Typhaine LauranceEn selle pour l’égalité dans le sport

Typhaine Laurance, en selle pour l’égalité dans le sport
Elle fait partie des neuf Bretonnes à avoir pris la route de la Grande Boucle 2023. Typhaine Laurance, 24 ans, a toute sa carrière cycliste devant elle, mais son plus grand combat n'est peut-être pas de rester dans la roue de ses adversaires...

Par Timéo Gomes

Publié le 27 juillet 2023 à 15h41, mis à jour le 28 juillet 2023 à 16h01

Le plus souvent, on a tendance à prendre le sport pour acquis, on oublie que, pour les femmes, le sport professionnel est un combat quotidien. Ce combat, Typhaine Laurance en fait son message.

Née le 28 août 1998 à Calan en Bretagne, la petite Typhaine passe sa jeunesse dans un milieu où le vélo semble lui être prédestiné. Fille d’un père ancien cycliste professionnel, d’une mère triple championne de Bretagne, et sœur de Axel Laurance coureur de l’écurie Alpecin Deceuninck, on peut dire que le cyclisme, c’est une histoire de famille !

Pourtant, la Bretonne n’adhère pas tout de suite au sport à pédales, elle s’essaye à la course à pied, à la natation, à la danse ou encore à l’équitation.

Puis à 12 ans, elle se met en tête d’essayer le triathlon. Elle emprunte alors le vélo de sa mère et part s’entraîner. Le triathlon ? Typhaine Laurance n’en fera jamais. Dès sa première sortie à vélo, elle comprend ce qui la fait vibrer : le cyclisme. Elle va pouvoir honorer l’héritage familial.

En 2012, la native de Calan se frotte à ses premières compétitions. Dès l’année suivante, elle remporte les Championnats de Bretagne sur route et de poursuite sur piste en catégorie cadet, premier fait d’arme qui ne sera pas le dernier.

C’est en 2015 que Typhaine Laurance réalise son rêve, elle devient championne de France sur route junior, avec un peu moins de trois minutes d’avance sur sa poursuivante Gladys Verhulst. Une distinction particulière pour elle qui, à l’époque, disait à son père : « Je n’arrête pas le vélo tant que je ne suis pas championne de France ».

C’est à la même période qu’elle rejoint l’équipe bretonne Breizh Ladies dans laquelle elle passe cinq ans, avant de signer dans sa première équipe UCI en 2020, Arkéa Pro Cycling Team. Dans cette équipe noir et rouge, celle qui a grandi prés de Plouay fait ses premières armes au niveau international. Pour sa deuxième année, elle participe notamment au Giro 2021, son premier grand Tour.

Malheureusement, les conditions ne sont pas optimales pour la coureuse française, victime d’une chute et diminuée par une poussée de fièvre, le parcours italien n’est pas une partie de plaisir. Elle réussit tout de même à finir l’épreuve et se dit fière de s’être dépassée pour y parvenir.

Aujourd’hui dans une tout autre formation, la Lifeplus-Wahoo, la Bretonne s’épanouie dans cette nouvelle aventure Britannique riche de cultures différentes. En ligne de mire ? Courir sur Le Tour de France 2023, sorte de revanche après sa non-sélection par son ancienne équipe d’Arkéa pour l’édition précédente. Les objectifs sont clairs : aider sa coéquipière néo-zélandaise Ella Wyllie à se placer dans le top classement de la meilleure jeune.

Objectif réussi au bout de deux étapes : Wyllie est deuxième dans ce classement juste derrière une compatriote bretonne de Typhaine Laurance, Cédrine Kerbaol. Reste à transformer l’essai.

La jeune carrière de la Française démarre donc sur les chapeaux de roues, et il lui reste tout l’avenir devant elle pour atteindre les plus hauts sommets. Mais là où la Calanaise fait le plus de vagues, c’est hors des routes lorsqu’elle s’exprime sur la question de l’égalité homme-femme dans le sport professionnel.

Accompagnée de son frère dans une interview pour Ouest France, les Laurance abordent la question des salaires, celui d’Axel étant trois à quatre fois supérieur à celui de sa sœur, alors même qu’ils sont tous deux présentés comme des espoirs du cyclisme.

Typhaine Laurance et son frère Axel, « My little brother is my essential », écrit-elle sur Twitter.

Typhaine Laurance critique l’absence d’un salaire minimum pour les femmes dans le cyclisme, comme c’est le cas dans les milieux amateurs. Cependant, au micro du podcast Science Sport Endurance, la Morbihannaise délivre un message fort : contre toute attente, elle déplore le nombre de polémiques sur les différences de salaire qui, selon elle, ne font pas avancer les choses. Il faut plutôt, dit-elle, soutenir, regarder, et encourager la dynamique positive dans laquelle le cyclisme féminin se trouve, notamment avec le retour du Tour de France Femmes ou encore la multiplication des diffusions de chaque course.

Le changement ne se fera pas en un claquement de doigts. Typhaine Laurance en est consciente et semble prête à assumer un rôle de porte-parole de l’égalité dans le cyclisme. Une aubaine dans un pays où les sportives s’engagent si peu !

D'autres épisodes de "Cyclisme, dans la roue des sportives"

Vous aimerez aussi…

Tour de France Femmes 2023 Bon vent dans le dos !

Tour de France Femmes 2023, bon vent dans le dos !

Il reprend la route. Cette 2e édition du Tour de France Femmes espère être aussi suivie que son homologue masculin. L’année dernière, l’engouement a été total et la Néerlandaise Annemiek Van Vleuten s’est imposée. La question est donc maintenant : qui pour lui succéder ?

Lire plus »
Championnat du monde de para athlétisme, le récap'

Mondiaux de para athlétisme 2023, l’heure du récap’

Ils ont quitté la piste. Le 17 juillet, les athlètes handisport ont bouclé, à Paris, leurs Championnats du monde de para athlétisme. Dernière grosse échéance avant le rendez-vous des Jeux Paralympiques de Paris 2024, ces Mondiaux faisaient office de test avant le grand bain. Petit résumé de la compet’.

Lire plus »
Manon Petit-Lenoir : « Sur mon snowboard, j’ai parfois une sacrée pression, mais j’en ai besoin ! »

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Des filles sur la glace, sur la neige et sur les plus hautes marches des podiums. Du hockey sur glace, du ski, du snowboard (avec Manon Petit-Lenoir sur notre photo) ou encore du short-track…Semaine glacée pour le lancement des JO de Beijing mais forcément brûlante quand on est ÀBLOCK!

Lire plus »
Serena Williams, This is the end…

Serena Williams, this is the end…

C’est désormais officiel, sa carrière va prendre fin. Après un dernier US Open fin août, Serena Williams bouclera quatre décennies de succès. En simple comme en double, avec ou contre sa sœur, elle est devenue une, si ce n’est LA référence, du tennis féminin. Décryptage d’une icône en 5 infos.

Lire plus »
Florian Grill : « Le challenge de la décennie, c'est de voir exploser le rugby féminin ! »

Florian Grill : « Le challenge de la décennie, c’est de voir exploser le rugby féminin ! »

Il est à l’origine d’une (r)évolution dans le rugby féminin. Engagé depuis des années pour le développement de la pratique féminine, qu’elle soit pro ou amateur, Florian Grill, président de la fédé de rugby, compte prouver que les filles en ont sous les crampons, notamment à l’occasion du Six Nations qui se joue en ce moment, mais surtout de la Coupe du Monde de rugby à XV qui aura lieu cet été en Angleterre. À ce stade, on le croit.

Lire plus »
Quinze Championnats de France, neuf Coupes de France, huit Ligue des Champions… Bienvenue dans le palmarès de Wendie Renard ! La nouvelle capitaine de l’équipe de France compte plus de cent-trente matchs en sélection. La footballeuse a déjà fait ses preuves, mais une bonne défenseure ne baisse jamais sa garde.

Wendie Renard, la capitaine qui ne perd pas le cap

Multi-titrée, on la présente comme l’une des meilleures footballeuses au monde. Wendie Renard a du talent, mais aussi du caractère. La capitaine de l’équipe de France sait qu’elle peut être fière de son parcours, mais une bonne défenseure ne baisse jamais sa garde.

Lire plus »
Julia Clair

Julia Clair : « Dans le saut à ski, ce qui me drive, c’est le plaisir de voler »

Elle pratique une discipline spectaculaire avec un flegme qui force le respect. Julia Clair, 26 ans, détient le record français de saut à ski féminin. Voler, rêve des humains depuis la nuit des temps, est sa spécialité, son atout, presque inné. Espérant décrocher une médaille aux prochains JO 2022, elle souhaite faire s’envoler la renommée de cette discipline féminine, trop peu médiatisée. Prenons le tremplin avec elle…

Lire plus »
Il était une fois le hockey sur glace…féminin

Il était une fois le hockey sur glace…féminin

Même si l’équipe de France de hockey n’a (hélas !) pas été qualifiée pour les JO de Pékin à partir du 4 février, remisons nos drapeaux et prenons date sans rougir avec les dix équipes féminines du reste du monde qui vont s’affronter sur la glace. Car l’affiche est belle. Et ça valait bien un petit saut dans le passé, lorsque ces dames ont pu mettre la main sur la crosse.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner