
Jeux paralympiques, levez la main droite, place au serment !
Il est l’élément clé de la cérémonie d’ouverture. Avec la main droite levée et l’autre tenant le drapeau paralympique, un athlète prête serment. Respect et esprit sportif au programme.
Publié le 12 mai 2021 à 19h08, mis à jour le 29 juillet 2021 à 12h10
Il a façonné une incroyable dynastie de championnes. Pas moins. Edward Stanley Temple, plus connu sous le nom de Ed Temple, a été le coach et le mentor des Tigerbelles, un groupe d’athlètes afro-américaines de légende.
Parmi elles Mae Faggs, Edith McGuire, Madeline Manning Mims, Willye B. White, Martha Watson, Chandra Cheeseborough ou encore Wilma Rudolph (la Perle noire, Gazelle noire ou Tennessee Tornado selon les pays) et Wyomia Tyus dite « Skeeter » (Moustique, en français), deux figures majeures de l’histoire des Jeux Olympiques.
C’est pourtant le hasard, ou plutôt une belle opportunité, qui offrira à cet entraîneur de génie une destinée historique, en marquant de son empreinte l’histoire du sprint mondial.
Né en 1927 à Harrisburg, en Pennsylvanie, Ed Temple est l’unique enfant de Christopher and Ruth N. Temple. Doué pour le sport, il excelle en athlétisme, mais aussi en football et en basketball.
Un talent qui ne passe pas inaperçu. Convoité par la Tennessee State Agricultural and Industrial School, il décroche une bourse et intègre les rangs de l’équipe d’athlétisme en 1946. Le jeune homme, alors âgé de 19 ans, va quelque peu déchanter.
À Nashville, les infrastructures sont loin d’être à la hauteur. En lieu et place de la traditionnelle piste de 400 mètres, il doit se contenter d’un 300 mètres en forme de « U », les responsables de l’université n’ayant pas jugé utile de combler la décharge adjacente.
Mais Temple s’accroche. Son diplôme en poche, l’université lui propose de prendre en charge l’équipe d’athlétisme… féminine ! « À cette époque, les gens n’étaient pas très enthousiastes à l’idée que les femmes fassent du sport, expliquait-il dans les colonnes du New York Times. À Tennessee State, tout était axé sur le football et le basket-ball. »
La mission semble impossible, il se lance avec, en tout et pour tout… deux athlètes et un budget famélique : 300 dollars de fonctionnement annuel et aucune facilité financière pour attirer les meilleures étudiantes de l’époque.
Ed Temple, homme de défi, fait avec et met au point un plan d’attaque.
Sa technique est simple : du travail, du travail et encore du travail. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, les Tigerbelles, surnom dont il a affublé son équipe, s’entraînent.
Il les fait courir trois fois par jour, la plupart du temps à l’air libre, quelque fois dans une salle de danse, devant un miroir en pied. « Nous nous entraînions tous les matins à 5h30, à midi et aussi le soir, se remémorait Barbara Jones, membre de l’équipe, double championne olympique du 4×100 mètres avec le relais américain à Helsinki en 1952 et Rome en 1960. S’il pleuvait, qu’est-ce que cela pouvait bien faire ? Nous courions à travers les pâturages et déplacions les vaches. Nous courions en haut et en bas des collines, nous courions partout. »
La situation politique des États-Unis vient compliquer, plus encore, la tâche d’Ed Temple. La ségrégation fait rage dans le sud du pays et rude n’est qu’un doux euphémisme pour décrire la vie endurée par les athlètes afro-américains. « Les restaurants et les toilettes étaient ségrégués, rappelait-il dans son autobiographie. Lorsque nous voyagions, nous devions prévoir nos repas et prendre plutôt la direction des champs. »
Qu’à cela ne tienne ! Ses Tigerbelles, ont du talent et coach Temple le sait. Pour elles, rien d’impossible ! Il n’hésite pas à les embarquer, à sa suite, dans un road trip épuisant de vingt-deux heures au volant de sa vieille DeSoto pour rallier New York afin, simplement, de leur permettre de courir. « J’ai entraîné, j’ai massé, énonçait-il dans le New York Times. J’étais le conseiller, j’étais le parent, j’étais tout, mais je devais l’être parce qu’il n’y avait personne d’autre ».
L’engagement de Ed Temple et ses méthodes vont rapidement payer. Sous sa houlette, les virtuoses du Tennessee vont s’illustrer dès 1965 et décrocher pas moins de 34 titres nationaux : 16 en indoor, 13 en extérieur et 5 en juniors.
En 1960, dix ans seulement après son entrée en fonction, il est parachuté à la tête de l’équipe nationale. Ed Temple prépare ses athlètes pour les Jeux Olympiques de Rome en 1960 et ceux de Tokyo programmés quatre ans plus tard. Les Tigerbelles seront évidemment de la partie.
Wilma Rudolph quitte la capitale italienne trois médailles d’or autour du coup : celle du 100 et du 200 mètres, celle du relais 4×100 mètres.
Wyomia Tyus prend le relais au Japon. « Skeeter » est sacrée sur ligne droite, une performance qu’elle va réitérer à Mexico en 1968, devenant la première athlète, homme et femme confondus, à réaliser un tel exploit. Elle complètera sa moisson en décrochant les lauriers du 4×100 mètres.
Au total, coach Temple aura permis à 40 de ses Tigerbelles de représenter les États-Unis aux Jeux, 40 athlètes d’exception pour un total de 23 médailles : 13 en or, 6 en argent, 4 en bronze ! « Ces filles voulait gagner, confiera-t-il au Washington Post. J’étais avec les meilleures et je leur ai juste dit : “Je veux que vous prouviez que vous pouvez le faire. »
Une épopée extraordinaire à laquelle il mettra un terme en 1993, après plus de quatre décennies d’excellents et loyaux services. L’université du Tennessee lui rendra hommage en baptisant une piste à son nom et en érigeant une statue à son effigie, à l’extérieur du First Tennessee Park, l’antre des Nashville Sounds, une équipe de baseball.
Il s’éteindra vingt-trois ans plus tard, en 2016. Il avait 89 ans.
« C’était l’homme en lui-même plus que n’importe quoi d’autre, lui avait rendu hommage Wilma Rudolph en 1993, dans le New York Times. Il comprenait les problèmes des gens, principalement les problèmes des filles. Il travaillait avec la personne dans son entier, pas uniquement avec l’athlète. Il nous motivait et il nous inspirait. Il m’a permis de réaliser mes rêves. »
Toutes nos sagas
Vous aimerez aussi…
Il est l’élément clé de la cérémonie d’ouverture. Avec la main droite levée et l’autre tenant le drapeau paralympique, un athlète prête serment. Respect et esprit sportif au programme.
L’apéritif se poursuit avant de déguster les JO d’hiver de Pékin. Cette fois, c’est à Rouen qu’une compétition de glisse fait son show. Les 4 et 5 février, la French Cup de patinage artistique synchronisé aura lieu dans la patinoire Nathalie Péchalat. À vos lames, citoyens !
Médaillée de bronze en individuel à la carabine à air comprimé à 10 mètres aux Jeux Européens de 2023 et en équipe mixte aux Mondiaux 2023, Océanne Muller est une coriace. À 21 ans, elle est bien partie pour s’offrir l’or aux JO de Paris.
Première femme à entraîner, en France, une équipe masculine senior de haut niveau en rugby à XIII, Audrey Zitter, grande sportive, a été biberonnée au ballon ovale et est aujourd’hui cadre technique régionale de Rugby à XIII. Rencontre avec une fille qui marque l’essai contre les clichés.
Elles ont marqué un tournant dans l’histoire du football féminin. Les Dick, Kerr’s Ladies Football Club, équipe de « munitionnettes » créée en 1917, vont connaître un succès fulgurant à travers toute l’Angleterre. Bannies des stades par la puissante Football Association en 1921, elles défieront l’ordre établi et continueront à se produire dans les stades jusqu’en 1965.
Une nouvelle fois, les Bleues grimpent sur la troisième marche du podium d’une Coupe du monde de rugby. Une régularité qui, certes, impose le respect et témoigne d’un groupe bourré de talent et de caractère, mais ce XV de France voulait encore mieux. On refait les matches !
Du patinage version famille nombreuse, un geste sportif décrypté, une pionnière de la « ride », une obstinée olympique (Lolo Jones sur notre photo), une chronique bien sentie et une rencontre avec une pilote acharnée, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! cette semaine. Bonne lecture !
À tout juste 36 ans, l’ancienne championne de danse sur glace, rechausse les patins et enfile une tenue inédite, celle de grande patronne de la Fédération Française des Sports de Glace (FFSG). Une femme à ce poste ? Une première ! Portrait d’une fonceuse.
Elle vient de décrocher la médaille d’argent en kayak-cross. Là où personne ne l’attendait vraiment. Mais Angèle Hug a été plus forte que les pronostics et a su choper la vague qui l’a menée jusqu’au podium olympique ! Portrait d’une jeunette qui n’a pas peur de se jeter à l’eau.
Il parait que « l’hydratation, c’est la clé », mais la clé de quoi ? On nous dit de ne pas boire pendant l’effort, on nous dit de ne pas trop boire avant l’entraînement… mais moi, le sport, ça me donne soif ! Du coup, on fait comment ? Pose cette gourde, ABLOCK! t’explique tout.
Elle a bientôt 24 ans et a renoncé à la danse pour le ski-alpinisme, discipline tout aussi exigeante. Marie-Charlotte Iratzoquy, ex-membre de l’équipe de France, fait partie de ces jeunes sportives très concernées par le changement climatique et qui tentent de réfléchir à une pratique sportive plus vertueuse. Rencontre.
Cumuler les titres de gloire, s’engager en dehors des tatamis, s’illustrer dans le judo comme dans son métier d’adjudant… Qui est Clarisse Agbégnénou, l’une des meilleures judokates mondiales ? Réponse en 5 infos clés.
Abonnez-vous à la newsletter