Lolo Jones La course à la revanche olympique

Lolo Jones, la course à la revanche olympique
Elle a déjà été de trois campagnes. Alignée sur 100 mètres haies à Pékin et Londres, engagée en bobsleigh à deux à Sotchi, Lolo Jones a désormais les Jeux d’hiver en ligne de mire à partir du 4 février. L’Américaine de 39 ans espère y décrocher une médaille qui se refuse obstinément à elle depuis quatorze ans.

Par Sophie Danger

Publié le 13 janvier 2022 à 10h24, mis à jour le 10 février 2022 à 17h08

Elle pourrait disputer, à Pékin, les quatrièmes Jeux Olympiques de sa carrière, les deuxièmes sur neige.

À 39 ans, Lolo Jones est l’une des – très – rares athlètes à pouvoir se targuer d’avoir participé à la plus grande compétition du monde et dans sa version estivale, et dans sa version hivernale.

La native de Des Moines (Iowa, USA), actuellement en quête d’une place dans l’équipe américaine de bobsleigh, a en effet tenté, par deux fois déjà, de décrocher le titre suprême en qualité non de pousseuse mais… de hurdleuse !

©Lolo Jones

C’est à Bâton-Rouge, à l’université d’état de Louisiane, que l’épopée prend forme. Nous sommes au début des années 2000 et Lolo, qui n’est encore que Lori Jones, y a posé ses bagages après une enfance chaotique.

Trimballée entre une mère dévouée mais qui peine à subvenir aux besoins de ses cinq enfants et un père abonné à la case prison, la jeune femme a connu la misère, la rue et les familles d’accueil.

Son salut, elle le doit en grande partie à ses talents d’athlète. Repérée au collège, elle se rêve, depuis, en sportive professionnelle.

©Lolo Jones

Les championnats universitaires vont lui offrir une première occasion de briller. Sacrée sur 100 mètres haies en 2002, elle décroche, dans la foulée, le titre indoor en 2003 et en 2004.

Des performances remarquées mais pas suffisantes, malheureusement, pour valider son billet pour les Jeux Olympiques d’Athènes, en Grèce. Déçue, Lolo Jones s’accroche.

Quatre ans plus tard, l’heure de la revanche a sonné. Victorieuse des championnats du monde indoor, titrée lors des championnats US disputés à Eugene (Oregon, USA), elle débarque à Pékin, en Chine, avec un statut de favorite à défendre.

©Lolo Jones

Intraitable en série, elle met la concurrence à distance lors des demies en remportant la mise en 12’’43, meilleure performance mondiale de l’année et record personnel à la clé.

L’explication finale qui s’annonce semble devoir n’être qu’une simple formalité pour Lolo Jones. Du moins jusqu’à la neuvième et avant-dernière haie. L’Américaine, alors en tête, heurte une latte.

Déséquilibrée, elle laisse filer la concurrence et, à l’or promis, doit finalement se contenter d’une septième et avant-dernière place. La douche froide pour l’athlète de l’Iowa qui s’apprête à vivre quatre années compliquées.

©Lolo Jones

Victime de stress post traumatique, diminuée par des blessures, Lolo Jones s’accroche et bataille pour être de la partie à Londres, en Grande-Bretagne.

Championne du monde du 60 mètres haies pour la deuxième fois de sa carrière en 2010, elle remporte son cinquième titre national sur 100 haies en 2012 et s’assure une place aux Jeux britanniques.

Une virée européenne qui, une fois encore, va lui échapper. Deuxième temps des séries (12’’68), la néo trentenaire passe, de peu, à côté de la catastrophe en demie.

Surclassée par l’Australienne Sally Pearson en finale, elle échouera finalement au pied du podium, devancée de 10 centièmes, pour le bronze, par sa compatriote Kellie Wells.

©Lolo Jones

L’échec de trop pour la populaire hurdleuse à qui l’on reproche, dans le même temps, son physique avantageux et son palmarès famélique, le premier étant, selon ses détracteurs, outrageusement mis en avant à la seule fin de masquer le second.

Le coup de grâce pour Lolo Jones qui, de dépit, délaisse les pointes pour s’aventurer en terres inconnues, celles du bobsleigh où, casque vissé sur la tête, elle pourra, pense-t-elle, avancer masquée.

Devenue pousseuse-freineuse, elle s’illustre d’emblée sur le circuit Coupe du monde avec une deuxième place à Lake Placid (USA) trois mois seulement après avoir refermé le décevant chapitre londonien.

Sacrée à l’issue de l’épreuve par équipe aux Mondiaux de Saint Moritz (Suisse) début 2013, elle est retenue pour les Jeux de Sotchi, en Russie, où elle termine 11e en bob à deux.

©Lolo Jones

Lolo Jones prend date. Sa revanche, elle la prendra à Pyeongchang. Un souhait qui se révèlera finalement n’être qu’un vœu pieux.

Laissée sur la touche pour la Corée du Sud, elle hésite alors à reprendre du service sur les haies pour les Jeux de Tokyo 2021, mais la pandémie de covid-19 viendra, là aussi, contrarier ses plans.

Pas suffisant, néanmoins, pour la contraindre à renoncer à ses ambitions olympiques. À presque 40 ans, l’endurante américaine, passée spécialiste dans l’art de revenir de nulle part, est en effet loin d’avoir dit son dernier mot.

©Lolo Jones

Sacrée championne du monde de bob à deux avec sa néo-compatriote Kaillie Humphries en février dernier, la Louisianaise lorgne désormais sur… Pékin !

Quatorze ans après son échec retentissant sur les haies, Lolo Jones y voit là une occasion unique et ô combien symbolique de boucler la boucle en décrochant, enfin, dans la capitale chinoise, ces lauriers olympiques après lesquels elle n’a de cesse de courir, que ce soit sur le tartan et sur les pistes glacées, depuis bientôt deux décennies.

Ouverture ©Lolo Jones

Soutenez ÀBLOCK!

Aidez-nous à faire bouger les lignes !

ÀBLOCK! est un média indépendant qui, depuis plus d’1 an, met les femmes dans les starting-blocks. Pour pouvoir continuer à produire un journalisme de qualité, inédit et généreux, il a besoin de soutien financier.

Pour nous laisser le temps de grandir, votre aide est précieuse. Un don, même petit, c’est faire partie du game, comme on dit.

Soyons ÀBLOCK! ensemble ! 🙏

Abonnez-vous à la newsletter mensuelle

Vous aimerez aussi…

Pauline Ferrand-Prévot

VTT : le cyclisme féminin prend le bon virage

La crise sanitaire est passée par là. Mais si le calendrier de la discipline sportive à deux roues a été sérieusement bousculé, il y a eu plus de peur que de mal pour l’avenir du cyclisme féminin. Les filles tiennent fermement le guidon et ne sont pas prêtes à le lâcher. État des lieux d’un secteur qui roule.

Lire plus »
Annemiek Van Vleuten, la malchance n’empêche pas l’excellence

Annemiek van Vleuten, la malchance n’empêche pas l’excellence

Depuis treize ans, elle est l’une des figures de proue du cyclisme féminin. Annemiek van Vleuten quittera les routes fin 2023, laissant derrière elle un des plus grands palmarès de l’histoire de la discipline. Mais il lui reste un deuxième Tour de France à boucler. Portrait de celle dont les échecs ont servi de carburant aux exploits.

Lire plus »
Luc Arrondel « En France, le salaire moyen d’une joueuse de foot est à peu près celui d’un footballeur des années 70. »

Luc Arrondel : « En France, le salaire moyen d’une joueuse de foot est à peu près celui d’un footballeur des années 70. »

Économiste du sport, directeur de recherche au CNRS, Luc Arrondel s’est penché sur l’aspect business du football et plus particulièrement du foot féminin. Son livre « Comme des garçons ? » propose de mieux comprendre son essor et ses opportunités dans notre pays où la discipline conjuguée au féminin en est encore à ses balbutiements.

Lire plus »
15 juillet 1917 Les premiers championnats de France d’athlétisme féminins voient le jour

15 juillet 1917, les premiers championnats de France d’athlétisme féminins voient le jour

En 1917, la France compte de nombreux sportifs, mais elle compte aussi un paquet de sportives qui n’attendent que l’occasion de se mesurer les unes aux autres et de faire parler leur talent. Le moment arrive le 15 juillet avec l’organisation des premiers championnats de France d’athlétisme féminins porte de Brancion. Et qui dit première édition, dit premiers records. Découvrons ces pionnières !

Lire plus »
Pénélope Leprévost : « Avec ma fille Eden, notre vie, c'est les chevaux ! »

Pénélope Leprévost : « J’ai tout fait pour que ma fille, Eden, ne devienne pas cavalière ! »

Elles sont mère et fille et partagent toutes les deux une passion dévorante pour les chevaux. La championne d’équitation Pénélope Leprévost, multi-titrée, et Eden Leprévost Blin-Lebreton, sacrée championne de France l’an dernier, participent en duo à l’étape parisienne du Longines Global Champions Tour dont elles sont les ambassadrices. Rencontre familiale avec la crème des cavalières.

Lire plus »
Retour en haut de page

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

WordPress Cookie Notice by Real Cookie Banner