Sandrine MartinetLe judo pour mettre le handicap au tapis

Sandrine Martinet, le judo pour mettre le handicap au tapis
Championne paralympique de judo en 2016, à Rio, deux fois médaillée d’argent et douze fois Championne de France, Sandrine Martinet, porte-drapeau de la délégation française aux Jeux Paralympiques qui débutent le 24 août, est une incontournable du parajudo qui s’avance, plus forte que jamais, sur le tatami pour ses cinquièmes Jeux. Attention, elle va faire ippon à Tokyo 2021 !

Par Claire Bonnot

Publié le 12 août 2021 à 21h53, mis à jour le 16 mai 2024 à 12h51

« On peut avoir une putain de vie en étant en situation de handicap », lance cette wonderwoman des tapis sur le site de Paris2024. Cette battante s’appelle Sandrine Martinet et elle n’a jamais rien lâché pour atteindre son rêve sportif.

C’est à l’âge de neuf ans qu’elle enfile le kimono de judo. L’objectif ? Canaliser son énergie et… sa colère contre les moqueries des enfants du milieu scolaire.

La petite-fille a un handicap visuel qui l’oblige à se lever pour voir ce qu’il y a écrit au tableau.

Une injustice qui lui forge un caractère de battante, le mental parfait sur le terrain du sport … : « Je trouvais tellement injuste d’avoir mon handicap, d’avoir à faire tous ces efforts, et d’être moquée en retour. (…) finalement, ça m’a forgé un caractère de battante, je voulais prouver que je pouvais réussir, aux autres et à moi-même ».

En s’inscrivant dans son premier club de judo à Vincennes, déjà sensibilisé aux pratiquants en parajudo, elle découvre un tout autre accueil et s’intègre à merveille. Sandrine n’a pas l’habitude d’abandonner.

Une attitude qui lui ouvre les portes du sport à haut niveau : « Je sentais qu’à la base, les sports de combats n’étaient soi-disant pas trop faits pour nous, les filles. Mais moi justement, plus on me dit ça, plus ça me donne envie d’y aller. »

La suite ? Première compétition handisport de juniors à l’âge de seize ans, elle se place finaliste puis remporte ses premiers championnats de France, ses premières sélections pour les stages en équipe de France, puis pour les Championnats du monde en 2002. Elle a 20 ans.

Entre-temps, elle a passé son Bac S et commence à exercer en tant que kinésithérapeute. 2002 signe, pour elle, le début de la compétition !

En 2004, direction ses premiers Jeux Paralympiques à Athènes. Sacré parcours puisqu’elle va jusqu’en finale. En 2008, pour ceux de Pékin, elle décroche, à nouveau, l’argent. Quatre ans plus tard, à Londres, elle se blesse et perd sa course vers l’or.

Pourtant, l’incroyable sportive qui ne connaît pas le terme « abandon » poursuit le combat, surmontant la souffrance.

Quand la fin du match sonne, elle quitte le tatami en larmes. Pourtant, son âme de compétitrice a gagné ! Elle prendra sa revanche, quatre ans plus tard, à Rio et quelle revanche ! Sandrine Martinet décroche l’or tant attendu ! Quelle athlète !

L’épouse et maman de deux enfants hésite alors à prendre sa retraite sportive pour s’occuper de sa vie de famille, mais difficile pour une telle lionne qui, outre, les titres olympiques, s’est imposée sur les compétitions internationales pendant des années : championne du monde en 2006 puis 2019, championne d’Europe en 2007 puis 2019…

Surtout que « Tokyo, c’est le pays du judo », dit-elle dans une interview sur France3. Elle remet alors le kimono et prépare les JO de Tokyo.

« Ça y est dernier câlin, vous allez tellement me manquer, je vous aime plus que tout », écrit Sandrine Martinet sur son compte Facebook.

Le sport est devenu comme une deuxième peau, une respiration : « Par le sport, j’ai gagné une reconnaissance des autres qui m’a tellement manqué quand j’étais gamine. C’est tellement d’énergie positive. »

Cette année, elle est porte-drapeau de la délégation française aux Jeux Paralympiques et compte bien honorer les couleurs de sa nation dans la catégorie des -48 kilos.

Clarisse Agbegnenou et Samir Aït Saïd, Sandrine Martinet et Stéphane Houdet, 4 porte-drapeaux, 2 olympiques, 2 paralympiques. 

« Je ne pense pas à la pression, celle d’être la personne qu’on attend, la numéro un. Je veux être dans les meilleures conditions possibles pour décrocher cette deuxième médaille d’or. Je veux surtout prendre du plaisir, parce que, parfois, avec les blessures et à presque 40 ans, y’a la dureté du niveau et de se séparer de sa famille », confie-t-elle.

Quel que soit le résultat, Sandrine Martinet compte bien partager son histoire pour motiver les futurs athlètes paralympiques et augmenter la visibilité du paralympisme : « Pourquoi pas me former pour être kiné d’une équipe olympique ? Je veux aussi utiliser mon histoire et mon vécu pour sensibiliser un plus grand nombre de gens ».

Un exemple de sportive 100 % ÀBLOCK!

Vous aimerez aussi…

Amy Bond

Amy Bond, la Pole danseuse qui voulait se réconcilier avec son corps

Elle est l’une des « putains » d’héroïnes à avoir trouvé dans la barre de Pole Dance un exutoire, un réconfort, puis, une deuxième vie. Nous l’avons découverte dans le docu de Netflix « Pole Dance, Haut les corps ! ». Impossible, depuis, de la quitter des yeux ! Amy Bond s’envole, sens dessus-dessous, vertigineuse. Portrait d’une fille qui balance son corps comme elle se jetterait du haut d’une falaise.

Lire plus »
Les kids s'attaquent à l'aïkido !

Les filles s’attaquent à l’aïkido !

Les arts martiaux sont prisés par les jeunes, et les filles ne sont pas en reste. Pas seulement parce que les valeurs de ces disciplines sont belles, mais aussi parce que certaines semblent particulièrement bien adaptées aux petites combattantes. C’est le cas de l’aïkido et on vous dit pourquoi.

Lire plus »
Lis Hartel La cavalière pour qui aucun obstacle n’était trop grand

Lis Hartel, la cavalière pour qui aucun obstacle n’était trop grand

Légende du monde équestre, elle a raflé plus d’une médaille alors même qu’elle luttait contre une poliomyélite. Première cavalière médaillée aux Jeux Olympiques, la Danoise Lis Hartel était une dresseuse hors pair. À cheval et en béquilles, ses combats sont encore aujourd’hui source d’inspiration. Retour sur le parcours d’une pionnière méconnue.

Lire plus »
Le sport se met au vert à Besançon

Le sport se met au vert à Besançon

Rando-Kayak, VTT, trails, l’une des régions les plus vertes de France lance sa nouvelle édition du festival Grandes Heures Nature. Du 24 au 26 juin, ça va pagayer, pédaler et courir sur les sentiers ! Prêt à faire le plein d’oxygène ?

Lire plus »
Margot Boch et Carla Sénéchal : « Nous n’avons plus le droit à l’erreur. Ces Jeux d’hiver, c’est un mélange de stress et d’excitation. »

Margot Boch et Carla Sénéchal : « Nous n’avons plus le droit à l’erreur. Ces Jeux d’hiver, c’est un mélange de stress et d’excitation. »

Deux filles on the rocks, sinon rien. Margot Boch, la pilote, et sa partenaire de glisse Carla Sénéchal, la pousseuse, forme le premier binôme de bobsleigh féminin depuis dix ans. Ce n’est pas pour rien qu’on les surnomme « Les sœurs jumelles » dans cet univers de glace qui, pourtant, leur réchauffe le cœur. Rencontre avec des filles pas si givrées que ça et qui s’entraînent dur pour prendre le bon virage aux JO d’hiver 2022.

Lire plus »
Hilary Knight, l'élève surdouée du hockey sur glace féminin

Best-of 2022, nos plus chouettes portraits

Les championnes ont imposé le tempo de cette année 2022. Tennis, athlétisme, football, cricket, parkour, hockey, ultra trail… Peu importe la discipline, les filles sont ÀBLOCK! Retour sur les portraits des sportives qui ont marqué les douze derniers mois.

Lire plus »
Greta Andersen

Greta Andersen, la nageuse qui a failli se noyer aux JO

Elle a appris à nager sur le tard, ce qui ne l’a pas empêchée de marquer de son empreinte l’histoire de la natation mondiale. Greta Marie Andersen, bientôt 94 ans, a porté haut les couleurs du Danemark en bassins et en eau vive. Un parcours extraordinaire qui aurait pu connaître une issue dramatique lorsqu’elle manqua, de peu, se noyer lors des Jeux Olympiques de Londres, en 1948. Portrait d’une nageuse « à la coule ».

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner