« Sortis du déconfinement, nous avons veillé à ce que le sport féminin ne soit pas le grand lésé de l’affaire et je peux assurer qu’aujourd’hui, il est traité de la même manière que le cyclisme masculin avec les mêmes dispositifs de reprise. Le programme des compétitions reportées va se dérouler jusqu’à novembre. »
Marie-Françoise Potereau, vice-présidente de la Fédération Française de Cyclisme et présidente de l’association Femix’Sports se dit confiante quant à l’avenir du cyclisme féminin, même après la crise du Covid.
Un enthousiasme partagé par l’une des étoiles de la piste, Loana Lecomte, Championne de France Espoirs de VTT cross-country : « Je trouve justement qu’en ce moment, on parle plus du cyclisme féminin. Les journalistes et les magazines nous appellent davantage et on entend parler d’un futur Tour de France féminin… ».
Alors que les vététistes féminines se lançaient le week-end dernier pour les Championnats de France de VTT hommes-femmes aux Menuires, revenons sur une discipline conjuguée au féminin qui marque des points !
Un tournant valorisant
La pandémie avait fait une grosse frayeur au circuit féminin : une saison suspendue, des dégâts économiques et médiatiques en vue… Sans compter l’absence du nouveau calendrier féminin dans le communiqué de l’UCI alias l’Union Cycliste Internationale, dévoilé suite à la crise sanitaire.
Un petit coup de gueule plus tard de la part des athlètes féminines et le cyclisme féminin est revenu sur le devant de la scène avec, en prime, l’avènement d’une course historique : l’organisation du tout premier Paris-Roubaix féminin.
« Ça faisait très longtemps qu’on demandait un Paris-Roubaix féminin. Pour nous, c’est une première et une grande reconnaissance car le cyclisme féminin peut ainsi adopter les mêmes stratégies que le cyclisme masculin et sur des épreuves de grandes renommées. Tout ça va dans le sens de la promotion du vélo féminin de compétition et plus largement de la pratique féminine du vélo, explique Marie-Françoise Potereau. Le fait que cette course soit diffusée à la télé peut donner envie à des petites et jeunes filles de s’y mettre. »
Grande nouveauté du Women’s World Tour 2020 – circuit mondial réservé aux femmes -, la « reine des classiques » version féminine aura donc lieu le 25 octobre prochain, le même jour que la course masculine. Les femmes emprunteront une partie du parcours avant les hommes.
Pour la quintuple championne du monde Pauline Ferrand-Prévot « c’est une excellente chose de voir le Paris-Roubaix se féminiser » et c’est « dans l’air du temps ! ».
Le vœu des championnes ? Booster la médiatisation du vélo féminin. Comment ? En augmentant toujours plus le nombre d’épreuves féminines.
Prochain événement en rodage pour 2022 : un Tour de France féminin…
Un signal ultra-positif pour l’avenir du cyclisme féminin qui ne doit cependant pas baisser sa vigilance… « C’est toutes ensembles que l’on gagnera les combats », rappelle Marie-Françoise Potereau.
Un calendrier qui tient la route
« Suite à la crise sanitaire, il n’y aura pas eu de perte d’épreuves en route pour les filles. Le cyclisme masculin et féminin ont été traités de manière très égalitaire », se félicite Marie-Françoise Potereau. Le calendrier de reprise est donc chargé pour le plus grand bonheur des compétitrices pressées d’enfourcher leur selle après ces longs mois de confinement…
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À la clé ? « Dès qu’il y aura des épreuves importantes filles-garçons, elles seront télévisées, ce qui donnera un coup de projecteur valorisant sur le cyclisme féminin », note la présidente de Femix’Sports.
Comme cela a été le cas des Championnats de France de VTT aux Menuires ou les Championnats d’Europe de cyclisme sur route qui ont lieu à Plouay jusqu’au 28 août : « Dès que c’est médiatisé, les filles et les garçons sont sur un même pied d’égalité », confirme la championne vététiste Loana Lecomte.
Pour Marie-Françoise Potereau, « Le cyclisme féminin est en pleine évolution et souhaite se rapprocher de plus en plus du sport masculin. Notamment parce que travailler de concert fait évoluer tout le monde ! »
Mais il faut toujours tenir la distance : « Pour les Championnats de France, un comité refusait d’emmener le quota féminin soi-disant faute d’argent. En tant que représentante de la Fédération, j’en ai fait une obligation. L’enjeu est vraiment la féminisation. »
Le plan de féminisation de la Fédération Française de Cyclisme permet d’engager nombre d’actions pour développer le cyclisme féminin depuis 2015. En 2018, la FFC a recensé près de 12 000 licenciés femmes, soit environ 10 % de ses licenciés en totalité.
Continuer sur une belle lancée…
Mais comment la « cause féminine » du cyclisme a-t-elle avancé au fil des années ? L’élément déclencheur est, sans aucun doute, pour Marie-Françoise Potereau, le Tour de France féminin qui, de 1984 à 1989, a donné une grande visibilité au peloton féminin qui passait juste avant le peloton masculin.
Les trois Maillots jaunes de Jeannie Longo qui a « porté son sport » ont ensuite « fait grandement avancer le cyclisme féminin français voire international ».
Côté rôles modèles actuels tous âges et disciplines confondues, Pauline Ferrand-Prévot, quintuple Championne du monde de cyclisme, Loana Lecomte, Championne de France catégorie Espoirs, Léna Gérault, Championne de France XCO aux Menuires cette année, et Axelle Etienne, prodige de l’équipe de France de BMX, font un sacré good job !
La FFC, chargée de promouvoir la parité dans le sport cycliste en pratique compétitive et loisir, a d’ailleurs désigné douze ambassadrices de la fédération cette année sur le territoire français, dans le cadre du programme « Vivre Vélo au féminin » lancé en février 2020.
Bénévoles et réparties dans huit régions, elles sont d’anciennes cyclistes de haut niveau ou des cyclistes amatrices qui organisent des sorties vélo avec des objectifs dédiés à la performance, à la sécurité ou encore à la nutrition. De quoi rameuter de nouvelles « rideuses » !
Autre initiative en forme de coup de projecteur pour le cyclisme féminin – et qui n’a pas été entamée par la crise du Covid : l’association « Donnons des Elles au vélo J-1 » qui réalise les mêmes étapes que le Tour de France masculin, un jour avant, et ce, depuis 2015, pour promouvoir l’égalité sportive et militer pour une version de la Grande Boucle au féminin. De quoi susciter l’envie aux femmes de pédaler… La boucle est bouclée !
- Ouverture Pauline Ferrand-Prévot, ©RedBull
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