Adeline Trazic : « Pour moi, le sport sans douleurs, c’est fini. Mais je n’arrêterai pas. »

Adeline Trazic : « Pour moi, le sport sans douleurs, c'est fini. Mais je n'arrêterai pas. C'est très clair. »
Les blessures ne m'ont pas épargnée lors de la saison 2024, mais soit je sers les dents et je continue, soit il faudrait que j'arrête là. Mais si je fais cela, je sais que c'est une autre douleur, psychologique, qui arrivera. Donc, c'est très clair, je ne compte pas lâcher l'affaire !

Par Adeline Trazic*, championne de triathlon, 42 ans

Publié le 28 novembre 2024 à 12h01

Pour ce nouveau chapitre de mon carnet En mode compet’, j’aimerais revenir sur ce que j’ai vécu ces derniers mois car, avec le recul, on comprend mieux ce que je ressens aujourd’hui et ce que je suis prête à affronter pour continuer mon sport.

Lors de mon premier half Ironman, à Lacanau, je n’ai pas pu courir le semi-marathon. Mes hanches me faisaient énormément souffrir, je sentais bien que quelque chose n’allait pas. Après une consultation en urgence, les médecins ont découvert une hernie discale qui générait une sciatique. Je sentais la douleur avant la course, mais je la mettais de côté. Je n’acceptais pas d’être blessée, c’était inenvisageable. Je voulais participer à l’half Ironman des Sables d’Olonne pour me qualifier aux championnats du monde de décembre. Alors, quand les médecins m’annoncent la nouvelle, c’est un énorme coup de massue. Ils me disent que je vais devoir tout stopper, prendre énormément de repos… Mon corps n’avait pas récupéré de mes deux Ironman de la saison précédente. 

©Adeline Trazic

Finalement, fin juin, je suis au départ de la course des Sables d’Olonne. Je souffre évidemment, ce genre de douleur ne disparaît pas comme ça. Mais je m’accroche. Je finis top 5 de ma catégorie, ce qui me donne la possibilité d’être qualifiée pour les mondiaux d’half Ironman de décembre. Mais je refuse. Je sais que ça n’est pas raisonnable, et à ce moment, je préfère me concentrer sur la préparation de l’Ironman de Barcelone. Cette décision était tout de même frustrante, mais de toute façon, c’est comme ça. C’est toute l’ambivalence de mon caractère, je suis satisfaite de ma course, mais déçue de ne pas pouvoir participer à ces championnats. 

Après cette course, il a fallu me faire une infiltration épidurale au niveau de l’hernie : je peux continuer le vélo et la natation, mais je dois laisser la course à pied de côté pour dix jours. On est début juillet à cette période, la course de Barcelone est début octobre, ça ne devait pas poser de problème. Mais en fin de compte, je ne peux pas courir avant mi-juillet. Avec mon mari qui est également mon coach, on n’a pas le choix, on doit adapter la préparation. À partir de là, vous connaissez la suite de l’histoire 

©Adeline Trazic

Les moments où les médecins m’annoncent mon hernie, puis m’interdisent de courir pour plusieurs semaines après l’infiltration, ont été des coups durs. Mais je repars tout de suite à la charge, je suis battante de nature, je ne m’autorise pas à être au fond du trou. Dans le sport ou même en dehors, c’est une position dans laquelle je ne veux pas me retrouver. Plus on descend bas, plus il va falloir remonter. Donc, je ne m’autorise pas à descendre trop bas. 

Le 6 décembre prochain, ça fera deux mois que l’Ironman de Barcelone se sera déroulé, c’est ce jour-là que je reprendrai les entraînements. Ça fait presque deux mois que je n’ai pas fait de piscine, pas de course à pied. J’ai dû faire deux fois du vélo plaisir avec des amis. J’ai vraiment tout coupé, excepté le renforcement musculaire évidemment, qui est indispensable pour essayer de pallier à mon hernie. 

©Adeline Trazic

Le premier mois après Barcelone a été très difficile psychologiquement. Sans sport, et donc sans endorphines, les douleurs se sont accentuées. Après consultation, il s’est avéré que j’ai également de l’arthrose au niveau des cervicales, ce qui génère ces douleurs importantes. Désormais, il va falloir que je fasse avec. Une grosse partie de ma préparation mentale déterminera ma capacité à encaisser cette douleur. Bien sûr, je fais beaucoup de soins, de massages, de cryothérapie également. Mais je sais pertinemment que, pour moi, le sport sans douleurs, c’est fini. Soit je l’accepte et je sers les dents, soit il faudrait que j’arrête là. Mais si je fais cela, je sais bien que c’est une autre douleur, psychologique, qui arrivera. Donc je n’arrêterai pas. C’est très clair. J’ai été piquée de cette discipline en 2022, et je ne compte pas lâcher l’affaire. 

Je vous parlerai de ma reprise de l’entraînement la prochaine fois, en attendant, restez ÀBLOCK! ! 

©Adeline Trazic

*Adeline Trazic est professeure d’arts plastiques, elle partage ses entraînements et ses compétitions sur son compte Instagram ade_cycling_liv

Ouverture ©Adeline Trazic

D'autres épisodes de "Les dessous du fitness"

Vous aimerez aussi…

Laura Gauché, l'étoile bleue qui grimpe…

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Attention, froid devant ! Pour cette semaine des mondiaux de ski, ÀBLOCK! est en mode compet’ : décryptage des championnats, découverte en détails de trois skieuses tricolores qui s’en donnent à cœur joie devant leur public (dont Laura Gauché sur notre photo), c’est le Best-of ÀBLOCK! de la semaine !

Lire plus »
Marion Desquenne : « Dans le skate, tu rencontres des filles qui gomment leur féminité. C’est une sorte d’armure. »

Marion Desquenne : « Dans le skate, tu rencontres des filles qui gomment leur féminité. C’est une sorte d’armure. »

Elle est photographe et réalisatrice de documentaires. Son dernier film, « Bande de skateuses », est une épopée immersive sur l’explosion du skateboard féminin en France. Partie à la rencontre de plusieurs générations du milieu de la glisse sur bitume, Marion Desquenne en a rapporté un témoignage qui va au-delà de la simple pratique du skate et en dit long sur une société qui a encore du boulot en matière d’égalité des genres.

Lire plus »
PALADIN Soraya Tour De France Femmes 2024, ça roule les filles !

Tour de France Femmes 2024, ça roule les filles !

Les JO sont finis, les JP arrivent bientôt… et le Tour de France Femmes commence ! Les cyclistes vont tout donner sur les routes françaises et néerlandaises. Et si une favorite semble s’extraire du peloton, tout est possible pour l’accès au podium. Les Françaises feront-elles survivre la magie olympique ? Réponses du 12 au 18 août !

Lire plus »
Donnons des ailes au vélo

« Donnons des Elles au vélo J-1 », ces cyclistes qui sont sur la route toute la sainte journée…

Six ans qu’elles avalent des kilomètres. Six ans à se faire les mollets sur les routes de France, les mêmes routes que celles empruntées par la Grande Boucle. Ces filles-là donnent de la voix sur deux roues pour démontrer que le sport se conjugue aussi au féminin. Cette année, ces cyclistes militantes sont treize à pédaler pour la bonne cause. Et on est ÀBLOCK! avec elles !

Lire plus »
Running

Si on tentait un marathon fractionné ?

Le #42HealthyRunningDays est lancé ! Un top départ donné à l’issue de la journée internationale de la santé, le 7 avril dernier. Késako ? Portés par la motivation, le bien-être et la santé, les coureurs se lancent le défi de réaliser 42 kilomètres en 42 jours. À leur rythme. Ainsi, l’application Running Care propose une toute nouvelle version du marathon pour les plus démotivés. Explications.

Lire plus »
Jessica Vetter

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une aventurière qui rend hommage à des exploratrices, une championne olympique polyvalente, une crossfiteuse épanouie (Jessica Vetter sur notre photo), les Carnets de route d’une reine du marathon, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!

Lire plus »

Cet été, si on courait pour la bonne cause ?

Depuis le 7 août et jusqu’au 7 septembre, la fondation Alice Milliat qui œuvre à la médiatisation du sport féminin, – lance la 5e édition de son Challenge Alice Milliat, une course connectée solidaire et gratuite pour valoriser le sport au féminin, sa médiatisation, sa pratique et l’égalité dans le milieu sportif. On y va ?

Lire plus »
Julia Chanourdie

Julia Chanourdie : « Lorsque j’escalade, je suis une guerrière ! »

Gravissant la rude paroi du monde de l’escalade avec l’agilité prudente et conquérante d’une Spiderwoman, Julia Chanourdie, 24 ans, vient d’entrer dans l’histoire de son sport en devenant la première grimpeuse française et la troisième mondiale à réussir une voie cotée 9b. Un exploit réalisé de main de maître. Athlète au sommet de son art, elle représentera la France aux JO de Tokyo. Conversation ascensionnelle avec une fille au mental de roc.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner