Londres, 1948. Des lunettes noires sur le nez, Micheline Ostermeyer, 26 printemps, s’avance d’un pas nonchalant sur la pelouse du stade olympique. Et casse la baraque. Par trois fois.
La championne française d’athlétisme réalisa, lors de ces JO, l’une de ses meilleures performances : le 30 juillet, elle remporta l’or en lancer de disque (discipline qu’elle n’avait découvert que quelques semaines plus tôt) avec un lancer à 41,92 m. Le 4 août, elle réitéra son exploit en lancer de poids, établissant, en prime, un record olympique. Et le 7 août, elle gagna la médaille de bronze en saut en hauteur (1,61 m).
Quand un journaliste lui demanda si elle s’était beaucoup entraînée pour réaliser des performances aussi admirables et quel était son secret, Micheline Ostermeyer répondit : « J’ai pratiqué l’athlétisme 5 heures par jour et le piano 5 heures par jour. »
Nièce du compositeur Luciano Paroche, la demoiselle était aussi douée en sport qu’en musique. Un héritage génétique ? Son père était adepte de gym suédoise et sa mère prof de piano. À 4 ans, elle posait déjà ses doigts sur l’ivoire et l’ébène. À 6 ans, elle présentait son premier récital.
Une femme d’exception, un petit génie qui s’amusait d’un rien et aimait fêter les succès en musique.
La veille de sa première victoire, dans le village olympique, Micheline Ostermeyer offrit un concert à ses compatriotes sur un vieux piano. C’est avec ce même instrument qu’elle fêta sa deuxième médaille d’or, en jouant du Ludwig van Beethoven.
Pour cette illustre concertiste, le sport était avant tout une distraction. Qui débuta pendant ses études au conservatoire et continua quand elle embrassa la carrière de musicienne professionnelle. La pratique sportive pour souffler entre deux notes.
« Je pratiquais le sport par plaisir, mais le piano a toujours été ma priorité », dira-t-elle en 1950 alors qu’elle arrête les compétitions sportives, après deux nouvelles médailles de bronze aux Championnats d’Europe d’athlétisme, en lancer du poids et sur 80 m haies.
Micheline Ostermeyer considérait que toutes ces disciplines nuisaient à sa réputation de concertiste. Tellement que, pendant plusieurs années, elle refusa de jouer les compositions de Franz Liszt, considérant ses œuvres comme… « trop sportives ».
Cette championne hors norme, qui recherchait la perfection dans tout ce qu’elle entreprenait, a ensuite été intégrée au projet “Olympiens pour la vie“ de WOA (Association mondiale des olympiens) qui consiste à entretenir la flamme au-delà des Jeux, à rendre hommage aux champions ayant apporté une contribution à la société et laissé un héritage au monde.
Victime d’une longue maladie, Micheline Ostermeyer a définitivement refermé ses partitions un 17 octobre 2001, à Bois-Guillaume, en Seine-Martime. Elle avait 78 ans.