« Revenons trois ans en arrière : je viens de commencer à travailler, je ne fais plus de sport et je me sens un peu molle, mal dans ma peau… je me mets à la recherche d’un sport à pratiquer, de préférence qui tonifie le corps, tout en étant créatif et artistique. Je m’imagine mal me lancer dans la danse classique, j’ai pratiqué la gymnastique et j’ai trouvé ça nul… et puis une amie me parle de la pole dance.
Je vois tout de suite ça comme un défi personnel : parce que c’est un sport qui a une réputation sulfureuse, qui ne me correspond pas forcément. Mais aussi parce qu’en regardant des vidéos, je réalise que les figures sont impressionnantes : les pole-danceuses vont très haut, se retrouvent avec la tête en bas… moi j’ai le vertige et la douleur me fait très peur.
On aurait pu croire que la pole dance ne serait pas pour moi et, finalement, je tombe amoureuse de ce sport !
Mon premier cours se passe à merveille : un peu intimidée, je décide d’y traîner une amie qui a déjà fait de la pole dance, pour être plus en confiance. Quand on arrive dans la salle, nous sommes accueillies par une prof très gentille qui nous met tout de suite à l’aise. Elle est en pleine démonstration et réalise un impressionnant grand écart sur la barre. Je me dis : c’est exactement ça que je veux faire !
Bon… cela dit, c’est une figure que je ne sais toujours pas faire aujourd’hui ! Dès le premier cours, on apprend à réaliser trois figures et à la fin je n’ai plus qu’une envie, c’est de revenir. Et c’est comme ça que tout commence.
Peu à peu, la pole dance occupe une très grande partie de ma vie. Je ne vise pas la compétition ou les spectacles, parce que j’ai un trac épouvantable et que je ne suis pas du genre compétitrice. Mais même sans ces objectifs, je deviens addict à ce sport.
C’est peut-être grâce à cette satisfaction de réussir une figure, cette envie d’aller encore plus loin. Entre la chorégraphie, les cours techniques, les cours plus simples pour consolider les bases, je m’entraîne entre six et huit heures par semaine.
Sans compter que je prends d’autres cours qui sont utiles pour la pole dance : des cours de souplesse, de barres au sol, de renforcement musculaire, de yoga…
En un sens, ma pratique de ce sport est un peu addictive : la courbe d’apprentissage est très satisfaisante puisqu’on maîtrise les figures un petit peu mieux à chaque cours. Le fait de se voir réussir, mais aussi de voir son corps changer et évoluer, ça donne envie d’aller toujours plus loin dans la pratique.
Si cette façon de défier la gravité me faisait peur au début, je surpasse très vite ces craintes en apprenant pas à pas. Il m’arrive de souffrir, c’est sûr, mais je parviens à réaliser des figures dont je n’aurais jamais pensé être capable.
Au fil de ma découverte de la pole dance, je m’amuse à raconter tout ça dans de petites BD. Raconter ma vie en dessin est quelque chose que j’ai toujours aimé faire, et la pole dance est de mon point de vue un sujet incontournable.
Un jour, une personne de chez Glénat me propose d’en faire un album complet. Je décide de me lancer dans cette aventure, et mon livre « Pole Dance, ma vie en équilibre »* paraît finalement en juin 2020.
Mon but avec cet album, c’est d’initier les gens à la pole dance, de leur faire découvrir ce sport qu’on associe souvent à la sexualité, à quelque chose d’interdit. La bande dessinée, c’est quelque chose qui passe de main en main, qui se prête, qui s’offre… c’est l’occasion de présenter mon sport à des personnes qui ne le connaissent pas du tout.
Il y a des pages narratives qui racontent ma vie de façon un peu romancée, et des fiches techniques qui détaillent quelques notions essentielles de ce sport.
La publication de cet album est finalement une super expérience : des initiées me contactent pour me dire qu’elles sont contentes de lire un livre sur la pole dance qui s’écarte des clichés. Pas mal de lectrices me confient aussi que l’album leur a donné envie de se mettre à ce sport… ou même de s’y remettre !
Aujourd’hui, la pratique de mon sport est vraiment compliquée : avec la fermeture des salles, je ne peux plus faire de pole-dance dans des studios. Il existe des barres qu’on peut installer dans son appartement, on peut même choisir des modèles sur mesure en fonction de sa morphologie, de son niveau… malheureusement mon appartement est tout simplement trop petit pour y placer une barre.
Alors, pour compenser, je pratique la souplesse et je travaille ma force, histoire d’être prête pour la réouverture des salles. Mais c’est difficile, je ne peux pas, par exemple, faire de posture tête en bas et je perds un peu l’habitude de la pratique.
Il n’empêche que je ne regrette pas d’avoir fait entrer ce sport dans ma vie. Physiquement, mon corps est beaucoup plus tonifié, je suis plus souple, je dors aussi beaucoup mieux.
Côté confiance en moi, c’est aussi le jour et la nuit : quand on sait que tous les soirs on fait des figures de folie, on se dit qu’on vaut quelque chose !
La pole dance a changé ma vie à plein de niveaux, ça a changé ma façon de manger aussi : il faut s’arranger pour ne jamais avoir trop faim et éviter de se gaver pour garder la nourriture dans le ventre quand on fait des figures tête en bas !
À toutes les femmes qui sont intéressées par la pole dance, je leur conseillerais de ne pas hésiter à se lancer dans un premier cours : l’idéal est, comme moi, d’y aller avec un ou une amie. Les hommes sont aussi les bienvenus dans cette pratique, même s’il y en a peu.
Les débutantes se questionnent souvent sur la tenue : il y a des figures qui nécessitent en effet d’être en brassière par exemple, pour que la peau puisse être en contact avec la barre.
Mais c’est tout à fait possible de pratiquer en short et en tee-shirt, même à haut niveau, et de remonter le tee-shirt pour certaines figures.
Il y a beaucoup de clichés sur la pole dance en France, c’est aussi pour ça que j’ai décidé d’en parler en BD. Mais, dans l’ensemble, l’ambiance est vraiment bienveillante, et même si à l’issue d’un cours d’introduction vous ne décidez pas d’en faire votre sport, vous aurez quand même passé un bon moment ! »
- *“Pole Dance, ma vie en équilibre“, aux éditions Glénat