Les filles, pas de quartiers !

sport femme banlieue
Longtemps oubliée, la problématique de l’accès des filles au sport dans certains quartiers est désormais mieux traitée, et les actions se multiplient pour réinjecter un peu de mixité dans ces territoires délaissés.

Par Chloé Bergouts

Publié le 17 janvier 2020 à 15h28, mis à jour le 29 juin 2021 à 14h59

Qu’elle que soit l’étude que l’on lit, il semblerait que dans les zones urbaines dites « sensibles », les filles désireuses de pratiquer une activité sportive n’aient pas les statistiques pour elles.

Tout d’abord parce qu’elles sont des femmes et, malgré d’importantes avancées, ces dernières sont sous-représentées dans le monde du sport (pratique, médias, encadrement sportif).

Ensuite, parce qu’elles vivent dans des territoires dont le taux d’équipement sportif est relativement faible : 2,8 % des équipements du territoire national pour 6,8 % de la population de France métropolitaine, selon un rapport établi en 2014 par le Crédoc et en cours de réactualisation.

FISE

Une appréciation trop parcellaire des enjeux autour du sport

Or pendant très longtemps, les deux chantiers de la féminisation du sport et de l’intégration par le sport ont été traités, mais séparément.

Si dès les années 80, les pouvoirs publics ont fait de la pratique sportive un élément clé de leur action dans les banlieues, les dispositifs mis en place se sont concentrés sur les garçons. L’idée ?

Miser sur les vertus pacificatrices du sport pour « réduire les opportunités délinquantes en occupant les jeunes », ainsi que le résume la sociologue Carine Guérandel, maître de conférence en sociologie à l’université de Lille*, dans son étude « Sport, filles et cités : un enjeu de cohésion sociale ? ».

Résultat : dans ces zones, les filles sont presque deux fois moins nombreuses qu’ailleurs en France à pratiquer un sport.

fachry-zella-devandra-RQ9RUaWtU5Q-unsplash

Une multiplicité de freins à la pratique sportive

Dans les banlieues plus qu’ailleurs, le sport, lieu d’apprentissage de la gestion de la puissance physique, a une connotation ultramasculine : une histoire de virilité donc, de laquelle les filles sont exclues.

Sans compter que le sport implique un certain rapport avec son corps ou celui de l’autre, et qu’ici comme partout, cela devient compliqué à l’adolescence.

Très engagée sur le sujet, Sarah Ourahmoune, boxeuse médaillée olympique et tout récemment nommée déléguée du gouvernement en Seine-Saint-Denis, résume assez bien la situation d’une mixité qui effraie : « Le prétexte c’est les études, les parents, les grands frères qui freinent et les terrains de sport qui sont trop souvent investis par les garçons. Il faut changer le regard des garçons mais aussi celui des filles elles-mêmes. C’est un problème d’éducation, plus qu’économique. »

Le sport féminin ébranlé par la crise sanitaire ?

Ouf, ça bouge !

Côté associatif, même constat, comme le souligne Quentin Moreno**, directeur Île-de-France de l’association Sport dans la Ville : « Nous nous sommes aperçus qu’à partir d’une certaine tranche d’âge, les 14-16 ans, nous n’avions plus aucune fille sur les terrains. »

La réponse ne se fit pas attendre via le programme « L dans la ville » spécifiquement conçu pour les jeunes filles et permettant notamment à celles-ci de suivre des cours exclusivement féminins, avec des sports plus variés que l’offre première, centrée sur le foot et le basket.

« Ce qui compte, c’est la réappropriation de l’espace public », dit encore Quentin Moreno : il s’agit de leur permettre de reprendre confiance en elles, de s’affirmer, et in fine, « de créer les conditions propices à un retour à la mixité ».

Comprendre : une mixité réelle, gérée, et non une simple « coprésence », ce que le sociologue Erving Goffman qualifiait « d’ensemble-séparé ».

Rassurons-nous, ici non plus les filles ne se contenteront pas de « couronner les vainqueurs », contrairement à ce que voulait un certain Pierre de Coubertin, peu désireux de les voir participer aux jeux Olympiques.

Vous aimerez aussi…

Olivia Piana : « Le plaisir est le moteur de la performance, tant qu'il y a du plaisir, je continue ! »

Olivia Piana : « Le plaisir est le moteur de la performance, tant qu’il y a du plaisir, je continue ! »

Une championne multi-cartes. Olivia Piana a eu plusieurs carrières dans la glisse, et peu importe la discipline, elle fait partie des meilleures. Si elle a dû faire face à des obstacles, la reine française du stand-up paddle ne s’est jamais découragée. Aujourd’hui, elle vit à 200 %, jamais bien loin de l’océan. Rencontre avec une fille qui n’a pas sa langue dans sa poche.

Lire plus »
Sophia Flörsch, la pilote qui vit pied au plancher

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une fille qui vit au rythme de l’asphalte (Sophia Flörsch sur notre photo), une autre dans le rôle d’une tacticienne aux épaules solides, une Question qui tue spécial séniors ou encore un événement on ne peut plus ÀBLOCK!, c’est le meilleur de la semaine !

Lire plus »
Adjudante Virginie V. : « Le sport, ce n’est pas loin d’être ma vie. »

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une course en haute altitude, des JO au garde à vous, un spécialiste du baseball, une adjudante championne de cross-country (Virginie sur notre photo) et une question qui tue, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!. Faites place !

Lire plus »
Il était une fois la voile… féminine/Kirsten Neuschafer

Il était une fois la voile… féminine

Les « vieux » loups de mer qui ont marqué l’histoire du nautisme ne manquent pas. Et les louves dans tout ça ? Comme le prouve l’histoire de la voile, le langage des mers se conjugue bien à tous les genres. On vous embarque dans un petit tour d’horizon de ces filles qui font des vagues.

Lire plus »
Jean Griffet : « Le corps féminin culturiste est une forme d’égalitarisme extrêmement puissant .» Bev Francis

Jean Griffet : « Le corps féminin culturiste est une forme d’égalitarisme extrêmement puissant .»

La culture du muscle chez la femme. C’est tout l’objet de l’étude de Jean Griffet qui s’est intéressé au corps féminin culturiste. Un corps, aujourd’hui disparu en France, dans lequel ce professeur émérite en sciences et techniques des activités physiques et sportives à l’université d’Aix-Marseille II, voit un profond vecteur d’équité entre hommes et femmes.

Lire plus »
Su-Wei Hsieh

Su-Wei Hsieh, l’esprit libre du tennis qui n’a rien à perdre

Elle inaugure son 16e Roland-Garros. En double, c’est la magicienne des courts. En simple, elle aime jouer les coupeuses de têtes du circuit féminin, même si elle n’a pas encore trouvé la recette pour gravir les marches des podiums. Mais, à 35 ans, la Taïwanaise Sue-Wei Hseih est l’une des joueuses de tennis les plus attachantes. Polyvalence, jeu atypique et force mentale, la numéro 1 mondiale en double, 64e en simple, séduit le monde de la raquette. Portrait d’une fille aux nombreux rebonds.

Lire plus »
Le questionnaire sportif de… Diane Marie-Hardy

Le questionnaire sportif de… Diane Marie-Hardy

Elle ambitionnait les JO, mais son corps a dit stop. En plein championnats de France Elite d’athlétisme, en juin dernier, l’heptathlète Diane Marie-Hardy a dû renoncer à toutes les compétitions en raison d’une blessure au tendon d’Achille. Mais cette sportive acharnée n’a pas dit son dernier mot et a repris sa préparation physique. Entre deux entraînements, elle a répondu à notre petit questionnaire de Proust à la sauce ÀBLOCK!

Lire plus »
Stéphane Kempinaire : « Dans les photos de sportives, on perçoit une grâce, une émotion douce. »/Anna Santamans

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une crossfiteuse que rien n’effraie, un photographe à l’œil expert, un récap’ de la fête internationale de la glisse et une coupe du monde pour le moins originale, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! cette semaine. Enjoy !

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner