Voici venir l’histoire d’une fast and furious girl ! Il était une fois une gamine qui, dès son premier cri, semblait déjà prédestinée à bousculer les codes.
La petite Jessi naît le 27 juillet 1980 dans les Black Hills de Rapid City dans l’État du Dakota du Sud… « Cette région était un endroit où vous pouviez prendre des risques et briser les barrières », disait-elle dans une interview en 2014.
Sa bio sur son site officiel confirme sa vocation innée d’aller plus vite que son ombre : « Désireuse depuis toujours de devenir pilote de course automobile, cette jeune femme intrépide a rencontré très tôt l’amour pour la vitesse et les machines. »
Ce coup de foudre, elle le doit à son éducation rurale libérée faite de séances d’escalade, de sauts de falaise ou de courses de quatre roues le week-end.
Après avoir été pom-pom girl au lycée, la jolie blonde aux yeux bleus brouille les piste et « roule des mécaniques » avec le plus grand sérieux, se plongeant dans des études de mécanique et d’ingénierie à WyoTech, collège technique qui forme à des carrières de techniciens dans l’automobile et le diesel.
Elle décroche son premier job auprès du département marketing de l’école, alors chargée de construire une voiture – avec un autre étudiant – pour un salon majeur du secteur.
Avant de s’élancer à toute berzingue dans la course, l’Américaine se fait la main sur ses joujoux. De quoi rester libre et indépendante !
« Jessi est en quelque sorte une artiste et passe autant de temps qu’elle le peut à créer de ses propres mains. Elle adore le travail du métal, l’artisanat du cuir et peut fabriquer presque tout ce que l’on peut imaginer », lit-on dans sa bio.
Quand elle débute les courses, Jessi Combs est parfaitement équipée de façon à pouvoir réparer son véhicule en cas de problèmes. Une femme et sportive définitivement tout-terrain.
Une badass de la route
Pilote émérite, Jessi Combs va rapidement se faire un nom et devenir une légende dans l’univers de l’industrie automobile, célèbre notamment pour ses nombreux exploits au volant d’engins terrestres les plus rapides au monde.
Dès 2011, elle fonce dans des courses de l’extrême – hors route et longue distance comme la Baja 1000 en Basse-Californie où elle remporte deux podiums, le Rallye Aïcha des Gazelles où elle termine dans le Top 10 et la série de courses tout-terrain Ultra 4 où elle se place championne nationale en 2014 ou encore le King of Hammers dans le désert de Johnson Valley en Californie.
Mais c’est en 2013 qu’elle imprime sa légende en quatre roues. Elle bat en effet le record du monde féminin de vitesse sur terre à 640 km/h aux commandes du North American Eagle Supersonic Speed Challenger, un avion F-104 reconfiguré d’une puissance de 52 000 chevaux et mesurant 56 pieds de long. Elle devient alors la « femme la plus rapide sur quatre roues ».
En parallèle de ses exploits de compétition, elle s’érige vite en star de la télévision en présentant des émissions automobiles spécialisées très prisées : « All girls garage », « Mythbusters », « Xtreme 4×4 » ou encore « The List ».
Véritable casse-cou aux rêves les plus fous, Jessi Combs avait, depuis 2012, un projet bien ancré en tête : devenir cette femme la plus rapide au monde.
Le record ? Il était détenu depuis 1976 par l’Américaine Kitty O’Neil, qui avait alors réussi à atteindre la vitesse de 823,98 km/h dans le désert d’Alvord également, avec un véhicule à trois roues.
Jessi Combs avait battu son record personnel en 2018, mais l’essai n’avait pu être officiellement validé en raison d’un problème mécanique.
Son vœu de « break the record » féminin a été finalement exaucé alors même qu’elle se tuait en plein exploit.
« Les gens disent que je suis folle, moi je leur dis « merci » ! », tweetait-elle avant son exploit et terrible accident.
Perdre la vie à pleine vitesse
Le 27 août 2019, alors qu’elle s’était élancée aux commandes du même engin qu’en 2013 et dans ce même désert d’Alvord, Jessi Combs a trouvé la mort suite à l’explosion d’un pneu situé à l’avant de son véhicule, probablement causé par un obstacle présent sur la piste.
Elle roulait à plus de 841 km/h au moment où la voiture dotée d’un moteur à réaction a pris feu. « Elle a quitté cette planète en conduisant plus vite que toute autre femme dans l’histoire », déclarait alors sa famille dans un communiqué bouleversant.
Une terrible tragédie qui sera pourtant marquée du sceau de la légende grâce à une distinction posthume d’envergure : près d’un an plus tard, en 2020, le Guinness World Record annonce décerner à Jessi Combs le record de la femme la plus rapide au monde. Une consécration qu’elle n’aura pas eu le loisir de fêter, mais la dame avait une conception de la vie et de la mort bien à elle.
« Je n’ai pas peur de mourir. Je ne veux pas mourir, mais je n’en ai pas peur… J’y vais, et je ne lâche rien… Que ce soit un témoignage que les filles peuvent faire tout ce qu’elles veulent. »
Un mental d’acier, un tempérament de winneuse et un dévouement total à sa passion : Jessi Combs laisse un héritage puissant pour les générations de coureuses automobiles.
Une pionnière pour les morduEs de racing
« R.I.P Jessi Combs. Elle a inspiré tellement de gens à garder l’étincelle, à brûler du caoutchouc et à repousser les limites », écrivait le magazine Hot Rod à l’annonce de son décès.
Celle qui se surnommait elle-même – en bio sur son compte Twitter – une « super-héros briseuse de stéréotype » a grandement œuvré pour placer les femmes dans le game.
Sa famille avait même annoncé la création d’une fondation pour « poursuivre les efforts de Jessi, destinée à valoriser les femmes et jeunes filles à réaliser leurs rêves ».
Pour Caleb Perriton, le directeur du campus de WyoTech cité dans un article du Guardian, Jessi Combs a clairement été une inspiratrice pour les femmes dans une industrie dominée par les hommes : « Elle a prouvé que son ambition personnelle, son éthique de travail, etc. peuvent guider n’importe qui et elle a fait tomber de nombreux obstacles. »
Pour une génération de femmes aspirant à concourir dans le sport automobile, Jessi Combs est une icône.
Preuve en est avec Valérie Thompson, sept fois détentrice du record de vitesse terrestre en moto, qui résume bien (dans ce même article du Guardian) l’état d’esprit de pionnière qu’a eu Jessi Combs tout au long de sa vie : « Je me suis rendu compte que peu de femmes avaient l’occasion de vivre ce que nous faisons. Nous vivons la vie sans peur. Son héritage vivra et vivra principalement à travers des personnes qu’elle n’a jamais rencontrées. Elle était l’exemple parfait de ce que les femmes peuvent faire. »
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