Je ne t’apprends rien : nous avons toutes et tous des morphologies différentes. Et l’idée selon laquelle ton « morphotype » va définir ta pratique sportive est répandue. Pourtant, la science est formelle : les morphotypes tels qu’ils ont été pensés par le psychologue William Sheldon dans les années 40 n’existent pas. Eh oui !
La classification Sheldon définit trois profils humains :
- Le type endomorphe : une silhouette trapue avec un corps plutôt large et court.
- Le type mésomorphe : une corpulence à la taille fine, avec un haut du corps large.
- Le type ectomorphe : un corps élancé, svelte, à la musculature peu développée.
Selon Sheldon, le physique n’était rien d’autre qu’une fatalité et allait jusqu’à définir ta personnalité. En 2022, on dirait : « C’est pas de sa faute, elle est Capricorne » ; en 1940, Sheldon disait : « C’est pas de sa faute, elle est endomorphe ».
Bien que les limites de cette classification aient été démontrées, certain.e.s sportifs et sportives continuent de s’y référer. Les endomorphes et les mésomorphes seraient des « easygainers », qui prennent de la masse facilement, et les ectomorphes seraient au contraire des « hardgainers », l’inverse, donc. Tu suis ?
Certes, il existe des profils type qui correspondent aux traits physiques décrit par les différents morphotypes… Mais notre morphologie n’est pas figée, personne n’appartient à 100 % à un type unique. Cette croyance crée une forme de hiérarchie discriminante qui n’a, à nos yeux, pas sa place dans le sport.
C’est vrai, quand il s’agit de renforcement musculaire, on n’est pas tous égaux… Mais rares sont les portes qui ne peuvent pas être ouvertes à coups de détermination et de régularité. Et s’il y a des inégalités, de nombreux critères entrent en jeu pour les expliquer.
Il y a tes gênes, ton éducation, ton hygiène de vie, tes objectifs, ta culture, ton métabolisme (à ne pas confondre avec ton morphotype justement !)… TOUS ces critères peuvent expliquer que ta copine se muscle plus vite que toi. Peut-être faut-il simplement adapter ton entraînement à tes spécificités et besoins.
Et si tu veux, malgré tout, continuer à faire les mêmes séances qu’elle, franchement pourquoi se priver ? Vas-y et arrête de te comparer ! Le sport, ça n’est pas qu’une compétition, c’est avant tout un cadeau qu’on se fait à soi-même.
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L’avis de Nina Kanto*, ex-handballeuse de l’équipe de France et aujourd’hui coach sportive
« Pourquoi on se muscle pas comme sa voisine de salle ? À cause du capital génétique, tout simplement. Il y a l’alimentation aussi qui joue beaucoup. Si deux personnes ont le même temps de musculation, même programme, mais que l’une d’entre elles mange plus de protéines, la prise de muscles sera forcément différente. La protéine va en effet faciliter de beaucoup le développement musculaire. Mais pour ce qui est du capital génétique, il n’y a rien à faire, ça varie selon les personnes, quel que soit leur niveau et leur nombre d’entraînements. »
*Nina Kanto, c’est deux médailles internationales de handball avec les Bleues en 214 sélections. Ses 15 années en sélection ont fait d’elle une inspiration pour les joueuses d’aujourd’hui. Elle prend sa retraite en 2016 et devient coach sportive, entraînant le club de Montigny-lès-Metz puis, depuis cette année, les U17 France de Metz Handball.