Compétitrice dans l’âme et sportive accomplie depuis toujours, rien ne prédestinait pourtant Tia-Clair Toomey à devenir cette exceptionnelle machine à gagner. Persuadée que son avenir rimerait, quoi qu’il advienne, avec sport, son cœur a pourtant longtemps penché côté piste plutôt que côté salle.
Bouleversée par la victoire de sa compatriote Cathy Freeman sur 400 mètres lors des Jeux Olympiques de Sydney en 2000, la petite Australienne, âgée de 7 ans, n’a eu de cesse, dès lors, de se rêver un destin similaire. « Ce qu’elle venait de réussir était grand, se remémore Tia-Clair Toomey sur CrossFit.fr… J’avais la sensation, moi aussi, que je pouvais réaliser quelque chose. »
Portée par son ambition olympique, l’athlète en herbe partage alors son temps entre école et entraînements intensifs. Épaulée par son père, Brendan Toomey, elle jongle et enchaîne. Inlassablement.
Les journées se suivent et se ressemblent. Deux ou trois kilomètres de natation le matin pour se mettre en jambes et, une fois les cours terminés, un détour par la salle de sport pour travailler son explosivité.
Un investissement personnel énorme mais qui, malheureusement, ne suffira pas. Une carrière de sportive professionnelle a en effet un coût que la famille Toomey n’est pas en mesure de supporter.
En 2011, ses études secondaires terminées, la native du Queensland se voit donc contrainte de renoncer à ses ambitions sportives pour raisons financières.
Les pointes remisées au placard, elle commence une formation d’infirmière. « Courir juste pour faire de l’exercice dans le seul but de rester en forme est une chose que je n’avais jamais connu auparavant, confie Tia-Clair Toomey. J’ai toujours fait de la compétition, je m’entraînais pour quelque chose. C’était si différent quand je n’avais pas ça, ce n’était pas très agréable. »
Sans but et éloignée de ses proches, Tia-Clair Toomey déprime. Six mois plus tard, en 2013, elle abandonne la faculté pour rejoindre Shane Orr, son petit ami, à Gladstone. Celui-là même qui deviendra plus tard l’un de ses entraîneurs de CrossFit.
Elle y trouve un travail d’assistante dentaire et, avec ses premiers revenus, s’offre une licence dans le club d’athlétisme local. L’aspirante sprinteuse renoue avec sa passion. Dans sa ligne de mire, l’espoir, de nouveau vivace, de participer aux Jeux Olympiques.
Pressée de retrouver son niveau, l’Australienne se tourne alors vers ce sport complet qu’est le CrossFit. « Shane m’a convaincue de participer à une session avec lui mais, pour être honnête, je n’ai pas aimé, s’amuse-t-elle sur Reebok.com. Je pensais que ce n’était pas pour moi. »
Mais la perspective d’intégrer l’équipe nationale olympique conjuguée aux talents de persuasion de son fiancé auront finalement raison de ses réticences. « Plus j’y allais, plus je prenais du plaisir, poursuit Tia-Clair Toomey. J’en avais marre de m’entraîner seule, là il y avait une communauté. Lorsque j’ai réalisé que je pouvais pratiquer le CrossFit comme un sport à part entière, tout a rapidement changé. »
Un mois plus tard, la petite Aussie – 1,63m pour 58 kg – s’inscrit au Reebok CrossFit Games Open. Malgré son peu d’expérience en gymnastique et en haltérophilie, elle termine au 403e rang national.
C’est à cette époque que Miles Wydall la repère. Le Britannique, entraîneur de l’équipe australienne d’haltérophilie, lui fait prendre conscience de son énorme potentiel et se propose de l’entraîner. Une rencontre décisive pour Tia-Clair Toomey qui tire un trait, définitif, sur sa carrière de sprinteuse sans renoncer, pour autant, à ses aspirations olympiques. « En quittant la salle le premier jour, se remémore-t-elle sur CrossFit.fr, je me suis dit : “Wow, je voulais tenter ma chance au sprint en vue des Jeux Olympiques, mais je vais la tenter pour l’haltérophilie.”»
Fidèle à ses habitudes, Tia-Clair Toomey ne lésine ni sur le temps ni sur les efforts. Les sessions de CrossFit et d’haltérophilie rythment ses semaines, les compétitions ses week-ends.
En 2015, elle se qualifie pour la finale des CrossFit Games, sorte de championnats du monde de la discipline. Après seulement trois années de pratique, elle grimpe sur la deuxième marche du podium et est sacrée « Rookie of the year » (recrue de l’année). Le scénario se répète l’année suivante.
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Dans le même temps, l’endurante athlète décroche son ticket pour l’épreuve d’haltérophilie aux Jeux Olympiques de Rio. « Il n’y a pas de meilleure sensation que celle de porter les couleurs vert et or (les couleurs de l’Australie, ndlr) savoure Tia-Clair Toomey interrogée par Nocco.com. Notamment lors de la cérémonie d’ouverture, lorsque vous marchez épaule contre épaule avec les meilleurs athlètes de votre pays dans un stade bondé. C’est une expérience phénoménale. » Cinquième de son groupe, elle quitte Rio, une quatorzième place en poche.
Il faudra attendre un an de plus pour que la protégée de Shane Orr -devenu son mari en 2017, juste après sa première victoire aux Games- goûte, enfin, aux honneurs.
Engagée dans les CrossFit Games 2017, elle décroche le Graal. « Le jour où j’ai finalement terminé première était quelque chose dont j’avais toujours rêvé, confie-t-elle sur son site officiel. Lorsque j’ai entendu prononcer mon nom devant des milliers de fans qui m’acclamaient, je me suis sentie invincible, j’avais l’impression d’être au sommet du monde. C’était comme si tout ce qui s’était passé jusqu’à ce moment avait un sens. »
Depuis, « la femme la plus en forme sur Terre », athlète hors-norme, continue inlassablement à truster les premières places.
En 2018, elle s’offrait l’or en haltérophile aux Jeux du Commonwealth. La même année, elle remportait de nouveau les CrossFit Games. Elle ajoutera ensuite, à son palmarès, les éditions de 2019 et 2020, dominant la discipline avec son pendant masculin, Mathew Fraser, ex-haltérophile olympique, empereur de ces championnats du monde de CrossFit depuis 2016. Et de devenir des athlètes « unstoppable » comme le titrait la presse au lendemain de leur nouvelle victoire.
De quoi continuer à nourrir les envies olympiques de l’iconique Tia-Clair Toomey avec l’échéance tokyoïte à venir ? Aucune certitude pour le moment ! L’Australienne a décidé, pour une fois, de prendre son temps et souhaite désormais « ne pas (se) projeter trop loin. » Car, dit-elle, « Je suis concentrée sur ce qui se passe ici et maintenant. » Zen, la guerrière…
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