Ne jamais avoir peur de viser les sommets… Silvia Vasquez-Lavado l’a compris tardivement au détour d’une expérience peu commune. Une expérience qui l’aura conduite à devenir une grande alpiniste. On ne parle pas ici de sportive de haut-niveau, la compétition, ce n’est pas ce qui intéresse cette Péruvienne de 49 ans. Mais, pour être ÀBLOCK!, pas besoin de gagner des médailles…
Pour autant, n’allez pas croire que Silvia Vasquez-Lavado fait dans la dilettante ! Mais pour cette femme-là, l’escalade n’est pas une histoire de performance mais une histoire d’engagement, de bien-être et de renouveau. Le tout venu d’une urgence, celle de vaincre ses démons…
Tout commence le 6 septembre 1974, à Lima, capitale du Pérou. Ce jour marque l’arrivée de la petite Silvia sur Terre. Mais son enfance va prendre la forme d’un long calvaire. Un père violent, un ami de la famille qui abuse d’elle sexuellement, la gamine est confrontée au pire. Et si l’obtention d’une bourse universitaire lui permet de s’envoler (s’évader) pour les États-Unis à 18 ans, le mal est fait.
Embauchée dans des sociétés de ventes d’alcool, elle en devient accro et en paie le prix fort. Elle le confie aujourd’hui, à cette époque, « une part d’elle voulait en finir. » Mais c’était sans compter l’appel de la montagne…
De retour au Pérou pour des congés, Silvia Vasquez-Lavado, qui n’en finit pas d’être torturée par son passé, s’essaye à la consommation de l’ayahuasca, une préparation hallucinogène. Et cette expérience va l’emmener plus loin qu’elle ne l’imaginait, elle a en effet une vision qui va tout changer : elle se voit petite fille réalisant l’ascension d’une montagne. De la substance fantasmagorique à la réalité, il n’y a pas qu’un pas, il y a toute une épopée ! La Péruvienne décide de vivre ce rêve hallucinatoire.
Silvia Vasquez-Lavado commence, en 2005, par un trek qui la mène au pied de l’Everest. Face au plus haut sommet du monde, elle se promet de revenir. Promesse qu’elle tiendra onze ans plus tard.
Avant ça, elle s’engage à fond dans l’alpinisme : ascension du Kilimandjaro en Tanzanie, en 2005, le Mont Elbrouz en Russie l’année suivante puis, en 2014, l’Acaconcagua en Argentine, avant le Mont Kosciuszko en Australie, la Pyramide de Carstensz en Indonésie et le Massif de Vinson en Antarctique en 2015. C’est simple, les plus hautes montagnes de chaque continent !
Mais pour intégrer le club très fermé des « huit sommets », impossible de ne pas tenter le plus gros… En mai 2016, elle se lance à l’assaut du « Toit du Monde », sur les pentes de l’Everest. Mais elle n’y va pas en solitaire, elle partage l’aventure avec d’autres femmes, elles aussi abusées sexuellement au cours de leur vie. Deux ans auparavant, elle a en effet fondé l’organisation « Courageous Girls » qui vient en aide aux victimes d’abus sexuels.
Cette aventure, Silvia Vasquez-Lavado la vit comme une libération. Dans un environnement extrême, elle laisse sa peur derrière elle et découvre une force insoupçonnée. La mission Everest se solde par un succès sur tous les plans. Un succès qui en appellera d’autres…
En alpinisme, tout d’abord, avec l’ascension du Denali ou McKinley, plus haut sommet d’Alaska, qui fait d’elle l’une des premières femmes et la seule, comme elle aime le confier, ouvertement lesbienne à avoir grimpé les « huit sommets ». Sur un plan plus personnel, ensuite, avec sa victoire contre cet ennemi qu’elle avait bien du mal à dompter : l’alcool.
L’aventure du « Toit du Monde » est une telle réussite, elle fut tellement belle, que la Péruvienne choisit de se lancer dans l’écriture de son autobiographie. Son maître-mot désormais : le partage !
En février 2023, « À l’ombre des montagnes » est publié. D’autres projets vont voir le jour, notamment la création d’une série sur sa vie avec l’actrice Selena Gomez qui lui donnera vie à l’écran.
Cette grande dame le sait, son témoignage est un hymne d’espoir pour les victimes d’abus sexuels, mais plus largement pour toutes les femmes meurtries. Indépendante et courageuse, Silvia Vasquez-Lavado a trouvé sa nouvelle mission : s’engager pour faire entendre sa voix et, avec elle, celles de toutes ces laissées pour compte qui reprennent leur vie en main en gravissant des sommets.
Ouverture ©️silviavasla/Instagram