L’origine du baseball remonte aux années 1740, mais c’est en 1845 qu’il émerge vraiment. L’américain Alexander Cartwright invente alors les « Knickerbocker Rules », les règles du baseball moderne. Pour comprendre l’histoire de ce sport, il faut donc s’envoler outre-Atlantique…
Bien que les battes et balles cousues atterrissent dans les mains des étudiantes américaines dès les années 1860, les hommes accaparent ce nouveau sport. Lors des matchs officiels, on cantonne les femmes au rôle de spectatrices. Leur présence dans les gradins apaiserait l’atmosphère jugée trop agressive des rencontres…
Les femmes adeptes de baseball, qu’on appelle les « Bloomers Girls », descendent des gradins et s’emparent des terrains dès les années 1890. Le spectacle fascine tellement que les matchs s’enchaînent… Imaginez-vous, en 1903 les Boston Bloomer Girls ont disputé et gagné 28 matchs en 26 jours !
Des athlètes déterminées dans des équipes pas 100 % féminines… En effet les premières teams de « Bloomers Girls » comptaient dans leurs rangs un ou deux toppers. Ces hommes travestis en femme étaient placés en renforts aux postes considérés comme essentiels pour augmenter la compétitivité des équipes. Le légendaire Rogers Hornsby fut l’un de ces joueurs infiltrés en perruque bouclée et bloomer.
Qu’à cela ne tienne, les femmes aussi parviennent à̀ se faufiler dans les compétitions masculines ! Elizabeth Stroud – également appelée Lizzie Arlington – serait la première femme à avoir joué au côté d’hommes, les Philadelphia Réserves, lors d’un match de l’été 1898. « Lizzie Arlington a été la première femme à disputer un match dans les League mineurs, confirme l’auteur spécialiste du baseball, Gaétan Alibert. Il y avait une vraie avancée sociétale à voir des femmes jouer au baseball. Mais, à chaque fois qu’elles ont avancé, on a tenté de les stopper. »
Amanda Clement, à défaut de pouvoir devenir pro, investit les terrains en devenant la première femme arbitre de baseball amateur, puis professionnelle. Entre 1904 et 1911, elle a arbitré une cinquantaine de matchs par saison dans plusieurs États américains.
Et la France dans tout ça ? Ce n’est qu’en 1889 que le baseball débarque officiellement dans l’Hexagone… Le premier club féminin, les Tomcat’s de Tremblay, ne voit le jour qu’en 2012, huit ans après la création par la Fédération Internationale de Baseball de la première Coupe du Monde féminine.
Quant à l’équipe nationale féminine de baseball, elle n’a été fondée qu’en 2019, à l’occasion des premiers Championnats d’Europe – qu’elle a d’ailleurs remportés !
Longtemps, la société a été plutôt claire : le baseball, c’est chasse gardée, les femmes n’ont qu’à jouer au softball. Et bien que les championnats de baseball se soient ouvert à la mixité en 2013, Stephen Lesfargues, directeur technique national à la Fédération Françaises de Baseball et de Softball (FFBS), confiait en 2019 à l’AFP : « Jusqu’en 2015, les pratiquantes du baseball devaient s’orienter à 15 ans vers le softball ou bien arrêter ».
Actuellement, seul le Japon possède une ligue professionnelle féminine, la Japanese Women Baseball League (JWBL), fondée en 2009. Mais la France a rattrapé son retard dans la lutte pour l’égalité dans le baseball en 2015, grâce à Melissa Mayeux.
À 16 ans, elle fut la première joueuse de l’histoire à s’imposer dans un casting jusqu’ici exclusivement masculin : celui des joueurs présélectionnés pour intégrer la Ligue Majeure américaine, elle aussi 100 % masculine.
D'autres épisodes de "Il était une fois le sport... conjugué au féminin"