Caroline Ciavaldini « En escalade, quoi qu’il m’arrive, c’est mon choix et je l’assume. »
Elle est pétillante, touchante, rafraîchissante, pêchue et on en passe ! Issue de la compétition, Caroline Ciavaldini est devenue grimpeuse outdoor de profession par la grâce d’une rencontre, celle avec James Pearson, son mari. Conversation au sommet avec une première de cordée engagée sur tous les fronts.
Par Sophie Danger
Publié le 06 décembre 2021 à 15h54, mis à jour le 02 janvier 2022 à 17h08
Tu viens de signer, avec James Pearson, ton compagnon, grimpeur lui aussi, un ouvrage intitulé « odyssée verticale »1 dans lequel vous retracez une décennie de voyages à travers le monde en quête des plus belles parois de la planète. Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de ce livre ?
Ça faisait très longtemps que l’on avait envie de raconter nos histoires. Nous y pensions déjà en 2013 lorsque nous étions en Turquie mais, entre penser et sauter le pas, il y a une belle nuance.
Entre temps, nous avons écrit un premier livre avec une maison d’édition anglaise. Il a très bien marché mais nous n’avions pas sujet libre, on n’y parlait pas de nos histoires, c’était plutôt une compilation des meilleurs endroits où grimper sur la planète.
Il y a un an et demi, Glénat est venu vers nous en nous proposant exactement le livre de nos rêves et voilà.
De toutes les aventures que vous racontez dans le livre, laquelle est, selon toi, la plus marquante ou la plus décisive au regard de ton parcours ?
Il y a une voie, notamment, qui a été importante pour moi, c’est la voie Petit. Un jour, ma manager m’a demandé ce qui me faisait rêver.
Moi qui ai fait de la compétition, comme tous les sportifs, j’ai été un peu formatée par mes entraîneurs. Tous les ans, on nous demandait ce qu’était notre objectif, sous-entendu championne du monde, championne olympique ou autre, et la réponse à cette question était assez simple.
En revanche, en tant que grimpeuse outdoor, je ne m’étais pas posé la question de ce qui me faisait rêver. À ce moment-là, je me suis rendu compte que je me limitais vachement.
Je pense que nous, les filles, on ne prend pas le temps de se demander ce qui nous fait rêver. Cette question, chez moi, a agi comme un petit réveil pour me diriger plus vers des bouts de cailloux qui m’inspiraient et parmi eux, il y avait la voie Petit.
Cette voie, j’étais incapable de la faire parce qu’il me manquait plein de connaissances mais, une fois que j’ai formulé l’envie de m’y frotter à haute voix, comme je suis plutôt du genre « Si je le dis, je le fais », il a bien fallu que je me prépare.
La voie Petit est à pratiquement 4000 mètres d’altitude. Moi, je suis une grimpeuse de cailloux, je n’avais jamais marché avec des crampons, je n’avais jamais traversé une mer de glace ou dormi sur la neige. La nature et les cailloux, c’est oui et tous les jours, mais, dès que c’est blanc, ça ne me concerne pas du tout.
Je suis donc allée en terrain inconnu sur plein d’aspects avec ce projet et j’ai adoré cette phase de préparation et d’apprentissage où tu te fais surprendre tout le temps. Je pense que ça m’a fait changer en tant que personne, que je suis devenue un peu exploratrice.
Tu as, qui plus est, été la première femme à réussir cette ascension en libre. Quand tu en parles, ça semble facile…
Non, ça n’a pas été facile, j’ai mis longtemps, mais il faut se pousser. Si on ne rêve que de choses que l’on est capable de réussir, ce ne sont pas vraiment des rêves. À l’époque, je me mettais la pression. De nos jours, ce serait différent.
C’est bateau, mais j’ai deux enfants maintenant et ça m’a recentrée sur les choses importantes de la vie comme toucher, pour la première fois, du gazon ; se réveiller, voir qu’il fait beau et regarder les nuages passer avec le vent… Des choses plus importantes que réussir, ou pas, une montagne.
Ce parcours, que tu partages à travers « Odyssée Verticale », a débuté lorsque tu avais 12 ans. Tu habitais à la Réunion et tu découvres l’escalade au collège lors d’une journée d’initiation. Tu te souviens de ce premier contact avec la discipline, de ce que tu as ressenti ?
Ce n’était pas seulement une journée mais carrément un trimestre d’escalade et je me demande si j’ai accroché tout de suite à cause des sensations ou parce que j’étais bonne car, quand on est gamin, on accroche aussi à des choses qui nous valorisent.
Tu pratiquais pourtant d’autres activités sportives à cette époque, est-ce que ce sont seulement tes prédispositions pour la grimpe qui ont fait que l’escalade s’est très vite imposée à toi ?
J’étais très sportive. Mes parents m’avaient inscrite à la voile, à la danse, au tennis, au poney, je jouais du piano… J’étais à peu près bonne dans tout mais, je ne sais pas pourquoi, il a fallu que je choisisse un des seuls sports qu’ils ne m’avaient pas proposés, petit sentiment d’indépendance, je pense.
Après l’initiation, je me suis inscrite à l’UNSS – deux heures le lundi et le jeudi – et je suis tombée sur une prof vraiment géniale qui nous emmenait sur des bouts de cailloux tout autour de l’île durant une semaine.
Par la suite, il y a eu le club et j’ai rajouté le mercredi et le samedi. À partir de là, c’était parti, j’ai fait de plus en d’escalade, de moins en moins de tennis, jusqu’au moment où je n’ai plus fait que ça.
Tu disais dans un entretien que cette pratique en milieu naturel avait été pour toi une initiation au pur bonheur, c’est très très fort comme ressenti…
J’ai dit ça, moi ?! Dans l’escalade, il y a quelque chose d’extraordinaire c’est que, dès que l’on grimpe, on disparaît.
C’est un sport tellement complexe, il faut réfléchir où poser ses mains, où poser ses pieds, trouver où est la prochaine protection, passer la corde…
On ne peut pas penser à autre chose qu’au rocher, je pense qu’il y a une espèce de fusion, de concentration extrême que j’ai adoré et qui est toujours la raison pour laquelle je grimpe.
Tu vas pourtant t’orienter, dans un premier temps, vers l’escalade de compétition et non vers l’escalade outdoor. Qu’est-ce qui a motivé ton choix ?
L’île de La Réunion, est un endroit très compétitif. Dès que l’on rencontre des gamins, ils vous montrent tout de suite leurs médailles et ce, quel que soit le sport, c’est assez rigolo.
Je ne sais pas à quoi elle est due, mais il y a une vraie émulation là-bas. Moi, on m’a tout de suite dirigée dans la compétition et puis j’étais forte.
Il y a aussi le fait que je viens d’une famille compétitrice. Ma sœur me rappelle souvent que, quand j’étais petite, je devais avoir 8 ans, elle avait trouvé une gomme sur laquelle j’avais écrit : « Je gagne toujours ».
L’escalade devient très vite une nécessité pour toi tant et si bien que, à 16 ans, tu quittes le domicile familial pour intégrer le CREPS d’Aix-en-Provence. C’était quoi tes ambitions à cette époque ?
À 15 ans, j’ai gagné les Championnats de France Jeune et j’ai été invitée à voir une Coupe du monde à Nantes. La Fédération m’avait réservé un traitement spécial, j’avais pu rencontrer des champions, leur parler et même faire la fête avec eux.
Quand ça s’est terminé, j’avais vraiment des étoiles dans les yeux et, au retour, dans mon petit carnet, j’ai écrit que je voulais faire partie de ce monde-là.
Rapidement, j’ai compris que, pour cela, il fallait que je quitte La Réunion pour diverses raisons : en ce qui concerne l’entraînement, il n’y avait pas tellement de bons murs et, d’un point de vue logistique, c’était tellement loin qu’il était compliqué d’aller sur toutes les compétitions.
Ça a été facile de tout quitter pour atterrir dans un environnement nouveau, loin de ta famille, de ton milieu ?
Il était prévu qu’à 18 ans j’aille faire mes études en Métropole, j’y suis partie à 16 ans mais j’étais mûre. Et puis j’ai eu de la chance, mes parents m’ont fait confiance, ils étaient prêts à me laisser m’envoler. Ils savaient que j’étais vraiment sérieuse, que je ne faisais pas de bêtises, j’étais très bonne à l’école.
Mon père m’avait rentré dans la tête qu’il fallait d’abord que je trouve un métier et, qu’après, je pourrais faire ce que je voudrais. Il savait que je n’allais pas lâcher les études même si, à ses dires, j’ai quand même fait un sacrifice parce qu’au lieu d’aller en prépa d’ingénieur, je suis allée à la fac mais bon, j’ai passé l’agrégation de biologie…dont je ne me suis encore jamais servie d’ailleurs.
Tu vas très vite enchaîner les bons résultats. En 2005 et 2006, tu te classes 3e du Général de la Coupe du monde, tu remportes les Championnats de France quatre fois entre 2004 et 2006. Ce monde dont tu rêvais de faire partie est désormais le tien. Est-ce qu’il correspondait à tes attentes ?
À l’époque, j’étais parmi les meilleurs mais je n’étais pas la meilleure et, avec le recul, il y a plein de raisons à cela.
La première, c’est que mon rêve de gamine était de faire partie de ce monde-là, pas de gagner. C’est une petite nuance, mais j’ai mis des années, avec mon psychologue sportif, à comprendre ce qui faisait que je ne gagnais pas et je pense, tout simplement, que je n’en avais pas l’envie profonde.
L’autre raison, c’est que ma mère a disparu lorsque j’avais 22 ans, et je pense que, jusqu’à ce moment-là, je croyais que j’étais magique. C’est bête mais, mes parents m’avaient toujours dit que je pouvais faire tout ce que je voulais dans la vie et j’y croyais.
Dans ma carrière, on voit une nette inflexion au niveau de mes résultats après le décès de ma mère. Cet événement m’a cassé dans ma magie mais, d’un autre côté, ça m’a appris la valeur des choses.
De l’extérieur pourtant, ton palmarès est plus qu’enviable…
Je pense que, quand on fait de la compétition, on n’est jamais satisfait. De l’extérieur, tout ressort comme une grande réussite mais de l’intérieur, c’est autre chose. Il y aussi le fait que chaque défaite coûte plus cher émotionnellement que les réussites. C’est la loi de la compétition ou du moins, c’est comme ça que je le vivais.
Quand tu gagnes ou que tu fais un podium en Coupe du monde, il faut tout de suite te remettre en selle pour réussir celle d’après. À l’époque, il y avait vraiment beaucoup de Coupes du monde et je ne restais jamais sur mon nuage très longtemps, je ne pouvais pas me le permettre, alors j’oubliais.
En revanche, quand j’essuyais un échec, c’était autre chose. Je me souviens d’une fois où, je fais une bêtise, je tombe et je ne me qualifie pas pour les finales des Championnats du monde alors que je voulais monter sur le podium. J’ai pleuré toute la nuit.
À refaire, je crois que j’essaierais de trouver un moyen de me rendre moins malheureuse, de prendre les choses un peu moins au tragique.
À 26 ans, tu vas tirer un trait sur la compétition et entamer ce que tu appelles ta deuxième vie en devenant grimpeuse professionnelle outdoor. Ce virage dans ta carrière, c’était aussi pour t’affranchir de ce monde qui ne te convenait pas ou pas totalement ?
Ce n’était pas le fait de ne pas gagner qui ne me satisfaisait pas, c’était ce monde-là. J’avais 25 ans et j’ai toujours su que je n’allais pas faire de la compétition jusqu’à 35 ans.
À cet âge-là, je me sentais vachement vieille mais surtout, je n’aimais pas la personne que je devenais. Ce n’est pas obligatoire mais, moi, pour être compétitrice, il fallait que je haïsse mes adversaires et pourtant, en escalade, c’est de la compétition indirecte.
En général, sur une compétition, on fait sa prestation, on finit sa voie et après, on regarde les autres. À ce moment-là, dans ma tête, je me disais : « Tombe, tombe, tombe » parce que si l’autre tombe, on passe devant. C’est ultra négatif et ça me transformait en une sorte de petit monstre que je n’aimais pas. Il fallait que je passe à autre chose.
Tu vas découvrir un tout autre univers, un univers où il faut apprivoiser la notion de risque. Tu disais que, jusqu’alors, tu avais toujours refusé le danger, qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer malgré tout ?
Je ne viens pas d’une famille aventurière et la prise de risque, je ne comprenais pas. Ça, c’est vraiment venu avec la rencontre avec James, mon mari. Avant lui, je ne savais même pas qu’il était possible d’être grimpeur outdoor professionnel, je ne connaissais pratiquement pas l’escalade d’aventure, voire pas du tout.
Quand je l’ai rencontré, ce qu’il faisait me paraissait complètement débile, mais je pense que c’est positif de se laisser influencer par les rencontres que l’on fait quand il s’agit de belles personnes.
Avec James, petit à petit, j’ai accepté l’émotion en douceur et j’ai compris qu’accepter la prise de risques, c’est accéder à un niveau de vie supérieur. J’ai vécu des choses que je n’aurais jamais vécues si je n’avais pas accepté d’aller vers l’inconnu.
Est-ce que c’est le danger en lui-même qui est excitant ou plutôt le fait de tout mettre en œuvre pour le désamorcer, pour s’en préserver ?
C’est exactement ça. Moi, la roulette russe, ça ne m’intéresse pas du tout. Ce qui m’intéressait, c’était d’apprendre, de relativiser et de se rendre compte finalement que la vie est un danger.
Vouloir à tout prix finir à 80 ans dans son lit, ce n’est pas possible. J’ai mis un peu de temps à accepter ça et, à partir du moment où j’ai accepté que, peut-être, je mourrai à 30 ans et que ce n’était pas gravissime si ça en valait le coup, j’ai pu aller en expédition.
Je me rappelle avoir préparé ma sœur en ce sens en lui disant que, si jamais il m’arrivait quelque chose, il ne fallait pas qu’elle soit triste parce que j’aurais bien vécu, que c’était mon choix et que je l’assumais.
Ce n’est pas venu d’un coup du tout, mais c’est vrai que, pour moi, la seule façon de réussir à maîtriser le danger, c’est d’y aller. J’ai appris à maîtriser la pose des protections, à comprendre où j’étais en danger et où je ne l’étais pas et, petit à petit, je suis allée vers des voies un peu plus excitantes.
Récemment, alors que mon fils Arthur avait un an et demi, je suis allée vers ma voie de trad (escalade traditionnelle où l’on n’utilise que des protections amovibles pour s’assurer, Ndlr) la plus dangereuse.
Le but du jeu n’était pas de me mettre par terre, au contraire, C’était une voie avec des mouvements assez délicats à faire et le challenge était super intéressant.
Il fallait d’abord apprendre à maitriser les mouvements à 100 % et, ensuite, savoir les maitriser en situation dangereuse. Je savais que je savais les faire, il fallait juste que, par peur, je ne m’en empêche pas.
Depuis ta rencontre avec James, vous fonctionnez systématiquement à deux. C’est aussi grâce à cette rencontre déterminante que tu t’es autorisée à aller chercher ce genre de plaisir ?
Tout à fait. Ça fait dix ans que l’on est ensemble et je pense que l’on a vraiment eu de la chance en se rencontrant. On est ultra différents mais on se complète vraiment bien et on fonctionne toujours aussi bien qu’à nos débuts.
De ces dix années, est-ce qu’il y a un moment qui, rétrospectivement, s’est révélé déterminant dans votre parcours commun ?
Il y en a tellement… Je dirais peut-être la première grande voie que l’on a faite ensemble. C’était dans la junte, elle faisait 100 mètres de haut mais elle était très dure, avec du 8C dedans. C’était n’importe quoi, on ne savait pas du tout comment gérer les cordes…
C’est à ce moment-là, je pense, que l’on a compris que l’on avait un avenir et qu’il s’ouvrait devant nous, un futur que l’on n’avait pas perçu avant. On s’est rendu compte, aussi, que c’était le début de la dimension d’aventure à deux.
Tu parles d’avenir en tant que couple ou d’avenir sportif, professionnel ?
Un avenir professionnel et sportif. On a découvert une dimension de l’escalade qui fonctionnait à deux. James faisait beaucoup d’escalade de trad et moi, je faisais beaucoup d’escalade de compétition et d’escalade sportive.
Les grandes voies, c’est un peu à mi-chemin entre les deux, un endroit où naturellement on se rencontrait, on se complétait.
Ton parcours est aussi celui d’une grimpeuse engagée. Tu es à l’origine de « Grimpeuses »2, un collectif qui œuvre pour et par les femmes. Comment est née cette aventure ?
Le fait de ne m’être jamais posée la question de ce qui me faisait rêver est un sujet que l’on aborde tout le temps à « Grimpeuses ».
Le but du jeu, c’est l’émancipation – même si c’est un grand mot – avec l’escalade pour prétexte. On veut pousser les nanas à se recentrer un peu sur elles et leurs rêves, leurs passions parce que nous, les filles, on s’oublie souvent.
C’est assez sociétal. Ce sont des milliers d’années passées durant lesquelles les femmes ont été obligées de tout gérer sans aucune reconnaissance et sans jamais avoir le choix.
À partir du moment où n’a pas le droit de choisir son futur, on ne va pas rêver de ce futur. Je parle ici de situations où les femmes, a priori, sont libres.
Leurs limitations sont personnelles et mentales, ce n’est pas de l’oppression par des hommes. À « Grimpeuses », on ne dit pas : « À bas les hommes », loin de là.
Tu es aussi très sensible à la question de l’écologie. Comment est-ce que tu parviens à concilier tes convictions personnelles et ta profession qui t’amène à voyager à travers le monde ?
Quand on a voulu aller vers de l’écologie, on a fait un truc qui, je pense, est accessible à tout le monde : on a commencé par rembourser notre empreinte carbone.
On s’est tourné vers une association qui s’appelle « Mossy Earth »3. C’est une association qui plante des arbres mais pas n’importe lesquels : elle plante des espèces qui étaient existantes avant. L’idée est de recréer les forêts, pas juste de compenser du carbone.
Les vies de nos enfants, Arthur et Zoellie, sont compensées. Cela dit, ça ne signifie pas que l’on peut se permettre de prendre l’avion quand on veut, où l’on veut, sous prétexte qu’on plante des arbres, mais c’est une première étape.
La deuxième, c’est de réfléchir à comment voyager autrement.
La combinaison, dans le même temps, du Covid et de l’arrivée de nos enfants nous a convaincus de ne plus être dans cette frénésie de voyages, d’aventure, dans cette tendance à aller le plus vite possible. Ça, on l’a fait.
Je me souviens être allée dix jours en Turquie, avoir enchaîné avec l’Asie du Sud-Est et, dans la foulée, le Japon. C’était de la frénésie d’aventures et on allait tellement vite que l’on voyait bien que l’on ratait des choses.
Maintenant, on a envie de faire pareil mais plus lentement et en s’autorisant à s’arrêter dès qu’il y a un truc qui nous rend curieux. On a toujours fait en sorte de transformer notre travail en plaisir et notre petite évolution d’adulte c’est de faire du slow travel.
Ça correspond parfaitement au rythme d’un enfant en plus, donc ça va très bien ensemble.
Là, nous partons pour l’Angleterre. Sur le chemin, il y a plein d’endroits super jolis et des copains. Au lieu d’arriver là-bas très vite, on y va doucement, à la vitesse où l’on veut. Il faut du temps mais on en a.
Avec deux enfants en bas âge, comment tu envisages la suite ?
Ça change un tout petit peu la donne, mais pas tant que ça non plus. Quand Arthur avait un 1 par exemple, nous sommes allés en Ethiopie.
Une fois sur place, on s’est rendu compte qu’à l’endroit où nous étions, il y avait très peu de choix en ce qui concernait la nourriture et que tous les plats étaient épicés. Nous avions pris de la nourriture pour bébé, mais pas pour trois semaines, ce n’était pas possible, alors Arthur s’est mis à manger des plats épicés, il s’est adapté.
En même temps, il y a des enfants qui vivent là-bas, qui y grandissent, alors si nous, nous ne sommes pas capables d’y rester trois semaines avec notre bébé…
À l’avenir, on a envie de continuer à voyager et à explorer mais à quatre, cette fois. À trois, on a réussi et je pense que, avec James, on aime bien les challenges alors, plus c’est compliqué, plus on nous dit que ça ne se fait pas et plus on va y aller. On verra bien ce que ça va donner, mais c’est notre ambition.
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