Mathilde Lamolle La tireuse qui dégaine plus vite que son ombre

Mathilde Lamolle
Elle était déjà de la partie aux Jeux de Rio, au Brésil, en 2016. Une première expérience olympique douloureuse pour Mathilde Lamolle, qui avait mis un terme prématurée à sa virée brésilienne lors des qualifications du tir à 25 mètres. Cinq ans plus tard, la donne a changé. Et la toute récente championne d’Europe de tir compte bien profiter des Jeux Olympiques de Tokyo pour enrichir son palmarès. Portrait d’une surdouée du pistolet.

Par Sophie Danger

Publié le 04 juillet 2021 à 17h42, mis à jour le 02 octobre 2023 à 9h44

Elle a pour surnom « la surdouée ». On pourrait sans mal y ajouter un autre qualificatif : la pressée. Car non contente d’avoir du talent, Mathilde Lamolle va vite. Très vite.

À 24 ans seulement, l’Aubagnaise s’apprête à disputer la deuxième campagne olympique de sa jeune carrière.

La première remonte à 2016. Encore junior, Mathilde Lamolle reçoit le précieux sésame après avoir ajouté un titre de championne d’Europe à un palmarès qui compte déjà, à l’époque, un titre de championne du monde en pistolet à 25 mètres. C’était en 2014 et ça s’annonçait plutôt bien pour la reine du colt !

Un carton plein pour la Provençale, cadette de la délégation française de tir, qui découvrait alors, avec de grands yeux, et le Brésil et la plus belle compétition du monde.

Une incroyable aventure qui allait, malheureusement, prendre fin de manière prématurée. Tétanisée par l’enjeu, écrasée par la pression, le petit prodige du tir sportif ne parvenait pas à franchir le cap des qualifications.

Une terrible déconvenue atténuée, quelque peu, par un esprit de compétition affirmé et une envie farouche de revanche. Rio lui avait filé entre les doigts ? Qu’à cela ne tienne, Mathilde Lamolle prenait crânement date pour le rendez-vous suivant !

Restait alors une Olympiade – ou plutôt cinq ans, pandémie oblige – pour être en mesure de saisir une deuxième chance qu’elle n’avait, cette fois, nulle intention de laisser passer.

Cinq années de travail acharné dans le seul but d’être définitivement prête pour le Grand Jour.

Perfectionniste, Mathilde Lamolle remettait tout à plat, pointait du doigt sans sourciller les faiblesses qui lui avaient coûté une possible médaille et repartait à l’assaut.

Présente sur tous les fronts, la sociétaire du Club de Gémenos (Bouches-du-Rhône) s’employait à réviser sa technique, bossait sans relâche son physique et s’appuyait également sur un coach mental pour apprendre à apprivoiser sa respiration, gérer ses émotions et se concentrer pleinement.

Une approche globale du tir qui lui permettait, dès 2019, de se hisser sur le podium des Championnats d’Europe de tir de Bologne.

Médaillée de bronze derrière l’Allemande Monika Karsch, vice-championne olympique à Rio, et la Hongroise Veronika Major, Mathilde Lamolle repartait également d’Italie un quota olympique en poche.

Les Jeux Olympiques de Tokyo lui ouvrait enfin les bras !

Il lui faudrait néanmoins attendre 2021 pour qu’elle puisse, enfin, s’y lover. Une année de plus à patienter, à ronger son frein et cogiter pour savoir si elle était toujours au niveau de ces concurrentes auxquelles elle aimait se mesurer mais que la covid-19 l’empêchait désormais d’affronter.

En 2019, Mathilde Lamolle a intégré le bataillon de Joinville, une unité militaire de l’armée française accueillant des appelés sportifs, et l’Armée des Champions.

Le retour aux affaires aura lieu en juin, à quelques semaines seulement de l’échéance tokyoïte. Présente à Osijek, en Croatie pour les Championnats d’Europe, Mathilde Lamolle se hissait sur la plus haute marche du podium.

Après presque deux années sans compétitions internationales, la Française prouvait, avec panache, qu’elle n’avait rien perdu de sa superbe, encore moins de ses réflexes.

Un or, son premier chez les séniors, qui lui permettait non seulement de se rassurer mais aussi, et surtout, de mettre en garde ses concurrentes…

Le Brésil définitivement oublié, la nouvelle reine du Vieux Continent n’a plus qu’une envie : viser juste. Et ainsi mettre le Japon et le monde à ses pieds.

Mathilde Lamolle ou la revanche d’une surdouée…

Soutenez ÀBLOCK!

Aidez-nous à faire bouger les lignes !

ÀBLOCK! est un média indépendant qui, depuis plus d’1 an, met les femmes dans les starting-blocks. Pour pouvoir continuer à produire un journalisme de qualité, inédit et généreux, il a besoin de soutien financier.

Pour nous laisser le temps de grandir, votre aide est précieuse. Un don, même petit, c’est faire partie du game, comme on dit.

Soyons ÀBLOCK! ensemble ! 🙏

Abonnez-vous à la newsletter mensuelle

Vous aimerez aussi…

Marit Bjørgen, la reine des neiges

Marit Bjørgen, la reine des neiges

Elle est tout simplement l’athlète la plus titrée de l’Histoire des Jeux Olympiques d’hiver et ce, tous sexes confondus. Avec quinze médailles, dont huit en or, la skieuse norvégienne Marit Bjørgen devance, sur le podium, ses compatriotes Ole Einar Bjørndalen et Bjørn Dæhlie. Retour sur le parcours d’une fondeuse d’exception.

Lire plus »
Julia : « Faire le Tour de France un jour avant les hommes était l’occasion de vivre une aventure à la fois humaine et sportive. »

Julia : « Faire le Tour de France un jour avant les hommes était l’occasion de vivre une aventure à la fois humaine et sportive. »

Elle s’est engagée dans un marathon à vélo de vingt-et-un jours et plus de 3 300 kilomètres ! Julia Favresse fait partie des neuf cyclistes retenues par l’association « Donnons des elles au vélo J-1 » pour parcourir les étapes du Tour de France un jour avant le peloton hommes. Un défi sportif XXL pour la Beauvaisienne dont l’ambition, à terme, est de développer le sport féminin dans les Hauts-de-France.

Lire plus »
Catherine Louveau

Catherine Louveau : « Le monde du sport a beaucoup de mal avec les filles performantes, efficaces, musclées… »

Elle n’a pas l’habitude de mâcher ses mots. Elle affirme, qu’aujourd’hui encore, c’est : « aux hommes la performance et aux femmes l’apparence. » Sociologue, professeure émérite à l’Université de Paris-Sud, son champ de recherches concerne le sport et, plus précisément, les problématiques sexuées dans la sphère sportive. Catherine Louveau, forte de plus de trente ans d’expérience dans le domaine, met à mal les représentations traditionnelles dans le sport et analyse les raisons d’un clivage qui a la vie dure. Rencontre éclairante.

Lire plus »
Claire Supiot : « Mon parcours peut faire évoluer le monde du sport et au-delà. »

Claire Supiot : « Mon parcours peut faire évoluer le monde du sport et au-delà. »

En participant aux JO de Tokyo, l’été dernier, elle devenait la première athlète française à avoir participé aux Jeux Olympiques puis, trente-trois ans plus tard, aux Jeux Paralympiques. Claire Supiot est une force de la nature. Souffrant depuis 2008 d’une pathologie évolutive qui entraîne une faiblesse musculaire, elle a pu sortir la tête de l’eau grâce à la natation qui lui offre de quoi vaincre les flots de la maladie. Un exemple de résilience dans le monde du sport 100 % ÀBLOCK!

Lire plus »

Gabrielle Martin : « Beaucoup d’hommes me voient comme un objet de curiosité. »

À 22 ans et après une adolescence en surpoids, celle qu’on surnomme la “licorne” s’est lancée dans la compétition de force athlétique, le powerlifting. Championnats de France, puis d’Europe, jusqu’aux championnats du monde en Finlande… En trois ans, Gabrielle Martin a raflé tous les trophées. À un tournant de sa carrière sportive, alors qu’elle souhaite se tourner vers le bodybuilding, cette powergirl résolument ÀBLOCK! fait le point sur son parcours.

Lire plus »
Alpinisme

Existe-t-il un alpinisme au féminin ?

Voilà déjà un bout de temps qu’elles ont chaussé les crampons. Si elles sont encore en minorité dans les clubs d’alpinisme, elles tracent leur voie. Mais les femmes ont-elles une manière bien à elles de grimper, marcher et s’élever ? Ce Podcast riche en témoignages nous aide à mieux comprendre ce qui pousse les femmes à s’élever jusqu’aux cimes sans en faire une montagne.

Lire plus »
Le sport feminin

La laborieuse ascension du sport au féminin

Le sport féminin est-il en danger ? Malgré les efforts faits depuis une trentaine d’années pour plus d’égalité en matière de pratique sportive, la situation n’évolue que doucement. La pandémie de Covid-19 n’a pas arrangé les choses. Ce serait même tout le contraire.
Décryptage avec Carole Gomez, directrice de recherche en géopolitique du sport à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et autrice d’un rapport intitulé : « Sport mondialisé : les défis de la gouvernance ».

Lire plus »
louise lenoble highline

Louise Lenoble – Totalement perchée

Grande prêtresse de la highline, elle passe sa vie à marcher sur des sangles au-dessus du vide, là où le vent l’emporte. Le monde lui tend les bras et elle nous raconte son histoire, celle d’une étudiante en médecine devenue nomade pour s’offrir une existence vertigineuse. Zoom sur une fille d’exception. 

Lire plus »
Il était une fois le rugby…féminin

Il était une fois le rugby… féminin

Pas facile encore aujourd’hui d’être joueuse de rugby tant ce sport ne correspond en rien aux stéréotypes féminins. Pourtant, il y a eu des pionnières qui ont su transformer l’essai. Et les filles d’aujourd’hui prennent la balle au bond avec maestria. Petite histoire express du ballon ovale en mode demoiselle.

Lire plus »

Peterson Ceus : « La Gym Rhythmique masculine renvoie une image féminine de l’homme et ce n’est pas bien vu… »

Pour lui, c’est sa gym, sa bataille. Peterson Ceus se bat depuis sept ans pour que la gymnastique rythmique masculine soit reconnue par les instances sportives et devienne discipline olympique. Un combat contre les inégalités de genre qu’il espère mener à terme pour les générations à venir. Rencontre avec un athlète que rien ni personne n’est parvenu à mettre au tapis.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner