Tu as été élue Meilleure Espoir du Championnat de France de la saison, à tout juste 19 ans. Il se passe quoi dans sa tête à ce moment là ?
J’étais déjà tellement contente d’être dans les trois nommées ! En plus, je ne pensais pas que les Trophées All-Star LFH auraient lieu car on a terminé la saison dans la précipitation avec la crise sanitaire.
Ensuite, quand j’ai gagné, j’ai été très heureuse surtout quand on sait que les votes des internautes ne représentent que 30% par rapport au vote des professionnels. Et aussi étonnée parce que j’avais l’impression d’avoir fait de meilleurs matchs en Ligue des Champions qu’en Championnat de France.
Je me dis que je n’ai pas fait tout ce chemin pour rien et que le travail paye !
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L’envie de jouer au handball, ça t’est venu comment ?
Enfant, je faisais du foot et du basket, comme mon frère. J’ai arrêté le foot quand j’en ai eu marre d’être constamment dans les buts, ça ne m’intéressait plus. Et ma mère trouvait que le basket ne me fatiguait pas assez !
Alors, j’ai tenté le handball à l’âge de neuf ans et demi en rejoignant ma meilleure amie. Ça a été extra ! Toutes mes copines étaient là-bas.
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Qu’est ce que tu aimes le plus dans ce sport ?
J’aime piéger les adversaires, réfléchir aux stratégies de jeu et aux objectifs que l’on doit se fixer, la manière dont on prépare les matchs, l’engouement du public…
Et puis, le bonheur, c’est que chaque match est différent !
« J’essaye de ne pas être qu’un pivot, avec une seule qualité. »
Selon toi, quel est ton point fort dans un match ?
J’aime bien marquer ! J’essaye de ne pas être qu’un pivot, avec une seule qualité, d’être autant dans le glissement que dans le bloc.
Un souvenir d’une victoire qui t’a boostée ?
Ce n’est pas quand j’étais professionnelle, mais lorsque j’étais en Équipe de France jeune.
On perdait un match contre la Suède en Championnat d’Europe en 2017. Mais à cinq secondes de la fin, ça s’est joué sur un penalty et on a gagné. On a poursuivi l’aventure pour se placer 4e. C’était déjà ça !
« Il ne faut pas s’apitoyer sur son sort sinon tu ne progresses pas.»
Écoutez le podcast avec Béatrice Barbusse, la première présidente d’un club professionnel masculin.
Une défaite qui t’a rendue plus forte ?
C’est plutôt une difficulté : le fait qu’à Brest, au début, je ne jouais pas (Pauletta Foppa fait partie du club Brest Bretagne Handball, ndlr) parce que j’arrivais en cours de saison et qu’il faut trouver sa place.
Et puis, je n’avais même pas encore 17 ans, j’étais à sept heures de route de chez mes parents, c’était la première fois que je vivais seule.
Ces difficultés m’ont permis d’avancer : il ne faut pas s’apitoyer sur son sort sinon tu ne progresses pas. Il faut juste se mettre au travail, beaucoup communiquer avec les joueuses d’expérience.
Ça a été un mal pour un bien. C’est peut-être pour ça que je suis dans les Espoirs maintenant…
« Il y a des sacrifices, il ne faut pas se mentir… »
C’est vraiment cette année que tout s’est joué : j’ai eu un tremplin et la confiance du coach. J’ai eu beaucoup plus de temps de jeu car je comprenais mieux, je savais quoi faire.
Je n’étais plus dans l’observation. Je comprenais et j’agissais !
Écoutez le podcast avec Charlotte Girard-Fabre, arbitre régionale de handball, qui revient sur sa carrière brisée.
En 2018, tu participes au Championnat d’Europe et la France gagne, un grand moment pour toi ?
Je ne m’attendais pas du tout à être appelée en Équipe de France, je pensais que c’était une erreur !
Tu as l’impression de vivre un rêve éveillé. Tu acquiers un tas d’expériences : sur le plan du jeu en côtoyant les joueuses, mais pas que, aussi sur la façon de gérer ton image, par exemple.
Comment on se sent quand on atteint le haut niveau ?
Il faut rester déterminée, humble et sans cesse travailler !
Le sport de haut niveau, c’est beaucoup de sacrifices ou que du bonheur ?
Il y a des sacrifices, il ne faut pas se mentir… Pour moi, le plus difficile est surtout le fait de ne voir mes parents et ma famille que trois fois par an…
La suite de ta carrière, tu la vois comment ?
Je me souhaite une belle et longue carrière : je ne me fixe pas d’âge de départ à la retraite. Mais ma reconversion est toute trouvée : je serai agent immobilier.
Que dirais-tu aux jeunes femmes pour les inciter à faire du sport ?
Je sais que, personnellement, le sport m’aide beaucoup à décompresser.
Quand je suis énervée ou que je ne vais pas bien, j’aime aller courir ou m’entraîner. En se fixant d’autres objectifs, tu te coupes de tes soucis !