Vous souvenez-vous du temps où les femmes n’avaient pas le droit de courir…
Dans les années 60 aux États-Unis, la course était interdite à la gent féminine. C’est l’Américaine Kathrine Switzer qui a ouvert la piste en participant pour la première fois au marathon de Boston en 1967.
Depuis, à petites foulées, les coureuses font grossir les rangs du running de par le monde. Ces dernières années, la pratique a explosé en France. En 2016, sur 13 millions d’adeptes (tous pratiquants confondus, réguliers, occasionnels, multipratiquants) elles étaient 6,6 millions de femmes* à pratiquer la course contre 4,7 millions en 2012, d’après une étude de L’Union Sport et Cycle 2017. Le nombre de pratiquantes a été multiplié par 3 en cinq ans !
La course à pied est ainsi devenue un phénomène de société avec une parité de plus en plus prononcée : 49 % de femmes contre 51 % d’hommes (le nombre de pratiquantes ayant bondi d’environ 45 % depuis 2012), et un rajeunissement du peloton : un tiers des femmes courent depuis moins de cinq ans.
Leurs sources de motivation ? L’entretien de leur capital santé, la libération du stress quotidien, l’apparence physique et la confiance en soi.
Un business conjugué au féminin
Mais si les filles sont en marche, les compétitrices restent encore timides : seules 36 % revêtent un dossard. Et quand c’est le cas, elles sont séduites par des courses ludiques à thèmes, comme les Mud Day, où l’on court dans la boue, les Color Run, recouvertes de poudre de couleur, ou encore les Electric Run, avec des accessoires fluo. Plus sage, la première édition de La Parisienne (uniquement féminine) a attiré 1 500 participantes en 1996 contre 40 000 aujourd’hui.
Et peu importe les droits d’inscription (en moyenne 45 euros, mais les prix des dossards grimpent en flèche d’année en année) qui font de ces courses des cash machines, le fun est au rendez-vous. Car c’est le partage, la convivialité, l’esprit d’équipe qui rassemblent coureuses d‘un jour et accros. Des notions singulières pour un sport individuel.
Pour autant, si la note devient trop salée, les runneuses pourraient, comme le font déjà les hommes, se tourner vers une autre façon de courir : participer à des challenges sur tapis de course en salle ou partager leurs perf’ via les applis. Ce phénomène de gamification est d’autant plus marqué que les coureurs pratiquent généralement un autre sport et leurs moyens ne sont pas extensibles.
Esthétisme et technique
Côté accessoires, contrairement aux hommes, les femmes privilégient encore l’esthétisme à la technique. Le total look fait partie du jeu, surtout quand on court dans la rue, aux yeux de tous.
Entre 2010 et 2015, le segment « femme » a connu une croissance deux fois plus rapide que celui de l’homme, avec une part de marché de 40 % sur le textile et de 30 % sur la chaussure. C’est désormais la femme qui draine le secteur. Les équipementiers l’ont bien compris, eux qui développent des collections s’inspirant des tendances mode quand les distributeurs adaptent leurs rayons à la demande de ces runneuses en recherche à la fois de performance et de fashion attitude.
Chez Saucony (numéro 2 aux États-Unis), petit nouveau sur le marché français, on enregistre une hausse de 35 % des ventes en cinq ans sur la gamme féminine (des femmes qui achètent aussi des vêtements de sport pour s’habiller au quotidien, la moitié des chaussures achetées étant destinées à d’autres usages que la course à pied). Des femmes qui dépensent en moyenne 388 euros par an pour s’équiper et s’inscrire aux courses. Un « panier » assez élevé, mais la panoplie du running est l’une des plus étendues.
Bref, les femmes occupent de plus en plus le terrain. Et ce n’est qu’un début… les filles tracent la route.
*6,6 millions de femmes de plus de 18 ans qui ont couru au moins une fois au cours des douze derniers mois.