S’il y a bien un sport collectif où les femmes ont peiné et peinent encore à se faire une place, c’est bien le rugby !
Officiellement inventé en 1871 par deux Anglais, ça n’est qu’en 1965 (après quelques tentatives sporadiques au début du XXe siècle) que les Françaises l’adoptent, principalement dans les universités.
Le premier match de rugby à XV féminin organisé devant des milliers de spectateurs est joué par le Toulouse Fémina Sports le 1er mai 1968 à Toulouse. La capitaine d’équipe est alors une étudiante nommée Isabelle Navarro.
Suite à cela, des équipes se constituent dans tout l’Hexagone dont la Fédération Française de Rugby refuse d’entendre parler. Celles-ci décident donc de créer leur propre club.
C’est ainsi que la fameuse Isabelle Navarro s’associe en 1970 à Annie Bannier de Pau et Odette Militon de Tarbes pour fonder l’Association Française de Rugby Féminin (AFRF). La discipline reste mal vue par la majorité…
En 1972, Marceau Crespin alors secrétaire d’état à la jeunesse et aux sports, déconseille vivement la pratique du rugby pour les femmes.
Cela n’empêche en rien l’AFRF de se rapprocher à nouveau de la Fédération Française de Rugby (FFR) et de se battre pour qu’un protocole d’accord soit enfin conclu le 26 octobre 1982.
Le premier match officiel de l’équipe de France de Rugby à XV féminin a lieu le 13 juin 1982 à Ultrecht. On y trouve des joueuses devenues pionnières : Viviane Bérodier, arrière du XV de France, est l’une d’entre elles.
A partir de là, les dates importantes s’enchaînent : le 23 mai 1984, l’AFRF devient la Fédération Française de Rugby Féminin (FFRF).
En juillet 1989 le président de la FFR, Albert Ferrasse, officialise l’intégration du rugby féminin au sein de la Fédération… Mais pas vraiment pour la bonne cause.
Le même Albert Ferrasse aurait déclaré en 1994 : il faut encourager le développement du rugby féminin car les joueuses deviendront un jour des mères, et nous ne voulons pas que ces mères empêchent leurs fils de faire du rugby.
Un an plus tard, une femme, Wanda Noury, est élue pour la première fois au Comité Directeur de la FFR. Fondatrice du RC Chilly féminin (RCC) en mai 1979, où elle jouait comme 2e ligne, Wanda Noury a obtenu deux titres de champion de France, en 1991 et en 1996. Elle a également été arbitre.
Aujourd’hui, elle est toujours en poste et elles sont… deux femmes au Comité Directeur de la FFR face à trente-quatre hommes.
Même si les rugbywomen pratiquent encore en amateur, l’Ovalie féminin n’a rien à envier à sa version masculine en termes de qualité de jeu et de talents, bien au contraire !
Son club phare, les Pachys de l’US Dax, a été 7 fois champion de France depuis 1990.
Aujourd’hui, plusieurs joueuses françaises défendent avec maestria le rugby féminin, qu’il soit à XV, à XIII ou à 7 : Gaëlle Hermet, troisième ligne aile du Stade Toulousain, pilier du XV de France, tout comme Lénaïg Corson, l’une des figures de cette équipe de France, l’Auvergnate Jessy Trémoulière, sacrée meilleure joueuse de la décennie ou encore Fanny Horta, vice-championne olympique de rugby à 7…
De plus en plus de filles en ont sous les crampons. C’est ce qu’on appelle être ÀBLOCK!