Souhad Ghazouani La para-haltérophile qui met la barre haut
Cette fille-là, c’est 5 médailles paralympiques dont 1 en or, un record du monde, une foison de médailles en Championnats. La para-haltérophile franco-tunisienne Souhad Ghazouani est une force de la nature. Née tétraplégique, elle porte sa vie à bout de bras, envoie du lourd et espère soulever de l'or aux Jeux Paralympiques de Paris !
Par Claire Bonnot
Publié le 05 septembre 2024 à 12h30, mis à jour le 09 septembre 2024 à 17h28
« Je ne vois pas ma vie sans mon sport, l’haltérophilie ! Il m’a apporté et m’apporte une plus grande autonomie. Ça aide réellement les personnes en fauteuil dans la gestion de leur quotidien ». Souhad Ghazouani, 42 ans, est une combattante, une acharnée. L’une des meilleures haltérophiles au monde.
Née avec une malformation de la colonne vertébrale, un spina bifida, elle grandit clouée dans un fauteuil, ses deux jambes paralysées. Une épreuve s’ajoutant à une autre, Souhad Ghazouani est la dernière d’une famille nombreuse – deux frères et sept sœurs – et se sent clairement négligée et « rejetée », voire même reniée. « Pour que ma maman m’aime, j’ai essayé de devenir un garçon, au moins dans le comportement, confie-t-elle à La Voix du Nord. Alors, je me suis beaucoup battue avec les garçons, revenant à la maison avec des bleus, des griffes, du sang sur les vêtements. Mais je me défendais plutôt bien : j’en ai cassé des bras ! »,
De cette souffrance originelle vient sans doute sa force quasi surhumaine, ce qu’elle révèle elle-même, dans cette même interview : « J’ai imaginé une façon bien particulière de me préparer. Tous les coups qu’on a pu me donner durant ma tendre enfance, toutes ces misères endurées, je les concentre le jour J. Quand je soulève la barre, les premiers centimètres de poussée sont pour ceux que j’aime. La fin de mon geste est réservée à ceux qui m’ont fait du mal. Je les écrase au plafond. »
À chaque obstacle, la petite Souhad renvoie les coups. Elle sait se battre et elle se défend bien. Mais c’est le sport qui l’a sauvée. Il lui a permis de sublimer son existence. Comme en lévitation, altière et détachée, en soulevant des barres, à la seule force de son corps et de son mental, Souhad Ghazouani se transcende.
C’est le hasard– ou la bénédiction des Dieux (de l’Olympe ?) – si la fillette découvre l’haltérophilie dans le centre spécialisé où elle est soignée à Villeneuve-d’Ascq. Alors qu’un éducateur la voit se bagarrer avec d’autres enfants, il lui lance : « Si tu veux te défouler, je vais te montrer quelque chose ». Direction la salle de musculation : la petite Souhad a 6 ans et elle soulève 30 kilos pour sa toute première barre. À 12 ans, 57 kilos. Déjà une légende en marche, à l’image du petit Hercule étranglant les serpents dans son berceau…
Si Souhad Ghazouani s’essaye à l’athlétisme ou au basketball, c’est l’haltérophilie qui l’épanouie le plus, définitivement. Cette discipline est, pour elle, un exutoire – une raison de vivre, disent même ceux qui l’entourent – et il s’avère qu’elle a un don.
Son potentiel est vite repéré, dès ses 15 ans, âge auquel elle découvre le para-développé couché. On lui prédit même une médaille olympique… En 2002, à l’âge de 20 ans, passionnée, Souhad Ghazouani intègre l’équipe de France et ainsi le monde du handisport à haut niveau.
Mais en quoi consiste son sport ? La para-haltérophilie est une discipline paralympique depuis 1984 pour les hommes et 2000 pour les femmes. En compétition, l’objectif est de soulever une charge maximale en « développé couché ». Cette discipline de force consiste à décrocher une barre chargée de poids, la tenir bras tendus, la poser contre la poitrine et finir par la lever.
Allongé sur un banc auquel il est sanglé, le para-haltérophile dispose de trois essais. Un quatrième essai est possible pour battre un record paralympique ou mondial. Avec son caractère bien trempé, Souhad Ghazouani, notre para-athlète de choc, résume : « Mon adversaire, c’est la barre. Soit elle m’écrase, soit je la lève ! ». Tout est dit.
Dès ses débuts, elle met la barre haut… 2001, pour ses premiers Championnats d’Europe, elle repart avec la médaille d’argent (catégorie des -60 kg). Un an après, c’est la médaille de bronze (même catégorie) pour ses premiers Championnats du Monde. En 2003, première médaille d’or de sa jeune carrière, à 21 ans, pour les Championnats d’Europe (même catégorie). 2004, roulements de tambour, la surdouée entre dans l’arène olympique, aux Jeux d’Athènes, un mythe. Souhad Ghazouani monte sur le podium à la seconde place. Autre grand honneur cette année-là : elle reçoit la Légion d’honneur.
À partir de 2005, elle est entraînée par son mari, son (h)alter égo, Mehdhi Ourizat. Une team du tonnerre : « J’ai quasiment tout gagné depuis », dit-elle. Imperturbable, ambitieuse, Souhad Ghazouani tutoie vite les cieux du sport de haut niveau. Son palmarès est hallucinant : médaille d’or aux Championnats d’Europe en 2005 (-56 kg), médaille d’argent aux Championnats du monde en 2006 (-52 kg), médaille d’or aux Championnats d’Europe en 2007 (-52 kg), médaille de bronze lors de ses seconds Jeux Paralympiques en 2008 à Pékin (-48 kg), médaille d’or aux Championnats du monde en 2010 (-60 kg) et aux Championnats d’Europe en 2011 (-67,5 kg).
La consécration ? Une magnifique médaille d’or pour ses troisième Jeux Paralympiques en 2012 à Londres (-67,5 kg). Le meilleur souvenir de sa carrière : « L’hymne français qui a retenti pour ma médaille d’or. Un moment très émouvant, magique ! », comme elle le relatait à handisport.org.
La suite est tout aussi glorieuse : en 2013, médaille d’or lors des Championnats d’Europe (-73 kg) et un record du monde avec 150 kg soulevés. À nouveau, une médaille d’or aux Championnats d’Europe en 2015, et une médaille d’argent aux Jeux Paralympiques d’été de Rio en 2016. Elle revenait d’une hernie discale… Quelle maîtrise !
Souhad Ghazouani enchaîne ensuite les médailles d’or : en 2017, aux Championnats du monde de Mexico (-73 kg) puis aux Championnats d’Europe de 2019 et 2022 (-73 kg). Pour les Jeux de Tokyo, en 2021, elle s’octroie une place sur le podium mais seulement en bronze (-73 kg). Aucune déception, mais plutôt une occasion de célébrer sa force, l’athlète ne pensait même pas décrocher de médaille, suite à une hernie cervicale coriace : « Je vois que même en étant blessée, j’arrive à être sur le podium ».
Son objectif ultime ? Clôturer sa carrière d’athlète aux Jeux de 2024à Paris, où elle concoure dans la catégorie des -67 kg. Avec l’or en ligne de mire. Elle y est très attendue. La plus grande chance de médaille repose sur les épaules de cette athlète exceptionnelle qui a fait de l’haltérophilie son quotidien. Licenciée à l’ASPTT Lille, Souhad Ghazouani s’entraîne chez elle, en face de sa cuisine, dans son salon, trois à quatre fois par semaine en plus du renforcement musculaire effectué en salle. Une discipline essentielle.
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