Rechercher

Marie Wattel5 infos sur une championne pour qui la natation n’est pas un long fleuve tranquille

Marie Wattel : 5 infos sur une championne pour qui la nage n’est pas un long fleuve tranquille
Elle a bien l’intention de prendre son envol sur l’épreuve du papillon lors des Jeux Olympiques de Paris, cet été. La vice-championne du monde Marie Wattel est déterminée à décrocher la médaille d'or. Retour en 5 points sur la carrière d'une pépite française qui ne lâche rien malgré les coups durs.

Par Quentin Haton

Publié le 12 mars 2024 à 18h19

1. Débuter au soleil

Marie Wattel est originaire de Lille. Son baptême sportif, bien loin des côtes nordiques, prend des airs d’aventure insulaire à l’Île Maurice où sa famille s’est installée durant trois ans. C’est en plein milieu de l’océan Indien que la Française découvre la natation.

De retour sur le sol français, tel un poisson dans l’eau, Marie plonge tête la première dans le Club des Dauphins d’Annecy à l’âge de 7 ans. Sous la tutelle de Vanessa Brouard, elle écume les longueurs et laisse derrière elle un sillage de plaisirs aquatiques. Le papillon devient son rythme de prédilection. Marie Wattel éclabousse les performances hexagonales de son talent naissant sur 50, 100 ou 200 mètres.

Le chant des sirènes de la compétition l’appelle alors vers des eaux internationales. En 2012, elle quitte le port d’Annecy pour jeter l’ancre à l’Olympique Nice Natation. Ce club est considéré comme le « meilleur au monde » après ses neuf médailles olympiques obtenues à Londres. Un sacré bel horizon pour la jeune championne.

©Marie Wattel/Facebook

Une première couronne de championne de France sur 50 mètres papillon en 2013 ouvre les portes des Mondiaux de Barcelone. Marie Wattel, tout juste 15 ans, rejoint pour la première fois l’équipe de France élite. Rapidement, elle se frotte à la rigueur des grands fonds. Rien qu’à l’entrainement, elle surfe les vagues en compagnie de noms illustres tels que Camille Muffat et Charlotte Bonnet.

En 2015, Marie Wattel décroche un second titre national sur 100 mètres papillon, et replonge dans les abysses des Mondiaux, cette fois à Kazan, en Russie. La même année, elle obtient son Bac S mention très bien.

En 2016, un nouveau titre de championne de France lui ouvre les portes des Jeux Olympiques de Rio, où elle termine à la 23e place.

©Marie Wattel/Facebook

2. Vivre ses premières déceptions

En une chaude journée durant les Jeux Olympiques de Rio, la tension est palpable autour du bassin. La France s’apprête à plonger dans le relais 4×100 m quatre nages dames. Les États-Unis règnent sans partage sur cette discipline, mais les nageuses françaises, Béryl Gastaldello, Fanny Deberghes, Marie Wattel et Charlotte Bonnet, sont prêtes à relever le défi.

Cependant, les espoirs coulent en un instant. Au passage de relais entre Deberghes et Wattel, l’impensable se produit : une disqualification. Les résultats officiels révèlent que Marie Wattel a pris le relais trop tôt, avec une avance de 26 centièmes de seconde sur l’arrivée de la nageuse précédente. Un moment déchirant pour l’équipe française. Les espoirs de médaille sont brutalement anéantis.

Pendant ce temps, les Américaines, sans leur star Katie Ledecky, réalisent un chrono impressionnant de 3 minutes et 54 secondes, reléguant le Canada à plus de deux secondes derrière.

Les débuts olympiques de Marie Wattel, à l’âge tendre de 19 ans, ne se révèlent pas être les plus glorieux. Avant cette malheureuse disqualification lors du relais, la jeune nageuse termine 7e de sa série au 100 m papillon. Un résultat qui ne suffit pas à la propulser en demi-finale.

©Marie Wattel/Facebook

3. S’aventurer à l’étranger

Dans le conte tumultueux de Marie Wattel, l’année 2016 se présente comme un chapitre épineux, une énigme à résoudre entre les lignes de la compétition. Mais au lieu de se laisser engloutir par les remous de l’adversité, Marie décide de hisser les voiles vers de nouveaux horizons, guidée par l’objectif de Tokyo 2020.

Ainsi, elle traverse la Manche pour s’établir au campus de Loughborough. Sur le modèle américain, cette université dispose de toutes les installations requises pour soutenir et favoriser le développement des athlètes de haut niveau.

Convaincue que la performance découle de nombreuses variables, Marie Wattel combine un suivi médical, nutritionnel et mental. Par la même occasion, la nageuse peut suivre des études supérieures en Sport Management.

©Marie Wattel/Facebook

Pourtant, à cette époque, l’exil des athlètes est encore vu d’un mauvais œil. Certains esprits conservateurs critiquent l’éloignement de Marie Wattel de sa terre natale. Elle se confronte même à l’abandon de soutiens financiers, ce qui lui laisse un goût amer.

Mais la nageuse, tel un phare dans la tempête, reste fidèle à sa vision. Elle navigue à contre-courant pour atteindre les rives dorées de ses ambitions. Aujourd’hui, la tendance évolue et de plus en plus de talents français s’aventurent outre-Atlantique. Marie en est une pionnière.

©Marie Wattel/Facebook

4. Emmagasiner de l’expérience

En juillet 2017, Marie Wattel survole le 100 m nage libre et le 100 m papillon à l’US Open de New York. Avec une amélioration spectaculaire de près d’une seconde sur ses meilleurs temps, elle intègre pour la première fois le Top 10 mondial en fin de saison.

Puis, après avoir brillé aux championnats de France en petit bassin, elle s’envole vers les championnats d’Europe de Copenhague avec l’équipe de France. Pour sa première compétition internationale, la Française atteint les finales du 100 mètres nage libre, du papillon et des relais. Une semaine de rêve se conclue avec une médaille d’argent en individuel sur 100 mètres papillon et une médaille de bronze avec le relais 4×50 mètres 4 nages.

©Wikipedia

En juillet 2019, après une semaine de préparation au Japon en effectif réduit, l’équipe de France se rend à Gwangju pour les championnats du monde. Marie Wattel y entame ses 3e Mondiaux. Sur le 100 mètres papillon, la Française démarre la semaine de compétition en trombe en réalisant son meilleur temps dès les séries. En demi-finale, elle pulvérise encore son record personnel. Mais pour sa première finale mondiale, le stress de l’enjeu est trop lourd, et elle termine 8e.

Place au 50 mètres papillon. La nageuse bat le record de France de Mélanie Hénique en demi-finale. Lors d’une finale serrée, Marie manque le podium de seulement 3 centièmes et termine 5e. Piquée au vif, elle décroche une médaille de bronze avec le relais 4×100 mètres nage libre mixte.

Marie, du haut de ses 22 ans, remporte sa première médaille mondiale.

En septembre 2019, Marie Wattel inaugure sa saison olympique avec un nouveau format de compétition : l’International Swimming League. Une expérience enrichissante où elle découvre le plaisir de nager en équipe avec les meilleurs nageurs du monde. Sous les couleurs de l’équipe de la London Roar, elle brille lors du Final IV à Las Vegas en décembre, et termine deuxième au classement général.

En mai 2021, Marie Wattel s’envole pour les Championnats d’Europe en bassin de 50 mètres à Budapest. Elle y décroche le titre sur 100 mètres papillon et devient vice-championne d’Europe sur 100 mètres nage libre. La nageuse confirme son état de forme à deux mois des Jeux Olympiques.

La Française participe aux JO de Tokyo dans des conditions particulières en raison de la pandémie de COVID-19, mais réalise néanmoins une performance exceptionnelle en explosant son record personnel et le record de France lors des demi-finales du 100 mètres papillon. Elle se qualifie ainsi pour sa première finale olympique avec le deuxième temps des demi-finales. Une finale inoubliable où la nageuse termine 6e, dans une course d’une intensité historique.

©Marie Wattel/Facebook

5. Se réparer d’une saison douloureuse

Dans une saison 2022 marquée par les douleurs aux épaules et au dos, Marie Wattel n’a pas atteint les objectifs escomptés. La vice-championne du monde du 100 m papillon aspire à « retrouver un corps sain » pour briller aux Jeux Olympiques.

L’année 2022 sera donc une période éprouvante. Malgré sa sixième place mondiale sur 100 m papillon au Japon, la championne endure une saison tumultueuse.

« Je me suis sentie dépassée. C’était une année de trop. J’ai enchaîné un entraînement intense, mais je n’ai pas su le gérer physiquement et mentalement, confie-t-elle au journal L’Équipe en octobre 2023. À partir de mars, j’ai été en proie à des douleurs aux épaules et au dos incessantes. Mon corps me lâchait. Lutter contre ces blessures et douleurs était un véritable défi. Dans l’eau, le plaisir était rare. Parfois, j’appréhendais même les entraînements car je savais que j’allais souffrir et j’avais peur d’admettre que je ne pouvais pas tout faire. Je n’ai pas bien communiqué avec le staff car je gardais beaucoup de choses pour moi. J’espérais que tout cela paierait aux Championnats du monde car j’avais souffert toute l’année. »

©Marie Wattel/Facebook

Avec son groupe d’entraînement à Marseille, elle fait l’impasse sur les Championnats de France et d’Europe en petit bassin. Elle préfère se concentrer sur les Championnats des États-Unis fin novembre, suivis du meeting d’Amiens en décembre. Comme beaucoup, elle renonce aussi aux Championnats du monde à Doha en février 2024.

Mais tout ce programme est chamboulé. La nageuse française se blesse au genou en novembre 2023. Pourtant, Marie Wattel n’a pas dit son dernier mot et n’a qu’un seul objectif : les JO 2024. Et pas question pour elle de rester en dehors de la vague.

Ouverture ©FFNatation

Soutenez ÀBLOCK!

Aidez-nous à faire bouger les lignes !

ÀBLOCK! est un média indépendant qui, depuis plus d’1 an, met les femmes dans les starting-blocks. Pour pouvoir continuer à produire un journalisme de qualité, inédit et généreux, il a besoin de soutien financier.

Pour nous laisser le temps de grandir, votre aide est précieuse. Un don, même petit, c’est faire partie du game, comme on dit.

Soyons ÀBLOCK! ensemble ! 🙏

Abonnez-vous à la newsletter mensuelle

D’autres actus en brèves…

Baromètre UCPA, le sport s'offre une seconde jeunesse !

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une judokate de poche mais qui regarde le sommet, une journaliste ÀBLOCK! pour la sortie de son livre sur Alice Milliat, une arbitre de rugby pionnière et un nouveau mercredi spécial KIDS, c’est le meilleur de la semaine ! Bonne lecture !

Lire plus »
Mon ado veut prendre de la prot’, c’est ok ou non ?

Mon ado veut prendre de la prot’, c’est ok ou non ?

Le jour où l’aîné de la famille est venu te demander de lui acheter des protéines, tu n’as pas su quoi lui répondre… Déjà que ces produits ne font pas consensus chez les adultes, alors quid de leur effet sur des ados ? Pas de panique, ÀBLOCK! t’éclaire sur les besoins nutritionnels d’un corps en pleine croissance.

Lire plus »
Anouk Garnier : « En grimpant la Tour Eiffel à la corde, je ne serai plus seulement “unstoppable“ mais monumental. »

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une gymnaste qui a dépassé la dépression et les embûches pour mieux performer, une warrior qui a passé la corde au cou à la Tour Eiffel (Anouk Garnier sur notre photo) ou encore une nageuse ambitieuse et une runneuse qui nous emmène dans les coulisses de sa vie, c’est le meilleur d’ÀBLOCK!

Lire plus »
Anouk Garnier : « En grimpant la Tour Eiffel à la corde, je ne serai plus seulement “unstoppable“ mais monumental. »

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Le témoignage d’une grimpeuse qui veut passer la corde au cou à la Tour Eiffel (Anouk Garnier sur notre photo), une snowboardeuse qui s’est offert un podium au Canada ou encore notre rendez-vous spécial KIDS, c’est le meilleur de la semaine sur ÀBLOCK!. Bon rattrapage !

Lire plus »
Léa Labrousse : « J’ai envie de marquer mon nom dans l'histoire du trampoline français. »

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une championne du rebond (Léa Labrousse sur notre photo), une traileuse qui a écrit l’histoire, une torpille tricolore, une nouvelle chronique de notre marathonienne ÀBLOCK! et un festival sportif sur grand écran, c’est le meilleur de la semaine. Enjoy !

Lire plus »
Noëlie : « Quand je roule, c’est un sentiment de liberté et de joie qui m’anime. »

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une fusée sous-marine, les filles au MIC dans l’univers du ballon ovale, des cyclistes insatiables (Noëlie et Elsa sur notre photo), un nouveau Carnet de route de notre ambassadrice, un Q&A en vidéo ou encore l’histoire de la boxe au féminin et notre spécial KIDS ? Soyez ÀBLOCK!

Lire plus »
Il était une fois la boxe... féminine

Il était une fois la boxe… féminine

Alors comme ça, la boxe serait une affaire d’hommes ? Que nenni, les gants vont aussi bien aux filles qu’aux garçons ! Et certaines n’ont pas attendu d’autorisation pour le faire savoir. Retour sur l’histoire de ces pionnières gantées.

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

Ramla Ali, toujours le poing levé !

Ramla Ali, toujours le poing levé !

Une enfance marquée par la guerre et l’exode, une adolescence troublée, une passion folle pour les gants, la championne somalienne de boxe anglaise Ramla Ali combat comme elle respire. Portrait d’une fille qui se hisse avec hargne au sommet de sa discipline, avec les JO en ligne de mire.

Lire plus »
sport feminin

Le sport féminin ? En pleine lucarne !

L’été dernier, les records d’audience de la Coupe du monde féminine de foot et quelques mois plus tôt du Championnat d’Europe de handball féminin à la télévision ont prouvé que le public se passionnait de plus en plus pour les compétitions féminines. Et les dernières études ne font que réaffirmer cette réelle tendance. Pour autant, les jeux ne sont pas faits. Décryptage.

Lire plus »
Nathalie Servais

Nathalie Servais

Après des années de danse pratiquée parallèlement à ses études de lettres à l’université Paris-Sorbonne, Nathalie découvre le fitness et

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner