Il était une fois le judo… féminin

Art martial, il a longtemps été une « histoire de bonhommes ». Les compétitions de judo, littéralement « voie de la souplesse », ne se sont ouvertes aux femmes qu’en 1980. Une certaine Rena « Rusty » Kanokogi trouva pourtant un subterfuge pour fouler les tatamis bien avant l’heure…

Par Clotilde Boudet

Publié le 12 octobre 2022 à 16h51, mis à jour le 17 avril 2023 à 16h48

Impossible de raconter l’histoire du judo féminin sans parler de Rena « Rusty » Kanokogi (sur notre photo ci-dessus). Cette américaine affectueusement surnommée « Mère des femmes du Judo » s’est imposée toute sa vie sur les tatamis.

Si le judo féminin a mis du temps à être reconnu, Rena « Rusty » Kanokogi a vite pris les devants.

Malgré une compétition féminine organisée à Paris en marge du mondial de 1950, le judo a, en effet, été longtemps considéré comme une affaire d’hommes.

Compétition féminine en 1950

Les premiers championnats du monde féminins ne furent organisés qu’en 1980, à New York. Le Judo fit son entrée aux Jeux Olympiques de Séoul huit ans plus tard mais seulement comme sport de démonstration avant de devenir officiel à Barcelone en 1992.

Avant ça, les femmes étaient tenues à l’écart des compétitions officielles.

Rena Kanokogi fut alors contrainte de trouver un subterfuge pour concourir. Lequel ? Se travestir en homme pour participer au championnat YMCA de New York de 1959.

La judokate gagne la médaille d’or, mais une fois démasquée par le jury, elle est contrainte de déclarer forfait et de rendre son trophée.

Après cette humiliation, Rena Kanokogi part sur les terres natales du judo. À Tokyo, au Japon, elle intègre le Kodokan, dojo mythique fondé en 1882 par le créateur de la pratique, Jigorō Kanō.

Ce dernier, en avance sur son temps, enseigne l’art du judo aux femmes dès 1893. Keiko Fukuda, qui fut une de ses dernières élèves, est devenue en 2011 la première femme – et la seule à ce jour – à être promue ceinture noire 10e dan.

Quant à Rena Kanokogi, elle est devenue la première femme autorisée à s’entraîner dans le groupe des hommes du fameux Kodokan.

Par la suite, elle est rentrée aux Etats-Unis et a hypothéqué sa maison pour organiser, en 1980, les premiers championnats du monde de judo féminin. En 2008, elle reçoit des mains de l’empereur lui-même, la plus haute distinction japonaise : l’Ordre du Soleil Levant.

Keiko Fukuda, judokate la mieux classée de l’histoire du sport de combat, unique femme à atteindre le plus haut grade de judan.

En France, aujourd’hui, on compte plus d’une star des tatamis. En commençant par l’une des meilleures combattantes mondiales, Clarisse Agbegnenou, médaillée en trois couleurs et porte-drapeau des derniers JO de Tokyo.

Mais aussi, la championne paralympique de judo en 2016, à Rio, deux fois médaillée d’argent et douze fois Championne de France, Sandrine Martinet.

Ou encore, last but not least, celle qui vient tout juste de décrocher l’or aux Mondiaux 2022 face à la Brésilienne Beatriz Souza, Romane Dicko. À 23 ans, elle s’est imposée en finale des +78kg à Tachkent, en Ouzbékistan, un an après sa médaille de bronze aux Jeux de Tokyo.

Une performance, une vraie : c’était sa première participation aux Championnats du monde de judo. Le top, tout simplement.

Romane Dicko…©FFJudo

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