
Marie Petitcuénot : « Sportive, sois belle… et joue ! »
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Publié le 17 décembre 2020 à 17h16, mis à jour le 29 juillet 2021 à 14h34
Il est de grands destins qui, parfois, tiennent à de petits riens. Celui de Shaikha Al Qassemi est de ceux-là. Une banale histoire d’épaules en ce qui la concerne. Une fichue carrure qui lui colle, depuis l’enfance, des complexes à n’en plus finir. Trop prononcée à son goût. Trop voyante.
Au fil des ans, la jeune Émiratie en vient à ne plus pouvoir supporter ce haut du corps qu’elle juge disproportionné, disharmonieux par rapport à son petit gabarit d’1,58 mètre. Une obsession qui la hante et lui gâche d’autant plus la vie que le regard des autres la conforte dans cette idée. Pas assez féminine de l’avis général, elle souffre de ne pas correspondre aux impitoyables standards de beauté en vigueur.
©Maxim Shatrov/Red Bull
C’est internet qui va lui ouvrir des horizons dont elle ne soupçonnait pas l’existence. Au fil des surfs, au hasard des pages, Shaikha Al Qassemi découvre Camille Leblanc-Bazinet et Annie Thorisdottir. La Canadienne et l’Islandaise sont toutes les deux crossfiteuses et partagent généreusement les photos de leurs corps musclés au gré de leurs nombreuses publications sur les réseaux sociaux. Une révélation.
« Les femmes autour de moi étaient toutes petites, se souvient-elle dans les colonnes de Fridaymagazine.ae. J’étais la seule à avoir des épaules. En voyant ces championnes, je me suis dit : « Whaou, c’est pour ça que Dieu m’en a donné. » »
©Ali Bharmal / Red Bull
Quelques mois plus tard, Kiki, comme la surnomment ses proches, décide de leur emboiter le pas. « J’ai regardé des vidéos de toutes ces femmes qui faisaient du CrossFit, explique-t-elle au nationalnews.com.
Elles soulevaient des charges impressionnantes et rapidement en faisant des mouvements que je n’avais jamais vus ou dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. J’étais impatiente d’apprendre et de le faire aussi. Le défi le plus difficile à relever pour moi était la peur de l’échec. » En mars 2013, sa décision est prise et elle décide, à son tour, de se lancer.
©Dimitri Crusz/Red Bull
Très vite, Shaikha Al Qassemi se découvre un talent indéniable pour la discipline et, en particulier, pour l’haltérophilie. « C’est ce qui m’a encouragée à poursuivre, reconnaît-elle sur Fridaymagazine.ae. Je me suis dit que mon corps était peut-être fait pour ça. »
Peu à peu, les résultats s’enchaînent – une troisième place à l’issue de la « Battle of the East », en 2015, suivie d’un nouveau top 3 lors de la « Battle of Heroes » l’année suivante – et les marques la repèrent. À 27 ans, elle devient non seulement la première crossfiteuse moyen-orientale sponsorisée, mais également la première femme émiratie à bénéficier de ce type de financement et ce, tous sports confondus.
©DR
Confortée dans ses choix, « Kiki » persévère. En l’espace de quelques mois, elle se métamorphose. Fière de sa nouvelle silhouette, elle qui, auparavant, s’évertuait à la cacher n’hésite désormais plus à la montrer. Trop au goût de certains. « Dans notre culture, ce sport est considéré comme tabou, reprend-elle dans Fridaymagazine.ae. Lorsque j’ai commencé, beaucoup étaient contre. »
Beaucoup, à commencer par ses proches, heurtés, pour certains, par ce nouveau style de vie. « Les gens disaient que ce n’était pas bien parce que je suis issue d’une certaine famille, confie-t-elle sur livehealthy. Ils disaient que c’était honteux aussi parce que je suis une femme arabe et que je ne devrais pas m’habiller comme ci ou agir comme ça… »
©Naim Chidiac/Red Bull
Mais les pressions, Shaikha Al Qassemi n’en a cure. Déterminée à faire évoluer les mentalités, elle s’entête et résiste. En 2017, elle ouvre une salle de sport à Dubaï. L’idée est simple : promouvoir, auprès de ses détracteurs, les bienfaits de l’activité physique.
Mixte dans un premier temps, la « Platform Fitness Gym » devient très vite un lieu dédié aux seules femmes. « Nous ne les poussons pas à se lancer dans la compétition en CrossFit ou autre, prévient-elle sur sportindustryseries.com. Nous voulons encourager un changement de style de vie qui implique de bien s’entraîner, mais aussi de mieux manger et d’être généralement plus actif. »
©DR
Non contente d’avoir prouvé qu’elle avait les épaules, certes larges, mais surtout solides, Shaikha Al Qassemi s’autorise, dès lors, non seulement à donner à voir mais aussi à entendre. Féministe convaincue, militante engagée, elle n’a de cesse de combattre le body shaming et de prôner l’acceptation de soi par le sport.
« Il existe des standards délirants concernant ce à quoi doivent ressembler les femmes, s’attarde-t-elle dans Fridaymagazine. Ce n’est pas réaliste. Mais les gens attachent tellement d’importance à ce que les autres pensent d’eux ! En tant que femmes, vous ne devriez pas vous soucier de ce que les autres vous disent, vous devez créer vos propres normes. »
©Naim Chidiac/Red Bull
Un combat de longue haleine méritoire assurément, mais néanmoins chronophage. À trop vouloir batailler sur tous les fronts, la jeune femme finit par se rendre compte qu’elle s’est oubliée. L’année 2019 sera donc celle de l’introspection et de la prise de conscience.
« Je disais aux gens de vivre leur vie, mais je me retenais de vivre la mienne, confesse-t-elle à Livehealthy. Je me sentais très vulnérable. » Alors, après six mois de réflexion, elle prend une résolution radicale : quitter les Émirats pour s’installer à Majorque. Seule. Sans tenir compte, une fois encore, du poids écrasant de la bien-pensance et des inévitables qu’en-dira-ton. « J’ai passé ma vie à toujours demander la permission, mais quand vous faites cela, vous donnez à l’autre la possibilité de dire ‘non’. Cette fois, je l’ai fait. J’ai organisé mon lieu de travail, mon lieu de formation, mon lieu de résidence et j’ai réservé mes billets d’avion. »
©DR
Dorénavant installée à plus de 7 000 kilomètres de Dubaï, coupée de sa routine journalière et de son rythme de vie trépidant, Shaikha la pionnière se recentre sur elle-même. Loin des siens et de ses repères, elle parvient à reprendre, peu à peu, le cours de sa propre histoire. Et quand le manque se fait sentir ou que le doute s’installe, elle s’accroche, vaille que vaille, à son rêve ultime : participer aux CrossFit Games.
La situation sanitaire et le confinement se sont liés pour en retarder la réalisation, mais peu importe, la Doubaïote en est convaincue : elle réussira car elle se le doit et peu importe ce qu’il en coûte. « Vous ne savez jamais où la vie va vous mener. Lorsque j’étais plus jeune, je voulais être avocate, je suis désormais une athlète de CrossFit. Je ne sais pas si je serai encore en Espagne dans un an ou dans cinq ans, mais je sais que j’ai fait le bon choix. L’entraînement et la compétition, c’est tout ce que j’aime. »
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©Murad Abaza / Red Bull
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