Margot Chevrier « À la perche, je ne suis pas loin de faire quelque chose de fou ! »
Elle mène de front athlétisme et médecine. La perchiste Margot Chevrier, 23 ans, a franchi un cap cet été en effaçant une barre à 4,70m. Une libération pour la Niçoise qui assume désormais pleinement ses ambitions sportives : être sacrée championne olympique et intégrer le clan très restreint des femmes à 5 mètres.
Par Sophie Danger
Publié le 18 avril 2023 à 18h03, mis à jour le 18 avril 2023 à 18h19
Tu fais du sportdepuistoute petite. Tu as testé pas mal de disciplines comme l’escalade, l’équitation, le judo… D’oùvientcebesoin de tedépenser ? De tesparentsou de toi ?
Quand nous étions petits avec mon frère, nous étionsobligés de pratiquer uneactivité extra-scolaireaprès l’école. Mes parents ne voulaient pas nous trouverdevantla télé à regarderdes dessinsanimés. Nous étionsnéanmoinslibres de choisirnosactivités, nous n’avions pas d’obligation à faire du sport.
C’estcommeça que je me suisretrouvée à faire de la poterie par exemple. Ceci étant, entre ma mère qui a fait du handball à haut niveaulorsqu’elle étaitjeune et mon père, qui a fait du ski encompétition et a beaucoup pratiqué la course à pied, nous avonstoujoursété habitués à bouger.
Quand nous partionsen vacances, et c’est encore le casmaintenant, nous ne passons pas toutesnosjournées à la plage à bronzer. On peut le faire bien évidemment,mais on fait égalementdu kayak, du vélo, des randos… Et puis, moi, je suis hyperactive. Je pense que j’avaisbesoin de sport, que mes parents avaientbesoin que j’enfasse, mes profs aussi. Pour résumer, que jefasse du sport et non de la musique a arrangé tout le monde !
Jusqu’àtes 12 ans, âgeauqueltu vas basculer sur l’athlétisme, tu ne t’es jamais engagée dans une discipline sur la durée. Tu n’avais pas trouvé ce qui teconvenaitvraiment ?
J’ai bien aimé le judo.C’étaitsympaaussiparce que tupeuxtedéfouler et, quandtusors de l’entraînement, tuescuit. L’équitationaussic’était bien mais, mêmesiphysiquementc’est difficile, c’est plus calme, plus dans la maîtriseparcequ’ilte faut aussigérer un animal et que tu ne peuxpas faire n’importe quoi. L’athlétismeen revanche, si.
Si tu as envie de taper un grand sprint en plein milieu de ta séance, tupeux et, ça, çam’éclatait. Ce que j’aiégalementaimé dans ce sport, c’est que je me suis tout de suite fait des copines. C’étaitaussi un sport qui plaisait à mon père car il pratiquaitaussi, ce qui nous rapprochait.
Et puis, 12 ans, c’est un âgeoùtudeviens plus mâture. Tu ne changes plus d’idéetoutes les deux minutes. À 12 ans, il est plus facile de se dire que l’onva se concentrer sur uneseuleactivité, la reproduirel’annéesuivante pour essayer de faire mieuxplutôt que de changer tout le temps parce que tu te lasses etque tu as envie de faire autre chose.
Comment est-ce que tut’esdirigéevers la perche ?
Je faisais du demi-fond et de la perche. J’étais bonne en demi-fond – je pense que la génétique de papa a fait le job – alors que j’étaisvraimentnulle à la perche. Quand il m’afalluchoisir entre les deux, j’ai dû trancher entre une discipline, le demi-fond, dans laquellej’avais un bon niveau, que jepartageais avec monpèremais que j’aimaismoins et uneautre, la perche, qui me plaisaitvraimentmais qui n’était pas la discipline de monpère et dans laquellej’étaismoins bonne.
Pendant quelquessemaines, je n’ai pas su quoi faire. Je pensais que si je choisissais la perche, çaallaitdécevoirmes parentsalorsmêmequ’ils ne nous ont jamais mis la pression à mon frère et àmoience qui concernele sport. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis mis ça en tête. Et puis, ma mère en a parlé à mon père en secret et il m’adit de pratiquer le sport dontj’avaisenvie.
Pour eux, l’importantétait que je m’éclate. Ilsm’ontditque sij’avaisenvie de faire de la pétanque, ilsseraient très heureux pour moi et qu’ilsviendraient me voir. Le lendemain, j’ai appelé mesentraîneurs pour leur dire que j’allais me consacrerà la perche.
Qu’est-ce qui t’attirait dans la perche quetu ne trouvais pas dans le demi-fond ?
Choisir entre perche et demi-fond a été un choix sentimental.La perche, ça me faisaitrire, pas le demi-fond. Le demi-fond, j’étaiscontentequand la séance se terminait. Les cross, c’étaitsympamaisçaresteuneépreuve difficile alorsqu’à la perche, tutemarres du début à la fin.
Et puis,enperche, il y a cette notion de danger que j’ai bien aimé. Lorsquej’étais chez les jeunes, beaucoup ne voulaient pas se lancer à la percheparcequ’ilsavaientpeurouqu’ilsn’yarrivaientpas alors que moi,ça me plaisait. J’étaistoujourspartante.
Pour autant, personne, à tes débuts, ne t’imaginaitperchisted’autant que, à tes débuts, tuenchaînes les blessures…
Mes blessures n’étaient pas spécifiquement liées au fait que je faisais de la perche. À chaque fois que je me suis blessée, c’était sur des cross ou des courses de demi-fond. il y a aussi le fait que, à cet âge-là, tu grandis.
Ma blessure la plus longue a été un syndrome rotulien (souffrance localisée sur l’avant du genou, entre la rotule et le fémur, Ndlr), comme presque tous les adolescents. À ce moment-là, je pense que mon corps exprimait mon envie de changer de stade et d’entraîneur.
Tu voulais changer maistun’osais pas le dire ?
Il y avait pas mal de choses qui étaientdevenuesgênantes à mon goût dans mon club et je pensequ’ilétait plus simple, pour moi,d’avoir des douleurspartout. Cesdouleurs, ellesavaientuneoriginemédicalemais il n’yavaitaucune raison pour qu’ellesdurentaussilongtemps.
Je pensequ’il y avaitaussiquelque chose de psychologiquederrière tout ça. Le jour où j’aichangéd’entraîneur, j’ai fait un footing de trente minutes sans aucunedouleuralors que, la veille, je ne pouvais pas courir dix minutes.
Qu’est-ce qui ne tecorrespondait plus à l’époque ?
Ce sont des problématiquesrécurrentes chez les filles de 14 ans qui s’entraînent avec des mecs et, ça, dans tous les sports du monde. Mon coach n’entraînait que des filles et il n’était pas forcémentbienveillant avec nous : il ne parlait pas forcément bien, il y avait beaucoup d’agressivité dans sespropos.
C’est facile, quandtu es unejeune fille, de ne jurer que par ton entraîneur. Tu le voistous les jours au stade, il y a une relation de confiance qui s’installe et il est difficile de se détacher de la situation. Le fait de me blesser m’a permis d’être sur le bord de la piste et de me rendrecomptequ’iln’était pas possible qu’il me parle commeça. Cette blessurem’évitait de revenirà 100 % avec le groupe et de me remettrelà-dedans.
C’est à cette époque que tu rejoins Sébastien Reisdorffer…
Quand tu es tous les jours avec quelqu’un sur un stade, il faut que ça se passe bien car c’estavant tout un loisir. Si, dans le relationnelc’estcompliqué, çapeutvitedevenirlourd. Mon père m’adit que peuimporteoù je m’entraînais, il m’yconduirait.
Si je m’entraînais dans de meilleures conditions, ça ne le dérangeait pas que je change de stade.Il ne fallaitpas que ça me limite. En août 2015, j’ai appelé Seb. Mi-août, je m’entraînais avec lui et depuis, je n’ai pas changé.
Avec Sébastien, tudécouvres un universcomplètementdifférent. Il a des objectifs de performance pourtoi. Tu vas commencer à tepréparer très sérieusement avec de la musculationnotamment, ce que tun’avais jamais fait auparavant, des entraînementplusieursfois par semaine et de véritables ambitions sportives.
Tout étaitdifférent, çal’étaitentermesd’infrastructures, de matériel. Sebdirigeait un groupecomposéuniquement de séniors. Ilsétaientsérieux, venaienttous les joursà l’entraînement et travaillaient dans uneoptique de compétition,ce qui ne les empêchait pas d’être tous super potes.
Et puisSebétaittrèscarré, très méticuleux et ça, çam’aplu tout de suite. Ilm’a fait découvrir plein de choses, il m’aformée sur plein de choses.
Qu’est-cequ’il a déceléentoi qui l’apoussé à te prendre sous son aile ?
Il avait vu, encompétition, que j’avais un mental à touteépreuve. On me demandaitn’importe quoi, il était certain quej’allais le faire mêmesi je n’avais jamais essayéde ma vie. Ce truc-là chez un perchiste,c’est hyper important. Quand quelqu’un a du mal techniquement, tupeuxrenforcerses points forts et travaillersespoints faibles.
Avec quelqu’un qui n’a pas de mental ou qui a des difficulté à prendre du levier, à choisiruneautreperche, à sortir de sa zone de confortensomme, ce sera beaucoup plus difficile. En perche, il arrive un moment où il faut changer de matériel et il y a plein de gens qui bloquent, mentalement, parcequ’alors la notion de danger et de risquedevientprédominante.
Moi, je me battais avec les coachs pour changer de perche, en prendre une plus dure, plus longue, j’avaistoujoursenvie de sauter plus haut. On m’a freinée sur ça pendant pas mal d’années et Sebl’a tout de suite compris.
Le mental c’estl’esprit de compétition ?
Moi, j’aitoujoursaiméla compétition, j’aitoujoursaimégagner. Enfin, à bien y réfléchir, j’aitoujoursdétestéperdre plus que j’aiaimégagner. Lorsquej’étais petite, quand je perdais à un jeu de société, c’était un drame. Je ne voulais pas perdre, je voulais toujoursêtre au mieux de ce que jepouvais faire. Quand jeplantais des fleurs avec ma mère, il fallaittoujours que les miennessoientmieuxplantées que celles des autres !
Quand j’aicommencéla perche, ça aétécompliquéparce que, moi,j’avaistoujourscette ambition de gagner et ce, quelle que soit la compétition. Mon précédententraîneurétaittoujoursen train de me répéter : « Calme-toi, tu ne seras pas prise aux interclubs, il y a meilleure que toi » ou « Une telleestmeilleure »…Généralement, le discoursétaitnégatif et cen’était pas nécessaire. Je n’étais pas en train de lui dire que j’allaisêtrechampionne du monde le lendemain.
Oui. Actuellement, je dis que jeveuxêtrechampionne du monde et ça ne choque plus personne. C’est bien la preuvequ’il suffisaitjuste de travailler et d’entretenir chez moicetteenvie de gagner qui estprobablement la chose la plus importante : situ as envie, tupeuxfaire un peuce que tuveux.
Sebastient’aen revanche poussée à accepter d’avoir des ambitions sportivesencompétition. Tu ne t’étais jamais autorisée à courir après un titre ?
En compétition, je me freinais tout le temps, quecesoit sur l’objectifou les performances. Lui m’aditqu’ilfallait que j’arrête, que le seulfrein qui existaitétaitcelui que, moi, je me mettais et que çapouvaitdevenirun problème encompétition. On a bossé sur ça.
On a travaillé sur le fait d’accepter que jepouvaisbattre les autres, que cen’était pas parce que, plus jeune, on m’avaitdit que j’étais pas la meilleure que je ne pouvais pas le devenir. J’aiessayé de devenir la meilleure dans mon club, puis dans le département, puis dans la région. Quand j’aiessayé de le deveniren France, il m’a dit : « Tun’en parles jamais, tun’aspeut-être pas cette ambition outu ne l’exprimes pas mais, situveux faire les Jeux Olympiques, je teprépare pourça, je pense que tu as cequ’il faut pour le faire ».
Tu n’avais jamais songé aux Jeux Olympiques avant ?
Il fallait que Seb me le propose pour que je me projettevraiment. Quand il me l’aproposé, je me suis renducompte que, si quelqu’undontc’est le métier, quelqu’un qui me connaîtdepuis deux-trois ans me ditqu’ilva me préparer pour les Jeux, c’estqu’ilpense que jepeux réussir. C’estcommeça que tout s’estdéclenché.
C’étaitenjuillet 2017, lors de la DiamondLeague de Monaco et, depuis,cette idée nem’a jamais quittée. Depuis, tous les jours, je me dis: « Demain, je vais m’entraîner pour préparer les Jeux. »
À l’époque, tuentresen première année de médecine. Tu pensaispouvoirgérer sport et études enmêmetemps ?
J’en ai parlé à Seb qui m’arépondu que, comme dans ma tête, j’avaisdécidé depoursuivre la compétition, il savait que jecontinuerais à me préparercorrectement. On était quatre à y croire : moi, mes parents et mon coachmaisc’étaitsuffisant car c’était les personnes qui étaientlà pour moi au quotidien.
On voulaitlaisser passer la première annéeavant de reprendre la compétitionmaisje savaisqu’unefoismon concours en poche, le lendemain je serai sur le stade pour mepréparer.
Vous avezétabliunesorte de planification sur plusieursannées. Comment ças’estpassé ?
J’ai eu ma premièreannée de médecine et après, nous sommesallés aux France et je les ai gagnés pour la première fois.Puis, les études se sontaménagéescomme il faut, l’entraînements’estgoupillécomme il faut et, en 2020,après le Covid, je me retrouve à faire des perfs de fou que je n’étais pas censée faire aussitôt. Je me suis dit que jepouvaispeut-êtretenter ma chance aux Jeux de Tokyo avant Paris, que çapouvaitpeut-être passer.
Du jour au lendemain, monobjectifn’était plus 2024 mais 2021. Finalement, ça ne va pas passer pour quelquescentimètres et deux-trois places au ranking. C’était un peu trop tôt, ças’estjouéà quelquesmoisprès.
Tu vas faire des progrèsmonstrueuxen très peu de temps. Est-cequ’ilt’estarrivé d’être dépassée par les évènements ?
Oui, l’annéedernière je pense. En quelquessemaines, je suis passée de 4,50m à 4,65m .Et 4,65m, c’est un niveau international senior qui permet de faire des médailles sur pas mal de championnats.
Dans la foulée, j’aiétésélectionnéeenindividuelpour les Monde en salle deBelgrade. Les Monde en salle, c’est la compet’ la plus difficile ence qui concerneles sélections : il n’y a que dix athlètesretenues et c’estune finale directe. Çasignifie que, au moment où tu es retenue, tufaispartie des dix meilleuresmondiales et ça, pour moi, c’était particulier.
Cette première expériencetu la boucles à la 10e place. Qu’est-ce que tuen as retenu ?
Je n’ai pas vraimentréussià m’exprimerparce que je n’étais pas prêteà êtreprise, cen’était pas dans nos projections. Lorsquej’ai appris ma sélection, ma saisonétaitpresqueterminée.
J’avaisprévu de partiren vacances, finalement je pars enSerbie et là, il faut que jesoisprête, vigilante, que je me sente à ma place. J’ai cru que je me sentaisà ma place maisenfait, pas du tout.Mais après, tout s’estenchaîné.Je fais 4,70m, ce qui correspond aux minima olympiques et marque un nouveau palier de franchi.
Les 4,70m, tu les passes enjuin à Salon-de-Provence. Ilssignifient quoi pour toi à ce moment-là ?
4,70m, à un moment, c’était le mot de passe de montéléphone! Je m’étaisdit que, le jour où je sauteraicette barre, je ferai les Jeux Olympiques quoi qu’il arrive. Ça, c’était plus qu’unegrosse étape dans notre planification avec Seb !
Maintenant, sur toutesmes chaussures gauches, quelle qu’ellessoient, il y a un petit« 5 » écrit dessus parce que je me dis qu’un jour, je ferai 5 mètres. Ilsn’étaient pas nombreuxà y croire il y a quelquesannées, ils le sontpeut-être un peu plus aujourd’hui.
C’estdrôle, moi à qui on avaitdit que je ne passerai jamais les trois mètres! Le jour où je ferai 5 mètres, je pourrai dire j’ycroyais déjà et c’estça qui comptait.
À cette époque, on a la sensation qu’ilte faut apprivoiser, enmême temps, deux statuts : celui de favorite au niveau hexagonal et celuid’outsider sur la scèneinternationale. Il est facile d’avoir les idéesclairesquand on jongle entre deux statutséloignés ?
Après ma victoire aux France en junior, Marion (Lotout, Ndlr) aarrêté, Ninon (Chapelle, Ndlr) était enceinte, ce qui a fait que, pendant quelquesannées, j’aigagné les France avec beaucoup d’avance sur la deuxième.
Pendant six saisons, que je gagneou pas les France, je me suis retrouvée avec les meilleures performances de la saisonen France ce qui signifiequ’il y a unestabilité, que cette place de numéro 1 s’estinscrite dans la durée et que l’oncommençait à m’attendre.
Il m’aétéen revanche un peu difficile d’être dans cetétat d’esprit-là à Belgrade. J’étais un peuspectatrice de la situation. On échangeait des vannes,enanglais, avec la championneolympique et les filles qui étaientautour de moi, c’étaitmes fonds d’écran de téléphone !
Je me disais que ce qui m’arrivait, c’étaitn’importe quoi, çan’avaitaucunsens.C’était un peucommesi on m’avaitdit : « Demain, tufais un prime avec Michael Jackson ».
Tu ne tesentais pas légitime, pas à ta place ?
C’est ça. Aux Mondiaux de Eugene, en revanche, je me suis sentieà ma placemaismalheureusement, je n’étaispas encore dans l’état d’esprit « Je peuxdéfoncer tout le monde » et il fallait que j’arriveà le trouver.
Tu as réussi à le trouver ?
J’ai bossé çacet hiver avec Seb et ma préparatrice mentale. Il fallait que jeprenne conscience que, parfois, unevictoire, ça se joueà peu de choses.Pourquoi je ne pourrais pas gagner,moiaussi ?
Je me suis renducompte, sur les meetings, que, comme les filles, je faisaismoiaussi des grossauts, que je ne m’entraînais pas moins.J’étaisjuste plus jeune avec un peumoinsd’expérience. Aux Europe indoor, à Istanbul (en mars 2023, Ndlr), à quelquescentimètresprès, on avaienttoutes les mêmesperfs.
J’ai fait un gros travail pour pouvoir me dire, unefoisen finale, que jepouvais, moiaussi, gagner, que les premières places n’étaient pas inatteignables et que ma première médaille, il fallait bien qu’elle arrive un jour alors, pourquoi pas là ?
Tu as sentiunedifférence avec tesautresexpériencesinternationales ?
Je me suis éclatée sur ce concours. J’ai pris du plaisir et j’ai super bien sauté :je fais4,55m enqualif’ et 4,60men finale, le lendemain, dans des conditions difficiles.
Finalement, je rate mon record et en,même temps, unemédaille et je me classecinquième. Cette position, je l’accepte, je la vis bien. J’ai pris conscience du niveau qui est le mien, de cequ’il me resteà faire et de ce que j’ai déjàfait.
Si je veuxêtrechampionneolympique un jour, il est normal que jeparticipe à ceschampionnats, il est normal que jedécroche des médailles. Iln’y a pas de honteà dire : « Je vais faire unemédailledemain ». Situ ne la fais pas, cen’est pas grave.
C’étaitmonappréhensionça,alors que tout le monde saitque c’est du sport, que c’est de l’humain et pas du robot et que tout ne se passe pas toujourscommeprévu. J’aivachementdédramatisé tout ça.
Après tout, je faiscinquièmederrière des filles médaillées aux Monde, aux Europe, recordwomen dans leur pays… Ce sont des grosses pointures, des filles qui ont de l’expérience. Il y a tellement de choses perfectiblesdans ma façon de m’entraîneret dans ma façon de sauter que nous ne sommes pas à grand-chose de faire quelque chose de fou.
Avec Seb, on se prépare pour ça et le jour ouçaarrivera, les autresserontpeut-êtresurprismais nous, on saura que, sur un malentendu, cettefois, c’est passé.
Tu acceptesdoncmaintenant de dire que tuveuxêtrechampionneolympique et que tuveux passer la barre des 5 mètres ?
Depuis qu’on a le projetolympique avec Seb, je me dis qu’un jour, je ferai 5 mètres et je vais tout mettreen place pour. Je pense que c’estfaisable,mais je saisaussi que je ne les feraipeut-être pas l’été prochain.
L’objectif global estgros, je veuxêtrechampionneolympique et faire 5 mètres. Il n’y a que quatre filles dans le monde qui ontréussià passer cette barre maisenmême temps, monprojetestéchelonné. Nos objectifssonthauts, certes, maisgraduels.
C’estpeut-êtredécevantquandtu ne les réalises pas mais,moi, c’estce qui me fait allertous les joursà l’entraînement.
Les Jeux Olympiques, ce sera l’annéeprochaine. En attendant, cetété, il y a des Monde à Budapest, en Hongrie. Comment est-cetu les envisages ces deux saisons ?
Il y a de belles choses à faire aux Monde et ce sera égalementunepréparation pour les Jeux de Paris 2024. Avec Seb, nous testons quelque chose de nouveau ence qui concerne la préparation.
Je me suis luxéel’épaule aux Europe, alors on essaie de retarder la perche et de faire un gros bloc de prépa physique avant la reprise. Si çafonctionne bien, on garderaprobablementça pour les années à venir.
Tu sais déjà quelsrendez-voustu vas cocherjusqu’auxJeux ?
En ce qui concerne les compétitions, j’ai un peu plus le choix que les annéesprécédentes. Je ne suis plus obligée de m’engager dans tous les meetings et de me retrouver avec vingt-cinq concours sur les bras.
C’est dur d’enchaînerautant de compétitions et enmême temps, de courir après les minima, de préparer les France, les Europe, les Monde. On a voulu jouer sur tous les tableaux. C’était un peucompliquémais il fallaiten passer par-là pour engranger de l’expérience.
Je pense que le fait d’avoir plus d’optionsva me permettre de gagnerenfraîcheur sur les grands championnats. Maintenant, je peuxaxer ma prépa et le choix de mescompétitions sur monobjectif principal et cetété, c’est Budapest.
L’année prochaine,cesera les Jeux. Tu esen 5e année de médecine, est-ce que tu vas, unefois encore, tout mener de front ou est-ce que tu envisages uneannée de césure dans tes études ?
Je devais passer des partielsenjuinmais je n’ai pas eu le temps de bossercomme je le voulais. Je bossequandmêmemescours et je suis en stage. Malgré tout, je ne ressens pas le besoind’unecésure. Un an sans cours, sans stage, c’estrisquer de ne jamais reprendre.
J’aime la médecine et puis, il y aussi le fait que moins je bossemescours, moinsmesjournéessontorganisées et moins je suis organisée à l’entraînement.
C’estquelque chose que peu de gens comprennent. Pourtant, plus j’ai de choses à gérer et plus je suis organisée, je suis focus, dans l’instantprésent, sur ce que jedois faire.
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