“J’ai toujours été du genre à saisir les opportunités qui se présentaient à moi. Ma vie professionnelle a pris tout un tas de virages… et c’est un peu comme ça que je me suis retrouvée professeur de yoga.
J’ai débuté sa pratique il y a sept ou huit ans, à Nice. Là-bas, j’étais très sportive, je faisais beaucoup de running, de zumba. À la salle de sport, j’ai entendu parler du yoga. C’était un moment où il était à la mode, ça explosait, tout le monde s’y essayait. J’ai voulu tester au début… et j’ai détesté !
Pour aimer le yoga, il faut aller au-delà du premier cours. Il ne faut pas hésiter à tenter différentes approches, différents profs, différents styles. Et peu importe ce qu’on est capable de faire ou non sur le tapis.
J’ai compris ça en découvrant le yoga Bikram car, là, j’ai plus arrêté. Le Bikram, c’est une série de postures qu’on répète deux fois à chaque séance dans une salle très chauffée. Comme les postures sont toujours les mêmes, on se voit vraiment progresser au fil du temps.
Quand je suis arrivée, la plupart des autres personnes du cours étaient des habituées, la mentalité était plus proche de ma vision du sport. À l’époque, ça m’avait complétement motivée, alors qu’aujourd’hui ce n’est plus du tout mon truc !
Et puis je suis revenue à Lyon, où je n’ai pas trouvé de cours de Bikram. J’avais quand même envie de continuer le yoga, donc je me suis mise à la recherche d’un cours.
Je suis tombée sur une prof pour qui j’ai eu un vrai coup de cœur. Elle avait été formée en Inde, elle donnait ses cours dans un parc, et après chaque séance je me sentais super bien.
Donc je l’ai suivie, avec elle j’ai découvert le Hata, le Yin… Peu à peu, je me suis retrouvée à pratiquer tous les jours, du Hata, du Yin, du Vinyasa… c’est devenu indispensable pour moi d’y aller tout le temps.
À l’époque, je travaillais dans la restauration et la pratique m’aidait beaucoup dans la vie de tous les jours. Moi, je suis une fille avec un petit gabarit, donc ce n’était pas facile. Mais grâce au yoga je sentais ma colonne qui revivait, qui respirait.
Dans le même temps j’ai eu un gros coup dur dans ma vie privée, le yoga c’était vraiment l’espace où je ne pensais à rien. Je n’avais pas particulièrement de facilité, je ne suis pas très forte ou souple.
Mais je me sentais bien parce que je n’avais pas l’impression d’être jugée, j’ai été bien accueillie. Plus je travaillais sur mon corps, plus je travaillais sur mon état d’esprit. Au fil du temps, le yoga m’a aidée à traverser cette épreuve.
Au bout de plusieurs années de pratique et un an et demi à en faire tous les jours, je me suis rendu compte que je m’améliorais dans les postures, mais j’étais curieuse de comprendre la philosophie du yoga.
J’avais envie de prendre une pause dans mon travail. Alors, j’ai décidé de faire ce qu’on appelle une retraite vipasana, de dix jours en silence total. Ça m’a vraiment aidée à avoir l’esprit plus clair et, dans la foulée j’ai enchaîné avec une formation de yoga intensive de 200 heures.
L’idée ce n’était pas forcément de devenir prof, mais plutôt de me plonger totalement là-dedans pendant un mois. Cette formation avait lieu en Grèce.
Lorsque je suis revenue à Lyon, plusieurs clubs où j’étais élève m’ont proposé d’assurer des remplacements. Donc, au fil du temps, je suis devenue prof de yoga !
Ce qui me plaît dans cette activité, c’est l’effet qu’elle a sur les élèves. La plupart du temps, les gens arrivent avec un certain état d’esprit, ou avec une certaine énergie, et on les voit repartir autrement.
On crée une bulle, une parenthèse dans la vie des personnes qui viennent suivre nos cours, dans un monde assez dur et stressant.
Ça fait plaisir de constater de quelle façon elles évoluent. On voit qu’elles progressent et que leur relation à leur corps change, elles se transforment en quelque sorte. Le rapport humain est vraiment beau, certains élèves reviennent, on apprend à se connaître.
On pourrait penser que mon travail en cuisine et en tant que professeur de yoga sont deux expériences totalement différentes. Mais il y a des similitudes !
Dans la restauration, il y a un moment clé qu’on appelle le coup de feu, où tout le monde doit être prêt, rapide et efficace. Au yoga, on s’imagine que tout est calme et lisse, mais c’est aussi un métier de service.
On a parfois affaire à des gens qui arrivent stressés, qui craquent avant, après le cours ou même sur le tapis, il faut savoir les gérer. Dans les deux cas, il faut être capable de faire face à la pression et de se recentrer.
Le yoga a aussi un vrai côté spirituel, c’est pourquoi je préfère dire que ce n’est pas “juste” un sport. Cet aspect ne me plaisait pas trop au début, mais je m’y suis beaucoup intéressée avec le temps.
Maintenant qu’on ne peut plus ouvrir les salles, je donne des cours à distance et c’est beaucoup plus difficile de faire attention au côté physique de la pratique. Donc je prends beaucoup plus de temps pour expliquer les postures, pourquoi on les fait, ce qu’elles signifient…
C’est une dimension du yoga que j’apprécie de plus en plus. Je trouve qu’au quotidien, on est beaucoup dans la compétition.
C’est quelque chose d’épuisant, mais quand on est sur le tapis, il n’y a pas de compétition, même pas avec nous-même. On doit être dans l’acceptation. Le yoga, c’est tout une philosophie de vie.
Je le ressens beaucoup ces derniers temps : depuis le début du confinement, ma pratique est différente, j’ai perdu en force et en souplesse. S’il y avait une dimension compétitive, je ne serais pas contente de moi.
Mais là, c’est agréable de se dire que l’intérêt n’est pas la finalité. Je ne me mets pas de pression, je prends davantage le temps de lire, faire des recherches, méditer.
Quand j’en aurai l’occasion, j’aimerais aller en Inde pour approfondir ma connaissance du yoga avec une formation de 300 heures.
Cette formation se concentre moins sur le côté postural, elle est plus axée sur la philosophie, elle nécessite de faire un travail sur soi. Et c’est la continuité logique de tout ce qu’on vit en ce moment. »
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