Céline : « Grâce au CrossFit, j'ai appris à accepter mon corps. »Coach de CrossFit, à la tête de sa propre salle à Limonest près de Lyon, 42 ans

Céline : « Grâce au CrossFit, j'ai appris à accepter mon corps. »
Elle a tout quitté pour vivre de sa passion pour le sport. Céline Martin officiait dans le domaine de l’informatique jusqu’à ce que la découverte du CrossFit en décide autrement. Aujourd'hui coach sportive, elle a fait le pari de lancer sa propre salle à Limonest près de Lyon.

Propos recueillis par Sophie Danger

Publié le 19 février 2023 à 18h06, mis à jour le 16 juillet 2025 à 11h12

« J’ai toujours été sportive. J’ai fait huit ans de gymnastique au niveau national avant d’arrêter lorsque j’étais au lycée. Par la suite, j’ai fait cinq ans de karaté et encore huit ans de kung-fu. Le problème, c’est que je ne pouvais pas faire de compétition parce qu’à l’époque, je mesurais 1.57m et je pesais 47 kilos or, les catégories de poids commençaient à 53 kilos.

J’avais envie de prendre de la masse, de faire travailler mon cardio et c’est pour ça que j’ai commencé le CrossFit. C’était en 2012. Je faisais du sport dans une salle de fitness et l’un des coaches a monté une salle de CrossFit. Nous étions tout un groupe d’amis et eux ont suivi.

Moi, je n’étais pas convaincue. J’étais habituée à faire des séances de cours collectifs d’une heure et, je ne sais pas pourquoi, j’avais l’impression que le CrossFit, c’était trop court.

Mais tout ça, c’était avant d’essayer ! Dès ma première séance, j’ai adoré. J’ai adoré parce que, même si on avait chacun un niveau différent, des options différentes, on faisait tout tous ensemble et il se dégageait de tout ça une formidable énergie de groupe.

J’ai aimé aussi le fait que, en CrossFit, tu te bats contre toi-même mais, en même temps, tu n’es pas seule. Quand tu es fatiguée, que tu as envie de lâcher, de faire une pause, tu peux regarder à côté et voir l’autre qui continue. Après ça, tu ne te poses plus la question, tu n’entends plus cette petite voix dans ta tête qui te dit d’arrêter.

J’ai trouvé cet aspect à la fois individuel et collectif génial. En CrossFit, on est ensemble et les autres sont là pour nous aider à faire face à nous-mêmes.

Cette facette-là, être face à soi-même, nest pas toujours facile. Si on pense être une machine de guerre dans un domaine, comme tout est mesurable et quantifiable dans cette discipline, on peut très vite se rendre compte quil nen est rien.

Le CrossFit fait ressortir beaucoup de problèmes d’égo. Il nest pas facile daccepter de ne pas être aussi fort que ce que tu crois être ou ce que tu voudrais être. Et notamment chez les filles.

Même si on ne veut pas ladmettre, on est conditionnée et on pense que lon est incapable de soulever des charges lourdes par exemple. Et puis on saperçoit, avec lentraînement, que c’est tout à fait faisable… On a souvent tendance, à se dévaloriser, à se sous-estimer.

Le CrossFit met un grand coup de pied dans tous nos blocages, il permet de prendre confiance en soi en réalisant des choses que lon ne se serait jamais cru capable de faire.

Moi, quand jai débuté, personne ou presque ne connaissait la discipline. De fait, je nai pas eu peur dessayer. La seule chose qui a été compliquée pour moi, cest que je voulais prendre du muscle mais javais du mal à accepter de prendre du poids.

Je voulais avoir de gros bras, des cuisses musclées mais, quand je montais sur la balance, je me disais « Ah, jai pris un kilo ! ». Me dire que je men foutais ma pris du temps.

Limage de la femme que lon nous a mise en tête a commencé à changer dans mon esprit à partir de ce moment-là. Le CrossFit ma fait du bien. Grâce à ce sport, j’ai appris à accepter mon corps.

©Aurel photography

Est arrivé un moment ou, de pratiquante, je suis passée à coach. Lorsque j’étais à la fac, javais hésité entre un cursus en maths-informatique ou un cursus en sport. Jai finalement opté pour la première solution en me disant quil serait toujours plus facile de me reconvertir dans le sport si j’étais dans linformatique que linverse.

Après luniversité, jai travaillé dix ans dans linformatique. Quand je me suis mise au CrossFit, jai eu la sensation que ça pouvait changer la vie des gens en leur apportant de la confiance en eux, confiance au niveau du corps, confiance au niveau mental. Je sentais que je serais plus utile dans ce domaine alors je me suis reconvertie, je suis devenue coach.

Jai commencé par travailler pour une salle puis lidée de monter la mienne a commencé à germer. Jai présenté mon projet à ma banque et jai été suivie, jai trouvé un local eton a été confinés. Jai mis le temps du premier confinement à profit pour tout ce qui est papiers, business plan

Les salles ont rouvert, jai attaqué les travaux, je me suis lancée en septembre et, trois semaines plus tard, on était contraints de fermer de nouveau. Ça a été une période très dure. Jai réussi à maccrocher et à survivre mais je suis encore en train dessayer de remonter la pente.

Quoi quil en soit, je suis fière de ne pas avoir coulé parce que ce n’était pas gagné 

Malgré les difficultés, je suis contente parce que jai commencé à créer une belle communauté. Cest drôle parce que, maintenant, il y a autant de femmes que dhommes qui fréquentent ma salle. Parmi elles, cinq sont enceintes et il mest déjà arrivé de donner des cours uniquement à des pratiquantes.

Peut-être que le fait que je sois une femme y est pour quelque chose. Je pense que ça rassure. Pour autant, je nai jamais pensé à ouvrir une salle uniquement à destination des filles. Je trouve frustrant dinterdire laccès en fonction du sexe.

Je pense que les hommes ont besoin de se prendre une petite calotte par une fille de temps en temps et, a contrario, que les femmes doivent arrêter de flipper parce quil ny a que des mecs dans la salle !

©Christophe Battifero

Le CrossFit est un sport ouvert à tous et toutes. Cest sportif, mais ça se passe toujours bien parce que limportant, cest de se dépenser et de passer un bon moment, non pas de pousser ses limites jusqu’à vomir ou se blesser.

Le CrossFit, cest avant tout du plaisir ! »

Ouverture ©Geraldine Bramonte

D'autres épisodes de "Muscu, haltéro, CrossFit, ça envoie du lourd !"

Elles aussi sont inspirantes...

Guila Clara Kessous : « En montant à la corde, j'ai osé faire ce qui me freinait depuis des années. »

Guila Clara Kessous : « En montant à la corde, j’ai osé faire ce qui me freinait depuis des années. »

Formée à Harvard et par le théâtre, elle a plusieurs cordes à son art. Guila Clara Kessous, entrepreneure diplomatique, s’engage depuis plus de quinze ans pour les droits des femmes. Et voilà que le sport entre dans la danse en un geste politico-artistique : grimper à la corde. Une ascension symbolique, une allégorie de la difficulté des femmes à s’élever dans la société. Prenons de la hauteur.

Lire plus »
Lison Bornot : « Je veux mettre en avant l’Ultimate. C’est lui qui m’anime. »

Lison Bornot : « Je veux mettre en avant l’Ultimate. C’est lui qui m’anime. »

Avec sa sœur Éva, elle truste les premières places depuis 2015 en Ultimate. Membre essentiel de l’équipe de France, Lison Bornot est Championne d’Europe outdoor 2023 et championne du monde d’Ultimate sur sable 2023. La voici maintenant en piste pour les World Games, l’antichambre des JO, qui se déroulent en Chine, du 7 au 17 août 2025. Témoignage d’une fille pétillante devenue l’une des ambassadrices françaises d’un sport trop peu connu.

Lire plus »
Diane Servettaz : « Avec le vélo, j’ai compris que même si ça flanche côté mental, t’en as encore sous la pédale. »

Diane Servettaz : « Avec le vélo, j’ai compris que même si ça flanche côté mental, t’en as encore sous la pédale. »

En à peine trois ans, cette passionnée de vélo a décroché un podium sur 500 kilomètres et bouclé sa première course d’ultra, la fameuse BikingMan, en tant que première féminine. Carburant aux défis, pédalant sans relâche, surmontant tous les obstacles grâce à un mental d’acier, la Savoyarde n’a pas fini d’enfiler les kilomètres dans ce sport de l’extrême. En piste !

Lire plus »
Emelyne Heluin: « Je sais pourquoi je cours, pourquoi je lutte. »

Emelyne Heluin : « Je sais pourquoi je cours, pourquoi je lutte. »

Gymnaste jusqu’à son adolescence, Emelyne Heluin a dû raccrocher le justaucorps après une prise de poids inexpliquée et d’autres symptômes invalidants. Diagnostiquée d’une maladie endocrinienne chronique et évolutive, le SOPK, à l’âge de 17 ans, elle erre pendant des années entre perte de confiance en elle et détresse psychologique avant de retrouver le chemin du sport comme outil de santé. Ce sera la marche, puis la course à pied jusqu’à se lancer sur des marathons.

Lire plus »
Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève, jusqu’à avoir la peau en sang ! »

Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève… »

Tombée dans la marmite du sport toute petite, Loïs, 17 ans, est une sportive tout-terrain qui n’a peur de rien et surtout pas des garçons sur un terrain de foot ou un ring de boxe. Future pompier professionnel, elle s’essaye autant au wakeboard ou au ski qu’au tennis et à l’escalade, histoire de s’éclater et de se préparer à s’adapter à toutes situations. Une tête bien faite dans un corps surentraîné.

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

sport feminin

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Ces derniers jours auront été particulièrement ÀBLOCK! Pour l’opération Sport Féminin Toujours 2023, nous avons ajouté notre pierre à l’édifice. Expertes du sport féminin, témoignages de wonderwomen qui se sont relevées à force de détermination et de sueur, état des lieux de la présence du sport féminin dans les médias, c’était le thème de la semaine sur ÀBLOCK!

Lire plus »
Jeanne et Julia Courtois

La Transat Jacques Vabre à travers des jumelles

Elles en sont cap et c’est bien pour ça que les organisateurs de la Transat Jacques Vabre avaient lancé un appel à projet féminin, le 8 mars dernier. Histoire d’encourager les filles à prendre le large. L’objectif : accompagner deux navigatrices passionnées pour mieux braver l’Atlantique en duo lors de la prochaine transat, le 7 novembre 2021. L’opé « Cap pour Elles » est aujourd’hui bouclée, les noms des lauréates révélés : les sœurs jumelles Jeanne et Julia Courtois seront sur la ligne de départ. Faisons les présentations.

Lire plus »
Tessa Worley

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Quelques idées pour entretenir sa culture du sport féminin, un trail nocturne et enneigé, des descentes à 250 km/h, une délégation olympique française qu’on espère bientôt en or aux JO de Beijing 2022 (dont Tessa Worley sur notre photo), le retour de notre fameuse « question qui tue », une rugbywoman qui défonce les préjugés et une athlète qui les prend de vitesse, c’est le Best-of ÀBLOCK! de la semaine. Enjoy !

Lire plus »
Béryl Gastaldello, 5 infos sur une sirène qui rêve grand

Béryl Gastaldello, 5 infos sur une sirène qui rêve grand

Exigeante, elle semble ne jamais se satisfaire de ses réussites. Béryl Gastaldello est une torpille fragile, qui attend sans doute trop d’elle-même. Mais sa présence aux Jeux Olympiques de Paris 2024 atteste bel et bien de son talent. Retour en 5 infos sur le parcours de cette olympienne dans l’âme.

Lire plus »
Annick Hayraud : « Le rugby m’a ouvert l’esprit, il m’a construite. »

Annick Hayraud : « Le rugby m’a ouvert l’esprit, il m’a construite. »

Elle fait partie de ces défricheuses qui ont contribué à populariser le rugby féminin. Annick Hayraud, multi-titrée en club et avec l’équipe de France de rugby à XV, n’a jamais cessé de militer. Manager général des Bleues depuis 2016, son mandat s’achève à la fin de l’année et elle espère, à l’avenir, plus de moyens pour développer et pérenniser la pratique. Rencontre éclairante.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner