Elle a de qui tenir. Dans sa famille british, le sport est un art de vivre. Son père était footballeur professionnel, son oncle joueur de cricket dans l’équipe nationale. La jeune Barbara, née à l’aube des sixties en Angleterre, a la tête bien faite et le corps en mouvement. Tout droit sortie d’Oxford, elle devient prof d’éducation physique dans une université après avoir goûté à la compétition.
Gymnaste de haut-niveau, elle participe en 1976 aux JO de Montréal, porte-drapeaux de son pays à la cérémonie d’ouverture des Jeux. Mais ce petit bout de femme a bien d’autres ambitions : elle se veut sportive accomplie. Si elle défie les lois de la gravité sur les tapis, elle veut aussi le faire dans l’eau et ajoute le plongeon à son palmarès de championne puis atteint un très bon niveau en squash.
Pour Barbara Slater, rien n’est impossible si on s’en donne les moyens et surtout lorsqu’on est une femme. Pourtant, elle constate très vite que les inégalités dans le sport freinent l’ascension des meilleures. Et le militantisme devient le fil de rouge de sa nouvelle carrière dans le sport.
Miss Slater quitte l’enseignement pour un autre monde, celui des médias. En 1984, elle rejoint la puissante BBC comme productrice au service des sports avant de décrocher le poste de directrice de BBC Sport, une division du groupe de télé et radio anglais, devenant la première femme à ce poste très prisé.
Barbara Slater participe activement à l’organisation d’événements sportifs internationaux, développe des programmes phares, du football en passant par le golf ou l’automobile. Élue en 2012 « femme inspirante de l’année » dans les médias par l’organisation WFTV (Women in Film & TV), elle est également membre de l’ordre de l’Empire britannique.
Figure respectée dans son univers médiatique, Barbara Slater l’est aussi pour son engagement en faveur de l’égalité des sexes dans le sport. En Europe, elle est invitée partout : pas un débat, une table ronde, une conférence, ne semble pouvoir se passer de ses analyses éclairées.
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Mais c’est au sein du CIO, le Comité International Olympique, comme membre de la commission des femmes dans le sport qu’elle se bat le plus farouchement.
Lorsque le Comité lance il y a quatre ans son ambitieux projet paritaire dans le sport, elle comprend avoir remporté une première victoire. Cette étude stratégique de la représentation des sexes aux Jeux Olympiques avec pour objet de produire des recommandations pratiques en faveur du changement est une avancée importante en termes d’égalité : « Le CIO a cette capacité unique de rassembler les organisations sportives du monde entier pour aborder cette question cruciale », dit-elle.
Le 24 septembre dernier, le CIO tenait ses deux derniers webinaires sur l’égalité des sexes destinés aux fédérations nationales.
L’importance de la représentation équilibrée des sportifs et sportives dans les médias était au centre des discussions et Barbara Slater en était l’une des porte-voix : « Dorénavant, nous avons besoin d’action, pas de promesses. Vous devez tenir vos engagements, prendre la représentation équilibrée des sexes au sérieux et veiller à ce qu’elle soit présente dans tout ce que vous entreprenez. Et bien sûr, vous devez poursuivre le combat pour vaincre les préjugés. »
En 2019, sous son impulsion, la BBC créait et lançait une campagne intitulée « Change the Game » (Changeons la donne) en faveur du sport féminin. Une campagne à l’impact indéniable. Une programmation engagée : une série de portraits de jeunes sportives qui se sont battues contre les contraintes de la culture, de la religion, du genre, de la famille ou de la société ; une autre mettant en lumière des championnes parmi les meilleures sportives du monde ; une autre encore interrogeant des célébrités sur leurs héroïnes sportives.
« Nous voulions nous assurer que, grâce à l’audience de la BBC, nous pouvions mettre sur le devant de la scène toute une série de compétitions féminines, explique Barbara Slater. Nous voulions rallier toute l’organisation à cette campagne. Résultat : 45 millions de personnes dans tout le Royaume-Uni ont ‘consommé’ du sport féminin l’année dernière. Nous allons accroître notre couverture du sport féminin et poursuivre les discussions sur l’égalité dans le sport. »
Barbara Slater en est consciente : l’égalité en matière de traitement médiatique du sport féminin et masculin ne se fera pas en un jour. Le chemin est long, mais le changement est en route : « Nous sommes déjà entrés dans un cercle vertueux en diffusant de plus en plus de sport féminin : lorsque vous offrez une couverture médiatique à un événement, cela augmente l’intérêt… et donc augmente la couverture médiatique. Tout le monde, je l’espère, l’a maintenant compris… »
Toutes les infos sur le programme du CIO en faveur de l’égalité femme-homme dans le sport sur leur plateforme dédiée.
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