec le média associatif « La Dalle Angevine » avec l’envie de laisser un héritage de fonctionnement auprès des athlètes et de la collectivité.

Le maire d’Angers a été derrière moi quand j’ai eu ce souci de qualification, je n’étais pas juste un cheval de course. Je n’hésite jamais à participer à des sollicitations qui mettent en avant le sport.

©CPSF & FFH

L’après Paris 2024, vous y avez pensé ?

Contrairement à 1988 où je n’avais rien préparé, aujourd’hui, j’ai mon préparateur mental qui me permet de penser à l’après et de ne pas laisser un grand vide.

J’ai des idées, c’est en train de se construire. Vous verrez !

Que diriez-vous de votre expérience à des femmes qui n’osent pas se lancer dans le grand bain du sport ?

Que le sport m’offre d’être une femme épanouie et bien dans ses baskets. Ma devise est que tout est possible, à n’importe quel âge, du moment qu’on se donne les moyens et que l’on est bien accompagné.

Le sport a été une mixité pour moi : handi, valide, jeune et plus âgée, homme et femme dans mon équipe, Jeux Olympiques et Jeux Paralympiques. Si j’ai une image à donner de moi, c’est que je me vois très bien dans cette communication de Paris 2024 où, pour une fois, les deux logos des JO et des Jeux Paralympiques sont ensemble.

J’ai la fierté de me dire que, moi, je suis ces deux logos !

©Théo Bariller-Krine

Son palmarès :

  •  En valide : Championne de France de natation en bassin de 50 mètres sur 100 mètres papillon en hiver 1984 et sur 200 mètres papillon aux hivers 1984, 1985, 1987 et 1988 et aux étés 1984, 1986, 1987 et 1988. Éliminée en Séries aux Jeux Olympiques de Séoul en 1988.
  • En handisport : Médaille d’or sur 50 mètres nage libre, médaille d’argent sur le 400 mètres nage libre, médaille de bronze sur le 100 mètres nage libre et médaille de bronze sur le 200 mètres 4 nages individuel aux Championnats d’Europe de natation handisport à Dublin en 2018. Médaille de bronze sur le 100 m nage libre ainsi que sur le 50 m nage libre aux Championnats du monde de natation handisport à Londres en 2019.

 

On plonge dans le grand bain d’une warrior des bassins sur Instagram : @clairesupiot

Ouverture ©Théo Bariller-Krine

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