Rima Ayadi : « Quatre ans après mes débuts sur un ring, je suis boxeuse pro. Et je ne vais pas m’arrêter là… »Boxeuse, 31 ans

Rima Ayadi
Elle s’appelle Rima Ayadi et n’avait jamais fait de sport. Jusqu’à ce qu’elle découvre la boxe à 26 ans. Aujourd’hui, elle frappe fort et compte bien décrocher le titre de Championne du monde. Témoignage d’une fille qui se bat comme une lionne pour décrocher la Une.

Propos recueillis par Valérie Domain

Publié le 01 septembre 2020 à 17h49, mis à jour le 11 février 2024 à 16h13

« J’ai commencé le sport à 26 ans. Ce n’est pas qu’avant je détestais ça, mais je ne pensais qu’à sortir, à profiter de la vie, j’étais une bonne vivante. Pour moi, le sport était plus une contrainte qu’autre chose. Et puis, il y a quatre ans, j’ai vécu un moment difficile, une longue maladie dans ma famille, puis un deuil. Un ami m’a alors poussée à découvrir la boxe, m’assurant que ça allait me permettre de me défouler et ainsi m’aider à faire face.

Au début, j’y suis allée pour voir… Je n’étais pas en tenue de sport, je n’avais pas prévu de faire une séance. Pour rigoler, j’ai tapé dans le sac de frappe. L’entraineur m’a dit : « Tu devrais en faire, ça te ferait du bien, tu as l’air d’apprécier. » Et c’est vrai, j’ai eu un coup de cœur ce jour-là. J’ai commencé les cours et j’ai fini par penser à ça tout le temps.

Rima Ayadi
©DR

Au bout de quelques semaines, je me lançais déjà le défi de combattre. Dans mon club, on me répétait que c’était dangereux, pas raisonnable, que j’étais trop vieille. On ne me prenait pas au sérieux.

J’ai alors décidé d’aller m’inscrire dans le club de Sarah Ourahmoune, à Aubervilliers. C’était prédestiné car lorsque j’avais 17 ans, j’avais regardé un reportage sur elle, je me disais que c’était dingue, qu’elle avait de la chance, je voulais être comme elle.

J’ai appelé le fondateur de la salle, l’ancien champion Saïd Bennajem, pour le convaincre de m’entrainer. Il a refusé, j’ai insisté, il m’a dit ok. Et l’histoire a commencé.

J’étais très motivée, la boxe était pour moi un médicament. Je me suis inscrite à ma première compétition deux mois après. C’était risqué, mais je voulais prouver que je pouvais faire quelque chose de hors norme, et j’ai gagné !

Rima Ayadi
©DR

C’était une période difficile car personne ne croyait en moi, mes proches me décourageaient, j’avais un job de nuit à côté et je devais m’entrainer tous les jours, voire même deux fois par jour, matin et soir, avant les compétitions. Je me suis accrochée. Je suis passée d’une fille je-m’en-foutiste à une fille avec une hygiène de vie quasi parfaite !

J’enchainais les combats partout en France : en un an, j’ai fait quinze combats pour treize victoires. Les adversaires devenaient de plus en plus costauds, je devais m’entraîner encore plus dur. J’ai plaqué mon boulot, je n’avais plus qu’une idée en tête : ne faire que ça, boxer !

Je n’avais pas de doutes, je cassais les codes, j’avais le rêve de devenir boxeuse professionnelle, et je voulais tout donner pour le réaliser. Les sacrifices, j’y étais prête.

Rima Ayadi
©DR

J’ai finalement été repérée par le sélectionneur de l’équipe nationale de boxe anglaise. J’ai donc rejoint l’équipe de France amateur pendant un an et demi.

J’ai été sélectionnée pour les Championnats d’Europe, je me suis arrêtée en quart de finale, mais j’étais fière car je n’avais qu’une vingtaine de combats derrière moi quand les autres en avait cent…

J’ai bien progressé, mais je voulais passer pro, c’était mon ambition et ma seule façon de gagner un peu d’argent. J’ai été contactée par un promoteur de boxe, et en décembre 2019, je suis devenue professionnelle, seulement quatre ans après mes débuts !

Rima Ayadi
©DR

C’est une sacrée reconnaissance ! Aujourd’hui, je m’entraîne aux Mureaux, dans un club essentiellement masculin, mais je m’y sens bien.

Au début, les mecs ne voulaient pas me bousculer parce que j’étais une fille, on me regardait avec tendresse, on ne voulait pas m’amocher. J’ai frappé trois fois plus fort, jusqu’à ce qu’ils me prennent au sérieux. Et je n’ai jamais plus été confrontée à ces à-priori. Je m’entraine comme une fille qui veut être championne du monde. C’est tout.

Rima Ayadi
©DR

Car si les JO 2024 sont dans un coin de ma tête – parce que c’est à domicile et ce serait la cerise sur le gâteau, mon rêve à moi, mon but ultime, c’est le titre mondial en pro. Cette ceinture-là, c’est le Graal ! »

Le compte Instagram de Rima : rima_ayadi_rimax

Elles aussi sont inspirantes...

Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève, jusqu’à avoir la peau en sang ! »

Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève… »

Tombée dans la marmite du sport toute petite, Loïs, 17 ans, est une sportive tout-terrain qui n’a peur de rien et surtout pas des garçons sur un terrain de foot ou un ring de boxe. Future pompier professionnel, elle s’essaye autant au wakeboard ou au ski qu’au tennis et à l’escalade, histoire de s’éclater et de se préparer à s’adapter à toutes situations. Une tête bien faite dans un corps surentraîné.

Lire plus »
Maureen : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Maureen Marchaudon : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Suite à une anorexie mentale, Maureen Marchaudon découvre la pratique du street workout, un sport encore jusque-là réservé aux gros bras masculins. Piquée de ces figures qui allient force, agilité et technique, elle devient vite insatiable jusqu’à décrocher le titre de vice-championne de France 2024 de street workout freestyle et à l’enseigner aux femmes qui veulent r(re)trouver la confiance en elles. Who run the world ? Girls !

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

WCT National Series France, et si ce n’était pas qu’un jeu d’enfant ? Melanie Buffetaud

WCT National Series France, et si ce n’était pas qu’un jeu d’enfant ?

Il était le roi des cours de récré, le voilà sport à part entière. Le jeu du Chat et de la Souris, évidemment ça vous parle ? Les 8 et 9 juillet prochain, il aura même sa première compétition nationale officielle. Les WCT National Series France, prendront leurs quartiers à la TwitchCon Paris et les femmes sont à l’honneur. Alors à vos marques, prêt, chassez !

Lire plus »
Lauriane Lamperim

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une ex-gymnaste devenue surfeuse (Lauriane Lamperim sur notre photo), une basketteuse emblématique, une parachutiste qui a fait du ciel son univers, une patineuse qui a bousculé l’ordre établi, une Simone qui a roulé sa bosse ou encore une championne de karaté qui se raconte dans notre podcast, c’était le menu de la semaine dernière sur ÀBLOCK! et c’est à (re)découvrir sans modération…

Lire plus »
zumba

Zumba, entrez dans la danse !

Une tornade, un raz de marée. Cette discipline venue de Colombie a su trouver le combo gagnant – transpirer en s’éclatant – pour séduire des femmes qui veulent bouger sans pour autant avoir l’impression de faire du sport. Reportage au pays de cette danse devenue trendy.

Lire plus »
Euro féminin de baseball, tous derrière les battes bleues !

Euro féminin de baseball, tous derrière les battes bleues !

Le championnat d’Europe féminin de baseball se joue à Montpellier jusqu’au 6 août. Et l’équipe de France, tenante du titre, compte bien récidiver l’exploit devant son public. L’occasion de développer le baseball féminin et de prendre rendez-vous pour le premier tour de la Coupe du monde, l’an prochain.

Lire plus »
Le Q&A de Julie Iemmolo

Le Q&A de la triathlète Julie Iemmolo

Elle a des airs de jeune fille sage, tranquille, sereine. Mais ne vous y fiez pas, la demoiselle a du répondant ! Lorsqu’elle s’attaque à un Ironman, mieux vaut ne pas la sous-estimer. Place au petit questionnaire sportif de Julie Iemmolo !

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner