« J’ai commencé le sport à 26 ans. Ce n’est pas qu’avant je détestais ça, mais je ne pensais qu’à sortir, à profiter de la vie, j’étais une bonne vivante. Pour moi, le sport était plus une contrainte qu’autre chose. Et puis, il y a quatre ans, j’ai vécu un moment difficile, une longue maladie dans ma famille, puis un deuil. Un ami m’a alors poussée à découvrir la boxe, m’assurant que ça allait me permettre de me défouler et ainsi m’aider à faire face.
Au début, j’y suis allée pour voir… Je n’étais pas en tenue de sport, je n’avais pas prévu de faire une séance. Pour rigoler, j’ai tapé dans le sac de frappe. L’entraineur m’a dit : « Tu devrais en faire, ça te ferait du bien, tu as l’air d’apprécier. » Et c’est vrai, j’ai eu un coup de cœur ce jour-là. J’ai commencé les cours et j’ai fini par penser à ça tout le temps.
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Au bout de quelques semaines, je me lançais déjà le défi de combattre. Dans mon club, on me répétait que c’était dangereux, pas raisonnable, que j’étais trop vieille. On ne me prenait pas au sérieux.
J’ai alors décidé d’aller m’inscrire dans le club de Sarah Ourahmoune, à Aubervilliers. C’était prédestiné car lorsque j’avais 17 ans, j’avais regardé un reportage sur elle, je me disais que c’était dingue, qu’elle avait de la chance, je voulais être comme elle.
J’ai appelé le fondateur de la salle, l’ancien champion Saïd Bennajem, pour le convaincre de m’entrainer. Il a refusé, j’ai insisté, il m’a dit ok. Et l’histoire a commencé.
J’étais très motivée, la boxe était pour moi un médicament. Je me suis inscrite à ma première compétition deux mois après. C’était risqué, mais je voulais prouver que je pouvais faire quelque chose de hors norme, et j’ai gagné !
C’était une période difficile car personne ne croyait en moi, mes proches me décourageaient, j’avais un job de nuit à côté et je devais m’entrainer tous les jours, voire même deux fois par jour, matin et soir, avant les compétitions. Je me suis accrochée. Je suis passée d’une fille je-m’en-foutiste à une fille avec une hygiène de vie quasi parfaite !
J’enchainais les combats partout en France : en un an, j’ai fait quinze combats pour treize victoires. Les adversaires devenaient de plus en plus costauds, je devais m’entraîner encore plus dur. J’ai plaqué mon boulot, je n’avais plus qu’une idée en tête : ne faire que ça, boxer !
Je n’avais pas de doutes, je cassais les codes, j’avais le rêve de devenir boxeuse professionnelle, et je voulais tout donner pour le réaliser. Les sacrifices, j’y étais prête.
J’ai finalement été repérée par le sélectionneur de l’équipe nationale de boxe anglaise. J’ai donc rejoint l’équipe de France amateur pendant un an et demi.
J’ai été sélectionnée pour les Championnats d’Europe, je me suis arrêtée en quart de finale, mais j’étais fière car je n’avais qu’une vingtaine de combats derrière moi quand les autres en avait cent…
J’ai bien progressé, mais je voulais passer pro, c’était mon ambition et ma seule façon de gagner un peu d’argent. J’ai été contactée par un promoteur de boxe, et en décembre 2019, je suis devenue professionnelle, seulement quatre ans après mes débuts !
C’est une sacrée reconnaissance ! Aujourd’hui, je m’entraîne aux Mureaux, dans un club essentiellement masculin, mais je m’y sens bien.
Au début, les mecs ne voulaient pas me bousculer parce que j’étais une fille, on me regardait avec tendresse, on ne voulait pas m’amocher. J’ai frappé trois fois plus fort, jusqu’à ce qu’ils me prennent au sérieux. Et je n’ai jamais plus été confrontée à ces à-priori. Je m’entraine comme une fille qui veut être championne du monde. C’est tout.
Car si les JO 2024 sont dans un coin de ma tête – parce que c’est à domicile et ce serait la cerise sur le gâteau, mon rêve à moi, mon but ultime, c’est le titre mondial en pro. Cette ceinture-là, c’est le Graal ! »
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- Ouverture : Marwen Farhat