« Tu es née pour aller aux Jeux olympiques », lui aurait dit son père alors qu’elle était enfant. Née le 5 octobre 1964 au Japon, cinq jours avant les JO de Tokyo, première fois que le continent asiatique accueillait l’événement, la petite Seiko a conservé la flamme décelée par son père : elle participera, en effet, à la plus grande compétition sportive au monde par sept fois, entre 1984 et 1996, été comme hiver et sur deux disciplines, cyclisme sur piste et patinage de vitesse.
À son palmarès de fonceuse ? Une belle médaille de bronze en patinage de vitesse, sur 1500 mètres, au JO d’hiver d’Albertville en 1992.
C’est que Hashimoto Seiko semble avoir les Jeux Olympiques dans la peau. Ses enfants en savent quelque chose : sa fille aînée se prénomme Seika dont les caractères en japonais sont les mêmes que « flamme olympique » et ses deux fils, Girisha et Torino rendent ainsi hommage à la Grèce (prononciation japonaise) et aux JO d’hiver de Turin de 2006.
Et si elle ne concoure plus sur la piste, elle met ses nouvelles fonctions de femme politique au service de ses engagements : le sport et l’égalité des sexes.
Pionnière de la participation des femmes dans la société japonaise très conservatrice et patriarcale, elle est cadre du Parti Libéral-démocrate depuis 1995, secrétaire d’État aux Affaires étrangères de 2008 à 2009, Ministre d’État à l’égalité des sexes ainsi que Ministre chargée des Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo et des Événements sportifs entre 2019 et 2021.
Sans oublier une mandature en tant que présidente de la Fédération japonaise de patinage, en 2006 et sa nomination en tant que présidente du Comité d’organisation des Jeux olympiques de Tokyo, en février 2021.
Hasard ou coïncidence ? Elle y remplace Yoshiro Mori, démissionnaire pour cause de remarques sexistes. Cet ancien Premier Ministre japonais avait alors déclaré trouver « embêtant » que les femmes aient des difficultés à parler de manière concise lors des réunions : « Si vous augmentez le nombre de membres exécutifs féminins, et que leur temps de parole n’est pas limité dans une certaine mesure, elles ont du mal à finir, ce qui est embêtant », avait-il lancé lors d’une réunion du comité olympique japonais, début février 2021.
Ni une ni deux, la fonceuse Hashimoto Seiko avait alors dit souhaiter avoir une « franche discussion » avec lui.
Une détermination à toute épreuve et une mise en pratique des valeurs de l’olympisme incluant « l’égalité des genres, la diversité et l’inclusion » voulues par les organisateurs des Jeux. La candidate parfaite, c’était bien elle.
Cette nomination, à cinq mois de l’ouverture des Jeux, est très chaleureusement accueillie. La championne de tennis japonaise, Naomi Osaka, se félicite alors que les « barrières (soient) en train de tomber, surtout pour les femmes ».
Il faut dire que, comme pour beaucoup d’athlètes féminines, Seiko Hashimoto est rodée à la pratique du sexisme dans le sport. Elle a ainsi admis que les incessantes remarques dénigrantes pendant sa carrière sportive ont pu nuire à son mental.
Exemple ? Entendre insinuer que la compétition cycliste au Japon ne devait pas être d’un niveau extraordinaire si elle pouvait s’offrir une place olympique sans s’entraîner à fond. Une « expérience » qui l’a toujours poussée à se battre pour le droit des femmes sur le terrain du sport et en dehors.
Ses exploits politiques et à la tête des JO ? L’ancienne athlète a plaidé pour un plus grand soutien apporté aux athlètes et aux entraîneuses féminines, dirigé le lancement de programmes de développement et d’encadrement spécifiques et a joué un rôle déterminant dans l’adoption d’une politique pour le congé maternité et la création d’une structure interne de garde d’enfants pour les législateurs au Japon.
Elle a pris des mesures pour renforcer l’égalité des genres, la diversité et l’inclusion, s’engageant à promouvoir l’autonomisation des femmes durant les Jeux Olympiques et après.
Elle a renforcé la collaboration avec la Pride House de Tokyo, le premier centre permanent LGBTQ+ ouvert dans la capitale japonaise, et a multiplié par deux le nombre de femmes siégeant au conseil exécutif du COJO, soit un pourcentage qui est passé de 21 à 42 %.
En février 2022, voilà que cette rare femme politique japonaise est célébrée sur la scène internationale par un Trophée qui récompense les personnalités et artisans du changement mettant leur voix au service de la promotion de l’égalité des genres et de l’inclusion.
Ce Trophée mondial « Femme et Sport » du CIO vient renforcer la visibilité du sport au féminin et de ses besoins : « Il fallait quelqu’un comme vous pour assurer le succès de ces Jeux Olympiques. Quelqu’un qui sache bousculer l’ordre établi. Lutter pour l’égalité des genres. Repousser les limites pour plus d’inclusion. Briser le plafond de verre pour plus de diversité. En d’autres termes, une véritable championne inexorablement attachée à la promotion de l’esprit olympique dans tout ce qu’elle entreprend », s’est exclamé le président du CIO, Thomas Bach.
Ce à quoi la championne de l’olympisme a répondu, la flamme au cœur : « C’est un honneur pour moi qui me suis engagée à promouvoir l’égalité des genres depuis le début de ma carrière que de recevoir aujourd’hui ce Trophée en récompense de ces efforts. Je ferai de mon mieux pour continuer à œuvrer en faveur d’un changement positif au sein de notre société grâce au pouvoir du sport, et je serais heureuse de continuer à bénéficier de vos précieux conseils ». Une autre médaille olympique mais, cette-fois, côté direction…
Son message pour la suite ? « Mon travail est loin d’être terminé ». À bon entendeur…
On reste ÀBLOCK ! pour le sport féminin.
Ouverture ©Paralympic.org