Les doigts d’une main. Cinq joueuses de basket européennes ont été sélectionnées par des franchises en WNBA lors de la dernière draft, cette cérémonie où sont sélectionnés les meilleurs espoirs.
Parmi elles, la Belge, Emma Meesseman, élue MVP, meilleure joueuse de la finale avec son équipe du Washington Mystics et sa compatriote, Julie Allemand, qui fait aujourd’hui les beaux jours de la franchise d’Indiana.
La route est encore longue, mais les Européennes gravissent de plus en plus les échelons jusqu’en WNBA, les franchises se les arrachent. “Il y a encore quelques années, c’était difficile pour une étrangère d’arriver en WNBA, d’avoir beaucoup de temps de jeu », explique Lydia Admeziem, co-fondatrice de Wnba France.
Alors pourquoi assiste-t-on aujourd’hui à cette petite révolution de parquet ?
Des joueuses déjà armées pour le haut-niveau
La première et principale raison est assez simple : les joueuses souhaitent de plus en plus se frotter au meilleur championnat de basketball du monde. Non pas qu’elles n’étaient pas intéressées auparavant, mais elles ont aujourd’hui davantage d’assurance en termes de temps de jeu notamment, pour pouvoir tenter l’aventure WNBA.
Après avoir été dratfée en 2016 par le Indiana Fever, la meneuse de jeu Belge, Julie Allemand, a continué à jouer en Europe en signant notamment avec l’ASVEL en France puis à Montpellier. Ce n’est que cette saison qu’elle a démarré son trip américain et pour le moment la joueuse est excellente dans son rôle, enchaînant les bonnes prestations.
La France n’est pas en reste puisqu’une de ses pépites, Marine Johannès, joue pour le Liberty de New-York… club d’une certaine Sabrina Ionescu, superstar en puissance de la ligue.
Mais pour les voir jouer ensemble il va falloir prendre son mal en patience puisque la Française a décidé de ne pas disputer la nouvelle saison de WNBA. Pas encore. Bientôt.
Ancienne joueuse du Tango Bourges Basket, aujourd’hui à l’Asvel, Marine Johannès est une excellente shooteuse et une joueuse d’instinct qui a impressionné les experts de l’autre côté de l’Atlantique, notamment avec des performances marquantes comme ses 16 points en dix minutes ou encore ses 21 points, 6 passes et 5 rebonds contre le Sun du Connecticut.
Aussi, une Belge a réalisé le rêve de milliers de jeunes filles la saison dernière. Emma Meesseman, joueuse au poste de pivot pour les Mystics de Washington a remporté le titre WNBA lors de la finale des playoffs, un tournoi destiné à déterminer le champion de la saison.
Comme si cela ne suffisait pas à son bonheur, elle remporte aussi le titre de MVP des finales ! Le rêve pour celle qui a été formée en Belgique.
Une formation européenne prisée
L’école européenne est de plus en plus reconnue. La première qualité des Européennes vient en fait de leur formation. Car oui, elle est en fait assez différente de celle des américaines.
Aux USA, avant d’entrer en WNBA, les joueuses évoluent dans le championnat universitaire du pays, la NCAA. En Europe, c’est tout autre chose, elles ont très vite la possibilité de devenir professionnelles : « Si beaucoup de joueuses choisissent de rester en France plutôt que d’aller à l’université aux États-Unis, c’est parce qu’elles ont cette opportunité de passer pro rapidement et d’en vivre pour les plus douées plutôt que d’attendre quatre ans à l’université » explique Shaï Mamou, journaliste pour Reverse Magazine et Swish Swish.
Il y a donc davantage d’opportunités de vivre de sa passion en Europe. Et le fait d’être sélectionné lors de la draft ne signifie pas le début d’une carrière en WNBA.
Lors de la dernière cérémonie en avril dernier, sur les cinq européennes sélectionnées, seules deux joueuses, l’Allemande Satou Sabally et la Britannique Mikiah Herbert Harrigan jouent dans la ligue américaine.
Ces deux joueuses ont pour point commun d’avoir évolué dans la ligue universitaire américaine, leur donnant automatiquement plus d’exposition et de chances d’avoir du temps de jeu que les joueuses en provenance d’Europe.
Un style de jeu académique qui plaît
Pourtant, le manque d’exposition médiatique ne les arrête pas car elles connaissent leurs qualités. En effet, le style de jeu très collectif et tactique à l’européenne permet aux plus talentueuses de se faire remarquer.
Et toutes les occasions sont bonnes pour cela. Par exemple, les matchs en sélections, et contre les États-Unis en particulier.
Lors de la Coupe du monde des moins de 19 ans en Thaïlande en juillet 2019, Les Allemandes et les Américaines se sont affrontées à l’occasion d’un 16e de finale que les États-Unis ont remporté.
Dans ce match-là, les deux joueuses allemandes, Leonie Fiebich et Luisa Geiselsöder, se sont démarquées et en avril dernier elles ont été sélectionnées lors de la Draft. Pour Sébastien Hervé, journaliste chez InsideBasket, « leur prestation a forcément dû jouer chez les observateurs. »
Néanmoins, le moyen le plus simple pour une Européenne de se faire remarquer par la WNBA est de passer par un cursus universitaire aux États-Unis.
C’est le cas de Satou Sabally, deuxième choix de la dernière draft et aujourd’hui joueuse des Dallas Wings. Après avoir passé son enfance en Allemagne elle s’envole aux États-Unis où elle évolue en championnat scolaire, d’abord au lycée puis à l’Université d’Oregon avec le phénomène Sabrina Ionescu.
Pour Shaï Mamou, le cas Sabally est particulier, « C’est assez rare que des Européennes soient draftées aussi haut qu’elle et ça s’explique aussi bien par son talent que par le fait qu’elle soit déjà considérée comme un peu Américaine. » Toutes ne font pas ce choix, mais tous les chemins mènent finalement à la WNBA.
Qu’ils s’agissent du style de jeu collectif et tactique très européen ou encore de la maturité des joueuses, l’Europe attire de plus en plus les franchises américaine qui n’hésitent plus à recruter dans les pépites du Vieux Continent.
L’avenir nous le dira, mais il est fort à parier que les Meesseman ou Sabally ne seront bientôt plus des cas isolés.
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